Nous sommes lundi matin et je me demande si la semaine dernière n’était pas un rêve idiot quelconque. Après avoir vécu une semaine de brassage d’air inouï et avoir entendu à peu près tout et n’importe quoi au sujet du Trade Deal, de sa probabilité et de sa date d’exécution, vendredi les chiffres de l’emploi ont été publiés et ont littéralement pulvérisé les attentes. À la fin le S&P500 termine en hausse de 0.35% sur la semaine. Je crois que tout est dit.

L’Audio du 9 décembre 2019

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Stupides nous sommes ?

Nous sommes donc passés par tous les états, pendant un bref instant on a même cru que le « bull market » était terminé (comme à peu près toutes les 3 semaines), l’angoisse était à son maximum, Trump nous a trouvé une phrase mythique et nous a foutu le doute sur la date d’exécution du Trade Deal, puis Bloomberg nous a dit le contraire avec un nouvelle de derrière les fagots. Et puis finalement, après avoir brassé de l’air avec des « si » et du conditionnel, voici que c’est du concret, des vrais chiffres qui mettent tout le monde d’accord et qui remontent le marché à peu près là où il avait commencé la semaine.

Bon, des « vrais chiffres », c’est vite dit, reste à prouver qu’ils ne sont pas manipulés par le gouvernement, mais comme ce n’est pas leur genre, on va dire que c’est vrai. En tous les cas, 266’000 nouveaux jobs contre 186’000 attendus par les experts, ça donnait de quoi causer à Larry Kudlow qui en profitait pour encenser la politique de son « maître » et dire que, « sans lui, on n’en serait pas là ». Quoi qu’il en soit, il est intéressant de noter que ceux qui ont traité comme des fous toutes les nouvelles de la semaine ont dû terminer leur vendredi soir sur les genoux et ceux qui se sont contenter de s’asseoir sur leurs positions en attendant le week-end et en passant la semaine à jouer au golf, en sont au même endroit que lundi dernier. Sans le stress, le brassage d’air et les théories fumeuses.

Il est peut-être temps de prendre un peu de recul

Nous voici donc au crépuscule d’une année où l’on aura surtout entendu du n’importe quoi, à la fin d’une année où le conditionnel aura largement supplanté le présent et où les belles envolées lyriques pleines d’espoir auront supplanté les communiqués de presse et les déclarations officielles des porte-paroles gouvernementaux.

Au début de l’année on nous avait promis que ça serait très dur, que les marchés ne seraient pas faciles et qu’il faudrait s’attendre au pire. Et puis Powell est arrivé et il a mis tout le monde d’accord avec son plan de sauvetage made in FED, des baisses de taux en série et l’espoir que la FED ferait tout pour nous sauver les fesses, quoi qu’il arrive. Et les marchés ont été moins « difficiles » que prévu. Durant l’année on nous a prédit plusieurs fois que la fin était proche. Avant l’été on était même au paroxysme de l’angoisse, c’était indispensable de REDUIRE les risques – et puis en fait non –  6 mois plus tard on est quand même au plus haut de tous les temps et ceux qui ont brassé de l’air pendant 12 mois sont épuisés alors que les autres n’ont rien senti. En gros, la semaine dernière était le résumé de notre année.

Oublier le bruit, Trump et son Smartphone

Alors franchement, moi je n’en sais rien, ce que je sais c’est que ceux qui sont juste « restés dans le marchés » ont bien mieux vécu leur année que ceux qui ont décidé de créer une nouvelle énergie alternative en achetant et en vendant, puis en vendant et en achetant au gré des tweets de Trump ou des prédictions catastrophistes des stars que l’on invitait sur le plateau de CNBC.

En tous les cas, après 49 semaines de trading, des doutes, des convictions, puis des convictions et des doutes, on se retrouve presque à Noël, plus personne n’a envie de rien, si ce n’est « d’être à Noël » et on se retrouve tous, là autour du sapin en train de se dire que c’est « presque fini » et que ça va faire du bien. Oui, sauf que dès le 3 janvier, ça va recommencer, que ça sera pareil et même si on aura mis un point final à cette année qui était pas mal dans le genre complètement débile, nos clients et nos portefeuilles ne vont pas s’arrêter-là, il faudra y retourner quand même et le pire c’est que le 12 janvier, on n’aura rien appris de 2019 et le moindre tweet inquiétant de Trump aura les mêmes effets sur nos psychés – pour autant que Trump soit encore Président.

Ce matin, en Asie

Quoi qu’il en soit, ce matin on y retourne et on va faire comme si de rien n’était. L’Asie a entamé la semaine plein de bonne volonté. Vendredi dernier, ils ne faisaient rien parce qu’ils attendaient les chiffres de l’emploi aux USA et ce matin, ils ne font toujours rien malgré les bons chiffres de l’emploi. Mais histoire de dire quelque chose, on va dire qu’ils attendent le communiqué de presse de la FED attendu pour mercredi soir.

On attend toujours quelque chose. Cette attente et une bonne raison pour ne rien faire et plus les jours passent, moins on a envie de faire quoi que ce soit. Surtout en Asie où l’on dirait qu’ils sont tombés dans une espèce de torpeur que seule une signature en bas d’un accord de Trade Deal sera capable de faire bouger. Et encore, pas pendant très longtemps. Pour le reste, on notera que l’or a reperdu 20$ après avoir tenté et échoué sur la sortie de son canal baisser – actuellement le métal jaune vaut 1464$ et le pétrole repart en haut de son canal haussier et frise les 59$ ce matin. Moi je verrai bien les 60$ cette semaine et les 65$ d’ici le 1er janvier, juste pour rire.

Nouvelles du jour

La semaine qui commence promet d’être chaude. Oui chaude parce que la FED se réunit dès demain et qu’on attend de voir ce qu’elle va dire. Même si on sait tous au fond de nous-mêmes qu’elle ne dira, ni ne fera rien de plus, mais on ne sait jamais. La BCE se réunira aussi et bien que là, nous soyons absolument certains qu’elle ne va rien faire – pas qu’elle ne veut pas, mais parce qu’elle ne peut plus – psychologiquement on a quand même du mal à prendre des risques à 48h de ces deux évènements et à 14 jours de Noël.

Autrement, Goldman Sachs veut se lancer dans le Wealth Management de masse et pense offrir accès à leurs robo-advisors dès 5’000$ – comme ça, ils contrôleront encore plus les flux boursiers. Du côté politique, ça commence à sentir le roussi pour Trump, puisque selon un des membres de la commission d’enquête, si le Président devrait être jugé aujourd’hui, il serait condamné en «3 minutes chrono ». Par contre, la bonne nouvelle, c’est que si Trump est destitué, il pourrait quand même se représenter comme candidat pour les élections. C’est quand même cool, tu peux trahir ton pays, mais t’es quand même moins sanctionné qu’un mec qui se fait choper en excès de vitesse.

Mais encore

Dans les nouvelles du jour, l’UBS pense que l’économie globale va redémarrer dans la seconde partie de 2020 – mais ils sont où ceux qui pensaient que la récession arrivait en janvier ? Facebook veut explorer la stratégie des « likes cachés ». On n’arrête pas le progrès dans le domaine de réseaux sociaux, maintenant on pourra dire qu’on aime, mais sans le montrer. Je me rappelle comment c’était bien quand tout ça n’existait pas. Mon Nokia 6210 commence à me manquer.

Et puis Goldman Sachs a augmenté son objectif sur le pétrole pour l’an prochain : il sera de 63$ à la place de 60$. Mais sur le « long terme », il reste à 55$. C’est génial les prévisions. Même à la météo c’est moins brouillon. Ailleurs, les analystes pensent qu’Aramco peut monter – en même temps, si un analyste dit le contraire, il ne travaillera plus jamais avec l’Arabie Saoudite, alors forcément, t’es moins objectif. On terminera ensuite avec la série « les combats qui valent la peine d’être menés » – Bruno Le Maire annonce qu’il est prêt à saisir l’OMC si Trump augmente les tarifs douaniers sur le champagne. Trump doit être mort de trouille, non parce qu’il fait super-peur Le Maire avec sa grosse voix. Par contre il faudra qu’il puisse y aller, à l’OMC, parce que s’il compte sur les transports publics en France, c’est pas gagné.

Publication du jour

Côté chiffres économiques aujourd’hui, ça ne sera pas la folie, nous aurons le chômage en Suisse et le Trade Balance en Allemagne. Pour le reste, va falloir attendre que la semaine se lance. Pour le moment les futures sont en baisse de 0.16% – l’excitation que le marché me fait vivre est inouïe – je crois qu’il est temps que nous prenions TOUS des vacances, que l’on médite et que l’on change d’année.

Passez une excellente journée et si vous êtes dans les transports publics à Paris ou ailleurs en France.. Ben… désolé. On se revoit demain à la même heure. Soyez forts.

Thomas Veillet

Investir.ch

« Une grève est un mouvement organisé par des salariés pour réclamer le paiement des jours où ils n’ont pas travaillé. »

Philippe Bouvard