Depuis 10 ans, les marchés financiers se sont révélés favorables pour toute sorte d’investissement simple et traditionnel.

La crise de 2008 aura marqué les esprits comme toutes les autres crises précédentes. Elles ont surtout donné corps à l’attitude prudente qui prévaut dans les banques suisses. Il est vrai que les années de secret bancaire n’ont guère poussé les «gestionnaires de fortune» à prendre des risques. Il y eût bien quelques écarts à la grande époque des warrants japonais et ensuite suisses. Mais, au fond, l’expression de la gestion se résumait à un portefeuille dit balancé.

Hélas pour le conseiller en investissement, il lui fallait «vendre» ses précieux conseils aux clients et donc créer un volume et l’illusion d’ajouter une valeur à la simple tenue de compte. La tache s’avère difficile surtout lorsque les marchés financiers montent en dépit des nombreuses alertes sur les fronts économiques comme politiques. Le nouveau paradigme n’avait malheureusement pas été enseigné sur les bancs des universités ou autres écoles.

Les vieux, dont je fais partie, présentaient souvent une allocation d’actifs qui comportait un peu de liquidités, un peu d’or, des obligations et des actions. La devise était choisie en fonction du passeport du client (DM, Yen, CHF ou USD). Il en résultait un portefeuille dit «balancé» ou «équilibré». Voyons donc le résultat d’un tel investissement en francs suisses durant ces 10 dernières années.

Source: Citywire

Depuis 2019, ce fonds a délivré une performance d’environ 50%. Il se situe même au-dessus de la performance moyenne de son secteur qui comporte 44 fonds (Mixed-Assets – Balanced CHF)

Admettons que suite à la chute brutale de 2008, un investisseur aurait finalement décidé de n’acheter que de l’or, sa performance aurait été moindre car il n’aurait gagné que 40%. Certes, la performance est positive mais moindre que celle du portefeuille balancé.

Source: Or.fr

L’investisseur suisse aurait pu opter pour un portefeuille investi dans des titres suisses via un ETF ou un fonds répliquant le SMI. Il n’aurait pris aucun risque de change et pourrait selon son type d’investissement recevoir des dividendes. Admettons qu’il ait choisi le SMI. Il aurait gagné plus de 80% sur la période.

Source: Swissquote

Voyons maintenant ce qu’aurait donné un portefeuille investi dans des obligations helvétiques. Nous savons maintenant que les obligations suisses ont vu leur rendement baisser fortement sur la période, à l’image du 10 ans de la Confédération.

Source: Investing.com

En d’autres termes, si nous considérons le prix de l’indice SBI AAA-BBB T qui comporte différentes positions mais dont les principales (74%) sont des obligations de la Confédération, nous voyons que le résultat est également positif (+40%).

Source: SIX

En résumé, pendant que les conseillers s’efforcent de battre un indice, de créer du volume, d’entretenir la relation avec leur client avec des idées nouvelles chaque jour, les marchés ont tout simplement fait leur petit bout de chemin avec une volatilité à la baisse.

Dur, dur pour celui qui doit trouver une idée par jour et par client. Sur la période considérée, un portefeuille bêtement équilibré aurait apporté un rendement très satisfaisant à un client qui ne cherche pas à raconter ses exploits à ses amis, au coin du feu.

Mais rien n’est éternel et les marchés ressemblent de plus en plus à un colosse aux pieds d’argile. Rien n’empêche de garder ses investissements mais pourquoi ne pas se protéger via des options. Ce faisant, le client ne fera que ce qu’il fait dans sa vie courante (assurance voiture, assurance ménage, assurance perte de gain etc…) et le conseiller pourra montrer une hausse de volume de transactions.