Nouvelle semaine, les deux camps sont en train de vérifier les armes et les munitions en leur possession et on va repartir pour en remettre une couche.

L’Audio du 29 octobre 2018

Pour être franc, après trois semaines de bain de sang, la meilleure stratégie à adopter, c’est celle du pile ou face, parce qu’à ce niveau de baisse, il y a tous les arguments que l’on veut pour valider un choix ou l’autre.

Option BEAR

Si j’étais BEAR, j’insisterais sur le fait que l’économie est à bout de souffle aux USA, que la hausse des taux aura raison du Bull Market. Que Powell est un gros naze et qu’il va tout foutre en l’air. Que les chiffres du trimestre ne sont pas trop mauvais, ok, mais que la guidance données par les sociétés fout la trouille pour l’avenir.

Et finalement que l’Europe va nous péter à la figure, en commençant par l’Italie, qui va en sortir et que le reste va suivre. Plus Merkel s’est encore faite exploser lors des dernières élections en Allemagne et devinez qui pointe le bout de son nez ? – Bien vu : l’extrême droite.

Et puis Trump va se faire défoncer aux élections de mi-mandat et ils ne trouveront jamais d’accord douanier avec la Chine et le ralentissement chinois va percuter de plein fouet l’économie américaine.

J’ajouterais que techniquement les supports ont volé en éclat, qu’il n’y a plus rien pour nous retenir et que les tendances de fond n’existent plus. Que le Philadelphia Semi-Conducteur Index (qui est un indicateur avancé) s’est fait laminer que ça veut juste dire que le pire est à venir, puisque la volatilité n’est « qu’à 25% » et que l’on sait qu’en période de stress, elle peut monter bien plus haut, souvenez-vous de 2008.

Option Bull

Si j’étais Bull, je dirais que les valorisations sont simplement revenues à quelque chose de plus « juste » et qu’il faut s’habituer à la volatilité, qui risque bien de devenir « la norme » ces prochaines années. D’autant qu’à 25% de volatilité, cela semble un bon niveau pour revenir dans le marché qui a suffisamment corrigé pour envisager d’entamer un vrai rebond, durable, pas comme les ersatz que nous avons vécu ces dernières semaines.

Sans compter que c’est quand tout le monde a peur qu’il faut acheter, pas quand tout le monde vous dit que ça va rigoler et que ça sera trop facile.

J’ajouterais que la FED fait son boulot comme elle doit le faire. Elle doit maîtriser l’inflation avant que cela devienne un problème. Que la FED a bien plus d’information que nous et qu’elle sait ce qu’elle fait. Bien sûr que Powell est compétent et il n’a aucune intention de mettre l’économie en récession « juste pour rire ».

Ensuite, les chiffres du trimestre sont globalement très bons et que ça fait des mois que l’on nous dit que c’est « le dernier trimestre » et que l’avenir est pourri et qu’à chaque fois, on s’en sort quand même.

Aux détracteurs qui diront : « oui mais le CEO de telle ou telle boîte il a dit que l’avenir sera plus compliqué » – je répondrais que oui, mais le CEO en question n’est pas débile : puisque tout le monde est déjà prudent et que tout le monde a peur, il va donner ce que la foule veut ; de la prudence. Du coup, le trimestre à venir génèrera moins de pression sur ses épaules, puisque tout le monde s’attend au pire, il surprendra en bien dans trois mois.

J’ajouterais qu’au vu de la tendance mondiale et les victoires en série des extrêmes en politique, Trump devrais confirmer sa domination lors des élections de mi-mandat et qu’ensuite il continuera d’implanter son plan de relance économique douteux, mais qui fonctionne depuis deux ans.

En ce qui concerne l’Europe, j’argumenterais en disant que l’Italie fait ça juste pour frimer et que dans trois semaines ils vont rendre les armes et se coucher devant Bruxelles, trop peur que plus personne ne les soutienne et ne leur prête de l’argent. Et je terminerais mon argumentaire en disant que la Chine est en train de « stimuler » son économie et que le gouvernement a clairement montré son intention de stopper la spirale baissière.

De plus, les négociations sur les tarifs douaniers ne sont qu’un gros poker menteur et que tout va se régler après les élections, sans compter qu’historiquement parlant et statistiquement parlant, le mois de novembre et de décembre sont des excellents mois boursiers.

BEN OUI, si ça a marché pour octobre, il n’y a pas de raison que ça ne marche par pour novembre et décembre !

Et puis si on a inventé la citation : « Sell in May and Go Away, faut bien acheter à un moment ou un autre, non ? Alors quoi de mieux que six mois avant le mois de mai.

En conclusion, tout le monde a raison et personne n’a tort. Pour le moment.

La Chine encore et encore

Ce matin on attaque directement dans le « dur ». En Chine certaines sociétés chinoises ont annoncé des chiffres décevants et le gouvernement a publié des données économiques qui confirment le « ralentissement » de l’économie. Citibank estime que le GPD de 2018 sera plutôt de 6.4% contre les 6.8% attendu auparavant.

Evidemment, la Chine se fait exploser et l’indice recule de près de 2%, Hong Kong ne fait rien et le Japon non plus.

Dans les nouvelles du jour, le Brésil met la barre à l’extrême droite. Et Merkel s’est encore faite exploser lors d’élections régionales et apparaît encore plus affaiblie, elle et sa coalition. Sans compter que le jeune parti d’extrême droite(AFD) monte en puissance. Il paraît de plus en plus évident que Merkel est en bout de course. Macron va bientôt se retrouver tout seul pour défendre l’Europe.

Autrement IBM a acheté RedHat pour 34 milliards. Quand les vieux rachètent la nouvelle génération pour tenter de survivre. Le Barron’s pense que Trump pourrait avoir raison à propos de la FED : ils sont nuls. Et le même journal est la recherche de « bonnes opportunités » sur le marché chinois pendant qu’il propose également quelques titres pour se planquer en cas de sell-off sur le marché.

Côté chiffres du jour, il y aura le personal spending aux USA, puis les chiffres de Akamai, Mondelez, Wynn Resort et Transocean. Il y en aura plein d’autres, mais c’est les plus importants. Il faut dire que tous les regards sont tournés vers Apple qui publiera jeudi soir. Pour le moment les futures sont en baisse de 0.25%, parce que la Chine continue de mettre des coups de freins, ça sera le thème de la journée.

Pour le reste, nous sommes lundi et la bonne nouvelle c’est que jeudi, nous serons en novembre et ce foutu mois d’octobre sera derrière. On n’a jamais vu un krach en novembre, sans blague.. .

Coup de projo sur le reste du site

Aujourd’hui vous trouverez aussi le point macro de Oddo BHF vu que Nicolas Blanc a pris quelques vacances. Egalement au programme de ce lundi, le 5e épisode de la série sur l’investissement factoriel et bien entendu la possibilité de revoir les 4 premiers pour ceux qui n’auraient pas suivi ou auraient un peu oublié comment ça fonctionne durant le weekend. Pour ceux qui étaient déjà là il y a 20 ans, James Cullen nous fait un parallèle entre les marchés aujourd’hui et en 1999 et vous aurez la possibilité de rencontrer des personnes de Schafer Cullen Capital Management lors de leur conférence du 6 novembre, tous les détails sont ci-dessous.

Et last but not least, pour ceux d’entre vous – et ils sont de plus en plus nombreux – qui s’intéressent à l’investissement ESG, ils trouveront dans l’article d’Aberdeen Standard Investments un lien vers la section de leur site qui vous explique toute l’approche par le détail et c’est super bien fait donc n’hésitez pas à y aller jeter un coup d’œil vu que c’est gratuit et sans engagement, comme on dit. Tout ceci se trouve un peu plus bas donc il vous suffit de scroller down pour bien commencer la semaine.

Que la force soit avec vous et souvenez-vous, Warren Buffet dit toujours : « Soyez craintif quand les autres sont avides. Soyez avide quand les autres sont craintifs. » – oui, je sais, elle est nulle en français..

Allez, à demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Be fearful when others are greedy, and be greedy when others are fearful. »
– Warren Buffet