Nous sommes le 24 septembre 2019 et j’en arrive à me dire que cette année j’aurais pu écrire DEUX chroniques et les réutiliser en alternance du premier janvier à aujourd’hui.

L’Audio du 24 septembre 2019

Deux états mentaux

Quand on prend un tout petit peu de recul, on se rend compte qu’il y a eu deux situations principales qui nous ont occupé jusque-là :

  • Trump va trouver un accord avec les Chinois et c’est trop cool
  • Trump ne VA PAS trouver un accord avec les Chinois et on va tous mourir

Par-dessus tout ça, on aura également eu des états intermédiaires comme :

  • Powell est un gros naze
  • Powell est génial
  • Draghi va sauver l’Europe
  • Draghi n’y arrivera pas (à sauver l’Europe)
  • Les chiffres du trimestre sont bons mais on s’en fout à cause de la Trade War
  • Les chiffres du trimestre ne sont pas bons mais on s’en fout à cause de la Trade War

Et il y a l’ultime méthode d’investissement à la mode, méthode que l’on utilise bientôt 3 jours par semaine en moyenne, c’est la méthode très connue du « tiens, si on ne faisait rien aujourd’hui ».

Les USA en mode « si on ne faisait rien aujourd’hui »

Hier les USA étaient justement dans ce mode « si on ne faisait rien ? ». Après avoir vécu une journée déprimante vendredi avec le retour du comportement n°2, à savoir le « Trump ne trouvera jamais d’accord avec les Chinois et on va tous mourir », le marché hésitait à faire un choix dans l’éventail passionnant de ce qu’il avait à disposition, il faut dire que Trump était plus occupé par la nouvelle affaire ukrainienne qui lui est tombée sur le coin de la figure durant le week-end, plutôt que de s’activer à apprendre par cœur le menu du meilleur restaurant chinois de Washington pour quand les négociateurs viendront – s’ils viennent – chose qui était loin d’être sûr hier matin.

Attention : SPOILER ALERTE ; je vous dis ça parce que cette nuit Mnuchin a annoncé que les mecs allaient venir et que ceux qui étaient rentrés à Shanghai ce week-end étaient probablement des amateurs que l’on avait envoyé pour tâter le terrain pour voir si les pros peuvent venir et qui sont rentrés après une gastro et une indigestion de burgers.

Mais hier on ne savait pas ce que Mnuchin allait dire alors dans le doute on s’est dit que NE RIEN faire pourrait être pas mal. Sans compter que l’intérêt du moment est très faible, tout comme notre capacité à nous concentrer sur un seul sujet à la fois. J’ai connu des poules bien plus compétentes pour appréhender des situations qui demandaient de gérer plusieurs sujets à la fois que les marchés actuellement. Et quand je parle de poules, je parle des animaux de bassecour qui picorent des graines.

L’Europe face à la réalité

Pendant que les Ricains étaient en mode immobile, les Européens se sont regardés le nombril ou plutôt ils ont regardé Draghi pour une de ses dernières sorties officielles, la prochaine étant pour le lancement de sa maison d’hôtes dans le sud de la Grèce, maison acquise après la faillite du propriétaire en 2011 après les conseils de Draghi sur la dette grecque quand il était expert de chez Goldman Sachs – mais tout ça n’est que pure coïncidence.

Donc Draghi a parlé hier et franchement, je serais Christine Lagarde – ce qui est peu probable parce que mis à part les cheveux gris, on n’a pas grand-chose en commun – donc si jétais Christine Lagarde, j’aurais assez mal pris le discours de fin de Draghi. Le futur-ex patron de la BCE est donc monté sur le podium et il nous a dit sans prendre de pincettes et en allant droit au but :

« les gars vous êtes dans une sacrée merde »

Traduction libre

Oui, bon, alors vous l’aurez compris ; ce n’est pas exactement ça qu’il a dit, mais l’idée y était. Pour être précis, il a dit que l’Europe n’allait pas rebondir économiquement de sitôt. Et comme Draghi à l’air de vivre au rythme de 4 battements cardiaques par minute, ce qui fait qu’à côté de lui, Armstrong faisait de la tachycardie au sommet de sa forme, son interprétation du terme « pas de sitôt » pourrait aussi bien être traduit par : dans les 25 prochaines années. Quand je disais que le pire job du moment c’est quand même patron de la BCE, je ne crois pas me tromper. À la limite je suis en train de me demander s’ils n’ont pas choisi une femme exprès pour tout lui coller sur le dos parce qu’elle n’arrivera pas à relancer l’économie.

Enfin, quoi qu’il en soit, les commentaires de l’ex-Super Mario, n’ont pas plus au marché qui est parti vers le Sud sans demander son reste. Il faut dire qu’entre le nouveau désaccord avec la Chine que l’on craignait – désaccord qui semble être oublié depuis la fin de la soirée à Washington – et les commentaires déprimants de Draghi qui donnaient envie de s’ouvrir les veines ou d’avaler des boîtes entières de Prozac avec le carton autour, il semblait assez difficile pour les indices européens de terminer en hausse. Surtout que le DAX avait virtuellement oublié ce qu’était une journée négative depuis 3 semaines.

Bref, à la fin les USA n’ont rien foutu et les Européens ont perdu 1% -mais aujourd’hui avec les commentaires de Mnuchin, tout est oublié et nous pouvons ranger ce lundi dans « les journées qui ne comptent pas » et puis comme de toute façon nous sommes incapables de nous souvenir pourquoi nous avons baissé ou monté lors des 12 dernières séances, il n’y a pas non plus de quoi réfléchir plus longtemps.

Le pétrole est toujours à la mode

On parle toujours du pétrole, mais moins de l’enquête pour savoir si les Iraniens sont vraiment coupables et s’il faut leur péter la gueule tout de suite ou dans 3 semaines. Non, soudainement nous sommes inquiets de voir si les Saoudiens seront vraiment capables de reconstituer leurs capacités de production, surtout que ça serait une très mauvaise nouvelle pour Lamborghini s’ils ne commandaient plus de modèles en plaqué or avec les sièges en logos Louis Vuitton. Actuellement le baril zone toujours autour des 58 dollars et des poussières, pendant que l’or se demande s’il va sortir du canal 1500-1550 avant ou après le mois d’octobre.

Nouvelles du jour

Ce matin l’Asie est en hausse parce que Mnuchin a dit que ça se passerait bien et que « Trump va trouver un accord avec les Chinois et c’est trop cool ». Et puis autrement, on a droit à la Miss Greta qui fait sa crise partout sur le net en « surjouant » à peine son texte. Au-delà du réchauffement climatique, nous avons aussi la cour suprême britannique qui va donner sa décision pour que l’on sache si Boris Johnson est reconnu coupable d’avoir abusé de la Reine en lui expliquant sa stratégie sur le BREXIT et si c’est le cas, est-ce qu’il sera condamné pour abus de faiblesse sur une personne incapable de discernement ?

On parle également beaucoup de l’histoire ukrainienne de Trump – on n’hésite d’ailleurs pas à dire que l’impact sur l’élection de l’an prochain pourrait être « terrible ». Terrible oui, si ça permet à Biden de devenir Président. Au passage rappelons quand même que quand il était vice-président, on évitait quand même de le sortir pour éviter les conneries. Mais disons que les USA semblent à fond dans l’envie de vouloir se ridiculiser chaque fois un peu plus. Il n’est pas exclu que dans 5 ans ils élisent un âne au nom du droit des animaux.

Puis, AB Inbev vient de pricer son IPO de Budweiser à Hong Kong à 27 $HK, soit 5 milliards plaçant l’IPO à la seconde place pour 2019. Ailleurs ING n’est pas convaincu que le plan de sauvetage de la BCE va fonctionner – ils ont au moins le mérite de le dire et pour terminer, le Chairman de BNP Paribas a déclaré que, selon lui, la Chine et les USA ne se dirigent pas vers une guerre froide. Eh bien nous voilà rassurés, si c’est le Chairman de la BNP qui le dit, c’est que c’est sûrement vrai. On peut donc déjà mettre cette éventualité de côté.

Le BEAR du mardi

Hier nous avions David Rosenberg pour le Bear du lundi, pour le Bear du mardi nous avons donc Paul Singer. Paul Singer est le patron du Hedge Fund Elliot Management – c’est le mec qui a racheté une montagne d’actions AT&T avec pour intention de faire monter le titre de 65% dans les deux ans en mettant le management sous pression. Il y a deux ans, Paul Singer avait levé 5 milliards pour avoir du cash et préparer le prochain effondrement des marchés. Pendant plus de 12 mois, il n’en a rien fait – en même temps c’est pas grave, le cash ne rapporte rien de toutes façons.

Et puis au début de l’année, on s’autorise à penser dans les milieux autorisés qu’il aurait mis en place des stratégies baissières qui pour l’instant ne lui ont rapporté que les yeux pour pleurer. Selon les dernières nouvelles des mêmes milieux autorisés, on s’autorise à penser qu’il aurait RE-levé encore une fois 5 milliards pour préparer la chute des marchés qui est inévitable, comme elle était déjà inévitable il y a deux ans. Mon Dieu comme le temps passe. Bref, Singer est short et il veut l’être encore plus. Sauf sur AT&T – au passage, vu que lever 5 milliards semble être un truc facile à faire, moi je cherche aussi 50 millions pour lancer un fonds, si ça intéresse quelqu’un, je suis vachement moins gourmand !

Chiffres économiques

Côté chiffres économiques, il y aura l’IFO en Allemagne, le Consumer Confidence aux USA et les inventaires pétroliers version API. Pour l’instant les futures sont en hausse de 0.3% et tout ça grâce à Mnuchin. On continue dans une passion et une intensité rarement vue dans les marchés boursiers lors de ces 12 dernières minutes.

Je vous souhaite une belle journée et que le rythme endiablé auquel nous vivons ces journées ne vous épuise pas trop, rassurez-vous nous sommes bientôt en octobre, pas le mois des krachs, mais le mois des vacances.

Qu’ajouter d’autre si ce n’est : À demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“We’re all fucked. It helps to remember that.” George Carlin