La déculottée massive continue et il n’est pas simple de pouvoir dire quand est-ce que cela va s’arrêter.

L’Audio du 12 octobre 2018

Une chose est certaine, ces deux-trois jours de nettoyage boursier aura permis à tout le monde – tout ceux qui ont un avis – de sortir du bois et de venir dire ce qu’ils pensent. Oui, parce que le plus surprenant au milieu de tout cela, c’est le nombre de personne qui regardent cela de manière décontractée et qui expliquent calmement à leur environnement que c’était évident et que ça va continuer parce que c’est parfaitement naturel de voir un marché baisser. Eux ils savaient que ça arriveraient un jour.

En tous les cas, c’est phénoménal d’entendre l’assurance de certains dans cette baisse. Les mêmes qui crient au loup depuis trois ans viennent actuellement fanfaronner parce qu’à force d’avoir été faux, ils ont été juste. L’entêtement aura donc payé.

Comment on dit BEAR MARKET en italien ?

Mais revenons à nos marchés, on a donc remis une seconde couche hier dans un calme absolu, puisque tout le monde savait – mais une couche supplémentaire quand même qui nous aura emmené sous la moyenne mobile des 200 jours sur le S&P500 – chose qui est arrivée rarement ces 10 dernières années et qui a souvent représenté une opportunité d’achat unique – l’Europe continue de se faire défoncer comme si ça ne coûtait rien. Les Italiens sont entrés officiellement dans un Bear Market, puisqu’ils sont 20% plus bas qu’en mai de cette année.

Pour faire l’historien, n’oublions pas qu’entre juillet 2015 et juin 2016, l’Italie avait perdu 40% avant de tout reprendre jusqu’en mai de cette année. Quoi qu’il en soit, là on craint encore le pire – en tous les cas, on voit que les gouvernement d’extrême… droite ou gauche, c’est la même merde de toutes façon – est extrêmement bénéfique pour l’économie. En Allemagne on a l’impression que l’industrie allemande ne vendra plus jamais une bagnole ou un train, le CAC a suivi et la Suisse a fait pareil.

C’est quand on commence à tirer sur tout et n’importe quoi que l’amalgame se fait et que l’on peut se dire que l’on approche gentiment du tout grand n’importe quoi

Mais pourquoi Bon Dieu, Pourquoi ?

La question est donc de savoir POURQUOI ça baisse. La réponse est simple, tout le monde le sait, tout le monde le savait. C’est juste que visiblement, on a quand même mis trois semaines pour comprendre que nous étions dans un environnement de taux « qui montent ». SANS BLAGUE ????

Je suis effaré du nombre d’experts qui arrivent aujourd’hui avec la bouche en cul de poule pour nous dire :

– « oui, vous savez, tout d’abord il faut bien noter que ça fait très longtemps que je sais que l’on va baisser et que je l’ai répété plusieurs fois, mais là on vient surtout de se rendre compte que nous sommes dans un environnement de taux qui montent et historiquement parlant, les marchés boursiers n’aiment pas quand les taux montent. C’est en tous cas ce que l’on a lu dans les écrits des anciens que l’on a retrouvé dans les sous-sols de Wall Street ».

C’est une caricature.

C’est tout de même phénoménal. En décembre 2015 nous étions pratiquement à zéro sur les taux directeurs US. En décembre 2017 nous étions à 1.30% et nous sommes passé à 2.25% le 26 septembre, après une hausse graduelle sur près de 10 mois.

Le soir du 26 septembre, Powell a dit que l’inflation était sous contrôle et qu’il allait continuer à monter graduellement les taux – encore une fois en décembre, puis probablement 3 fois l’an prochain.

ça paraît plutôt clair, non ??? (source : Statista)

Mais nous, les experts en finance, les rois des bourses mondiales, nous avons – nous AURIONS mis 2 semaines pour comprendre que, tout d’un coup, nous sommes dans un environnement de taux qui montent ??? ça n’est quand même pas arrivé dans l’ombre de la nuit, telle l’Escalade en 1602. On ne s’est pas réveillé un matin en se disant : « Oh mon Dieu, hier les taux était à zéro et pendant la nuit ces chiens galeux de la FED ont monté les taux à 2.25% !!!! FAUT TOUT VEEEEENNNNNNDDDRRREEEEEE !!!! »…

Ben apparemment si.

Si c’est le cas, on est complètement aveugles ou retardés mentalement. Et si on est aveugle c’est pas des lunettes qu’il nous faut, c’est un labrador. Voir deux labradors.

Tout est dans la communication

Bref, si ce soir à l’apéro, on vous dit : « eh, toi qu’est dans la finance, tu nous expliques pourquoi ça baisse ??? » – tout d’abord vous finissez votre bouteille de blanc – en entier – et vous répondez :

« Parce que les taux montent et qu’on ne le savait pas avant » – ce qui est faux, parce que même mon coiffeur le savait – et vous ajoutez « pis en plus on a peur de la guerre économique entre la Chine et les USA » – bien que l’on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Vous pourrez conclure en disant que ça fait de toute façon bien trop longtemps que ça monte et que les corrections sont saines et que ça fait revenir les titres à des valorisations plus attractives et que probablement le marché finira par remonter mais que l’on ne peut pas non plus exclure qu’il baisse encore – ou pas.

En résumé, la baisse c’est tout de la faute des taux et de la FED et un peu les perspectives que la guerre économique va tout nous foutre par terre. On ne parle pas/plus des « mid-terms », on ne parle pas de la saison des résultats qui commence, on ne parle pas de l’économie qui va toujours bien aux USA et qui ne montre pas le moindre signe de ralentissement.

Non, on ne parle que des taux, de Trump qui pense que la FED est débile et de la guerre avec la Chine.

Les prédicateurs sont de retour

Ce matin l’Asie a ouvert en baisse, mais semble avoir stoppé l’hémorragie, puisque le Japon est en baisse de 0.12%, que Hong Kong est en hausse de plus de 1%, pendant que la Chine baisse péniblement de 0.18%.

Pour les nouvelles du jour, c’est plutôt la misère, mais il faut dire que l’on est passablement occupé à lire les théories de tous les prédicateurs qui apparaissent dans les journaux et sur la toile. Sans compter que tous les chroniqueurs (comme moi) ont une opinion sur le sujet, parce qu’il ne faut pas oublier que soudainement, même le 20 minutes a une rubrique bourse, parce que forcément, quand y a du sang sur les murs, il faut profiter.

Donc si vous regardez dans les médias du jour, vous trouverez à boire et à manger. Il est donc difficile de faire le tri, mais on notera que, par le plus GRAND DES HASARDS, Nouriel Roubini avait choisi CE VENDREDI pour nous prédire que la fin du monde qu’il AVAIT DEJA prévu en 2008, allait finalement arriver en 2020. Pas de bol, il serait venu il y a une semaine, il aurait été crédible. Mais là, après presque 10% de baisse, ça fait un peu le mec qui vient après la pluie avec un parapluie.

Il y aussi Lamoureux.

Non, moi non plus je ne connaissais pas.

Mais Lamoureux avait prédit le Dow Jones à 25000 quand nous étions encore à 16000 et maintenant il prévoit 30% de correction d’ici fin 2019 et qu’ensuite le Dow Jones ira à 40’000 – par contre il ne précise pas si les 30% de correction se calculent depuis le top d’il y a dix jours ou seulement depuis hier soir.

Et puis il y a Byron Wien, le stratège de chez BlackRock qui dit que d’ici Noël, nous serons à 3’000 sur le S&P500 – Il pense comme moi !!!! Je ne suis donc pas seul dans cet environnement dépressif. Hourra.

Comme ce soir c’est le week-end, je ne vais pas vous pourrir la vie plus longtemps. Aujourd’hui nous aurons le début des résultats du trimestre, à commencer par les bancaires – ça sera le tour de JP Morgan, Wells Fargo et Citigroup, comme d’habitude. Comme d’habitude aussi, on sera à côté de la plaque sur les attentes, puisque les analystes bancaires se font un point d’honneur à être le plus loin possible de la réalité à chaque trimestre.

Pour le reste, il y aura le CPI allemand, le rapport mensuel de l’EIA – là on parlera donc pétrole – le pétrole qui est à 71.73$, plus qu’à 6-7 dollars d’un prix idéal pour les mid-terms de Trump et l’or remonte ENFIN… ENFIN l’or redevient une valeur refuge !!!!

Yepppeeeeeeeeee….. L’once est à 1225$ et on sent le BULL MARKET qui commence ! Rien qu’à m’imaginer en train de râper mon lingot d’or pour acheter une livre de pain quand le capitalisme sera mort, j’en trépigne d’impatience. Et le Bitcoin baisse gentiment, il est à 6300$ et ceux qui pensent que c’est EGALEMENT une valeur refuge doivent EGALEMENT se poser des questions.

À noter qu’aux USA, il y aura aussi les chiffres de l’Université du Michigan qui nous diront, au bout du suspense, si l’Américain moyen A ENFIN acheté un lave-vaisselle. Ce qui devrait largement compenser l’insanité de la FED.

Pour le moment les futures sont en hausse de 1% et on dirait que la fin du monde a pris fin hier soir. Pour le moment.

Passez une excellente journée et un très bon week-end. On se retrouve lundi pour la suite du Muppet Show – le second de cette année – je dis Muppet Show, parce que je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a quelque chose d’autre de pourri dans ce marché – en plus des taux qui montent et de la Chine qui fait peur… Mais quoi ???

Mis à part ça, je voudrais remercier la chute des marchés – parce qu’hier nous avons dépassé les 10’000 lecteurs sur cette chronique – comme quoi ça marche mieux quand ça baisse !!!

Thomas Veillet
Investir.ch

“Honestly, if you were any slower, you’d be going backward.”
― J.K. Rowling, Harry Potter and the Chamber of Secrets