QUI L’AURAIT CRU ??? Hein, QUI L’AURAIT CRU le 21 décembre 2018 que le S&P500 clôturerait au plus haut de tous les temps à peine 123 jours plus tard ??? La réponse est simple : PERSONNE !!!

L’Audio du 24 avril 2019

Et pourtant, le marché l’a fait. Bon, un peu grâce à Powell aussi, mais voilà que c’est fait. Hier soir les intervenants se sont dit que « finalement les chiffres du trimestres ont l’air bons » et il y a comme un vent d’optimisme qui s’est mis à souffler sur Wall Street.

Ce n’était pourtant pas facile parce que depuis quelques temps, il est quand même vachement plus simple de trouver quelqu’un pour dire que « ça ne peut pas durer », qu’on va « finir par se la prendre » ou encore, le très populaire « à force de manipuler le marché, les banques centrales vont tout détruire ». Mais hier les « neinsagers » se sont fait marcher dessus propre en ordre et c’était champagne et cotillons dans le camps bulls !

Mea Culpa

Même Wilson, la star stratégiste de chez Morgan Stanley est venu profiter de ce mardi pour faire son MEA CULPA sur CNBC, disant que même s’il avait correctement prédit la correction du dernier trimestre de 2018, il admettait ne jamais avoir anticipé un tel rebond. Bien que défendant son travail fondamental qui lui dit que « ça ne peut pas durer », le stratège vedette a tout de même reconnu que la hausse actuelle ressemble plus à un « Bull Market séculaire » qu’à un « Bear Market » en construction.

Si même les « bearishs » commencent à s’y mettre, on n’a pas fini de rire. Bon, il y a quand même Roubini qui s’est fendu d’un article à 100’000 dollars pour annoncer que « vu ce que font les banques centrales » et que « vu la croissance molle que nous pouvons observer sur la planète », la question n’est pas de savoir si l’on va se faire démonter la tête un jour, mais plutôt QUAND est-ce que l’on va se faire démonter la tête.

Roubini est faux depuis que le S&P500 est repassé au-dessus des 666 en mars 2009. Ça fait juste 2267 points shorts sur le S&P500, alors disons que là tout de suite, son opinion sent plus le pâté qu’autre chose. Pas très frais le pâté d’ailleurs.

Trade Deal en mode pause, tout sur les trimestriels

Mais peu importe les mea culpa des uns ou les entêtements des autres, après le SOX il y a quelques semaines, après le Nasdaq 100 hier, voici que le S&P500 fait partie du club très fermé de ceux qui ont battu des records historiques en avril, juste avant le fameux mois du « sell in May an GO AWAY » – mais ça on s’en fout pour le moment, personne n’a encore réagit à la chose. Ça viendra, mais c’est encore un peu tôt, il reste une semaine avant le mois de mai.

Les intervenants sont clairement soulagés de la qualité des chiffres du trimestre qui ont été publiés jusque là. Hier soir Twitter a fait un carton en pulvérisant les attentes. On peut d’ailleurs se demander ce qu’ont bien pu faire les analystes pour être pareillement à côté de la plaque. Le consensus attendait 15 cents de bénéfice par action, le consensus « non-officiel » – oui, je sais, on ne dira rien sur le concept de l’officiel et du non-officiel qui est aussi officiel que l’officiel – mais le consensus non-officiel attendait 20 cents par action et Twitter a annoncé 37 cents !!! Reconnaissons-le, c’est un poil meilleur.

Le titre prenait 15% sur la nouvelle.

Mais ce n’était pas tout

Hasbro a également pulvérisé les attentes, mais également présenté des prévisions fort séduisantes. Coca-Cola, que l’on haïssait il y a trois mois a fait nettement mieux également et finalement, c’est Procter qui décevait avec un outlook timoré pour l’année.

Mais revenons sur Coca. Lors du dernier trimestre, le géant de la boisson gazeuse avait déçu et s’était pris 10% dans les dents. En ce temps-là, on avait tout entendu et surtout du mal sur cette pauvre société qui n’y arrivait plus. PERSONNE ou presque n’a regardé l’intérêt attractif du dividende qu’offrait soudainement Coca, parce que c’est vrai ; c’est has been le dividende. Eh bien depuis « il y a trois mois », non seulement le titre a repris 10% – mais EN PLUS, ceux qui y ont cru, vont toucher un dividende annuel de près de 3.5%…

Des fois on cherche la complication alors que la solution est là, juste à côté. Et simple en plus.

Bilan de la journée : TOUT VA BIEN et demain, ça sera mieux

Globalement, même si la séance d’hier n’aura pas été la plus explosive du siècle, le S&P500 accroche donc sa plus haute clôture de tous les temps et le « milestone » des 3’000 s’offre à nous comme la cerise sur le gâteau ou comme les grains de sésame sur le pain du hamburger. Je le répète encore, mais le SOX nous avait ouvert la voie, voici que le S&P500 fait ce qu’il devait faire. C’est facile à dire après coup, mais les faits sont là.

Ce n’est pas la première fois que je le mentionne dans cette chronique, mais Sir Templeton avait dit : « Les marchés haussiers naissent dans le PESSIMISME, grandissent dans le SCEPTICISME, mûrissent dans l’OPTIMISME et meurent dans l’EUPHORIE. » – Peut-être que nous sommes en train d’entrer dans la zone de l’euphorie. Et si c’est le cas, la hausse n’est pas encore finie, le feu d’artifice de l’accélération finale reste à venir.

Le temps de vendre

Personnellement, je reste haussier jusqu’à que mon coiffeur me dise de vendre. Avant on disait « jusqu’à que le chauffeur de taxi ou le coiffeur me dise de vendre », mais comme la dernière fois que j’ai dit ça en public, il y avait un chauffeur de taxi d’un mètre nonante dans la salle qui a mal pris la chose. Donc,  je reviens sur le coiffeur, puisque de toutes façons, je n’y vais plus.

Quoi qu’il en soit, si l’on regarde ce genre d’indices autour de nous, le pessimisme et le doute sont encore tellement présent, les gens tellement méfiants et prêts à shorter qu’il risque bien d’y avoir encore des surprises à la hausse.

Le pétrole participe à la fête

Côté baril c’est pareil, l’affaire iranienne maitient le baril a des prix très élevés, ce matin l’or noir est à 65.93$ et l’once d’or se traite à 1271$, ce qui laisse craindre le pire techniquement, mais visiblement tout le monde s’en tape comme de sa première paire de boutons de manchettes.

L’Asie, qui hier attendait sur les chiffres trimestriels américains, devait visiblement attendre autre chose que des records, puisqu’actuellement c’est les prises de profits qui frappent la région. Le Japon ne fait pas grand-chose, mais Hong Kong et la Chine frisent les 1% de baisse.

On continue avec les trimestriels

Hier soir après la clôture, eBay prenait 4% suite à, je vous le donne en mille, des chiffres meilleurs que les attentes. Texas Instruments était un peu plus dubitatif et reperdait ce qu’ils avaient gagné durant la séance. Le fabricant de semi-conducteurs a annoncé des chiffres meilleurs, mais des prévisions décevantes. Comme les analystes se sont gourés sur le passé, on part du principe qu’ils auront raison dans le futur.

En même temps, Texas Instruments avait pris 13% depuis fin mars, c’est pas les 1.3% de baisse qui vont faire paniquer le marché. D’ailleurs ce qui est assez frappant avec les chiffres publiés hier ; c’est que les suprises à la hausse sont EXPLOSIVES, mais que les déceptions sont presque prises de bonne humeur. Harley Davidson déçoit, mais ne baisse que de 2%, Procter pareil, par contre Twitter, Hasbro et Snap surprennent à la hausse et c’est 15% de hausse derrière.

Analyse à deux balles

De là à conclure que les gens sont tellement pas dedans qu’ils ont peur de rater la hausse et qu’ils n’ont plus rien à vendre. Il n’y a qu’un pas. C’est peut-être une analyse à deux balles, mais ça semble plutôt faire du sens. On va continuer à observer le phénomène avec les publications du jour. Là aussi il y aura du lourd avec Boeing, Facebook, AT&T, Visa, Caterpillar, Xilinx, Biogen et Tesla.

Dans les nouvelles du jour ; les divisions Asset Management de l’UBS et de la Deutsche Bank sont en discussion pour combiner leurs forces, ce qui donnerait naissance à la Champions League de l’Asset Management, avec 1.4 billions ou trillions sous gestion – selon la langue.

Le retour du Trade Deal

On reparle du Trade Deal, puisque les USA viennent d’annoncer l’envoi d’une délégation en Chine pour poursuivre les négociations. Prochain round de discussions attendu à partir du 30 avril. Soyez prêts à bouffer du « tweet » en grosse quantité, parce que ça va re-causer sec et les petites phrases qui peuvent chauffer ou refoidir le marché seront légion.

Coté chiffres économiques, nous aurons l’IFO en Allemgane et les inventaires pétroliers qui seront forts regardés compte tenu de la situation iranienne, sans compter que l’on commence à parler de fermeture du détroit d’Hormuz par les Iraniens en forme de réprésailles aux sanctions US. Ça risque de chauffer dans la région et permettre au baril d’aller plus haut, histoire de faire ressortir du bois TOUS CEUX qui se sont plantés l’été dernier en annonçant le baril à 150 dollars (au moins).

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.10%, histoire de prendre les profits après une journée historique. Mais ça risque de ne pas durer.

Excellente journée et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« In my 45-year career as an investment counselor, humility did show me the need for worldwide diversification to reduce risk. That career did help me to become more and more humble because statistics showed that when I advised a client to buy one stock to replace another, about one-third of the time the client would have done better to ignore my advice. In other endeavors, humility about how little I know has encouraged me to listen more carefully and more wisely. »

Sir Templeton