Entre les « tweets » rageurs et vengeurs du Président Américain ET ses valses à deux temps, du style : « j’y vais, j’y vais pas, j’y vais, j’y vais pas » - sans compter qu’on a l’impression qu’il gouverne tout seul, ça va être long. Je dirais même très très long.

L’Audio du 21 mai 2019

Tourner autour du pot

En tous les cas, tant que l’on ne comprend pas à quoi il joue et où il veut aller exactement, ça risque d’être pénible. Oui, car ne nous leurrons pas, les comportements erratiques des bourses mondiales ces derniers jours peuvent être imputés uniquement et seulement à Donald Trump.

Entre les tergiversations dans le cadre du Trade Deal, le mec est à bout touchant et il pète les plombs à la dernière minute faisant fi de la moindre diplomatie mais insultant pratiquement la seconde économie mondiale sur un réseau social réservé à ceux qui sont incapables d’écrire plus de 280 caractères de suite.

Et c’est pas tout

Entre son incapacité de tenir une promesse ou une décision plus de 24 heures – comme celle concernant Huawei, qui a déjà été repoussé de 3 mois dans sa mise en place « pour laisser le temps aux gentilles entreprises américaines de se mettre en place. Et sans oublier le fait qu’il vient de revenir en arrière sur les tarifs douaniers concernant les importations automobiles, sur les tarifs des importations d’acier avec la Turquie, le Mexique et le Canada…

Non, sérieusement s’il persiste à être aussi stupide, le pire c’est qu’il va se faire réélire, parce qu’il n’a jamais été aussi populaire dans les États où si tu n’as pas une casquette John Deere tu n’es personne et surtout dans États où ils n’ont pas de passeports et où ils pensent que les pays étrangers c’est juste pour aller « faire la guerre », ce qui permettra ensuite de faire des films pour Hollywood. Trump est définitivement en train de devenir la caricature de tout ce qu’il y a de pire aux USA.

TradeWarDeal

Nous voici donc dans un marché qui continue de marcher au rythme de la guerre économique, parce qu’entre vous et moi, là tout de suite on n’ose même plus imaginer que les Américains et les Chinois pourraient être éventuellement capables de trouver un deal un jour entre eux. Ce n’est pas exclu. Mais pour le moment, ils se cracheraient à la figure en direct sur CNN, juste après une interview « showtime » et verbalement très enlevée d’Ueli Maurer, juste pour chauffer la salle, on ne serait même pas surpris.

Après avoir « banni » les produits Huawei en signant un « Executive Order » – ce qui a dézingué le marché hier, voici donc que le débile de service revient en arrière et donne ENCORE UNE FOIS un délai afin de pouvoir trouver des solutions… ce qui limite la casse en fin de séance et qui permet aux marchés asiatiques de remonter un poil ce matin.

Les techs dans le bain (de sang)

Les disputes internationales mises en place par Trump sont en train de dégénérer dans tous les sens et c’est surtout la tech américaine qui est en train d’en faire les frais. Les flots vendeurs sont clairement en leur défaveur et les « big names » que l’on connaît sont en train d’en prendre plein les dents.

Si les marchés mondiaux sont obsédés par la Trade War – c’est ce qui mettait les marchés européens à plat hier – aux USA, on a peur qu’en mettant le feu aux poudres avec Huawei, ça soit tout le monde de la tech qui en fasse les frais. Je ne dis pas que ça va durer, je dis juste qu’actuellement, c’est là qu’on tape le plus fort. Le vent peut tourner demain, mais pour le moment, les vendeurs s’acharnent sur ce secteur avec la palme d’or pour le secteur des semi-conducteurs qui se font massacrer chaque soir un peu plus. L’indice de Philadelphie est proche de la moyenne des 200 jours et si ça continue, il va falloir un peu plus que les dons de Notre Dame pour lui sauver la peau des fesses.

Vivement que ça s’arrête ou que je parte en vacances là où y a pas de Wi-Fi

On passe nos journées en mode « manuel » en suivants les bonds et les rebonds de Trump. En essayant de comprendre sa logique et en se résignant à suivre les mouvements du marché comme tout le monde, en bon troupeau de moutons que nous sommes.

L’or est toujours collé à 1276$ et même si tout le monde a peur, personne n’estime avoir ASSEZ peur pour justifier un achat d’or et le pétrole reste en mode « j’ai peur et quand j’ai peur, je peux faire n’importe quoi ». Ce matin le baril est à 63.42$.

À l’Est, rien de nouveau

Du côté de l’Asie on remonte donc parce qu’Huawei va avoir un petit délai de trois mois et que, d’ici-là bien de l’eau et du sang auront coulé sous les ponts. Et puis au passage, le CEO d’Huawei a laissé entendre que les Américains sous-estimaient sa société. L’ambiance est cordiale et à son top, on se réjouit d’être invité au barbecue cet été.

Le Nikkei est en baisse de 0.06%, le Hang Seng monte de 0.31% et la Chine avance de 1.5%. Pendant ce temps, l’Inde est en hausse de près de 4%, mais tout d’abord tout le monde s’en fout et ensuite, eux ils sont en pleine période électorale et n’ont besoin de Trade Deal avec personne.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, Jerome Powell s’est défendu sur le niveau de dettes des entreprises estimant que le business va bien et que le niveau d’endettement et de risque n’a rien à voir avec ce que nous avions vécu en 2008 à l’apogée des Subprimes – chose qui semble d’ailleurs être devenu une obsession pour certain : « Les Subprimes 2, le retour de Lehman Bothers ».

Pour le reste, le patron de la FCC aux USA, recommande le merger de Sprint et T-Mobile, pour autant que les deux compagnies fassent des concessions. Ford licencie 10% de ses employés. Snap nomme un nouveau CFO après le départ soudain du précédent et au passage, ils engagent également un nouveau patron des ressources humaines. Je ne savais même pas qu’il y avait des humains qui bossaient chez Snap.

Pour le reste

Pour terminer on écoute les Iraniens qui ne veulent pas négocier non plus et pour qui la résistance « est la seule option ». Les tensions dans le Golfe ne vont donc pas s’améliorer. Sans compter que l’OPEP fait face à un baril qui monte et un Trump à qui, à terme, ça ne fera pas plaisir. Il y aussi un énorme débat sur la fin de Game of Thrones et pourquoi il y a autant de bouteilles en plastique dans le dernier épisode. Comme quoi on a quand même de sacré soucis pour mettre ça en première page sur CNBC.

Côté chiffres économiques, il n’y aura pas grand-chose, pour ne pas dire RIEN. Ce n’est pas le discours de la Banque d’Angleterre qui va nous changer quoi que ce soit, sachant que Carney ne devrait pas bouger une oreille tant qu’il n’en sait pas plus sur le BREXIT. D’ailleurs Theresa May prépare sa sortie avec une nouvelle proposition prévue pour début juin. En cas de refus, la porte de Downing Street devrait être grande ouverte.

Trimestriels, clap de fin

Il reste encore des chiffres trimestriels. Comme mentionné hier, ça sera le tour du retail. On attaque aujourd’hui avec Home Depot, JC Penney, Kohl’s et Nordstrom. On verra bien comment est perçu le consommateur et ça nous donnera peut-être l’occasion de parler d’autre chose, à moins que Trump s’excite sur son clavier Twitter encore une fois.

Pour le moment les futures sont en hausse de 0.4% après un xième back-pedaling de Trump, affaire à suivre au prochain « tweet », passez une excellente journée et moi je vous retrouve demain à la même heure…

À demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

“Keep your friends close, but your enemies closer.”

The Godfather II, 1974