Alors que le monde se pose des questions sur la croissance des économies et que Trump attaque tous ses ennemis, les européens sont suspendus aux lèvres (voire aux cheveux) de Mr Johnson.

Après avoir enfoncé le clou en martelant que le Royaume –Uni sortira via un «hard Brexit» de l’Union européenne le 31 octobre, Mr Johnson pourrait envoyer une lettre demandant un report du Brexit. Si certains observateurs pensent qu’il s’agit d’un aveu de faiblesse, d’autres croient que la stratégie du premier ministre anglais est plutôt intelligente. Pourquoi? Parce que Boris réplique la stratégie de Mr Trump qui consiste à faire croire qu’un échec est le résultat de la faute des autres.

En effet, la communauté européenne, se lassant des manœuvres politiques de la perfide Albion, se divise. Angela se profile comme avocate d’un compromis alors que Macron applique une ligne «dure». Boris serait-il en train de gagner du terrain à l’image de Trump aux Etats-Unis?

C’est alors que l’Organisation Mondiale du Commerce annonce que les Etats-Unis pourraient appliquer des taxes supplémentaires sur des produits européens. Sympa, surtout si l’on sait que les Européens pourraient, à leur tour, recevoir au début 2020 le même coup de pouce de l’OMC. Même une partie des fromages suisses fait partie de la liste des produits touchés. Finalement la Suisse ferait-elle partie de l’Europe? Si oui, cela donnera de l’eau au whisky de Boris Johnson.

Les marchés des actions européens ont bu la tasse la semaine passée. Les indices de l’Eurozone et du UK perdent plus que le MSCI World.

L’Europe n’inspire pas confiance aux investisseurs, surtout américains. C’est dans ce contexte que quelques experts d’Outre-Atlantique suggèrent que les marchés européens et principalement anglais se traitent à des multiples historiquement bas et qu’il faudrait, peut-être, envisager la possibilité de commencer à acheter certaines actions. Cette dernière phrase comporte suffisamment de portes ouvertes pour avoir raison si les marchés montent mais aussi s’ils baissaient. La langue de bois n’est pas que l’apanage des politiciens.

Et si on reparlait de la Chine

Les dirigeants chinois et leurs dignes représentants chinois n’ont guère apprécié le film «V pour Vendetta». Bas les masques disent-ils comme dans certains vieux films policiers. Policiers comme le sont les fils spirituels du grand timonier. Alors faut-il acheter les actions chinoises? Je ne suis pas le meilleur investisseur du monde mais il semble que si je devais acheter au son des canons, le moment n’est pas mal choisi pour mettre un pied dans l’eau du fleuve Yangzi Jiang.

Par contre, un article du Barron’s suggère que les gestionnaires de fonds investissant globalement dans les pays émergents se sentent inconfortables avec le poids de la Chine dans les indices.

Poids de différents pays dans l’indice MSCI EM

Selon EPFR Global, les investisseurs ont vendu pour plus de 13 milliards de dollar de titres chinois. Alors même que la Chine représente presque un tiers de l’indice MSCI EM alors que ce poids n’était que de 19% il y a cinq ans. Ces investisseurs cherchent d’autres marchés pour diversifier leurs risques. Il est vrai que dans un environnement de taux bas, la quête de dividendes n’a pas de frontière. L’article du Barron’s mentionne des noms comme United Overseas Bank à Singapour qui offre un rendement de 5% ou Telekom Indonesia avec 4%. Même constat avec le marché russe qui voit le rendement de ses dividendes passer de 2,5% en 2011 à plus de 7% actuellement.

Rien de nouveau à l’Ouest?

Non. Trump essaie toujours de se sortir de l’impasse de l’ «impeachment» et renouvelle ses attaques contre ses adversaires. Il en veut particulièrement à Mr Schiff et, évidemment, à Mrs Pelosi. Il fait la promotion de sa fille Ivanka et s’auto-congratule de sa décision de permettre aux Polonais de se rendre aux Etats-Unis sans visa. La grande farce «diviser pour mieux régner» continue.

Mais peut-être veut-il plus de main-d’œuvre non latino vu que le taux de chômage américain se trouve au plus bas depuis 50 ans. Ceci pourrait changer avec le ralentissement économique. A l’image de HP qui licenciera entre 7’000 et 9’000 personnes durant les 3 prochaines années, d’autres entreprises américaines pourraient emboîter le pas.

Un pour tous, tous pour Kim Jong-Un. Ce dernier maitrise aussi l’art de dire que c’est «la faute des autres». Alors que Trump cherche quelques succès en politique extérieure, Kim jette une fusée dans la mare et fait échouer le sommet de Stockholm. Mais c’est pas lui le méchant, c’est l’autre. Qui est l’un et qui est l’autre, telle est la question?

Si les Européens suivent le feuilleton sans fin du Brexit, les Américains s’ennuient avec les négociations sino-américaines. La semaine prochaine sera riche en consultations, discussions et autres mouvements saccadés. Kudlow, conseiller économique de Trump, promet que les adversaires se sont adoucis. Nous nous réjouissons des commentaires des Américains à propos de la situation à Hong Kong.

Revenons à nos moutons irlandais. Alors comment dit-on Brexit dans une autre langue que l’anglais?

Les Français pourraient s’inspirer du roman de Mauriac, le Nœud de vipères. Quelqu’un pourrait même trouver quelque piste dans le livre La Panne de Dürenmatt. Au fonds, peu importe, les marchés financiers suivront bien sûr les nouvelles aventures de nos héros Boris J. et Donald T. Mais surtout les analystes scruteront les résultats des entreprises et spécialement des banques. Pour mémoire: les taux d’intérêt sont bas voire négatifs, les discount brokers abaissent les frais de courtage à zéro et l’activité de fusion/acquisition est au plus bas depuis 2014.

Une petite dernière

Mike Pompeo a passé des vacances en Grèce. Pas pour goûter au miel crétois mais pour promettre aux Grecs que les forces militaires américaines les protégeront contre les pays des Balkans mais aussi de la méchante Turquie. Bel effort, pour encore mettre de l’huile (pas européenne car ils vont la taxer un max) sur le feu des ressentiments entre la Grèce et la Turquie (Chypre et plus récemment des forages illégaux par un navire turc dans des eaux pas turques).

Morale de cette histoire

La princesse ne devait pas embrasser la grenouille. Elle ne s’est pas transformée en prince charmant mais en Donald T. ou en Boris J. La prochaine fois, princesse, suis ton chemin et arrête d’embrasser tout ce qui croasse.