Plus ça va, plus on est exigeant. On veut plus, toujours plus et quand on n’a pas ce qu’on veut, on fait un caprice.

L’Audio du 8 juillet 2019

Des chiffres trop bons pour faire plaisir

Vendredi dernier, on attendait avec impatience les chiffres de l’emploi aux USA. Le marché attendait 160’000 nouveaux jobs et c’est sorti à 225’000. Plutôt une bonne nouvelle globalement. Autant le mois dernier ce n’était pas terrible, autant cette fois c’était plutôt pas mal.

Cela montrait que l’économie est relativement forte, qu’elle créée des emplois et que la récession que nous promet l’inversion de la courbe des rendements ces dernières semaines, n’est pas forcément pour demain.

Un enfant capricieux

Mais c’était sans compter le sale caractère d’enfant capricieux qu’a le marché. Ou tout au moins les intervenants du marché. Parce que si  les chiffres étaient bons, l’interprétation que nous en avons fait n’était pas bonne.

Oui parce que souvenez-vous, Trump voudrait que Powell baisse les taux. Et à force de taper sur le clou avec le conflit commercial avec la Chine, Powell avait fini par se rallier à la cause du Président et à laisser entendre « qu’à des fins de soutien à l’économie, il pourrait envisager peut-être – mais c’est pas sûr – de baisser les taux, une ou plusieurs fois ». Sauf que là, forcément, si les chiffres économiques commencent à montrer que l’économie va bien. Ça va être plus compliqué de baisser les taux.

On n’a pas aimé

Du coup la déception était grande. Une trop bonne économie coupait l’herbe sous le pied de la FED. Immédiatement après la publication des chiffres de l’emploi, les économistes ont commencé à revoir leurs formules de calculs pour en arriver à la conclusion que l’on devrait « quand même avoir une baisse de 0.25% par principe », mais que les 0.5% on pouvait gentiment commencer à les oublier.

En conclusion, le marché n’a pas aimé et on a fini la semaine sur une petite note de faiblesse. Je dis bien une petite, parce que les indices américains reculaient de trois fois rien et surtout de trois fois moins que les Européens qui donnent l’impression d’être plus concernés par l’économie US que les Américains eux-mêmes.

En Asie, c’est pire

Ce matin en Asie c’est encore pire, c’est carrément la débandade alors que la Chine recule de 2.5%, le Hang Seng recule de 1.5% et le Japon de 1%. On dirait que c’est chez eux que l’on ne va PAS couper les taux. Car c’est également le leitmotiv de la matinée à l’est de la planète ; on est déçu par la « probable non-baisse des taux américain, ou en tous les cas la moins agressive baisse des taux.

C’est du tout grand n’importe quoi, l’économie va bien mais on est frustré parce que l’on n’a pas le beurre, l’argent du beurre et la crémière. Sans compter que Trump peut encore signer un « executive order » pour ordonner le kidnapping de la femme et des enfants de Powell pour le forcer à baisser les taux, cette réaction est stupide, mais en même temps, on a les marchés qu’on mérite.

Nouvelles du jour, la Deutsche Bank change de cap

Ce matin, dans les nouvelles du jour qui comptent, mis à part le fait que tout le monde revient en détail sur ces mirifiques chiffres de l’emploi et sur ce que Powell pourrait ou ne pourrait pas faire, il y aussi la Deutsche Bank qui annonce la suppression des 18’000 emplois et qu’ils quittent le « business des actions », forcément ça ne rapporte plus rien les actions et en virant 18’000 personnes, on imagine que ça va mettre la pression sur les chiffres de l’emploi du mois prochain et forcer Powell à baisser les taux. Ne sait-on jamais.

Trêve de plaisanteries, la banque allemande a transféré également 75 milliards d’assets pourris dans ce que l’on appelle une « bad bank », histoire de sauver son cul en cas de problème et prend ce qu’ils qualifie d’un virage fondamental dans sa stratégie – on ne sait pas trop ce qu’ils vont faire ensuite, mais une chose est sûre c’est que les clowns qui ont amené la première banque allemande dans ce merdier, ne rembourseront pas les bonus touchés dans les années précédentes un peu comme le top management de l’UBS en son temps.

Au passage, la Deutsche Bank est également en train de vendre une partie de son business « electronic trading » et consort à la banque au logo vert à Paris.

Autrement

Dans le « autrement », il y a Boeing qui a perdu une commande des Saoudiens pour près de 6 milliards. Les problèmes du 737 MAX ont fait basculer les clients chez Airbus. Un sondage qui dit que jamais depuis 4 ans les gérants de fonds s’étaient autant attendus à une récession. C’est peut-être pour ça que ça n’arrivera peut-être pas de sitôt. Et puis le milliardaire ex-Hedge Fund Manager, Jeffrey Epstein a été arrêté hier pour trafic d’enfants mineurs, tout va bien. Il est évidement innocent selon son avocat. En Turquie, Erdogan a viré le patron de la Banque Centrale et la livre turque baisse de plus de 2% sur la nouvelle, sachant que le successeur devra baisser les taux ou rejouer Midnight Express.

Pour terminer, un membre de la BCE a déclaré ce week-end que le stimulus package de Draghi pourrait être mis en place dès ce mois « si nécessaire ». Ben oui, si nécessaire, parce qu’au cas où l’économie européenne redémarre à toute vitesse entre le 15 juillet et le 15 août, ça serait ballot de claquer du pognon pour rien.

Côté chiffres

Il y aura le Trade Balance en Allemagne et la production industrielle allemande également. Mis à part ça et le CPI russe dont tout le monde se fout, il n’y aura rien d’autre. Pour le moment les futures sont en baisse de 0.3% et on continue notre dépression nerveuse concernant les chiffres de l’emploi qui vont nous gâcher notre baisse des taux annoncée.

Bon début de semaine à tous et à demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“We must not allow other people’s limited perceptions to define us.”

 

– Virginia Satir