Un rêve dans lequel on s’intéressait aux marchés, aux actions, aux matières premières, aux sociétés, à ce qu’elles font et ce qu’elles vont faire. Un rêve dans lequel la géopolitique mondiale n’existait qu’en dernier ressort et un rêve où Twitter n’existait pas.

L’Audio du 22 mai 2019

Un boulot pas facile

Je ne vous dit même pas comment ce boulot devient compliqué. Ce n’est pas tant le fait de me lever à 4 heures du mat, d’aller courir 20 kilomètres et de faire 1’000 pompes avant de commencer à écrire, non ! Le plus difficile c’est de trouver l’inspiration pour ne pas que vous tombiez de sommeil et d’ennui au troisième paragraphe.

Trouver comment vous raconter pour la 314ème fois depuis un an que le marché a bougé en fonction des dernières nouvelles « tweetées » par un singe quelque part sur la côte Est des Etats-Unis. Comment vous garder intéressés par une Xième décision qui a fait bouger le marché dans un sens ou dans l’autre.

Après la baisse à cause d’Huwaei, voici le rebond grâce à … Huwaei

Sur les deux dernières séances, nous avons successivement plongé en hurlant à la mort à cause de « l’executive order » mis en place par Trump contre le fabricant chinois de téléphones mobiles et d’infrastructures de réseau Huawei et nous avons (hier) rebondit parce que « l’executive order » en question à été modifié pour arranger tout le monde et repousser la date butoir à dans trois mois.

Alors vous me direz que rebondir pour un truc qui va de TOUTE MANIÈRE nous tomber sur la gueule dans trois mois, on ne voit pas trop l’intérêt. ET POURTANT SI, parce que vu que le marché a une vision à 12 minutes et que pour lui, le long terme, c’est demain, autant vous dire que trois mois, c’est un truc réservé aux caisses de pension et à la limite, à ceux qui investissent pour leur retraite. Mais pas pour nous, les VRAIS PROS de la finance.

Donc, rebond

Avec notre capacité de concentration d’une portée de Golden Retriever devant une balle de tennis, nous avons donc repris le chemin de la hausse en direction d’on ne sait pas trop où, puisqu’il y a encore quantité de problèmes à régler et que, comme les problèmes en question sont tous liés à la géopolitiques, à l’humeur de Trump et à son compte Twitter. On a à peu près autant de chance de générer un peu de stabilité et de rationalité dans ce marché que de trouver un politicien honnête.

Si l’on devait résumer la séance d’hier, on pourrait dire que l’on a compensé la séance de la veille avec les arguments inverse. Je vous laisse réfléchir sur la question, mais avec ces quelques indications, on devrait pouvoir écrire un chronique qui tient la route.

Soulagement

En fait, toute information qui permettrait de résoudre l’équation du Trade Deal ou du Trade War, selon du côté où l’on se place, serait bonne à prendre. Sauf que si l’on prend les choses les unes après les autres, on se rend compte rapidement qu’à un certain moment on va quand même devoir régler ces problèmes de guerre économique et repasser à nouveau à ce qui se passe vraiment dans l’économie et aux cœur des sociétés qui créent le tissu économique, justement.

En 2011 après avoir brassé de l’air au sujet de la Grèce pendant 6 mois, on est soudainement revenu à l’économie réelle et les marchés n’ont plus arrêté de monter et la Grèce est redevenu un pays où l’on va en vacances pour voir des maisons blanches à toit bleu, boire de l’ouzo et faire la fête au bord de la mer. On peut donc raisonnablement espérer que Trump va finalement revenir à la raison et que nous allons pouvoir nous reconcentrer sur la vraie économie, les vrais marchés financiers.

Pardon

Oui, bon, d’accord. Je suis désolé, à la fin du paragraphe précédent, j’ai dit « on peut donc raisonnablement espérer que Trump va finalement revenir à la raison ». J’ai dérapé. Pardon. Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai eu comme un bouffée de délire qui m’a forcé à imaginer cette possibilité. À force de regarder de la science fiction à la télé, je me prend parfois à croire à des trucs débiles.

Hier nous avons donc rebondit à cause d’Huawei. Et on reparlera de la Trade War aujourd’hui. Bien qu’Huawei fasse partie de la Trade War.

Pas de vraie guerre encore

L’Iran fait toujours partie de la planète Terre et n’a toujours pas été transformé en grand parking comme Trump l’a menacé. Pour le moment les tensions sont toujours les mêmes dans le Golfe, le pétrole patine dans la région des 63$, entre attaques des drones et confirmation de l’Arabie Saoudite qui veut continuer à garder le robinet bien serré.

L’or est à 1273$ et c’est devenu presque aussi chiant que les élections européennes. Je dis presque parce que ce que l’Europe a mis en place comme scrutin et surtout pour ce qu’ils veulent en faire, c’est un peu comme l’Eurovision, ça revient toujours trop vite et c’est toujours aussi nul.

Prudence en Asie

Ce matin l’Asie est, je cite : « prudente à cause des tensions sous-jacentes à la guerre économique ». Je vais vous traduire ça, parce que ça devient très «technique».

Alors, depuis quelques temps vous aurez compris que la seule chose qui peut faire bouger un marché, c’est une nouvelle liée à la guerre économique. Il peut bouger pour une autre raison, mais si c’est le cas, c’est que c’est une erreur.

Trois axes

Nous avons donc développé trois façons d’appréhender les marchés. Première technique, on vend tout parce que : «les tensions liées à la guerre économiques augmentent».

Deuxième technique, on achète tout parce que : «les tensions liées à la guerre économique se réduisent». La troisième situation est celle de ce matin en Asie ; la prudence. C’est quand on ne sait pas si on doit utiliser la solution une ou deux. En résumé, il faut quand même admettre que l’on a vachement évolué en ce qui concerne les techniques boursières. Avant c’était pile ça monte, face ça baisse et maintenant on a intégré la possibilité que la pièce de monnaie tombe par terre, roule sur trois mètre et tombe dans une bouche d’égout. Ce qui nous pousse à utiliser le stratagème de la « PRUDENCE ».

Un nouvel animal totem

Pour être franc avec vous, nous avons de plus en plus de peine à faire la différence entre Bull et Bear, puisque ça change toutes les 24 heures.

Je vais d’ailleurs lancer une opération de communication mondiale pour trouver un troisième animal qui ne serait ni un bull, ni un bear, auquel nous pourrions nous identifier en cas d’emmerdement maximum ou de guerre économique. Je pensais au bousier, ce scarabée qui pousse un boule d’excréments un peu à la mode Sisyphe ou alors la taupe, parce qu’on a tendance à se planquer et à disparaître sous terre.. J’hésite, mais je suis ouvert à toutes les suggestions.

Le festival de bourses

Tout ça pour vous dire que ce matin l’Asie ne fait rien parce qu’on n’a pas assez d’information sur la Guerre Economique, le Trade Deal, la Trade War ou l’état de santé mental de Trump, c’est selon. C’est à ça que nous sommes réduit la plupart du temps en ce moment.

Il y en a qui passent leur journée à monter des marches sur un tapis rouge et à picoler du champagne tout le reste du temps et nous, on joue à pile ou face en espérant que la pièce ne roule pas jusqu’à la prochaine bouche d’égout, ce qui rendrait la journée encore plus chiante et PIRE, la chronique du lendemain encore plus dure à écrire.

Nouvelles ex-trade deal

Du côté des news du jour, on retrouve un peu toujours la même chose. Pour commencer, après le dernier épisode de Game of Thrones, on va nous lancer le dernier épisode du BREXIT, sauf que lui, on ne sait pas si ça sera VRAIMENT le dernier. Theresa May semble même prête à soumettre son plan à un nouveau référendum qui se tiendra le soir de la finale de la Champions League histoire que tous les anglais s’en fiche vraiment.

Aux USA, les chiffres du secteur du retail ne sont pas bons, les sociétés qui ont publiés hier confirment que ça ne rigole pas, mais que les gens commandent encore sur le net et ne vont plus dans le malls… Et puis, bonne nouvelle, le bonus de Jamie Dimon, le patron de JP Morgan a été validé par les actionnaires. Je dois vous dire que je suis soulagé, ça fait plusieurs nuits que je ne dors pas de peur que Dimon ne touche pas les 31 millions qui lui étaient promis.

Mais c’est pas tout

On notera aussi que l’analyste de Morgan Stanley qui a EU ÉTÉ un bull sur Tesla, vient d’annoncer que son « pire scénario » qui envisageait un objectif de prix à 97$ a été révisé à la baisse et se trouve dorénavant à … roulements de tambours …. 10$ !!! –

Encore une bonne nouvelle pour Tesla qui n’arrive plus à remonter la pente, malgré le fait qu’il ne se passe pas une semaine sans que Musk annonce qu’il achète des titres ou qu’il exerce des calls sur sa propre société. Soit il sait quelque chose que l’on ne sait pas… Je ne sais, par exemple un rachat à 420$ avec « funding secure », ou il est complètement cinglé. Ou alors il a trouvé un moyen de recharger une batterie en moins de 50 minutes.

Chiffres économiques ou écran de fumée

Pour ce qui est des chiffres économiques nous aurons les Minutes du FOMC Meeting. Alors les Minutes, comme vous le savez, c’est l’équivalent du rapport psychiatrique de Jerome Powell. On va pouvoir lire tout ce qui s’est dit lors du dernier FOMC Meeting et voir si Powell n’a rien oublié de nous dire lors de son discours qui a suivi ce MÊME FOMC MEETING. Je ne vous dit même pas comment on est excité de lire ça, c’est vite vu, ça m’a presque autant empêché de dormir que l’histoire du bonus de Dimon. Ça et le fait que l’UBS ne paiera plus d’intérêt sur les comptes épargne…

En Angleterre il y aura le CPI. Et puis pour les chiffres du trimestre, il y aura Target et Loews qui nous diront la même chose que ceux d’hier ; le retail, c’était mieux avant.

Pour le moment les futures sont comme les marchés asiatiques ; prudents, à cause des tensions sous-jacentes à la guerre économique. Passez une belle journée et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Ce qui est surprenant avec les jeunes cons, c’est leur propension à devenir de vieux cons. » (Doug Larson)