La partie de ping pong que se livre Trump et Xi Jinping n’en finit pas. Le plus grave est que l’Europe ne participe pas au tournoi si ce n’est dans le rôle d’une balle.

Le président américain a certainement choisi le golf comme sport de prédilection car il peut se jouer seul (certains diront que le ping pong aussi) et, surtout, personne ne peut facilement mettre en doute le score final.

Selon le chroniqueur sportif américain Rick Reilly, auteur d’un livre consacré à Trump et sa pratique du golf, ce dernier est un tricheur. Surprise? Non, bien sûr. Petit exemple pour la route: Trump annonce le 17 mars 2013 qu’il vient de gagner un tournoi. Lequel? Le «Club Championship» au Trump International Golf Club de Palm Beach. Bizarre, bizarre…

Alors pourquoi parler de ping pong? Parce qu’il s’agit d’un des sports qui s’apparente le plus à ce que les spécialistes appellent la «Trade War». En gros, chacun des protagonistes se renvoie la petite balle. D’aucun pourrait aussi parler de poker menteur mais ce jeu ne permet pas de mettre en place un troisième protagoniste, l’Europe.

L’Europe, cette vieille dame ayant accouché de tant de bambins larmoyants et maladroits. Cette dame a eu des amants parlant plusieurs langues et qui ont essayé, vainement d’enseigner le ping pong aux rejetons. Hélas, le seul rôle qui leur était offert était celui d’une balle.

Pendant que l’ «allié» américain combat l’ «ennemi» chinois, l’Europe s’offre une belle élection qui n’apportera que discorde (lisez les slogans des différentes campagnes nationales). Les grands enjeux technologiques et de société de consommation qui vont modeler notre futur ne font pas partie des discours électoraux européens. Les seules choses que l’Europe semble retenir des Américains sont le populisme et le jeu avec la réalité des faits (Fake News).

Et alors ?

Les GAFA et Huawei ne sont pas, aux dernières nouvelles, des sociétés européennes. Le secteur de la technologie semble plutôt être dominé par les Américains talonnés, depuis peu, par les Chinois. Ces derniers peuvent tester différents aspects de la technologie dans un laboratoire immense et en temps réel, la Chine. Il s’y passe ce que certains ont pu voir en regardant la série «Person of Interest».

Alors l’investisseur peut ou ne peut pas être d’accord avec ces tendances sociétales mais il reconnaît que ses investissements se portent mieux s’ils sont aux Etats-Unis. Comme le montre le graphique ci-dessous, l’indice Eurostoxx 50 fait pâle figure par rapport au S&P 500 pendant ces 5 dernières années.

Graphique couvrant la période de mi-mai 2014 à mi-mai 2019

Lorsqu’il s’agit d’évaluer le titre d’une entreprise, l’analyse des décisions prises par l’équipe dirigeante (qui se traduisent par les «earnings surprises») est décisive. Dans ce contexte nous pourrions nous dire que les marchés des actions européennes sont largement moins chers que ceux de nos voisins américains. Mais l’image d’instabilité que véhiculent les politiciens européens ne donne guère confiance aux investisseurs.

Et alors, quoi? Il convient donc de choisir, peut-être, des compagnies européennes (et suisses) qui ont montré que leur modèle d’affaires et que leur bilan sont solides, et qu’elles peuvent donner la satisfaction d’un rendement de dividende stable. Ce revenu est le bienvenu dans un environnement de taux d’intérêt très bas. Par contre, un investissement dans les marchés américains apporte du baume au cœur à tous ceux qui cherchent de la performance. Et, n’oublions pas la Chine (pour ceux qui supportent des marchés volatiles).

La balle de ping pong va se figer le temps d’une votation et elle reprendra sa trajectoire, frappée tour à tour par le Chinois et par l’Américain. A moins qu’un miracle se produise… et que l’Europe se réveille.