Voilà, il ne nous manquait plus que la petite crise de nerf du Président Américain pour bien commencer la semaine.

L’Audio du 6 mai 2019

Bon, la bonne nouvelle, c’est que comme tout le monde savait que ça allait baisser, il ne devrait pas y avoir trop de stress dans le marché. La grande question que l’on va devoir se poser maintenant c’est : « Puisque tout le monde pensait que Trade Deal était dans les prix, que représente le Trade Deal dans la hausse de ces derniers mois ? »…

Un calcul de base

Non, parce que si j’ai bien compris et si l’on part du principe que le Trade Deal était « déjà-dans-les-prix-vu-que-tout-le-monde-savait », il ne reste plus qu’à appliquer la formule mathématique bien connue :

S&P500 – (S&P500 du mois de décembre) = Trade Deal + Soutien de Powell

Reste plus qu’à mettre des chiffres et c’est tout bon.

Trump nous lance une semaine de folie

Donc voilà. Au cas où vous n’auriez pas ouvert les journaux depuis hier matin et qu’hier soir vous regardiez un autre épisode de Game of Thrones, Trump s’est donc lâché sur Twitter pour annoncer qu’il n’était pas content (ce qui n’est pas une nouveauté, sachant qu’on l’a quand même rarement vu content).

Après avoir annoncé vendredi que «tout se passait bien au niveau du Trade Deal», il a dû visiblement manger un poulet sauce aigre douce avec des rouleaux de printemps qui lui sont restés en travers de la gorge, puisqu’hier soir il a annoncé que « ça n’allait pas assez vite avec le Trade Deal et qu’il envisageait une nouvelle vague de tarifs douaniers qui pourraient se mettre en place très rapidement » -rapidement comme à la fin de cette semaine.

Les Chinois pas contents

Le problème, c’est que les Chinois étaient censés venir à Washington cette semaine et que, du coup, ils sont en train de regarder avec leur assurance annulation pour voir s’ils peuvent tout annuler et aller en voyage en Australie à la place, histoire de ne pas foutre en l’air les congés qu’ils avaient posés.

Le Président Américain joue donc la carte du bluff pour accélérer les négociations et clôturer tout ça au plus vite. Marchera ou marchera pas ? Nous aurons la réponse tout soudain. Mais toujours est-il qu’en attendant une réponse définitive, il va falloir ménager les susceptibilités du marché qui ne devrait que moyennement goûter aux élucubrations du Président.

Les futures à la cave, mais heureusement ; on savait

Ce matin la tendance est déjà clairement affichée, les futures sont en baisse de 2% et il faudra vite trouver la réponse au calcul ci-dessus, parce que si Trade Deal il n’y a point, on va quand même chercher à valoriser l’impact de cet échec, ce qui devrait être à peu près aussi facile que de faire des prévisions météo pour le mois d’avril 2024.

Pour le reste, on pourrait revenir sur les chiffres de l’emploi de la semaine dernière ou sur le fait que 76% des résultats trimestriels sont au-dessus des attentes, voir même que la FED est confiante pour la suite. Mais pour être franc avec vous, vu ce qui s’est passé hier soir, je suppose que l’on va avoir la tête dans le Trade Deal et dans les rapports psychiatriques de Trump plus qu’autre chose.

L’or hésite et le pétrole se fait taper dessus

Le métal jaune est à son point pivot et hésite entre remonter de 25$ ou de baisser de 25$. Avec ce qui nous tombe sur la tête ce matin, ça devrait logiquement aller en direction de la hausse, puisque tout le monde va vouloir se protéger dans ces périodes d’angoisses économiques.

Le baril revient vers les 60$ après avoir tenté les 65$. Les tensions entre l’Iran et les USA et les USA et le Venezuela n’y font rien, c’est les inventaires qui montent qui montent et qui montent qui font peur aux investisseurs.

L’Asie vit un retour de vacances très très dur

La bonne nouvelle pour les Japonais, c’est qu’ils ne baisseront pas aujourd’hui, parce qu’ils sont fermés. La mauvaise nouvelle pour les Japonais, c’est que demain il faudra rattraper le retard. Par contre Hong Kong et la Chine sont bien ouverts et je crois qu’ils auraient préféré rester fermés. À l’heure où je vous parle Hong Kong recule de 3.3% et la Chine de plus de 5%.

Moi, si un jour je suis Président des Etats-Unis, j’achèterai des puts avant de tweeter mon énervement du dimanche soir. Parce que, tant qu’à faire, autant faire un peu de pognon pour payer la thérapie.

Trade Deal ou Trade War

Ce matin nous avons déjà changé les terminologies. Depuis plusieurs mois, on parlait de Trade Deal, depuis ce matin nous sommes revenus au bon vieux Trade War. Autant vous dire qu’il n’y a que ça dans les journaux et le reste est passé à l’as. Les analystes sont restés debout très tard dans la nuit, pour reprendre leurs spreadsheets excel et voir ce que ça donnerait en cas de changement de direction.

Chez Goldman Sachs on a déjà trouvé le scénario de base qu’il faut mettre en place dans nos plans de trading. C’est assez simple. Selon les Dieux de la finance, le Trade Deal peut encore se produire, pour l’instant, la probabilité que Trump mette en place ses nouveaux tarifs, est de 40%. Si les Chinois annulent leur déplacement prévu cette semaine, cela passera à 100% et il faudra recommencer les calculs avec des tarifs douaniers à 25% sur la plupart des importations chinoises, parce qu’il n’y aura pas de Trade Deal, mais une Trade War.

C’est d’ailleurs la guerre un peu partout

Pendant que les Chinois et les Américains préparent leur guerre économique, les Israéliens et les Palestiniens se sont également retroussés les manches et c’est reparti comme tous les six mois. Et comme tous les six mois, tout le monde s’en fout. Mais ce n’est pas tout, les Américains ont « découvert des preuves » comme quoi les Iraniens préparaient des attaques contre des intérêts américains dans la région – ce qui est étonnant vu que les Américains ne leur pourrissent la vie que depuis 40 ans, il serait tout de même étonnant qu’ils perdent leurs nerfs.

Toujours est-il que Bolton, le type modéré du gouvernement Trump qui fait passer Hitler pour marchand de glaces, a déclaré que : « Les USA ne veulent pas la guerre, mais sont prêts à tout pour défendre l’intégrité des USA » – C’est marrant, parce que quand Bolton dit qu’il ne veut pas la guerre, c’est à peu près aussi crédible que quand votre Labrador vous annonce qu’il a décidé de son plein gré de ne manger « qu’une demi-assiette de croquettes »…

Dans le doute, les Américains ont envoyé plein de bateaux avec des avions dessus dans la région. Ça va au moins nous occuper un peu en dehors du Trade WAR DEAL.

Chiffres du jour

Pour les chiffres économiques de ce matin, il faudra se contenter des PMI’s partout en Europe. Et puis autant vous dire que vu la situation, même si l’Allemagne annonçait qu’ils se retirent de l’Europe et que l’Italie décide d’enseigner le chinois comme deuxième langue à l’école pour préparer la fusion avec Pékin, le marché s’en moquerait totalement parce qu’aujourd’hui, on a Trade WAR tatoué sur le front.

Pour les chiffres du trimestre, il n’y a rien de bien relevant qui pourrait nous distraire de la panique qui nous occupe, mais qui, heureusement, était attendue par le monde merveilleux de la finance. On va donc profiter de cette journée pour dire un peu partout : « on vous l’avait dit, c’est facile la bourse !!! »… et on se revoit demain à la même heure pour la suite des évènements. Histoire de voir si Trump s’est roulé par terre de rage encore une fois…

Thomas Veillet
Investir.ch

« Quand vous voyez un flic dans la rue, c’est qu’y a pas de danger. S’il y avait du danger, le flic serait pas là. »

Coluche