Mardi tout nous faisait peur et mercredi tout était à nouveau possible. C’est pourtant simple, il suffit de nous dire ce que l’on veut entendre.

L’Audio du 26 septembre 2019

L’Europe toujours dans le doute

Les marchés européens étaient toujours déprimés dans la foulée de la séance de mardi. On reprenait les mêmes histoires, la destitution de Trump, des doutes sur la croissance un peu partout dans le monde, la crainte que le Trade Deal ne se fasse pas ou pas tout de suite, sans compter le BREXIT et Boris Johnson qui passe pour un clown – bon, ça c’est un peu moins surprenant.

En fin de journée nous parvenions un peu à limiter la casse, mais l’ambiance était morose et on ne savait plus trop à quel Saint se vouer. Heureusement, les USA ont inversé la tendance tard dans la nuit.

Trump et l’Ukraine

Aux Etats-Unis, on ne se préoccupait que d’une chose : le nouveau sketch politique entre Démocrates et Républicains qui est censé aboutir à la destitution de Trump et si ce n’est pas le cas, en tous les cas lui compliquer la tâche de sa réélection de dans un an.

Alors que mardi la cheffe de file des Démocrate, Nancy Pelosi, demandait formellement une enquête sur le fait que le Président ait demandé à son homologue ukrainien d’enquêter sur le fils de Joe Biden ; Hunter, mercredi la Maison a publié la transcription de ce que Trump a dit au Président Ukrainien.

Soulagement

Après avoir lu et relu la transcription, les traders ont senti une vague de soulagement, puisque comme disait l’autre : quand on voit ce qu’on voit, qu’on entend ce qu’on entend, on a bien raison de penser ce que l’on pense puisqu’il n’y a rien dans la discussion qui semble permettre aux Républicains de lâcher leur camarade de parti. À aucun moment Trump ne met la pression sur Zelensky, il ne mentionne jamais le fait que s’il ne fait rien contre Biden Junior, il lui retirera l’aide militaire américaine.

Le Président Américain en a profité pour ironiser sur la procédure demandée par Pelosi et à l’œil, cela pourrait plus se retourner contre les Démocrates qu’autre chose, sans compter que l’on peut aussi se demander si Biden père a été complètement « blanc » quand l’enquête contre son fils a été stoppée en son temps… Le marché a apprécié le fait que l’histoire se calme et que ça n’apparaisse pas comme un crime « évident » ou une violation flagrante de la constitution américaine. Sans compter que durant la procédure de destitution contre Clinton, le marché a été super-bullish, certains parient sur le fait que ça pourrait se reproduire.

Plus tôt que prévu

Pour couronner le tout, alors que le marché respirait mieux après la publication de la transcription, Trump en a profité pour glisser le fait que le Trade Deal pourrait se signer plus tôt que prévu… Lui qui disait il y a trois jours qu’il n’était pas pressé de signer et qu’il pouvait attendre bien après 2020…

En tous les cas, si l’on met bout à bout les hausse du marché lors de ce genre de déclaration en l’air, on doit largement être à 20% de hausse, j’ai perdu le compte de ce type de déclarations fracassantes qui sont contre-balancées dans trois jours pour une histoire de rouleaux de printemps pas frais. Les mouvements en haut-en bas commencent à me filer le mal de mer. Mais peu importe, la journée fut belle hier à Wall Street, aussi belle qu’elle fût moche la veille.

L’or qui brille moins

Hier l’or est revenu à 1516$, parce que du coup, tout allait mieux et le baril de pétrole est à 56.50$ puisque plus personne ne parle de guerre, ni de drones. Côté Asie, ce matin il ne se passe pas grand-chose. Le Japon qui a signé un accord commercial avec les USA hier ne fait pratiquement rien, tout comme Hong Kong et les Chinois qui devraient être contente de la déclaration de Trump l’ont été à l’ouverture, mais ne font que baisser depuis.

Nouvelles du jour

Pour les nouvelles du jour, ça sent vraiment le réchauffé, on reparle de Trump de son appel téléphonique et des « nouvelles preuves » dans les mains du Congrès en provenance d’un « donneur d’alerte ». L’histoire est loin d’être terminée et ça va bien nous occuper les pages centrales du FT ces prochains jours. On parle aussi de l’affaire Johnson et de la manipulation royale. Et pendant ce temps, personne ne prend le temps d’écrire un article sur le fait que les politiciens de tous bords et de tous partis sont globalement en train de se foutre de notre gueule à de multiples niveau. Et plus ils ont des responsabilités, plus il se comportent comme des mafieux. Quoi que les mafieux, eux, ils ont un code d’honneur. Le politicien lui, n’en a aucun.

Pour le reste, dans les vraies préoccupations de marché, il y a le CEO de Juul qui fait des trucs pour vapoter, qui vient de démissionner de son poste au vu du nombre de problèmes de santé lié à ce « fabuleux gadget » et puis il y a Philip Morris et Altria qui renoncent à leur fusion, annonce qui fait plaisir aux intervenants qui n’avaient que peu apprécié l’idée du remariage.

Chiffres économiques du jour

Côté chiffres économiques, nous aurons le climat de consommation en Allemagne, Draghi qui parlera (ENCORE), le bulletin économique de la BCE, les Jobless Claims aux USA et la publication du GDP américain. Pour le moment les futures sont en baisse de trois fois rien et on se demande bien ce que ce sera le prochain épisode. Le prochain tweet ou la prochaine préoccupation des marchés financiers.

Passez une excellente journée et on se retrouve demain au même endroit et à la même heure.

Thomas Veillet

Investir.ch

“My doctor told me to watch my drinking. Now I drink in front of a mirror” Rodney Dangerfield