Ce qu’il y a de bien, quand t’es pas là pendant une semaine, c’est que tu penses que quand tu vas revenir, quelque chose aura changé… Mais en fait non ; c’est pire.

L’Audio du 8 octobre 2019

L’Europe s’emballe pour le Trade Deal

L’Europe est devenue le souffre-douleur des États-Unis et prend un malin plaisir à bouger deux fois plus sur les nouvelles qui viennent de là-bas que sur les nouvelles qui concernent l’Europe directement. La semaine dernière on a vu le marché se faire déglinguer à cause du ralentissement économique américain – si, si j’ai suivi quand même – et hier l’Europe montait parce que, je cite : « les investisseurs étaient positifs à l’idée de voir les négociations sino-américaines commencer le 10 octobre ».

Il faut reconnaître que « les investisseurs en question » sont quand même doués, non seulement on ne sait pas trop de quoi ils vont parler, on ne sait pas de quelle humeur ils sont et on ne sait pas s’ils seront capables d’avancer d’un iota en trois jours, mais en Europe, : « les investisseurs étaient positifs à l’idée de voir les négociations sino-américaines commencer le 10 octobre ». On est fort en Europe. En tous les cas plus forts que les USA qui eux n’ont rien foutu hier parce qu’on ne sait « pas trop quoi faire à deux jours du début des négociations ; visiblement, il y a investisseurs et investisseurs.

Macron et Johnson en mode ultimatum

On notera tout de même que, pendant ce temps, ça cause toujours au niveau du BREXIT, bien que tout le monde s’en moque cordialement. Alors que Macron annonce que les Anglais ont encore « une semaine » pour montrer un plan de sortie viable – Macron qui cherche par tous les moyens à occuper la presse à autre chose que les affaires internes du pays – et Johnson qui lui répond que l’Europe doit se bouger les fesses, tout en réitérant son intention de larguer les amarres du vieux continent dès le 31 octobre.

Le marché à l’air de s’en moquer comme de son premier krach, mais au moins ça occupe les journalistes et les chroniqueurs, leur permettant au moins de rentrer dix lignes de plus dans leurs articles du matin.

Les USA en mode « wait and see »

Hier les USA étaient en panne d’idées. La destitution de Trump, les hurlements à la mort des Démocrates et les vociférations du Président semblaient laisser les marchés indifférents – pour le moment – on verra ce qui se passe quand ça recommencera à bouger dans le concret, puisque pour le moment les gens semblent fatigués de se perdre en conjecture sur le sujet. En ce qui concerne le ralentissement économique dans lequel nous sommes, le marché semble se tâter sur le « quoi faire après ». D’un côté on se dit que c’est moche et de l’autre on a quand même l’impression que la FED veille au grain et ne se gênera pas pour intervenir en cas de besoin. Du coup on aurait l’air un peu couillon à être short comme un bœuf alors que Powell baisse les taux par surprise au milieu de nulle part.

Oui. Car n’oublions pas qu’il a le droit de le faire. En attendant les bourses américaines ont terminé au milieu de nulle part en attendant un signe de quelqu’un, quelque part. Ce signe viendra probablement des résultats trimestriels qui commencent vraiment la semaine prochaine ou de nouvelles fraîches en provenance de Washington – que ce soit au sujet de la destitution ou que ce soit à propos des négociations avec la Chine.

Et pendant ce temps, ce matin :

Ce matin en Asie la plupart des marchés sont en hausse de 1%, la presse estime que cet enthousiasme est le même qu’en Europe – on est tellement emballé que les Chinois et les Américains se parlent, que tout semble mieux et meilleur pour la suite. Vu l’ambiance « positive », l’or en profite pour montrer une faiblesse au niveau du ligament du genou et repasse en-dessous des 1500$ à 1496$ pour être précis et le pétrole semble avoir trouvé un support dans la zone des 52$, puisque depuis, il refuse de baisser plus bas. Actuellement le baril est à 53.06$.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, histoire de chauffer la salle pour les négociations du 10 octobre, les USA viennent d’updater la liste des sociétés chinoises qui sont « blacklistées » aux USA. Il y en a 28 nouvelles qui sont principalement actives dans l’Intelligence Artificielle – le truc à la mode du moment – le fabricant de semi-conducteurs Ambarella est dans le tas. Moi je ne sais pas comment les USA fonctionnent en terme de négociations, mais à voir ce qu’ils mettent en place AVANT l’arrivée des Chinois, j’ai peur que pour les accueillir ils commencent par une bonne séance de « waterboarding » organisé par la CIA.

Pendant ce temps, Trump veut retirer ses troupes de Syrie pour laisser le champ libre à Erdogan pour aller faire son show sur place – une attaque turque programmée et annoncée dans les médias comme la sortie d’un nouveau film – on se demande presque si ça ne sera pas retransmis en direct en « pay per view ». Néanmoins ça ne plaît pas à tout le monde aux USA et surtout du côté Républicain – Trump devrait peut-être y repenser à deux fois, si les Républicains le lâchent au Sénat, c’est pas bon pour la suite.

La World Bank invente l’eau tiède

David Malpass. Oui, moi non plus je ne savais pas qui c’était il y a encore 2 heures – c’est le patron de la World Bank et aujourd’hui il nous met en garde contre la croissance mondiale qui pourrait souffrir à cause de, tenez-vous bien :

  • Le BREXIT
  • Le ralentissement – pour ne pas dire la panne de la zone Euro
  • La Trade War

Il n’a pas ajouté qui si on met la main sur une plaque allumée depuis une heure, c’est pas bien parce que ça brûle et qu’il est n’est pas conseillé pour la santé d’arrêter de respirer pendant 15 minutes – mais il aurait pu, parce que ses déclarations de ces dernières heures se rapprochent plus du brassage d’air et de l’enfoncement de portes ouvertes que d’autre chose.

Les Stress Tests sont stressants

En fin de journée hier, la BCE a fait une déclaration qui semble être passée inaperçue mais qui, à mon sens, mérite d’être signalée tout de même. Les hommes de Lagarde ont annoncé que toutes les banques européennes ont passé les « stress tests » et que tout va bien. SAUF QUE. Oui, sauf que la BCE a ajouté que si le marché devait entrer dans une crise de liquidités – type la crise du REPO de ces derniers jours – et ce que cette crise durait six mois, la moitié des banques testées n’y survivrait pas. Leurs bases de capitaux sont insuffisantes et elles ne pourraient pas faire face aux retraits massifs de leurs épargnants.

Tout le monde à l’air de s’en foutre cordialement, vu la publicité qui est faite autour de cette nouvelle, mais quand on voit que l’on nous vend le fait que les banques « ont réglé tous leurs problèmes » depuis 2009 – on peut quand même se demander si l’on ne se fout pas un tout petit peu de notre gueule. Enfin, ce n’est pas grave- nous ne sommes pas encore dans une crise de liquidité « qui dure six mois », mais à force de facturer des taux négatifs, les épargnants pourraient commencer à retirer leurs capitaux… La bonne nouvelle c’est que le Crédit Suisse n’est probablement pas dans la liste des banques les plus affaiblies, puisqu’ils ont encore du cash à dépenser en détectives privés.

Chiffres économiques

Côté chiffres économiques nous aurons le chômage en Suisse, la Production Industrielle en Allemagne et le PPI aux USA. En plus de tout cela, Powell devrait parler en fin de journée, tout peut donc arriver.

Les futures sont en hausse de 0.3% parce que tout le monde est positif sur les négociations sino-américaines et que ce n’est pas grave si Samsung a vu ses profits opérationnels baisser de 56% sur une année, surtout que l’excellente nouvelle c’est que leur smartphone pliable ne se casse qu’après l’avoir ouvert et fermé 120’000 fois – ils avaient promis 200’000, 120’000 c’est bien.. C’est comme 400’000 Tesla vendues par années, 360’000 c’est bien aussi…

Podcasts

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Passez une excellente journée et on se retrouve demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

« Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet. »

Pierre Desproges