La semaine passée a été marquée par les nouvelles concernant l’avancée du coronavirus dans le monde. L’OMS s’est montré rassurante mais l’investisseur a profité de ces mauvaises nouvelles pour prendre quelques bénéfices.

Dans un contexte morose, les marchés des actions se sont repliés, tout comme ceux des es matières premières. Il est vrai que la période se prête mal aux mauvaises nouvelles surtout si celles-ci concernent une immense base de consommateurs : l’Asie et la Chine en particulier. Alors que savons-nous.

Epidémie

Hélas, cette situation n’est pas nouvelle. Le 3 mai 2003, le journal Le Monde titrait « Le SRAS, histoire d’un tueur en série ». Le 27 avril 2009, l’Expansion écrivait un article intitulé «Grippe porcine: quelles seraient les conséquences d’une pandémie?» et le 5 avril 2013, c’est la Tribune qui se fendait d’un titre explicite «Les cas de grippe aviaire en Chine font chuter les compagnies aériennes en bourse».

En 2003, la Chine a été lente à réagir. L’épidémie couvait depuis novembre 2002 dans la province de Canton. C’est le 28 février 2003 qu’un médecin du bureau de l’OMS à Hanoi identifie le premier cas d' »une forme grave de pneumonie d’étiologie inconnue ». Les coûts ont été considérables. Selon les estimations de l’OMS, cette pandémie aurait coûté environ 54 milliards de dollars. Cette somme comprend la chute des revenus touristiques (-80% en Chine) dont la baisse des revenus des compagnies aériennes, des restaurants et même des chauffeurs de taxi. Pour l’Asie seulement, la Banque asiatique de développement avait calculé un coût de 18 milliards de dollars.

En 2009 et en 2013, les impacts financiers avaient aussi été importants. Les actions des compagnies aériennes avaient été, comme d’habitude, les plus touchées. Les valeurs pétrolières avaient souffert de la baisse du prix du pétrole et les titres liés aux matières premières voyaient leurs cours plonger par crainte d’un ralentissement économique. A contrario, les valeurs pharmaceutiques et certaines sociétés de biotechnologie prenaient le chemin de la hausse.

Comparaison avec 2003

En 2003, le virus avait infecté plus de 8’000 personnes majoritairement en Asie. Plus largement, une trentaine de pays ont souffert de cas durant les 5 mois que cette maladie a vécu. Le taux de mortalité avait approché les 10%. Actuellement, les experts soulignent que le taux de mortalité reste faible (légèrement plus de 2%).

Du point de vue économique, les PIB du mois de juin de Hong Kong et de Singapour avaient fléchi d’environ 2%. Mais sur le plus long terme, les impacts ont été ressenti dans d’autres pays dont le Canada.

Mais ce sont les marchés financiers qui avaient le plus réagi. Durant la période 14 janvier au 13 mars, l’indice MSCI Pacific ex Japan a perdu 12,8%. Ceci dit, les autres marchés financiers avaient peu fluctué. Un spéculateur serait enclin à acheter les titres asiatiques ou, plus particulièrement, les actions chinoises s’il pensait que l’histoire devait se répéter…

Il est vrai que les consommateurs chinois (HK et Singapour compris) étaient restés inactifs et souvent cloîtrés chez eux. Cette année, le virus a développé son attaque durant le Nouvel an et l’impact financier en Chine pourrait être supérieur à celui de 2003 ou de 2009. Certes, les consommateurs peuvent commander leurs cadeaux sans se déplacer mais d’autre part, la mise en quarantaine de nombreuses villes chinoises suppose que certains biens ne pourront être livrés chez l’acheteur.

Dans un rapport publié en 2006, le FMI soulignait que le tourisme, ainsi que le commerce international déclineraient du fait de restrictions sur certaine exportations et sur les transports pour limiter la propagation du virus. Il ajoute qu’un taux élevé d’absentéisme pourrait aussi conduire à d’importants risques opérationnels et donc affecté l’offre de biens et de services.

Une étude de l’Asian Development Bank (ADB) publiée en octobre 2019 revient sur le coût de l’épidémie de 2003 pour les pays touchés par le SRAS. Elle indique que « la première épidémie mondiale du XXIe siècle  » avait « entraîné une réduction spectaculaire des voyages aériens et du tourisme, ainsi que des services de loisirs » dans les régions concernées.

En 2020, si le virus devait continuer de progresser, le PIB chinois pourrait se contracter de 1% selon une étude de «l’Economist Intelligence Unit». Certains experts supposent même que ce chiffre pourrait pratiquement doubler si l’épidémie devait durer 9 mois.

Alors que faire?

Toute comparaison avec 2003 ou 2009 semble hasardeuse. Tout d’abord le virus n’a pas encore été formellement identifié et sa mutation n’est pas encore bien documentée donc prudence. La Chine a réagi très rapidement, contrairement à 2003 donc peut-être que le virus se propagera moins rapidement qu’en 2003, 2009 voire 2013.

L’OMS n’a pas encore exprimé une opinion très claire quant à l’ampleur du problème. Cette nouvelle épidémie devrait affecter la croissance déjà faible des économies asiatiques comme mondiale. Mais si le passé ne devait donner qu’une indication, elle se trouverait dans les indices boursiers.

Les investisseurs ont toujours une aversion au risque, c’est naturel, mais ils se lassent de chercher refuge dans des véhicules de placement ou des devises qui ne rapportent rien (d’autant plus que les banquiers centraux ne changeront pas de fusil d’épaule cette année). Considérant que les investisseurs sont déjà sous-pondérés en actions, il sera fort probable que les flux financiers se redirigeront vers cette classe d’actifs si des trous d’air devraient se présenter.