Hong-Kong devient un dilemme stratégique pour l’Empire du Milieu.

Au cours de son histoire, les chiffres ont toujours eu une grande importance pour la Chine. Le chiffre 8, notamment, est magique, c’est le chiffre de la chance. En 2018, la cérémonie d’inauguration des Jeux Olympiques de Pékin a eu lieu le 8 août à 8h08 … La plus célèbre section de la Grande Muraille – appelée Huanyaguan – est établie sur une tour à 8 pans. D’ailleurs, le mot pagode a la même signification. Dans la culture taoïste, le chiffre 8 symbolise l’abondance et l’exhaustivité. Les symboles Yin et Yang comportent 8 directions (liées aux éléments de base).

Le chiffre 9 signifie également beaucoup, essentiellement du point de vue politique. L’idéologie marxiste a commencé à se répandre largement dans le pays en 1919, après le mouvement du 4 mai (un mouvement anti-impérialiste, culturel et politique né des manifestations d’étudiants à Beijing). Mao a établi la République populaire de Chine à Beijing le premier octobre 1949.

Plus récemment, les années qui se terminent par un 9 ont eu une résonance négative. En effet, la grande famine chinoise, qui a tué plus de 15 millions de citoyens, a débuté en 1959. La crise de Tiananmen a eu lieu au printemps 1989. Clin d’œil malicieux de l’histoire, le communisme a connu une défaite majeure en novembre de la même année, avec la chute du mur de Berlin… Avec la révolte en cours à Hong Kong, 2019 confirme progressivement le « pouvoir maléfique » des années se terminant par le chiffre 9.

À Taiwan, le dernier sondage annuel réalisé en juin par l’Université nationale de Chengchi indique que 56,9% des répondants s’identifient comme étant taïwanais, contre à peine 3,6% comme chinois (36,5% à la fois taïwanais et chinois). De même, la plupart des Hongkongais s’identifient de moins en moins comme Chinois.

La proportion de Hongkongais s’identifiant comme Chinois est au plus bas depuis 1997
Source : Université de Hong Kong (HKU), juillet 2019

La bonne nouvelle du point de vue d’un parti communiste est que les manifestants de Hong Kong n’ont reçu aucun soutien de la Chine continentale. Les autorités tablent sur un remake de la – courte – révolte des « parapluies oranges » de 2014. Il s’attend également à ce que l’impact économique négatif visible des manifestations affaiblisse définitivement l’opposition. De facto, les ventes au détail se sont effondrées de plus de 10% en juillet dernier (glissement annuel). Les arrivées de touristes sont aussi en chute libre.

En tant que concession tardive, le gouverneur C. Lam a promis de retirer le projet de loi controversé sur l’extradition. Mais dans la pratique, le dialogue vient à peine d’être amorcé entre les manifestants et le gouvernement. Et les revendications des citoyens de la rue se sont étendues à des sujets démocratiques plus sensibles.

Xi tente de jouer sur l’essoufflement des protestations. Cependant, la (géo)-politique globale chinoise ne devrait pas permettre une résolution rapide. Xi, comme d’autres leaders populistes internationaux, est sous pression à court terme. La célébration prochaine des 70 ans de la RPC s’annonce particulièrement délicate. En dépit de sa posture solide récente, la Chine pourrait être plus conciliante lors des prochaines négociations commerciales bilatérales avec les États-Unis. Dans un tel scénario, la récente stabilisation du yuan pourrait s’avérer durable, comme au T4 2018 – T1 2019.

Ce serait une bonne nouvelle pour les marchés et les actifs émergents.

 

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