Je ne vais pas vous apprendre grand-chose ce matin. Et si vous avez mieux à faire, je vous recommande de choisir cette option.

L’Audio du 20 mai 2019

Nous voici donc à la semaine deux après que Trump ait entamé les négociations à coup de canif. Entre deux, la Chine a répliqué et on sait tous que si, d’ici fin juin les deux pays n’ont pas trouvé de solution, ça sera la guerre économique totale entre les deux pays. En espérant juste que d’ici-là, ça ne sera pas la guerre totale avec l’Iran. D’ailleurs, à voir ce qu’on voit et à entendre ce que l’on entend, on a bien plus de probabilités de voir l’Iran se faire ratiboiser par les Américains que les Chinois trouver un accord avec les mêmes Américains.

La bonne nouvelle

La bonne nouvelle, c’est que depuis que Trump est AUSSI en train de se chauffer avec l’Iran en même temps qu’il provoque la Chine, on a presque l’impression que l’on trouve d’autres sujets de conversation. D’ailleurs dans les « tweets » de Trump, on cherche aussi le hashtag «#irandestruction et plus uniquement celui qui dit #fuckchinese.

Nous voici donc en train de parvenir à diversifier nos centres d’intérêts boursiers. Une bonne guerre avec l’Iran ferait du bien à tout le monde. D’abord parce que cela permettrait aux investisseurs de s’intéresser à nouveau aux fabricants d’armes en oubliant un peu les critères ESG, surtout depuis que la Suisse va devoir rendre ses fusils mitrailleurs à Bruxelles et puis aussi parce qu’on sait tous qu’une bonne guerre est toujours positive pour l’économie. Une guerre mondiale le serait encore plus, mais disons que l’on n’a pas trop envie de vivre dans la précarité pendant 6 ans, alors autant exporter ça dans les pays qui sont entraîné à cela.

Une semaine pour pas grand-chose

Si l’on doit rapidement faire un bilan de la semaine dernière, on dira que l’on a surtout brassé beaucoup d’air pour pas grand-chose. Les indices américains terminent à peu près là où ils étaient avant la réponse des chinois et mis à part l’indice des semi-conducteurs qui a l’air d’être au bord du gouffre, le reste semble simplement en phase de consolidation.

Nous voici donc à l’aube d’une nouvelle semaine qui devrait toujours être placée sous le signe du Trade Deal ou pas. #tradedealoupas. On va continuer à scruter le compte Twitter de Trump, histoire de voir ce qu’il nous réserve sur le sujet, mais en attendant on se fait semblant de s’intéresser à autre chose.

Les minutes et le reste

Pour faire genre « on est des vrais pros », on va se laisser croire que les Minutes du FOMC meeting qui seront publiées mercredi soir peuvent changer quelque chose. Juste au cas où Powell a oublié de nous dire lors de son dernier discours, qu’en fait il comptait monter les taux encore une fois cette année. Bien que ça soit peu probable.

Dans les autres trucs qui pourraient nous intéresser, il y aura aussi le derniers chiffres trimestriels qui seront publiés. Officiellement, ça fait bientôt trois semaines que l’on s’en fout parce qu’Apple est sorti et que depuis Trump monopolise l’attention avec la Chine, mais comme là c’est le secteur du retail qui publie, on pourra toujours dire que l’on s’inquiète de l’état du consommateur.

Les élections européennes

Si l’on en croit la presse financière, on va aussi s’intéresser aux élections européennes. Alors à ce sujet, je crois que je vais tenter d’en parler sans me rouler par terre de rire tellement tout le monde s’en fout.

Donc, on veut nous faire croire que les bourses mondiales vont réagir parce que les Européens vont élire des gens que l’on ne connaît pas à des postes qui ne servent pas à grand-chose, tout en sachant qu’ils vont se goinfrer de salaires indécents pour ne rien foutre. Et ça, c’est censé faire bouger les marchés. Si nous en sommes réduit à ça, c’est que l’on est tombé bien bas.

Trade Deal

Tout ça pour dire que cette semaine semble démarrer sur pas grand-chose et à l’air d’être désespérément à la recherche de quelque chose d’excitant. Pour le moment on garde donc le Trade Deal en point de mire, même si les dernières déclarations du week-end laissent supposer qu’il ne faut pas s’attendre à un Happy End d’ici la fin de semaine.

Les Américains ont l’air de dire que les négociations sont au point mort car, je cite : « même si l’on se rencontre, on ne saurait pas de quoi parler ». Les Chinois, eux, pendant ce temps reviennent sur le fait qu’ils ne sont pas contents parce que les Amércains sont en train de les faire passer pour les « méchants » et que c’est pas qu’à cause d’eux que les négociations en sont là. C’est à dire nulle part.

Trump et la stratégie de l’huile sur le feu

Le Président américain est sur tous les fronts, d’un côté il accuse les Chinois d’avoir fait capoter les négociations « alors qu’elles étaient à bout touchant » et de l’autre il prévient que si l’Iran cherche la guerre, l’Iran va « disparaître ». On commence presque à croire que Trump voudrait juste que ça pète pour de vrai quelque part. L’endroit lui est égal, tant qu’il peut se faire valoir auprès de son électorat qui a un QI inférieur à 12 – quand ils sont deux dans une pièce.

Il semble donc logique d’imaginer que cette semaine nous allons parler du Trade Deal, puisqu’un semaine sans Trade Deal serait une semaine gâchée, et de l’Iran, parce qu’il est temps de faire chauffer la région et de secouer un peu le pétrole. Les tensions sont palpables et le baril est en train de discrètement s’envoler. Ce matin le brut est à 63.80$, pendant que l’or s’enfonce inexorablement de plus en plus loin des 1300$. Le métal est à 1276$.

L’Asie

Ce matin les marchés asiatiques sont partagés, le Japon a publié de bons chiffres économiques que personne n’avait vu venir et le Nikkei est en hausse 0.3%, en pleine euphorie. De l’autre côté, il y a Hong Kong et la Chine qui sont en baisse de 0.4% et 0.6%. La raison est facile : les tensions avec les USA qui ne diminuent pas. Par contre, pendant ce temps, les futures américains sont en hausse.

On donne clairement l’impression de commencer la semaine en pataugeant dans la semoule et on aurait bien besoin d’avoir de l’information du côté de Twitter, histoire de savoir où l’on va d’ici vendredi.

Nouvelles neuves

Pour ce qui des médias, on parle de la destruction de l’Iran, de Google qui ne fournira plus Androïd à Huawei, des élections européennes et de la désinformation qui va avec – suis toujours sidéré que ça intéresse quelqu’un c’est comme l’Eurovision… on en parle chaque année, mais en fait, tout le monde s’en fout.

Le FT explique pourquoi Goldman Sachs devrait racheter Deutsche Bank, sur CNBC le Ministre de l’énergie russe s’inquiète des tensions liées au pétrole et à la Trade War et dans le Barron’s on nous annonce officiellement que la Guerre Economique est là, mais qu’il ne faut pas paniquer.

Chiffres…

Côté chiffres du jour, il y aura le PPI en Allemagne et ce soir, il y a Powell qui parlera, sait-on jamais, il pourrait nous mettre un peu d’ambiance dans la chambrée.

Je vais vous laisser aller vous connecter sur Twitter, puisque c’est dorénavant la seule source fiable d’information boursière et je vous retrouve demain en espérant que l’on puisse parler d’autre chose que du Trade Deal, mais c’est sans grand espoir.

Thomas Veillet
Investir.ch

« If history repeats itself, and the unexpected always happens, how incapable must Man be of learning from experience. »

George Bernard