Dans un des derniers rapports de l’OCDE, il est fait mention des émissions d’obligations vertes. Nouvel instrument ou bonne conscience collective ?

Les rédacteurs de ce rapport notent que « l’ajout d’un nouvel instrument au financement de titres vise principalement à attirer une base d’investisseurs plus large et plus diversifiée, en ligne avec les objectifs de réduction des coûts et de réduction des risques à long terme ». Ils soulignent que le nombre d’investisseurs, fonds de pension ou fonds souverains, a augmenté rapidement. Même la BCE, dans le cadre de son programme d’achats d’obligations, est intervenue dans le marché des obligations vertes.

L’obligation verte est-elle comparable à une obligation climatique ?

Selon une étude écrite par Mackenzie et Ascui en 2009, les obligations verte sont émises pour lever des fonds pour un projet environnemental alors que les obligations climatiques sont émises pour des projets spécifiques à la réduction des émissions ou à une adaptation au changement climatiques.

La nuance est subtile et quelque peu incompréhensible. Par exemple, lorsque l’on se penche sur le sujet, nous pouvons lire que la banque européenne d’investissement a lancé sa première émission thématique dite « Climate awareness bond » en 2007 et qu’en 2008, la banque mondiale émettait sa première obligation verte.

Le rapport d’HSBC intitulé « Bonds and Climate Change, the state of the market » permet toutefois de voir un peu plus clair.

Qui sont les acheteurs des obligations vertes ?

Comme il a été écrit, les principaux acheteurs sont des caisses de pension et des fonds souverains engagés dans l’investissement responsable et dans une approche ESG. Suivent les fonds d’investissement en obligations. Les particuliers et les petits investisseurs ne sont guère présents dans ce marché. Pourquoi ? Parce que le marché des émissions reste déséquilibré avec des gros acheteurs qui achètent l’essentiel des titres dès leur première cotation.

De plus, les coupons sont relativement bas et ne peuvent véritablement satisfaire les attentes des petits épargnants. Par exemple, Le 24 janvier 2017, l’agence France trésor (AFT) a lancé la première obligation souveraine verte (OAT verte) d’une maturité de 22 ans (l’obligation souveraine verte 1,75 % 25 juin 2039) pour un montant de 7 milliards d’euros.

Qui émet des obligations vertes ?

Comme faisait mention Christophe Wigley dans un article paru sur notre site en mars 2017, les premiers et plus importants émetteurs étaient les grandes entités supranationales telles la BEI ou la Banque Mondiale. Les pays et le secteur des services publics ont emboîté le pas.

Le marché s’est étoffé avec l’arrivée de compagnies comme Apple, Iberdrola, Engie ou la chinoise Xinjiang Goldwind. Ces trois dernières sociétés ont même émis des obligations perpétuelles

Les obligations vertes, les obligations climatiques, les obligations sociales et encore ?

Dans l’univers des véhicules d’investissement, l’imagination humaine n’a pas de limite. Comme le mentionnait Béatrice Héraud dans un article paru chez Novethic, les obligations sociales sont destinées aux projets aidant les populations les plus vulnérables. En 2018, Danone a émis une obligation sociale de 300 millions d’euros.

Encore ? Oui, il y a deux ans, l’île des Seychelles a mis sur le marché les premières obligations « bleues » (blue bond). Les Pays-Bas ont inventé les obligations eau (Water bonds) pour financer les travaux d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer. Les sustainability bonds font aussi leur apparition depuis deux ou trois ans.

Notre cher caméléon a encore de beaux jours devant lui. Espérons tout de même que les investisseurs trouveront leur compte dans ce marché exotique.