Ma plus grosse préoccupation de la nuit, mis à part trouver le sommeil, aura clairement été de trouver quoi dire sur ce qui se passe en ce moment sur les places boursières mondiales.

L’Audio du 10 mai 2019

Syndrome de Stockholm

Nous sommes en pleine prise d’otages entre Trump et les bourses mondiales, puisque depuis que MÔSSIEUR a fait son caca nerveux sur Twitter dimanche dernier, les marchés ne savent plus quoi faire. Les « experts » ne savent plus quoi dire et les « chroniqueurs pataugent dans la semoule à répéter encore et encore les même idioties à propos du Trade Deal ou du Trade War, alors que fondamentalement on n’a absolument aucune idée de ce qui va bien pouvoir se passer ces prochains jours.

Rien qu’à voir le comportement des indices boursiers, on peut se demander ce que l’on a bien pu fumer comme drogue. À l’œil, ça ne doit pas être légal, mais en plus ça doit avoir des effets pervers sur la durée.

Plus con, tu meurs

En Europe on s’est littéralement fait défoncer, puisque depuis hier il y a aussi le SMI qui se fait exploser « parce qu’on a peur de la guerre économique entre la Chine et les USA » – c’est vrai que nos titres dans le SMI sont TELLEMENT exposé directement à cette problématique, que l’on a bien raison de tout vendre. Surtout sans savoir ni comprendre ce qui se passe. Puis c’est TELLEMENT bien de faire comme le reste du monde, ça donne un sentiment d’importance qui rend fier.

Donc l’Europe et la Suisse se sont rétamés à cause des tensions entre Trump et les Chinois. Et aussi parce que le Dow Jones et ses pairs montraient bien l’intention de se péter la gueule durant la séance d’hier. Surtout qu’il fallait digérer :

1) la petite phrase du jour de Trump qui était, pour la journée d’hier, « they broke the deal ».
2) le fait que le « deadline pour la mise en place des tarifs douaniers se rapprochait dangereusement et qu’à partir de cet instant très précis, l’économie mondiale allait entrer en récession, la croissance chinoise allait tomber de 99%, que plus jamais personne aux USA n’achètera quelque chose qui vient de Chine et que plus un resto chinois livrera de la bouffe à domicile aux USA.

Vous l’aurez compris, l’angoisse est à son comble. Un peu comme quand Trump et Kim Jong Un jouaient à « je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le premier qui rira aura une bombe nucléaire sur la gueule ».

Tic-Tac-Tic-Tac

Nous voici donc au bord de la panique totale puisqu’à la minute ou je tape ces lignes – très précisément – il est 6h du matin en Suisse. Il est donc minuit à Washington. Dans une minutes, les USA vont lancer leur première vague d’attaque sur les produits chinois.

La bonne nouvelle c’est que ceci s’appliquera sur tous les produits qui quitteront la Chine APRÈS cette deadline. Comprenez que les bateaux qui ont quitté le port il y dix minutes ne seront pas taxés. En gros, les tarifs se « ressentiront » pour de vrai dans trois semaines, le temps que les navires commerciaux atteignent les USA.

Volatilité mon amie

Hier les marché US sont donc passés à la machine à laver en mode essorage super power. Après avoir plongé à l’ouverture, entraînant l’Europe ET LA SUISSE, puisque dorénavant la Suisse se sent PLUS CONCERNÉE que les autres – puis, une fois que les Européens et les Suisses eurent bouclé leur journée au plus bas, supposant que New York allait se péter la gueule jusqu’à 22h, les indices américains ont entamé une remontée spectaculaire pour limiter la casse.

Il faut dire que le suspense est à son comble, puisque les négociations pourrait-devrait-éventuellement-peut-être reprendre aujourd’hui et que le Président chinois a écrit « une très belle lettre à Trump, laissant entendre qu’un accord final était encore possible » – selon les dire du bipolaire de service lui-même.

Rien n’est fini, comme dans un James Bond

Rien n’est donc terminé et tout peut arriver. Un peu comme dans un « Marvel » où il y a toujours un bout de film APRÈS le générique de fin qui donne une idée de ce qui va se passer dans le prochain et avec qui.

Sauf que là ce n’est plus Stan Lee qui maintient le suspense, c’est Trump qui anime les journées boursières depuis une semaine. Nous voici donc au milieu de nulle part. Avec le choix d’espérer ou de désespérer, sachant que le dossier ne sera probablement jamais clos. Le « PANIC BUTTON » est juste en face de nous, mais personne n’ose vraiment appuyer dessus. On préfère nettement passer notre journée à brasser de l’air, à se faire des films ou des scénarios improbables que de prendre une décision.

Vivement le Krach (ou pas)

Je l’affirme haut et fort, nous venons de vivre une des semaines les plus chiantes de ma vie dans le domaine de la finance. Et depuis 1992, j’en ai vécu des périodes à la con, mais là je crois que l’on atteint un record au niveau de l’emmerdement maximum.

J’en arrive presque à espérer que l’on se pète vraiment la figure une bonne fois pour toute que l’on retourne au plus bas du mois de décembre. Comme ça tout le monde pourra dire « on vous l’avait dit » et puis la performance des marchés deviendra tellement pourrie que Trump ne sera pas réélu et que c’est Biden qui sera Président. Et là on va se marrer…

Le krach OU la présidence

Tiens, d’ailleurs je ne suis pas loin de penser que si l’absence de deal avec les Chinois provoque un krach boursier annoncé (annoncé comme prévu, par lettre recommandée 3 mois auparavant). Trump va s’empresser de tourner la veste pour trouver une solution et sauver son second mandat parce qu’il ne peut pas se permettre de rentrer en campagne électorale avec un marché qui se fait défoncer.

Bref, les marchés jouent à la balle magique en fonction des humeurs ou des tweets de Trump et en fonction de qui est dans l’avion pour négocier ou pas. C’est pathétique et clownesque. Heureusement, c’est le week-end ce soir et il devrait faire un temps de mois d’octobre, ça devrait nous changer les idées.

Au bord de la panique, mais personne n’achète d’or

Alors que l’on envisage tous de tout quitter la finance pour aller élever des chèvres au Portugal, plus personne ne songe à acheter de l’or pour se protéger. C’est assez étonnant, pourtant l’angoisse est palpable, mais l’or reste scotché dans ses baskets à 1286$. Même lui est devenu plutôt chiant ou devrais-je dire, lui aussi.

Son ami le pétrole est à 62$. Rien à signaler de ce côté non-plus. Par contre, ce matin les tarifs à Trump sont entrés en vigueurs et Hong Kong et Shanghai sont dans le vert. 0.5% à Hong Kong et 1.5% en Chine. Par contre depuis 6h du matin heure suisse, le future américain ne fait que baisser « parce que les nouveaux tarifs douaniers sont entrés en vigueur…houhouhouhouhouhouhouhou… »…

Les nouvelles du jour

Pour les nouvelles du matin, je ne vais pas vous faire un dessin, on ne parle que de deux choses :

1) les tarifs douaniers de Trump, l’humeur de Trump, les tweets de Trump, les conneries de Trump, le fait que Trump est trop cool, comment on écrit Trump en Chinois, qui est vraiment Trump, combien de temps met un navire pour aller de Chine dans le pays de Trump, combien Trump est un stratège en négociation, qui est vraiment Trump, ce que Trump peut faire pour les négociations avec les Chinois, ce que Trump ne peut PAS faire pour les négociations avec les Chinois, Trump a-t-il raison ou alors l’hypothétique Trump a-t-il tort ?
2) Et en deux, le pricing de l’IPO d’UBER en bas du range à 45$. Le fabricant de taxi va donc entrer en bourse cette après-midi – pendant que Trump sera en train de stopper le PIB chinois – au prix de 45$ par action, ce qui revient à dire « qu’ils jouent la sécurité selon les experts et que, selon les mêmes experts, le prix de clôture de ce soir sur UBER, pourrait être quelque part entre 10$ et 150$, ce qui résume bien toute la rationalité et l’excellence intellectuelle de ce marché débile.

Les chiffres du jour

Les chiffres du jour aujourd’hui, ça sera le Trade Balance en Allemagne, le Chômage en France, le GDP et le Trade Balance en Angleterre, puis le CPI au States, mais le chiffre le plus important de la journée, c’est une heure ; c’est minuit et une minute heure de Washington, puisque depuis cet instant, les Chinois vont devoir payer des taxes supplémentaires sur 200 milliards de valeurs de produits. Les articles sont légion dans la presse de ce matin qui relatent des interviews de « sales managers chinois » qui disent qu’avec ces nouvelles taxes, ils sont foutus.

L’angoisse est palpable, le bouton « panique » et si proche et en même temps si loin. Le suspense est insoutenable, la volatilité est à 19%, les futures US n’arrêtent pas de baisser à coup de 0.1% par tranche de 10 minutes, nous sommes en guerre. Vivement le générique de fin.

Passez un bon week-end et ne mangez pas chinois ce week-end en signe de boycott.

À lundi, si nous somme encore là.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »

Michel Audiard