Le marché américain des actions est au plus haut, bon nombre d’obligations n’offrent plus de rendement et les indicateurs macroéconomiques pointent sur un ralentissement. Alors que vont faire les acteurs financiers?

La semaine passée, le S&P 500 atteint la barre des 3’000 (3’025 pour être précis) donc un nouveau plus haut historique. Certains analystes pointent du doigt le fait que l’indice MSCI World ex-US n’a pas encore franchi ce cap. Que les Suisses se rassurent, le SMI se comporte extrêmement bien et attaque les 10’000. Les rendements obligataires sont en berne et il est difficile de trouver son compte sans prendre de risques.

Ainsi les marchés sont chers et, cerise sur le gâteau, les résultats des entreprises montrent un certain ralentissement de la croissance. Les différents organes nationaux et supranationaux revoient leurs prévisions à la baisse. Dernier exemple en date, le FMI table sur une hausse du PIB de 3,2% en 2019 et de 3,5% en 2020. Le recul n’est que de 0,1% par rapport aux prévisions du mois d’avril mais il souligne la tendance. Dans son rapport, le FMI met en lumière les reculs du Brésil, de la Russie et du Mexique. Même la Chine subit un ralentissement des profits industriels de 3,1% en juin par rapport à la même période en 2018.

Alors oui, la guerre commerciale sino-américaine laisse des traces et comme ceci ne suffisait pas, Trump remet une couche avec la France. Le président considère que taxer les GAFA est une prérogative américaine et que la France et les Européens n’ont rien à faire sur ce terrain. Donc l’adepte de la croix-bleue voudrait taxer les vins français (qui de toute façon sont moins bons que les crus américains selon un homme qui, dit-on, ne boit pas d’alcool). A ceci s’ajoute le nouveau premier ministre anglais qui voudrait redonner toute sa splendeur à l’empire britannique. La saga de l’Empire contre-attaque n’est pas encore close. Tout ceci est fort désagréable pour l’investisseur. Mais comme dans tout jeu, il existe une carte maîtresse. Dans celui de la finance, le banquier central occupe la place du joker.

Comme le montre le graphique suivant, presque la moitié des banques centrales ont augmenté les taux en 2018. Mais pour la première fois depuis 2013, toutes les banques centrales ont suivi une politique dite «accommodante». Selon Jan Hatzius de Goldman Sachs et d’autres économistes, la Fed devrait commencer sa baisse des taux rapidement. Comme l’eau peut être froide, le pari est pour une baisse de 0,25%. La rentrée de septembre devrait en amener une autre de 0,25%.

Si la Fed ne devait pas être suffisamment «sympathique», gageons sur le fait que Trump se fendra d’un tweet assassin dont la cible serait Powell. Il est vrai que les Américains commencent une nouvelle saison présidentielle et Trump s’est trop habitué au pouvoir pour renoncer à briguer un autre mandat. Il lui faut finir le mur qui tout comme Rome ne se fera pas en un jour.

Alors que vais-je faire? Tous les investisseurs qui ont gardé une approche prudente ne vont certainement pas changer d’allocation d’actifs si ce n’est que de rajouter un peu d’or. Les autres parieront sur le fait que la politique pratiquée par les banquiers centraux portera ses fruits, que les entreprises continueront de racheter leurs propres titres tout en essayant d’améliorer leur rentabilité (donc peut-être rebond du chômage à terme). Toutefois il ne faut pas négliger les période orageuses et comme nous l’avons écrit quelques fois, il serait bon de se protéger (via des stratégies d’options).