Belle séance de hausse en Europe qui s’excite sur les discussions entre Chinois et Américains, comme s’ils étaient concernés, pendant que Wall Street gratte quelques points mais commence à douter fortement, les Bears et leurs signaux d’alarme sont de retour.

L’Audio du 12 février 2019

La journée d’hier n’aura pas été des plus passionnante – comme prévu, serais-je tenté de dire – globalement l’Europe finissait nettement en hausse, principalement tirée par l’avenir et les spéculations sur la Chine et les USA.

Étonnant tout de même comme une région qui est au plus mal économiquement se rattache à des discussions. Hier l’Europe a mieux réagit aux attentes d’un deal qui ne viendra pas avant le 2 mars que les pays concernés eux-mêmes.

Crispation par l’altitude douteuse

Aux USA, on était un peu plus tendu que les Européens. Pas tant pour le sujet de la Trade War, mais plus pour ce qui se passait à l’intérieur du pays. Les négociations avaient déjà eu leur impact vendredi et puis, tout le monde est conscient que les Américains sont arrivés à Beijing hier et qu’ils ne vont pas retourner les Chinois comme des crêpes en 24 heures.

Il semble de plus en plus évident qu’avant les premiers jours de mars, nous n’aurons rien de concret. Le pire qu’il puisse arriver, ça serait les Chinois qui claquent la porte et qui virent les Américains du pays dans la demi-heure, mais pour l’instant, on est plus aux échanges des petits fours et on trinque avec du champagne chinois. Copie de la version française.

Trop c’est trop

Non, aux States, on se pose des questions sur là où nous sommes, ne sommes nous pas montés trop haut, n’avons nous pas DÉJÀ discounté trop de bonnes nouvelles.

Certains experts économistes, stratégistes, gourous et spécialistes vaudou estiment que le marché a atteint son maximum dans la zone des 2700 sur le S&P500. Reste à savoir comment ils arrivent à tant de précision, mais ça, je n’ai même pas envie de savoir. Toujours est-il que l’on se demande si l’on n’est pas un peu haut, par le pur des hasards.

Il est vrai que l’on peut tout de même se demander d’où va venir la prochaine BONNE nouvelle qui permettrait aux indices américains d’aller plus haut. Il ne faudra pas ou plus compter sur les trimestriels, le chapitre sino-américain, c’est pour plus tard et il semble quand même que l’on ait déjà calculé que des bonnes nouvelles – il paraît tout de même peu probable que les Chinois donnent PLUS que ce qu’on leur demande – quand à la FED, on sait qu’ils ont fait un virage à 180 degrés en ce qui concerne leurs intentions sur les taux, mais on imagine assez mal que Powell vienne nous annoncer qu’il baisse les taux de 3% la semaine prochaine.

Cliffhanger fait du surf sur un tsunami

Donc nous sommes un peu suspendus à la paroi verticale par une corde qui s’effiloche et on se demande combien de temps ça va durer. Le marché tient, mais quand on lit la presse de ces dernières 24 heures, ce ne sont pas les « bulls » qui tiennent le crachoir, mais plutôt leurs opposants.

Rien que ce matin, nous avons Avi Gilburt, roi de la théorie des vagues d’Elliott qui estime que le marché a atteint son « top » intermédiaire et que nous sommes dans la vague 2 de la vague C divisé par la vague 3 B au carré et que, du coup cette semaine on va se péter la figure avec un objectif au minimum 200 points plus bas sur l’indice phare américain.

Tout va s’arrêter

Nous avons également le stratégiste de Morgan Stanley qui baisse drastiquement ses attentes de croissance pour les résultats des sociétés en 2019 – il prévient que le réveil sera rude sur la fin de l’année et n’hésite pas à parler de récession de ce côté de l’économie.

Et il n’est pas tout seul, puisque Krugman a parlé hier à Dubaï et estime que fin 2019 ou début 2020, la récession va toucher les USA et le reste du monde. Le prix Nobel d’économie en 2008 est d’autant plus inquiet parce que selon lui, les banques centrales n’ont pas la marge suffisante pour baisser les taux et sauver l’économie. Nous allons donc tous mourir dans d’atroces souffrances.

Vous pouvez donc dépenser tout l’argent que vous aviez économisé pour vos impôts, ils n’en auront jamais besoin, l’économie se sera totalement effondrée d’ici là. Autant en profiter avant.

Muri aedificavi correptus diem

Comme vous le voyez, quand on voit ce qu’on voit, qu’on lit ce qu’on lit et qu’on entend ce qu’on entend, on peut s’estimer heureux que le marché ne se soit pas pété la figure hier soir.

Mais ça n’est que partie remise selont Gilburt.

La nouvelle angoisse du moment mais qui pourrait, paradoxalement, servir de détonateur au marché pour aller plus haut, c’est le nouveau « shutdown » qui pourrait arriver vendredi soir si les politicards américains ne se mettent pas d’accord sur les problématiques de gestion de la frontière mexicano-américaine et d’immigration – autrement dit : le financement du mur à Trump.

Champagne ou Champommy ?

En last minute, il semblerait que les clowns du gouvernement US ne sont pas si loin que ça de trouver un accord et c’est ce qui provoque la hausse des futures ce matin, ainsi que la hausse des marchés asiatiques.

Le Nikkei est en hausse de 2.6%, le Hang Seng avance de 0.17% – on sent bien l’euphorie – et la Chine progresse de 0.7%. Visiblement le « positivisme » sur le « shutdown » n’excite que les japonais.

En résumé s’il n’y a pas de « shutdown » ou s’ils se mettent d’accord avant vendredi, on pourrait avoir un « rallye de soulagement » et casser du même coup la moyenne mobile des 200 jours sur le S&P et faire voler en éclat le scénario de vague C, dans la vague B dans le salon avec le chandelier du Colonel Moutarde selon Gilburt.

Récession, ça prend combien de « S » ? Trois ou quatre ?

Bref, on n’en sait rien. Tout ce que l’on sait ce matin, c’est que le MONDE POURRAIT BIEN ÊTRE EN RÉCESSION À LA FIN DE L’ANNÉE…et que ça fout les jetons, un peu comme les histoires de Croquemitaine que me racontait ma mère pour me forcer à manger ma soupe.

Soupe que j’aurais d’ailleurs dû manger plus assidument, ce qui m’aurait permis de voir la Terre d’un peu plus haut que mes misérables 1m70 et des poussières… avec la récession et l’âge, ça ne s’arrange pas.

Petite parenthèse au sujet de la RÉCESSION ; je suis bluffé de voir autant d’articles la mentionnant et de voir que – pour le moment – le marché n’en a strictement … Rien à foutre… Excusez la vulgarité, mais là tout de suite, je peine à trouver d’autres termes pour exprimer Ô combien ça me bluffe…

L’Angleterre et la Suisse et le Toblerone

Dans les nouvelles du jour, il n’y en n’a pas des tonnes, on parle de May qui tente de trouver un accord avec l’opposition pour pouvoir trouver une solution honorable au BREXIT en dehors de devoir se faire Hara-Kiri. L’Angleterre qui a d’ailleurs signé un « trade deal » avec la Suisse.

Un deal qui permettra au deux pays de continuer à collaborer économiquement de la même manière qu’avant le BREXIT. C’est Liam Fox et Guy Parmelin qui se sont mis d’accord. Actuellement nous ne sommes pas certains de ce que Parmelin a compris et signé. Et l’on ne peut pas complètement exclure que dans le package il n’ait pas lâché le Cervin, Verbier et la production annuelle de Toblerone aux Anglais, l’avenir nous le dira.

Skynet, encore lui

On revient aussi sur le « flash crash » qui est arrivé au Franc Suisse hier. Rien à voir avec les négociations Sino-Américaines, ni avec le fait que Federer pourrait prendre sa retraite à l’aube de 2034, mais il semblerait qu’un mélange de faible liquidité et d’un ordre traité n’importe comment seraient les responsables de base de tout cela.

Mais comme tout bon « flash crash » qui se respecte, on ne saura jamais le fin mot de l’histoire. À force de tout automatiser et de confier le boulot au machines, un jour ça va nous exploser à la figure et on dira « ah ben on l’avait pas vu venir celle-là, de bleu »…

Sauvez le soldat Ryan !

Au passage, pendant que les Chinois et les Américains se gavent de petits fours, de canards laqués, de porc sauce aigre-douce, de raviolis aux crevettes et de riz cantonais, les Anglais envoient un porte-avions dans la Mer de Chine avec deux escadrons de F-35 à bord.

Ce porte-avion va rejoindre la 7ème flotte américaine qui est déjà sur place histoire de chauffer les Chinois et leur contester la propriété d’une Mer infestée de requins. Encore un truc qui va sûrement faciliter la collaboration économique internationale.

Toujours trop haut, trop fort, trop tout

Dans les petites nouvelles du jour, on notera que Vanguard, le fabricant d’ETF a réduit ses attentes de performance moyenne du marché pour les 10 prochaines années. Avant, ils tablaient sur une performance médiane de 8% annualisée et maintenant, ils réduisent à 5%.

Un ralentissement des bénéfices des entreprises, un ralentissement général et le fait que nous sommes tout en haut des valorisations selon eux, justifie de réduire les attentes.

Côté analystes, nous avons eu un upgrade sur Tesla, un upgrade sur Avis et un downgrade sur Nvidia qui est en train de passer de « chouchou du marché » il y a encore 6 mois à « grosse daube du marché ». Comme quoi on est bien peu de chose.

Chiffre économiques et stand-up

Aujourd’hui, côté chiffres économiques nous aurons les JOLTS et le rapport de l’OPEP. Mais il y aura aussi la réunion des Ministres des Finances européens, Weidman de la BUBA qui parlera, mais aussi notre Dieu à tous, puisque Powell sera aussi de sortie…

Pour le moment les futures sont donc en hausse de 0.5% et on se chauffe en se disant que le « shutdown » pourrait ne pas se produire. Reste à voir si cela favorisera plus les Européens que les Américains, vu que toute bonne nouvelle pour les USA est presque meilleure pour l’Europe.

En ce qui me concerne, je vous retrouve demain et dans l’attente insupportable de ce retour, je vous souhaite une excellente journée et un très bon café.

Thomas Veillet
Investir.ch

“Spend each day trying to be a little wiser than you were when you woke up.” – Charlie Munger