Encore une belle journée comme celle d’hier et, sur la semaine, on sera revenu à la case départ.

L’Audio du 17 mai 2019

Revenu avant que la « guerre commerciale » prenne l’ascenseur, oublié les réponses du berger chinois à la bergère américaine, oublié les points de PIB qui s’en vont avec une guerre qui perdurerait, oublié les crises de nerfs à Trump et ses tweets rageurs, mis de côté également la fierté des Chinois qui ne se laisseront pas faire.

La mémoire d’un poisson rouge

Le début de correction entamée lundi dernier est en train de se résumer à une tempête dans un verre d’eau. Un petit verre d’eau. Pourtant, on va être franc avec vous, il ne s’est rien passé qui aurait pu changer notre opinion par rapport aux données que l’on nous avait fourni lundi matin. Alors oui, Trump est revenu en arrière sur les taxes douanières sur les voitures européennes. Oui, Trump est en train de se déballoner sur les taxes sur l’acier avec la Turquie, donc on peut logiquement se dire que si ça continue comme ça, il est bien capable de faire un 180° sur le Trade Deal.

Ou alors c’est parce qu’Ueli Maurer est allé voir Trump à Washington et qu’il a réussi à le raisonner. C’est vrai que quand tu vois Maurer, tu hésites à faire le malin et puis il a l’air tellement ennuyeux, que tu veux juste qu’il sorte de ton bureau au plus vite.

La menace Maurer

Imaginez si Maurer vous dit : « si vous ne trouvez pas un deal avec la Chine, JE RESTE », forcément, soudainement les milliards qui sont en jeu deviennent dérisoires par opposition à des heures qui paraissent des années avec le Président de la Confédération. Sans compter qu’il pourrait aussi brandir la menace d’attaquer Washington avec nos FA-18. Pour autant qu’ils arrivent à décoller.

Bref, la terreur qui nous a sauté à la gorge lundi est déjà bien oubliée. Le Trade Deal s’est (pour l’instant) estompé dans le brouillard et hier on a même pris le temps de « trouver que les chiffres économiques étaient bons ». C’est dire si on s’en fout de la Chine (pour le moment). Et puis, encore une fois, personne ne s’est rendu compte de l’inversion de la courbe entre le 10 ans et le 3 mois. Je l’ai déjà dit hier ; il y a 2 mois c’était la panique totale et là, depuis 48 heures tout le monde s’en fout. Un peu comme si… Ben un peu comme si tout le monde s’en foutait des taux d’intérêt…

Que des bonnes nouvelles

Finalement, comme Trump n’a pas tweeté, comme les USA n’ont pas encore envahit l’Iran et qu’on se le garde pour la semaine prochaine et que, quelque part on a encore l’espoir que Trump nous fasse une rebuffade dont il a le secret pour nous striker un deal avant la fin du mois de mai, le marché s’est donc concentré sur les bons chiffres économiques et sur les bons chiffres de Wal-Mart – enfin, bons c’est vite dit, c’est surtout que ça nous faisait penser à autre chose et que c’était pas catastrophique.

À la fin les marchés terminent en hausse et nous sommes pratiquement revenus au prix de clôture de vendredi dernier, à une époque l’on ne savait pas que les Chinois allaient riposter aux menaces de l’agent orange.

L’or noir

Le pétrole continue de monter gentiment mais sûrement. Comme je l’ai dit hier, selon les fondamentaux, le baril devrait être plus bas, mais comme ça chauffe chaque jour un peu plus dans le Golfe, on a bon espoir de voir une guerre éclater, ce qui ferait monter le prix du baril encore un peu et ferait se sentir moins cons ceux qui nous le prévoient à 150$ depuis un an et qui n’ont toujours pas révisé leurs objectifs. Et qu’on entend d’ailleurs beaucoup moins sur Twitter, CNBC et Linkedin.

Le pétrole n’arrive définitivement pas à casser les 1300$. Ce matin l’or jaune est à 1286$ et même s’il y a 2 heures j’ai trouvé un gars qui a lui-même trouvé une figure technique qui s’appelle « la tasse avec anse » qui laisse supposer que l’or va aller à plus de 1400$, pour l’instant il est collé sous les 1300$ et moi je bois mon café dans un gobelet sans anse qui met une résistance à 1300$, justement.

L’Asie dans le doute

Ce matin le Japon est en hausse, surtout parce que l’on parle rachat d’action chez Sony ET partenariat avec Microsoft. Sony qui prend plus de 10%. Dans le reste de l’Asie, Hong Kong est en baisse de 0.7% et la Chine de 1.4% parce que, je cite : « les tensions liées à la Guerre Economique continuent de peser sur les marchés ». Par opposition à la nouvelle publiées 6 heures avant à propos des marchés occidentaux qui, je cite, montaient « parce que les tensions liées à la Guerre Economique se détendaient ». Comme quoi, selon comment on traduit les sentiments des investisseurs, les résultats ne sont pas les mêmes.

NVIDIA debout sur les freins

Dans ce qu’il faudra retenir, au-delà des différents « tweets » et autre tergiversations dignes du Muppet Show ou de Benny Hill au sujet du Trade Deal, c’est Nvidia qui a sorti des chiffres corrects, ce qui faisait monter le titre de 7% after close, jusqu’à que le CEO fasse des commentaires plus que prudents sur l’avenir du secteur et que le « bull market » de 7% se dégonfle en un pathétique « un peu moins de 2% » et qu’il entraîne surtout avec lui, le reste du secteur. Le reste du secteur des semi-conducteurs qui se retrouvait dans le doute le plus total sur leur avenir, suite aux commentaires de Nvidia.

On retiendra aussi Pinterest qui a publié ses premiers chiffres après leur IPO. Ils étaient tout simplement immondes. Trois fois inférieurs aux attentes. Pinterest, c’est un peu comme Snapchat, j’ai toujours pas compris comment ils vont faire de l’argent un jour. Le titre perdait 15% after close.

Baidu dans l’eau

Toujours côté chiffres du trimestre, Baidu a publié sa première perte trimestrielle depuis sa mise en bourse alors que la publicité est en chute libre en Chine. Le titre reculait de 10% after close également hier.

Pendant ce temps, Trump « espère » que la guerre avec l’Iran pourra être évitée, bien qu’en même temps c’est à peu près la seule chose qui lui manque à son palmarès ; une bonne guerre. Le Président hyperactif veut également revoir le système d’immigration, ça va l’occuper entre deux guerre une avec l’Iran et l’autre économique.

BREXIT

Pour ceux qui pensaient que c’était terminé, la livre s’est encore pété la gueule parce que le BREXIT n’avance pas et maintenant, on parle de démission de Theresa May. Ça aussi, ça va nous occuper les journées.

On va continuer à trouver cool de s’intéresser aux chiffres économiques, tout en gardant un œil sur le compte Twitter de l’autre cinglé. Aujourd’hui il y aura le CPI en Europe et les chiffres de la confiance du consommateur version Michigan que vous pouvez acheter en avance si vous en avez les moyens. Pour le reste, Morgan Stanley et les Hedge Funds semblent s’intéresser au Japon – quand on ne sait pas quoi faire, il reste toujours le Japon. Et puis Ralph Accampora, le parrain de l’analyse technique et un type formidable que j’ai eu l’occasion de rencontrer, pense que l’on n’est pas prêt de revoir les plus hauts, mais il aime bien les financières, les pétrolières et les titres liés à internet.

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.3% et c’est vendredi, alors excellent week-end et à lundi !

Thomas Veillet
Investir.ch

« À la cinquantaine, de près, on ne reconnaît plus les lettres, mais, de loin, on reconnaît les cons. »

Mustapha Radid