La semaine sera courte, mais mes chroniques seront longues et pénibles à écrire. Mais heureusement que l’on a Donald Trump pour mettre l’ambiance.

L’Audio du 28 mai 2019

Cela fait plus de 2 ans et demi que le Président Trump est en place et je ne me souviens même plus comment on faisait avant. Avant, quand Obama ne twittait pas 42 fois par jour pour dire 84 conneries, quand le Président Américain avait des notions de diplomatie et de politique et ne faisait pas n’importe quoi sur un coup de tête ou ne vociférait pas à la télé juste parce qu’il s’était mal réveillé.

Je ne sais pas vous, mais moi je ne sais même plus comment on faisait dans un monde normal.

Hyperactif

Hier c’était Memorial Day aux USA et c’était congé. Trump n’était pas aux USA et c’est peut-être pour ça qu’il s’est autorisé à bosser quand même. Enfin, quand je dis bosser, c’est trouver un moyen de dire au moins une connerie dans la journée. Ce lundi, même avec Wall Street fermé, le Leader Maximo des USA a donc tout de même réussi à faire bouger les futures juste en déclarant un truc…

Il a dit une seule chose, il a dit qu’il n’était plus intéressé par un Trade Deal.

Au moins c’est clair

Et dire qu’il y a encore 48 heures, on se disait que sur un malentendu, ça pouvait quand même encore se produire. Cette fois c’est clair. Le Président a dit qu’il n’était plus intéressé, que les Chinois vont regretter de ne pas avoir saisi la chance qu’ils avaient il y a quelques semaines et qu’il doutait fortement qu’ils puissent se permettre de payer ces nouveaux droits de douanes très longtemps.

Droits de douane qui pourraient d’ailleurs augmenter assez facilement et rapidement selon lui. Menace à peine voilée pour laisser entendre qu’il n’a pas fini de leur mettre la misère. Dans la foulée de ses déclarations, un officiel chinois a déclaré que les tarifs douaniers seraient négligeables en terme d’impact sur l’économie chinoise et que, selon lui, les USA seraient autant impactés de leur côté.

Les futures en mode swing

Avec des déclarations pareilles un jour de congé, alors que Joe American était en train de se goinfrer de burgers sans viande et de bière sans alcool, dans un jardin entretenu au round-up, parce qu’on ne sait jamais, un procès pourrait faire office de caisse de retraite. Les futures étaient le seul instrument fonctionnel pour exprimer le courroux de la déception.

Le future sur le S&P500 a donc fait : en bas. Puis : en haut. Et finalement, ce matin on le retrouve où il était AVANT la déclaration de…machin.

En Europe on n’entendait rien

En Europe on a à peine bronché sur la nouvelle, trop occupés que nous étions à profiter de nous regarder le nombril le seul jour de l’année où les Ricains ne sont pas vraiment-là. Trop occupés à sabler le champagne pour fêter la presque-quasi fusion du groupe Fiat Chrysler Jeep et du groupe Renault.

La proposition faite par les Italo-Américains aux français a semblé ravir le marché, puisque les deux titres prenait plus de 10%, alors que tout le monde était excité d’imaginer la sortie prochaine d’une Clio Wrangler Diesel avec des sièges en jeans.

Soulagement

Et puis, pour être parfaitement complet dans mon résumé, je dois aussi préciser que si l’Europe montait hier c’est aussi, selon la presse spécialisée, parce qu’ils étaient soulagé du résultat des élections européennes. Alors personnellement, je ne vois pas où est le soulagement si ce n’est que l’extrême droite se renforce encore, mais visiblement, les Européens sont « soulagés ».

On ne va pas faire la fine bouche, surtout que si on nous avait dit il y a deux mois que Trump allait tirer un trait sur le Trade Deal, le transformant instantanément en Trade War et que le marché n’allait même pas baisser ce jour là, on aurait signé de suite.

À l’Est, on confirme : on s’en fout

Ce matin l’Asie confirme le fait que tout le monde s’en fout des déclarations de Trump sur le Trade Deal. Ce qui est tout de même assez fou. Alors est-ce parce que le Président a rajouté – en bas de sa déclaration en tout petits caractères : « je suis persuadé que dans quelques temps nos deux pays vont trouver un Trade Deal fabuleux, mais pas pour le moment » – et qu’il a ajouté « make the trade deal great again ».

Je n’en sais rien, mais toujours est-il que ce matin le Japon est en hausse de 0.4%, Hong Kong est en hausse de 0.4% et la Chine est en hausse de 0.8%. Le pétrole remonte juste en dessous des 59$ et semble avoir fini de digérer les dernières mauvaises nouvelles des inventaires et l’or ne fait rien. Comme d’habitude.

Nouvelles du jour

À l’image de la semaine réduite que nous aurons, les nouvelles sont maigres, tout le monde se préoccupe des dernières déclarations de Trump et en profite pour faire SA prévision sur la suite des tribulations des indices. Ensuite, les mêmes experts-analystes estiment que « l’hiver de la crypto-monnaie est terminé » et c’est pour ça que le Bitcoin reteste les 9’000$ aujourd’hui.

Côté chiffres, on en retiendra deux : tout d’abord 20 milliards, c’est ce que pourrait « lever » Ali Baba s’ils font leur IPO à Hong Kong, ce qu’il envisagent fortement. Tu m’étonnes à 20 milliards l’IPO, moi aussi je vais à Hong Kong, en plus c’est tout près de la maison. Et l’autre chiffre, ou plutôt les chiffres, ce seront ceux d’UBER qui publieront leurs chiffres trimestriels pour la première fois depuis qu’ils sont en bourse. On attend une perte homéopathique de 1 milliard pour les 3 derniers mois. Une bricole.

Macro du jour

En ce qui concerne les chiffres économiques du jour, dans cet environnement super-excitant dans lequel nous vivons, on retiendra la publication du GDP en Suisse et le Climat de Consommation en Allemagne. Autant vous dire que ça sera moyennement enthousiasmant de ce côté-là, surtout que les chiffres suisses ne seront même pas annoncés par Ueli Maurer en anglais, ce qui nous aurait au moins permis de rigoler un peu, surtout avec cette météo automnale qui nous pend au nez ce mardi.

Pour le moment les futures sont donc en hausse et Trump continue ses déclarations à l’emporte pièce, puisque ce matin il déclare qu’il s’attend à que l’armée japonaise renforce les USA en Asie et au-delà…

Analyse

Alors l’Asie, je comprends. Au-delà de l’Asie je me demande bien ce qu’il entend par là. Parce que soit il se prend pour Buzz l’éclair, soit « au-delà » de l’Asie c’est la Russie ? parce qu’au-delà de l’autre côté, c’est eux, les Américains. Bref, je ne suis pas très sûr de très bien comprendre le sens de ses déclarations, mais comme lui non plus, je me sens moins seul.

Au passage, hier la courbe de taux était à nouveau inversée, mais tout le monde s’en fout apparemment.

Passez une excellente journée et on se revoit demain…

Thomas Veillet
Investir.ch

« En Afrique, ils ont des lions. En Australie, ils ont des kangourous. Au Pôle nord, ils ont des ours, et en France, on a des moutons »

Coluche