Powell a parlé, il nous a soulagé, Kudlow a parlé, il nous a soulagé aussi, mais marre des paroles. On veut du concret.

L’Audio du 11 juillet 2019

Du jamais vu, mais pas tenu

Pour résumer la journée d’hier, nous n’attendions qu’une seule chose, c’est le témoignage de Powell devant la Commission des finances américaines. Globalement le patron de la FED a répété ce qu’il avait déjà dit ; l’économie souffre des tensions de la guerre commerciale avec la Chine, l’économie ne va plus aussi bien qu’elle a eu été et son boulot, c’est de maintenir une certaine expansion.

Il a ajouté que « plusieurs membres de la FED » sont en faveur d’une action dans ce sens. Une action dans ce sens veut donc dire une baisse des taux. Mais Powell n’a pas dit quand ni combien et ceux qui s’attendaient à avoir ce genre d’information devraient arrêter de regarder des séries qui finissent bien sur NetFlix.

Les Minutes aussi

En plus du témoignage de Powell, il y avait aussi les Minutes du dernier FOMC Meeting qui étaient plus ou moins la version écrite de ce que Powell avait dit devant la commission. D’ailleurs je le soupçonne d’avoir fait des « copié/collé » dans sa déclaration d’hier.

Quoi qu’il en soit, globalement, du côté FED c’était plutôt encourageant et les marchés saluaient la chose dans un premier temps. Le salut était plutôt timide parce qu’aujourd’hui on en a assez du bla-bla et l’on voudrait un peu plus de concret, histoire de pouvoir construire sur le long terme et arrêter de brasser de l’air.

C’est pour rire !

Non, je déconne, en fait on s’en fout, on veut juste savoir s’il va baisser les taux et si oui, quand et de combien. En ce qui concerne le fait de les baisser, au vu de son discours d’hier, c’est plus ou moins acquis. Mais pour le reste, c’est très mystérieux.

Attention à la déception

Les intervenants se méfient, parce que si Powell baisse les taux en juillet et qu’il annonce que c’est fini pour le moment, on va encore flipper et angoisser pour le reste de l’année. Nous ce qu’on veut c’est un plan de marche clair et précis pour savoir où on se dirige et quel est l’avenir. Sauf que là, il faut arrêter de vivre au Pays des Merveilles ; ça n’arrivera pas. Mais j’ai le sentiment que l’on n’arrive pas à lâcher prise à ce sujet. On rêve d’un plan de marche communiqué par la FED qui nous permette de savoir où, quoi, quand et comment.

Hier le marché s’est d’ailleurs comporté comme ça, il a été content de voir que Powell n’a pas exclu du tout une baisse des taux – ce qui nous a rassuré après les chiffres de l’emploi de vendredi dernier, mais par contre il a été déçu du « manque de détails ». Les indices ont donc ouvert en hausse, le S&P500 en a même profité pour aller toucher les 3’000 points mythiques – histoire de voir les casquettes fleurir sur le floor de Wall Street (je ne vais pas dire que vous l’avais dit, ça ferait « gonflé ») – et puis ensuite les indices se sont dégonflés.

L’Europe en rouge et les USA en vert

Après les premières velléités euphoriques du matin, suite aux commentaires de Powell, tout le monde a remis les compteurs à zéro voyant que le marché ne partait pas directement à la hausse comme une fusée et que la motivation n’y était pas. On attendra donc demain – ou plutôt aujourd’hui – pour la suite du témoignage de Powell. Mais ceux qui espèrent plus d’informations sont dans l’utopie la plus totale.

L’Europe terminait en terrain négatif – très léger – et les USA finissaient en hausse mais en dessous des niveaux records et surtout, en dessous des 3’000, la clôture officielle au-delà devra attendre.

Kudlow rassure aussi

Kudlow a aussi parlé. Le patron de l’économie à la Maison Blanche a déclaré avoir parlé avec les Chinois au téléphone et que ça c’était « super-bien passé », sans donner plus de détails quant à savoir si c’était sur les négociations commerciales ou si c’était un cours de cuisine sur la préparation du canard laqué. Le marché en a déduit que c’était sur les négociations, mais en l’absence de détails et de garanties – des garanties comme un contrat signé – les intervenants sont restés dubitatifs.

La suite au prochain épisode, c’est-à-dire ; aujourd’hui.

L’Asie en pleine forme

Vu que les mouvements hypothétiques sur les taux ont beaucoup plus d’impact sur les places de bourses étrangères qu’aux USA, ce matin l’Asie est en pleine bourre et salue les mots de Powell. De leur côté ça à l’air bien plus intéressant et motivant qu’hier aux USA. La plupart des indices de la région sont en hausse de 1% et des poussières et l’on peut lire un peu partout que l’Asie « apprécie le fait que l’on sait que les taux vont baisser » – même si ça reste très flou en ce qui concerne le combien et quand.

Visiblement on se contente de peu. Pour le reste, l’or est reparti à la hausse et semble vouloir re-tester les 1430 et plus haut, mais c’est surtout du côté du baril que c’est de la folie, puisque les inventaires d’hier ont montré un véritable effondrement des stocks, le pétrole a donc repris 4.5% à la vitesse de la lumière et tout le monde va devoir revoir ses perspectives à moyen terme sur le baril, puisque depuis quelques semaines nous nous étions convaincus que les stocks étaient pleins et qu’on était tranquille de ce côté-là. Actuellement le baril se traite au-dessus des 60$.

Nouvelles neuves

Au chapitre des nouvelles du jour, les médias ne se privent pas de commenter les commentaires de Powell, ça tombe bien, on y retourne aujourd’hui, mais mis à part cela on retiendra que l’administration américaine va investiguer la nouvelle taxe que Bruno Le Maire veut coller sur certains revenus de certaines compagnies américaines qui offrent certains services en France.

Oui, je sais, ça fait beaucoup de « certains » mais c’est comme ça. En gros les plus grosses victimes de Le Maire serait Amazon, Apple ou Google – forcément, ça n’aurait pas de sens de s’attaquer à une « small cap » américaine qui ne génère que 800 euros de revenus par année en Macronie.

Tout ceci pour dire que Trump va investiguer et voir s’il y a de quoi répliquer avec une bonne sanction via les tarifs douaniers sur les exportations françaises à destination des USA. Je crains tout de même que la réponse soit . OUI !

Les Analystes de sortie

Ces dernières heures les analystes financiers étaient plus ou moins actifs, mais on retiendra deux discours intéressant : le premier provient du stratège de JP Morgan qui estime que si l’on a 3 baisses de taux et un deal avec la Chine, un objectif à 3300 n’est pas à exclure – on parle du S&P500, bien sûr. En revanche, si tout tourne mal, le pire des scénarios nous emmènerait à 2500.

De l’autre côté un de ses concurrents dans une boîte moins connue, s’inquiète de l’état de santé de Boeing qui continue à brûler du cash pour refaire voler des avions qui ne peuvent pas voler pour le moment et que ces dépenses délirantes pourraient avoir des conséquences sur la performance du titre Boeing et que la baisse à venir ce dernier pourrait provoquer, à terme, la baisse de tout le marché. La thématique est simple : « la crise des 737MAX peut-elle vraiment tuer le bull market ? » – la question est posée…

Chiffres économiques

Pour ce qui est des chiffres de la journée à venir, au-delà du second témoignage de Powell qui devrait continuer de rassurer, il y aura le CPI en France, en Allemagne et aux USA. Il y aura également les Jobless Claims aux States et la publication des Minutes du dernier Meeting de la BCE – celui on où devrait voir apparaître le mot stimulus encore une fois. Notons également que Delta publiera ses chiffres du trimestre.

Pour le moment les futures sont en hausse de 0.3%, mais personne n’ose y aller et nous sommes toujours perclus de doutes avec cette furieuse envie d’acheter des obligations qui ne rapportent rien et de planquer notre argent pour fuir ou éviter la moindre correction.

Que vous dire d’autre si ce n’est : À demain pour la suite de l’autopsie des paroles de Powell.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Believe and act as if it were impossible to fail.”

 

– Charles Kettering