Toute la semaine dernière on a essayé de « passer l’épaule », mais rien à faire. Les marchés sont fatigués, la récession arrive et Trump n’a plus ou pas besoin des Chinois « because American is great alone. »

L’Audio du 23 septembre 2019

Les Chinois dans l’avion

On ne va pas passer des heures à revenir sur ce qui s’est passé vendredi, mais disons que pour la troisième fois consécutive l’ouverture avait semblé dynamique et capable d’aller battre des records d’altitude aux USA. Et puis pour la troisième fois consécutive on s’est dégonflé. En regardant le graphique de la semaine dernière, il y a peu de raison de croire que le marché va être capable de remonter plus haut dans l’immédiat. En voyant pourquoi on s’est dégonflé vendredi, il n’y en a plus aucune. À court terme, le seul chemin à suivre c’est la baisse.

Vendredi dernier, alors que l’on avait presque oublié le sujet de la Trade War et que l’on était bien plus préoccupé au sujet des taux, de la FED et de la liquidité du marché, on a appris qu’une équipe de négociateurs chinois qui étaient aux USA et qui étaient supposer visiter une ferme américaine avaient annulé la visite et étaient retourné en Chine. Alors oui, je sais ça fout les jetons, vous vous rendez compte ? Ils ont refusé de visiter une ferme ???? C’est inadmissible, si ça se trouve c’était la ferme de Jonathan et Martha Kent, les parents terrestres de Superman.

La petite maison dans la prairie

On ne saura sûrement jamais à qui était cette ferme et pourquoi les méchants Chinois n’y sont pas allés et pourquoi ils sont repartis à la maison. Ce que l’on sait, en revanche c’est que ce n’était pas les vrais négociateurs qui doivent rencontrer Mnuchin et Lighthizer dans 10 jours, mais ceux qui devaient « préparer » le terrain. En gros des négociateurs « light ». Mais peu importe, le marché s’est immédiatement senti en danger, c’est que c’est très fragile psychologiquement ces bêtes-là.

Histoire de faire bon poids bonne mesure, Trump a même réussi à « tweeter » qu’il n’avait pas besoin de signer un « trade deal » avant les élections de 2020, puisque, selon lui, les USA sont en très bonne forme et n’ont ABSOLUMENT PAS BESOIN de la Chine. Gros coup dans les gencives de ceux qui pensaient que ça serait liquidé avant la fin de l’année. Pour faire simple et en résumé, vendredi on nous a mis plein de doutes dans la tête et on nous a laissé partir en week-end pour gamberger.

Comme en 2007

Et quand on nous laisse gamberger tout le week-end, ça ne donne jamais rien de bon. En lisant la presse de ce matin, le ton semble donné pour la semaine et il n’a pas l’air positif. En tous les cas, comme ça au premier abord, j’aurais tendance à me mettre short et à retourner me coucher, même si l’on ne peut pas exclure que Trump nous fasse un truc inversé dans trois heures et qu’il nous sauve 5 balles de match contre lui.

En tous les cas, en lisant la presse de ce week-end, la première chose qui me vient à l’esprit c’est de trouver une pharmacie ouverte pour acheter un milk-shake au Xanax et une boîte de suppositoire au Lexomil. Oui, en ouvrant mon journal de ce matin, le premier article qui m’est tombé dessus c’est les terribles similitudes entre les discours de Bernanke à l’automne 2007 et celui de Powell il y a 5 jours.

La FED n’envisage pas de récession, juste une croissance plus faible

« La FED n’envisage pas de récession, juste une croissance plus faible », c’est les mots que Bernanke a utilisé en 2007 – inutile de vous rappeler ceux que Powell a utilisé récemment. Alors soit, ce n’est pas parce que Bernanke s’est vautré en 2007 que Powell est en train de faire pareil en 2019. Surtout que l’on peut aussi se demander si à un moment dans l’histoire de la FED – un Président a annoncé que la récession arrivait !!! Mais peu importe, ça met tout de suite une note négative à l’ambiance actuelle. Et puis alors, les derniers sondages qui ont été effectué laissent à penser que près de 50% des Américains s’attendent à une récession dans les 12 prochains mois contre seulement 40% s’y attendaient en 2007.

Autant vous dire que l’ambiance pourrait être pesante ces prochains jours. Ce matin l’Asie est en baisse de 1% alors que, je cite, « les tensions géopolitiques inquiètent les investisseurs ». Le ton semble donné, même si les futures américains sont affichés en hausse tard dans la nuit. Bref, l’ambiance est pourrie et sachant que les indices américains affichent des « top évidents », il semble assez compliqué de pouvoir remonter contre le vent SANS une avalanche de bonnes nouvelles ces prochaines heures. Et pas des moindres.

Le pétrole toujours dans la ligne mire

Bien qu’il ait considérablement rebaissé depuis l’attaque de drones de la semaine dernière, le baril est toujours sous les feux de la rampe. Les Iraniens se défendent verbalement en menaçant de transporter tout éventuelle guerre ou attaque à l’étranger et les Saoudiens jouent les victimes mais espèrent pouvoir éviter tout conflit. On s’embourbe dans les discussions pseudo-diplomatiques et plus ça avance, plus on se demande pourquoi plus t’es con et plus t’es idiot, plus tu deviens puissant. Heureusement, l’or revient à la place qui est la sienne, puisque depuis que ça se tend entre les Chinois qui ne visitent plus les fermes et les Américains qui n’ont plus besoin d’eux, plus l’or remonte. Actuellement, il vaut 1523$.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour on apprend que Softbank essaie de virer le CEO de WeWork après l’échec de l’IPO, pendant ce temps les Iraniens annoncent que Trump a fermé la porte à toutes négociations – si jamais ça pète, ça ne sera pas de leur faute. Eux, en théorie ils n’ont fait que détruire 5.7 millions de barils – mais comme ils ne peuvent pas vendre les leurs (de barils), ils peuvent peut-être dépanner.

Bonne nouvelle pour ceux qui sont partis en vacances à l’autre bout du monde avec Thomas Cook ; vous ne rentrez pas tout de suite : le voyagiste annonce sa faillite et propose un nouveau type de vacances pour leurs clients : « démerdez-vous pour rentrer tout seuls ! » À propos de Trade War, il y en a une autre qui couve, celle entre les Japonais et la Corée du Sud. La Corée vient de retirer les Japonais de leur liste de partenaires commerciaux préférés et cette tension qui monte pourrait poser des problèmes internationaux sur le secteur de la technologie. On en parle peu encore, mais ça pourrait venir.

Le BEAR du lundi

Et puis, pour bien commencer la semaine, vu l’ambiance actuelle, on ne pouvait pas ne PAS sortir un des Permabears de Wall Street. David Rosenberg annonce que MÊME SI LA FED BAISSE LES TAUX À ZERO, il y aura une récession dans les 12 mois. Je suis en train d’enquêter sur le « track record » de David Rosenberg, mais je suis relativement convaincu que ce n’est pas la première fois qu’il nous annonce la fin du monde sur CNBC.

Chiffres économiques

Côté chiffres économiques, il y aura des PMI’s en France, en Allemagne, en Europe et aux USA. Pour le reste, cette semaine il y aura surtout beaucoup de bla-bla de la part des banquiers centraux qui viendront donner leur vision sur la suite du cycle de baisse des taux et Draghi qui viendra tirer sa révérence devant le parlement européen.

C’est un lundi pourri d’une semaine pourrie qui semble se profiler à l’horizon, mais force est de constater que ce marché est très talentueux pour nous faire croire le contraire de ce qu’il est réellement en train de fomenter. Cependant, cette semaine ça semble quand même compliqué de trouver du bonheur dans ce monde de brutes. Je vous souhaite un très bon lundi et on se retrouve demain à la même heure et au même endroit.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Angels can fly because they take themselves lightly; devils fall because of their gravity. “

G.K. Chesterton