Vendredi soir les marchés ont terminé en hausse parce que l’on espérait un Trade Deal tout soudain. Les plus optimistes parlaient de 2 semaines.

L’Audio du 5 mars 2019

Retour case départ

Hier le marché a perdu ce qu’il a gagné vendredi parce que le marché cherche du « concret » au sujet de cet accord. Des dates, des détails, des preuves, des photos volées, de quoi se conforter dans son attitude euphorique et surachetée.

Mais comme on n’a rien à se mettre sous la dent, si ce n’est le Wall Street Journal qui parle d’un deal agendé pour le mois à venir et un meeting prévu le 27 mars en Floride entre Donald et Xi, on s’impatiente et hier ça semblait faire très professionnel de vendre un peu.

Trade Deal en perfusion

Pas grand-chose à ajouter, si ce n’est qu’à la fin de la journée le marché terminait en baisse aux USA et en hausse en Europe, parce qu’en Europe on reste assez motivé pour voir arriver un Trade Deal et que l’on trouve ça « super ».

Même si l’Europe n’a toujours pas noté que le Trade Deal, si Trade Deal il y a, est prévue entre les USA et la Chine. Pas entre les USA, la Chine et l’Europe.

Mais peu importe. Hier c’était petite hausse en Europe (sauf en Allemagne, mais l’Allemagne, c’est un peu à part de l’Europe) et petite baisse aux USA, parce que ça ne va pas assez vite.

Trump en patch

Heureusement on a eu Trump qui a parlé au sujet de la FED et qui s’en pris (encore une fois à Powell). Une chose est sûre, ces deux-là ne partirons pas en vacances ensemble et le jour où Trump s’encouble dans un escalier, on peut compter sur Powell pour lui marcher dessus.

Le Président a donc fait un discours sur la force du dollar et exprimé que oui, il voulait un dollar fort, mais pas un dollar fort comme le voudraient les « types de la FED », comme il dit…

Pour faire simple, si le dollar est fort et sert l’économie c’est à cause de Trump et si le dollar est trop fort et va contre l’économie, c’est la faute de la FED et de Powell.

Visiblement le Président n’a aucune reconnaissance pour l’attitude de Powell ces derniers mois. Powell qui est tout de même l’Indiana Jones du marché, l’Iron Man de la finance, le Captain América des taux…

Mais Trump le hait toujours.

Médiation d’investisseur

Ceci dit, les petites phrases assassines de Trump n’ont rien changé à la tête du dollar ou même à la tête du marché. En revanche, ça à le gros avantage de me permettre de parler d’autre chose que du Trade Deal pendant au moins une demi-page.

Pour le reste, c’est toujours très calme. Trop calme et l’on reparle toujours et encore des mêmes histoires. Ça en devient profondément ennuyant.

Le pétrole ne fait plus rien et semble scotché au milieu de nulle part. Depuis que Trump a donné son avis aux Saoudiens la semaine dernière, plus personne n’ose bouger sur le baril. On sent bien que ça arrangerait pas mal de monde que le baril remonte à 65$ (au moins). Ça soulagerait les Russes, les Saoudiens et la station service en bas de chez moi.

Mais la dernière fois que Trump a demandé que le pétrole baisse, il a baissé et ça n’aide pas à booster la confiance des vils spéculateurs que nous sommes.

L’or fond

L’or est en train de se faire tirer dessus à vue ET à boulet rouge. Le métal jaune est en phase de cassage de supports tout azimuts et ce matin il traite à 1289$. Techniquement c’est moche et c’est déprimant. Lui qui était tellement bien sur le chemin des 1360$ il y a encore une semaine.

L’or souffre de la force du dollar il paraît. Encore de la faute de Powell.

Moi je vous le dis, je suis tout de même content que Powell et Trump existent, parce qu’aujourd’hui, si nous n’avions qu’Obama et Yellen, je pense que l’on aurait fermé les places boursières en attendant qu’il se passe un truc tellement il n’y aurait rien à dire.

L’Asie n’a d’yeux que pour la Chine

Ce matin l’Asie est calme. Le Japon recule de 0.5% – sans doute depuis que l’on a autorisé la libération de Carlos Ghosn – Hong Kong ne fait strictement rien et la Chine est en hausse de trois fois rien. Pourtant en Chine, le gouvernement vient de fixer son objectif de GDP pour 2019, entre 6 et 6.5%. Ce qui est un poil en-dessous de ce que les « experts » attendaient.

Sans compter que la Chine a également fait un « warning » sur la croissance mondiale. Ce qui n’est pas un exploit, le FMI et la Banque Mondiale l’avaient fait avant, ça fait deux visionnaires qui ont un coup d’avance sur la Chine.

Et puis on apprend aussi que le même gouvernement chinois va réduire les impôts et faciliter le crédit pour relancer l’économie. Il semblerait que ce n’est pas la première fois qu’on l’entend celle-là, mais à force de le dire, ils vont sûrement le faire et en le faisant, ça va quand même finir par se sentir.

In the Army now

On notera que cette année en Chine, la hausse du budget militaire sera supérieure à celle du GDP. Les dépenses militaires devraient augmenter de 7.5%. Au moins y a un truc qui augmente en Chine, en plus de la population.

Il y a un type qui n’arrête jamais de bosser, c’est Trump. Et c’est tant mieux, parce qu’encore une fois, sans lui, je ne sais pas de quoi on parlerait et sur quoi on s’exciterait.

Multi-tasking de Trump

Pendant qu’il fait ami-ami avec le dictateur nucléaire pendant la semaine, qu’il négocie avec son futur nouvel ami de Facebook en Chine et qu’il se fait démonter par la justice de son pays toutes les deux heures, le Président a tout même de réussi à analyser les relations économiques entre les USA et l’Inde et les USA et la Turquie.

Comme les deux pays n’ont pas fait assez pour arranger le business américain sur leurs territoires respectifs, le Président vient de faire tomber leur statut qui leur fournissait un privilège économique avec les USA. Visiblement, Trump a un gros côté féminin qui lui permet de faire plusieurs choses à la fois.

En tous les cas, je serais l’Europe, je me méfierais. Parce que le jour où il en a terminé avec la Chine, l’Inde, la Turquie et la Corée du Nord, il va s’ennuyer et va sûrement trouver un truc à redire sur l’Europe…

La renaissance du Roi Soleil

D’ailleurs pendant que l’Europe s’enfonce dans la récession un peu partout, le génial Président Français lance sa campagne européenne et appelle à la renaissance Européenne. En revanche, il ne s’est pas encore proposé comme Roi pour chapeauter le tout, mais ça ne saurait tarder.

On notera aussi que Goldman Sachs revoit à la baisse son positionnement bullish sur les matières premières. Cela fait des mois qu’ils poussaient le thème, mais là ils sont devenus un peu plus prudents depuis hier.

Tesla On-Line

On parle aussi beaucoup de Tesla et du fait que la société veut passer au « tout online », toutes les concessions sont dans des locaux qui sont loués, il y a donc pas mal de monde qui commence à râler à ce sujet. Et puis de l’autre côté, on se demande si tant de monde que ça va accepter d’acheter une voiture sans jamais l’avoir testée avant.

Personnellement, même pas en rêve.

Et puis, retenons aussi que Salesforce a publié ses chiffres hier soir. Déception et le titre perdait 3% after close, après avoir perdu 3% durant la séance, mais ça c’était parce que le Trade Deal ne vient pas assez vite.

Données économiques

Côté chiffres économiques, nous aurons les PMI’s des services en Europe et aux USA. Il y aura l’ISM Non-Manufacturing aux States et les ventes de nouvelles maisons. Pour le moment les futures sont inchangés, mais ne nous leurrons pas, nous allons nous concentrer sur une chose : le Trade Deal…

La grande question que tout le monde se pose actuellement – au-delà de « Mais quand est-ce qu’ils vont signer ce truc » – c’est de savoir si nous ne sommes pas déjà surachetés et que le jour où, annonce il y a, le marché va se dégonfler comme une vieille baudruche…

En tous les cas, pour moi qui suis toujours un contrariant et qui n’aime pas aller là où va la foule, je me méfie. La volatilité au plus bas, la bullish attitude au plus haut, plus personne n’a de doutes alors qu’il y a deux mois on envisageait tous d’aller acheter un bar sur une plage des Philippines pour prendre notre retraite, ça ne me rend pas hyper-confiant..

Pile ou face

Et pourtant, quand je regarde certains graphiques, je me dis instinctivement que si je revenais de 8 mois sur une île déserte et que je ne regardais que le graphique du Nasdaq, j’aurais envie de vendre mon smartphone pour acheter l’indice…

Bref, mon cœur balance entre l’explosion finale et l’évidence d’un excès de confiance sur un hypothétique Trade Deal. Je crois qu’il ne me reste plus qu’à aller jouer à pile ou face…

En attendant, excellente journée, bon Trade Deal…ou pas et à demain, pour parler de la même chose encore et encore.

Thomas Veillet
Investir.ch

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