C’est marrant, Trump n’est pas aux USA et le marché remonte.

L’Audio du 5 juin 2019

Hier j’ai terminé ma chronique en disant, je cite « nous sommes dans une situation critique et la peur de tout reperdre ce que l’on a gagné depuis le début de l’année obsède tout le monde. Moi je commence à tourner négatif.

Enfin, entre vous et moi, je tourne négatif, parce que chaque fois que je tourne négatif, le marché remonte. Alors j’essaie de faire gagner du temps à tout le monde. »

Je crois que j’ai fait gagner du temps à tout le monde. Bon, de là à croire que le marché est remonté à cause de moi, il y a encore un peu de chemin et ma modestie naturelle m’empêche d’envisager la chose.

St Powell

Pour être franc, je crois que la meilleure chose que nous puissions faire pour le marché, la finance et les bourses mondiales, c’est de canoniser Jerôme Powell au rang de Saint. Le mec nous a déjà sauvé la mise à Noël en arrêtant plus ou moins de monter les taux et hier soir, en l’espace d’un speech, il nous refait plus ou moins le même coup en laissant entendre « qu’il prendra les mesures appropriées pour soutenir l’économie américaine SI LA TRADE WAR persiste ».

En gros, il laisse entendre qu’il est prêt à baisser les taux et nous fait un plagiat du bon vieux « Whatever it takes » de Draghi.

Binaire

Comme le marché est assez simple d’esprit, il ne lui faut pas beaucoup pour s’emballer tel un Suisse devant un match de Roland Garros hier après-midi.

L’ensemble des marchés du MOOONNNDE est donc remonté après les commentaires de Bullard d’avant-hier, puis les commentaires de Powell hier soir. Sans compter que Trump était scotché avec la Reine d’Angleterre et faisait des promesses aux Anglais, en leur disant que si l’Europe ne voulait plus d’eux, les USA leurs offriraient un marché commun, pour autant que ça serve quand même d’abord aux USA.

Mais surtout, hier Trump ne s’en est pris à personne.

La journée parfaite

Nous n’avions donc pas besoin de plus, puisque les discours de banquiers centraux ont réussi à nous faire oublier les Trade Wars et nous ont poussé à nous concentrer sur la baisse des taux, il n’en fallait pas plus.

Tout ce qui avait été massacré ces derniers temps étaient les meilleurs performeurs de la journées. La techno et les semi-conducteurs retrouvaient couleurs et joie de vivre.

Rien à foutre des monopole

Même ceux qui sont sous enquête pour position « dominante » ont retrouvé des couleurs alors que plusieurs analystes expliquaient « qu’ils n’étaient pas trop inquiets au sujet de ces enquêtes ». Ce qui est rassurant, puisque l’on sait tous qu’un analyste ne se trompe jamais, alors quand ils parlent au conditionnel et qu’ils mettent des adjectifs pour temporiser leurs paroles, c’est qu’ils sont vraiment sûrs, mais qu’ils ne veulent pas choquer.

La séance d’hier était une séance comme ont les aimes quand on est plutôt bullish que bearish, il y a 24 heures ont hésitait à s’ouvrir les veines avec un morceau de savon et ce matin tout semble plus simple. Reste à savoir combien de temps ça va durer. En tous les cas les spéculations vont aller bon train pour savoir si Powell va baisser les taux lors du prochain meeting de la FED (le 18-19 juin), ou est-ce qu’il va temporiser encore.

On attaque déjà le rebond

En tous les cas, signe d’inversement des tendances, ce matin dans la presse, vous avez autant d’articles négatifs sur les perspectives de marchés que de vidéos de chats sur Facebook. Nous avons Avi Gilburt, le spécialiste des vagues d’Elliott qui nous dit que nous sommes dans la vague je-ne-sais-plus-combien de la racine carrée de la vague A, divisée par la vague B selon le carré de l’hypoténuse qui nous dit que l’on est en train de développer une tendance négative.

Et puis on a Tavi Costa (rien à voir avec les Croisières) qui bosse chez Crescat Capital – un hedge fund qui a fait carton l’an passé – qui nous annonce que quand l’or monte de plus de 5% et que le pétrole baisse de plus de 8% en même temps, c’est que c’est que la fin du monde des bourses approche. Enfin, la fin temporaire. Mais c’est arrivé à la fin de la bulle internet, pendant la crise des subprimes et maintenant.

Source : Crescat Capital LLC

Ça, plus le fait que l’on est quand même trop haut, ça serait ballot de nier l’évidence.

Rebond mais pas partout

À propos d’or et de pétrole, si le marché est remonté, je crois que les intervenants ont oublié de racheter le pétrole, parce que lui est resté collé au fond du trou à 53$ et l’or est resté en mode valeur refuge. J’ai presque envie de dire qu’on a rebondi, mais que, pour le moment, on n’y croit pas trop.

Il va peut-être falloir que l’on en fasse plus pour motiver la hausse à continuer comme, par exemple, renommer Notre Dame de Paris en Notre Monsieur Powell de la FED, ça pourrait peut-être motiver tout le monde à continuer le mouvement #balancetonbear

L’Asie met un pied dans l’eau

Ce matin le Nikkei reprend 1.8%, Hong Kong 0.7% et la Chine 0.6%. Là aussi, ça n’est pas l’euphorie, mais il y a quand même des Chinois qui montrent qu’ils sont ouverts aux discussions et le patron de la Banque Centrale qui va rencontrer Mnuchin lors du G20 de la fin juin. Ça plus les taux qui baissent ou qui vont baisser, y a de l’espoir.

Réflexion

Mais en fait, j’y pense, si les taux baissent, c’est bien. Mais si les Chinois trouvent un accord avec les USA, les taux vont pas baisser. Mais ça sera bien aussi. Donc ça veut dire que dans les deux cas c’est bien. Il ne peut donc plus JAMAIS rien nous arriver. Ou bien ?

Si ça se trouve Trump a trouvé l’économie parfaite et ce type est un génie incompris.

Dans les news du jour

Il est clair que quand Powell lance des bombes pareilles pendant la nuit, le reste passe un peu au second plan. Mais on voit que l’Italie continue de jouer les séparatistes en pensant à l’éventualité peut-être de lancer une monnaie alternative. On en est encore très loin. Mais le parlement en a parlé.

On notera aussi que depuis que la guerre économique est lancée, 12 milliards de dollars sont sortis du marché chinois. Par contre on ne sait pas combien de bons du trésor la Chine a vendu depuis le début.

Et puis dans le FT on revient sur les sociétés qui vont se faire laminer le plus dans l’histoire mexicaine et on y apprend que Trump ressent beaucoup d’amour de la part des gens et qu’il se moque des critiques. Il devient presque poète.

CNBC toujours à la pointe

Et ce matin, en première page du site de CNBC, on a l’interview d’une ancienne membre de la FED qui analyse de façon très pointue la déclaration de Powell, estimant qu’il ANNONCE une baisse des taux.

Alors là, si je pouvais utiliser des smileys avec des gros yeux tout ronds et la bouche bée, je le ferais. Parce que là, ça frise le journalisme d’investigation. Le patron de la FED nous dit qu’il fera ce qu’il faut pour soutenir l’économie et immédiatement, comme ça, en un éclair de génie, on en déduit qu’il va baisser les taux. C’est trop pour moi. Je retourne me coucher.

Chiffres

C’est la journée PMI et ISM un peu partout dans le monde, mais le plus important à retenir ce matin, c’est que les futures sont en hausse et que Super-Powell est toujours avec nous, c’est un peu comme à la fin d’Avengers, on se dit qu’il y a toujours un Super-Héros quelque part pour nous aider. Eux ils ont Captain Marvel et nous on a Captain Powell.

Je vous souhaite une belle journée d’été et on se retrouve demain pour du vrai journalisme économique d’investigation. En attendant, bonne terrasse.

Thomas Veillet
Investir.ch

“This isn’t a question of what I’m not. This is a question of who I could be.”

Captain Marvel