La dernière semaine du mois d’août a été le témoin de ventes massives de fonds investis dans les actions des pays émergents et ce n'était que la pointe de l'iceberg. Que faut-il en penser ? Prenons le temps de la réflexion.

Selon les données de Lipper, la dernière semaine d’août a vu des ventes nettes de fonds et ETF pour la somme de 1.1 milliards de dollars. Il s’agissait de la 10ème semaine de flux négatifs qui totalisent environ 11.8 milliards de dollars sur la période. Si nous regardons le 3ème trimestre, la somme est sensiblement moindre avec 8.6 milliards de ventes nettes. La majeure partie de ces ventes est attribuée à l’ ETF iShares EM qui perd 5.6 milliards d’encours et à l’ETF iShares Core MSCI EM qui perd 2.6 milliards.

Source: Lipper

Petit rappel

La vente de ces deux produits financiers «passifs» représente surtout une vente de titres chinois. En effet, si nous prenons le cas de l’ETF iShares EM, le pays ayant le plus de poids est donc la Chine.

Source: iShares

Même constat au niveau des titres individuels faisant partie de l’indice/ETF Emerging Markets.

Source: iShares

La première conclusion est que la Chine a souffert et souffre encore de la guerre commerciale avec les Etats-Unis. La deuxième est que la Corée du Sud est en conflit avec le Japon. La troisième est que les désordres publics de Hong-Kong peuvent avoir un effet néfaste sur la perception des investisseurs à propos de Taiwan. Donc plus de la moitié des investissements se retrouvent dans l’œil d’un ou plusieurs cyclones.

Mais l’analyse ne s’arrête pas là. La plupart des fonds actifs ou passifs ayant une orientation IT sont aussi des porteurs importants de titres technologiques. Donc il est fort probable que les investisseurs se séparent en priorité des ETF investis dans les pays émergents tout en conservant les fonds technologiques.

Faut-il mettre tous les œufs dans le même panier?

La réponse est simplement NON. Les raisons sont multiples. Tout d’abord, un investissement dans les pays émergents ne se rapporte pas simplement aux actions. Les obligations font aussi partie de cet univers. Certes, mais faut-il choisir un fonds investissant dans des obligations souveraines ou de sociétés? Les investissements doivent-ils être en monnaies locales ou en dollars ? Vaut-il mieux détenir des parts qui distribuent un rendement ou faut-il capitaliser?

Les réponses sont différentes en fonction des attentes des investisseurs et aussi de leur tolérance au risque. Mais ce qui est sûr, c’est que dans un environnement de recherche de rendement, cette classe d’actifs avec une part «distribution» en dollars est un investissement qu’il faut considérer. La sélection d’un fonds géré activement nous semble essentiel dans cette classe d’actifs.

Les actions n’échappent pas à la règle. Un gestionnaire peut se concentrer sur une région en particulier ou n’investir que modérément dans un pays si les opportunités ne sont pas légion.

«Le Brésil est un pays d’avenir et il le restera». Cette phrase attribuée au Général de Gaulle est une fois de plus d’actualité. Voilà pourquoi il est difficile d’investir dans ce grand pays comme dans ses proches voisins. Ces pays sont fortement dépendants du cours des matières premières et aussi de la stabilité ou non du régime politique en place. Donc un gestionnaire de fonds pourra sous-pondéré soit le Brésil soit toute l’Amérique Latine, ce qui ne sera pas le cas pour le «gestionnaire» d’un ETF.

Il est difficile d’échapper à un investissement, soit en obligations soit en actions, dans un ou plusieurs pays émergents. Les ventes de fonds investis dans ces pays sont caractéristiques d’un changement d’allocation d’actifs suite à une crainte politique voire économique. La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ainsi que l’instabilité politique dans plusieurs pays sud-américains ont certainement poussé plutôt les investisseurs américains à se désengager, surtout via leurs investissements en ETF. Les prochains mois devraient être les témoins d’une baisse de ces ventes et offrir une opportunité d’investissement dans un ou plusieurs de ces pays.