Encore un rebond spectaculaire qui devrait être de courte durée alors que les intervenants cherchent à savoir s’ils observent le marché et prennent leurs décisions pour les 5 prochaines heures ou pour les 5 prochaines semaines, voir les 5 prochains mois.

L’Audio du 26 octobre 2018

Plus personne ne semble capable de savoir s’il est trader, investisseur long terme ou fonds de pension. C’est étonnant de voir que lors de la défenestrée de mercredi tous les commentaires faisaient état de visions très claires sur l’avenir qui était tout pourri : la Chine qui partait en vrille, l’Europe qui ne pouvait plus en avant, les USA qui allait caler parce que l’économie était au bout du rouleau et que la récession approchait dangereusement, sans compter que les déficits budgétaires allaient augmenter, que Trump allait perdre les élections et que Nabilla allait devenir Conseillère Fédérale à la place de Schneider-Ammann.

UBS trop fort… Raoul Weil, pathétique

Et puis hier matin, tout d’un coup, nous avons rebondit parce qu’il y avait des bons résultats et qu’à court terme, on se rendait compte que, quand même, tout n’était pas tout pourri. L’UBS a sorti des chiffres clairement au-dessus de toutes les attentes – le titre ne faisait rien, mais ils ont quand même publié des super-chiffres pendant que cet…. Enfin, que Raoul Weil se ridiculisait devant la justice française…

Mais en plus de l’UBS nous avions Microsoft qui faisait carton plein et qui dépassait les attentes de tout le monde, Ford qui explosait de 10% pour une journée que l’on qualifiera de fabuleuse pour le constructeur de la Mustang. American Airlines qui s’envolait sur un très bon trimestre – oui, je sais s’envoler pour une compagnie aérienne, c’est la moindre des choses.

Du bon et du très bon

Très bons chiffres d’Altria, de Conoco. Mais aussi de Twitter qui soudainement avait l’air moins ridicule que d’habitude en explosant de 15%, cela compensait tout de même un peu AMD qui se faisait laminer en reculant de 15% – ce qui était tout de même « moins pire » que les 25% de baisse promis la veille lors de la publication des chiffres. Et puis il y avait Tesla qui prenait 10% et qui mettait les shorts à genoux… Oui, car sur Tesla, si j’étais short, je commencerais à me poser des questions. Une question en tous les cas : « et si Musk était vraiment un extra-terrestre ? »

Avec toutes ces « bonnes nouvelles », le marché se retrouvait soudainement une nouvelle jeunesse.

Mais rassurez-vous, ça ne devrait pas durer, car les Bears sont toujours dans la place et refusent de rendre les armes. Hier soir le stratège de Morgan Stanley qui avait « vu la baisse », selon CNBC, bien qu’on ne se rappelle plus trop quand ni comment puisque ces derniers mois c’était très à la mode de « voir la baisse ». Toujours est-il que ce « visionnaire » estime que le rebond d’hier n’est qu’un « dead cat bounce » – littéralement « le rebond d’un chat mort »… Ce qui j’imagine toujours assez mal d’habitude, pour moi un chat mort, ça ne bouge plus et ça rebondit encore moins.

À moins de le lancer sur un trampoline, mais il faut vraiment être dérangé pour faire ça.

Donc voilà, hier ce n’était qu’un rebond dans un Bear Market et ce matin ça à l’air parti pour continuer.

Draghi a fait le job

Hier Draghi n’a rien dit de nouveau, il a confirmé que la BCE arrêterait d’acheter des bonds en décembre et que la hausse des taux n’était pas pour tout de suite – ce qui est très bien comme ça, parce que le marché est suffisamment doué pour se péter la gueule tout seul sans qu’on l’aide.

Bref, on a rebondit hier, mais ce n’était qu’un répit. Ce matin c’est retour dans le rouge, parce que les asiatiques craignent pour l’économie mondiale et ont peur de la « guerre économique ». Encore elle. Les futures sont dans le rouge à hauteur de près de 1%, pendant que le Nikkei recule de 0.8%, Hong Kong de 1.4% et la Chine de 0.6%. La Chine qui se fait bien remarquer par son stimulus qui fonctionne à peu près aussi bien que la mobilité à Genève un jour de grève des maçons.

Je ne vais même pas vous parler du pétrole et de l’or tellement il ne se passe rien et que le marché à l’air de s’en taper comme de son premier ordre de bourse. La seule chose qui intéresse les intervenants c’est les chiffres économiques ou trimestriels qui pourront infirmer ou affirmer leurs théories sur la récession qui arrive, le réchauffement climatique et sur le fait qu’Apple ne vendra plus jamais un téléphone.

Trois gros

Et ils ont été servi hier soir, puisqu’après la clôture il y avait trois poids lourds qui publiaient et rien que pour cela, ça aurait mérité une chronique entière, mais je vous promet, on va faire court quand même.

Tout d’abord il y a eu Amazon. Le vendeur de bouquins, mais pas que, a annoncé des profits records, mais des ventes légèrement en-dessous de ce que les Dieux de la finance avaient prévu. Sans compter que les prévisions de ventes pour la période des 2 prochains mois, étaient timides. Là encore, les Dieux de la finance s’attendaient à mieux. Pour faire simple, les revenus d’Amazon étaient en hausse de 30% sur les 12 derniers mois, mais comme nous, les experts, attendions mieux, c’est une déception.

Conclusion : -7% after close.

Et le premier qui me dit : « c’est à cause de la guerre économique avec la Chine » – je le force à lire le dernier bouquin de Roubini.

Et il y a eu Google. En un mot comme en cent, c’était : bof. Le titre était en baisse de 3% after close.

Intel, quand à eux, ils ont sorti de très bons chiffres solides avec une guidance qui semblait nettement mieux que la plupart de leurs concurrents dans le business des semi-conducteurs, ce qui donne l’impression qu’ils ne vivent pas dans le même monde. Le titre avait déjà bien tiré durant la séance et prenait encore 6% after close.

Sauf que tout à coup, on a parlé d’une puce en particulier et pour être franc, je n’ai rien compris. Mais les experts en Intel et EN SEMI-CONDUCTEURS ont estimé que ce qui avait été dit sur la « chips » 10 nanomètres n’était pas bon et à la fin le titre était inchangé. Ou presque.

Bilan final de la soirée, les FAANG’s, c’était mieux avant.

Reste plus qu’Apple et Facebook pour sauver la mise. Mais comme Apple ne vendra plus jamais un téléphone comme tous les trimestres et que Facebook, ils vendent des données à tout le monde, c’est pas sûr que ça sauve la mise des Big Five…

Courte durée

Bref. Hier on a rebondit et ce matin, on baisse parce qu’on a peur de la guerre économique. Hier nous agissions à court terme et ce matin, la stratégie « long terme » reprend son cours. Et la fin du monde est à nouveau un peu plus proche, mais l’or ne bouge toujours pas.

Pour ce qui est des nouvelles du jour, on parle bien évidemment des trois sujets précités, mais il y a aussi Richard Clarida, Vice-Chairman de la FED, qui a dit que la hausse des taux ne serait que « graduelle ».

C’est bien, les taux vont monter, mais que « graduellement ». Je ne sais pas si c’est sensé nous rassurer. Si c’est le cas, je ne suis pas sûr que ça fonctionne. Clarida a également ajouté que la FED ignorerait les pressions de Trump.

Il dit ça, mais quand il se retrouvera dans un pyjama orange à Guantanamo, il fera moins le malin.

Pour le reste, il n’y a pas de reste. Le marché devrait ouvrir en baisse et comme c’est le dernier vendredi du mois d’octobre, c’est notre dernière chance d’avoir un vendredi noir, histoire de respecter le symbolisme des marchés qui se pètent la figure. Après il ne restera plus que le « lundi noir » éventuellement pour que ce soir vraiment glamour. Parce qu’entre vous et moi, le mardi noir ou le mercredi noir, ça ne le fait pas.

Côté chiffres, nous aurons le GDP US et la confiance du consommateur selon l’Université du Michigan. Pour les trimestriels, il y aura BASF, Colgate, Moody’s et Phillips 66. Petit journée, comme tous les vendredis.

Je vous laisse apprécier cette dernière journée de pas trop moche, parce qu’après il paraît que ça va vraiment être la catastrophe météorologique, que votre café soit fort et on se retrouve lundi pour prier afin que le « krach » du mois d’octobre ne reste qu’une légende urbaine.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Be fearful when others are greedy, and be greedy when others are fearful. »
– Warren Buffet