Depuis que le General Powell a remis les pendules à l’heure, le marché n’est plus aussi certain qu’avant que la mort est au bout du chemin.

L’Audio du 7 juin 2019

Le bouclier Powell

Pourtant s’il y a une chose qui est bien certaine dans ce bas monde, c’est qu’aucun de nous ne s’en sortira vivant. Mais bon, comme on espère quand même que ça sera le plus tard possible, le marché retrouve un peu d’optimisme, surtout depuis qu’il sait que Powell est prêt à nous tendre une bouée si l’on venait à tomber du bateau.

Draghi’s party

Hier la journée aura été rythmée par deux choses. Tout d’abord le meeting de la banque centrale qui démontrait que l’Europe n’était pas vraiment sortie de l’auberge qui est au fond du trou, tout au fond des bois.

Le patron de la BCE, Mario Draghi a donc annoncé que les taux resteraient bas « en tous les cas jusqu’en milieu d’année 2020 » et dans la foulée il a aussi annoncé qu’il continuerait à payer les banques pour qu’elles viennent lui emprunter de l’argent. Ce qui est un business très rentable. Surtout pour les banques qui vont faire la fine bouche pour re-prêter derrière. Mais peu importe.

L’inflation pas vraiment en vue

Le problème en Europe, c’est que Draghi ne peut – pour l’instant – pas vraiment compter sur la « désescalade » du conflit commercial entre les USA et la Chine pour redynamiser l’économie mondiale et donc, in extenso, l’économie européenne. Sans compter que l’Italie est en train de se fâcher avec l’Europe comme jamais on ne s’est fâché dans l’histoire du fachâge – non sans oublier que le niveau d’amour entre la France et l’Allemagne a eu été meilleur. Pourtant Merkel est assez le style de Macron, en terme d’âge, en tous les cas.

Mais peu importe, au-delà de tout ça, l’Europe n’arrive pas à redémarrer et Draghi ne sait plus comment faire. Je précise en même temps que d’ici quelque mois, il y a un « musée de l’inflation » qui devrait ouvrir à Bruxelles, histoire que les générations futures puissent voir à quoi ça a eu ressemblé.

Conclusion : journée morose et sans direction en Europe, surtout que les Américains montraient à peu près la même conviction à l’heure de l’ouverture.

Mexiiiicccooooooooo

Mais ce qui a tout changé aux USA, c’est le Mexique. Oui, hier c’était le chapitre deux de la stratégie de Trump, puisqu’après avoir annoncé l’arrivée des tarifs douaniers pour le 10 juin, voici que l’on s’autorise à penser dans les milieux autorisés ; que les USA pourraient éventuellement peut être – mais c’est même pas sûr – repousser la date de mise en vigueur de ces nouveaux tarifs douaniers.

C’est en tous les cas ce que l’on entend dire ici et là. Le Mexique serait en train de faire des pieds et des mains pour « avoir un peu plus de temps pour négocier ». Tu m’étonnes. En même temps, ça fait tellement longtemps que ça dure, ce n’est pas trois semaines qui vont changer le problème, pourtant le marché à l’air de penser que oui.

Ça aura suffit

Peu importe, en tous les cas ces rumeurs qui ont été colportées par le cousin d’un ami d’un copain de l’entourage proche d’un type qui est proche des négociations, suffisait largement au marché pour retrouver des couleurs et terminer sa journée en hausse. On ne va pas dire en forte hausse, mais disons que tout était en vert, que le pétrole remontait au-dessus des 53$, que l’or rebaissait un peu et que le niveau d’angoisse devenait à nouveau supportable.

Pour combien de temps, on n’en sait rien, sachant que l’on vole toujours avec une visibilité minimale, mais en tous les cas la journée d’hier était porteuse d’espoir, soudainement on avait envie de croire qu’une solution était trouvable au Mexique, surtout qu’hier Fitch a downgradé le Mexique et que Moody’s l’a placé sur « perspective négative ». Et on sait que quand tous les « experts » en rating arrivent pour tout mettre par terre, c’est souvent après l’orage. Pour ne pas être méchant et dire : « tout le temps ».

L’Asie en hausse en attendant

L’Asie est en hausse – surtout au Japon – sachant que le reste, Hong Kong et la Chine sont fermés pour cause de jour férié. Mais ce qui est ouvert semble « enthousiasmé » par les perspective positives sur le Mexique.

Dans le reste des nouvelles du jour, on apprend déjà que le secteur des « value stocks » – en gros des titres « chiants » que Warren Buffet adore – est actuellement historiquement bas et pas cher, c’est dommage parce que la plupart paient des dividendes intéressants et quand on voit que le 10 ans US rapporte péniblement du 2%, il y a peut-être mieux à faire.

Trump

Une chronique matinale qui ne parlerait pas de Trump actuellement ne serait pas une bonne chronique matinale. Le Président est donc à nouveau sous les feux de la rampe, parce que le type qu’il a nominé pour devenir le nouveau patron de la FAA (Federal Aviation Administration) aurait également des casseroles qu’il n’aurait pas annoncé. Un grand classique.

Dans un autre rayon, Nancy Pelosi a déclaré qu’elle ne voulait pas « simplement voir Trump destitué, mais emprisonné ». On se réjouit déjà de voir la qualité des débats des prochaines élections américaines.

Chine

Côté Chine, on continue les négociations indirectes, puisque les USA sont en train de finaliser une vente massive d’armement à Taïwan, afin d’upgrader leur armée. Inutile de vous dire que le Gouvernement chinois ADOOOOORE quand on tente d’aider Taïwan, ça va sûrement aider à détendre le prochain meeting de Trump et de Xi Jinping lors du G-2 – non je n’ai pas oublié le zéro, qui se préoccupe des 18 autres pays ???

Toujours dans la même thématique, vu que depuis un peu plus de 48 heures on s’est mis à croire que Powell pouvait contrer la Trade War à lui tout seul, voici que ce matin, sur CNBC Robin Brooks et Nathan Sheets, deux économistes dont je n’avais jamais entendu parler avant, viennent de déclarer que Powell ne pourra JAMAIS compenser une Guerre économique rien qu’en baissant les taux, ou alors cela prendrait des dimensions jamais vue dans l’histoire de la baisse des taux. Bref, on vient de nous annoncer que notre bouclier de protection contre la Trade War, ce n’est pas le bouclier de Captain America, mais plutôt un morceau de carton repeint aux couleurs du drapeau américain.

Pour le reste

Autrement Barnes&Nobles est en train de se faire racheter 30% plus haut. Comme quoi il y a des gens qui lisent encore et nous sommes vendredi, c’est donc le moment de lancer le compte à rebours pour les chiffres de l’emploi américain qui sortiront à 14h30 aujourd’hui.

Ça nous donnera l’occasion de faire croire que l’on s’intéresse à autre chose que les « tweets » de Trump et les déclarations ou les rumeurs sur la Trade War.

Il y aura aussi le chômage en Suisse, la production industrielle et le Trade Balance en Allemagne. Aux USA on attend donc 185’000 créations d’emplois et un taux de chômage inchangé à 3.6%, après il faudra décortiquer à l’intérieur. Pour le moment les futures sont en hausse de 0.15%, l’or vaut 1337$ et le pétrole vaut 53.33$.

Le jour où tu te rends compte que tu sais pas conduire

Passez un excellent week-end de Pentecôte, il va faire moche apparemment, reste plus qu’à dormir et on se retrouve mardi pour de nouvelles aventures. Au passage, pour ceux qui veulent se changer les idées, je fais un peu d’autopromotion, mais en scrollant un peu plus bas, vous trouverez un article intitulé : « le jour où tu te rends compte que tu sais pas conduire » – c’est pas de la finance, ça peut changer de la Trade War.

Excellent week-end

Thomas Veillet
Investir.ch

« From success, you learn absolutely nothing. From failure and setbacks conclusions can be drawn. That goes for your private life as well as your career. »  

Niki Lauda