Aujourd’hui j’ai mis des chatons pour imager la chronique parce qu’on en marre de déprimer tous les matins avec des images de masques de protection ou avec la listes des dépenses de fonction de notre génial conseiller d’état qui s’accroche aux rideaux. Alors j’ai mis des chatons. Je ne sais pas si vous connaissez ce jeu où vous avez un marteau et qu’en face de vous il y a des chiens de prairie qui sortent de leur trou et vous devez leur taper dessus pour qu’ils rentrent dans leurs terriers. Les bourses mondiales, c’est à peu près ça en ce moment. Chaque fois que l’on « tente » de remonter à la surface, il y a une news sur le Coronavirus qui sort et qui nous renvoie sous l’eau pour le compte. Le problème, c’est qu’au bout d’un moment l’oxygène commence à manquer. Et à voir les dernières nouvelles, on n’a pas fini d’en prendre plein la gueule. Déjà que ça fait trois jours que les futures sont en hausse le matin et que l’on explose en plein vol durant la séance, je n’ose même pas imaginer comment ça fait quand on commence la journée avec les futures en baisse de 1.3% parce qu’il y a UN type qui a été infecté en Californie et qu’on ne sait pas comment.

L’Audio du 27 février 2020

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L’ambiance était bien plus festive dans la première saison de Walking Dead

Je ne vais pas vous le cacher, l’ambiance est détestable. Peu importe le fait que l’on veuille ramener les gens à la réalité en leur démontrant par A+B que ce n’est rien de plus qu’une grosse grippe – et encore, une grippe qui tue bien moins que la grippe classique que l’on se prend dans les dents chaque année et que l’on soigne à coup de granules homéopathiques tout en refusant le vaccin parce qu’on ne va pas se laisser influencer par le business pharmaceutique. Là, rien n’y fait, on est en train de rentrer dans une panique monstre et tout le monde est tétanisé. Alors autant dire que comme les marchés boursiers pensent avoir inventé le concept de la panique, ils ne peuvent pas s’empêcher de faire autrement et d’amplifier encore la chose.

Côté fondamentaux la valse des « profit warning » continue, hier c’était le tour de Microsoft, comme quoi personne n’est épargné par le ralentissement dans la chaine de production et de consommation chinoise et on saute sur l’occasion pour annoncer que, houlàlàlàlàààà, le trimestre suivant sera tout pourri. À côté de cela, les « sell-off » ne s’arrêtent pas et dès que l’on tente un rebond, il y a quelqu’un quelque part pour dégainer et tirer dans le tas. Il faut dire que les experts qui ont la parole en  ce moment font surtout partie de ceux « qui nous avaient dit que ça allait baisser » et ils peuvent avoir cet air décontracté, confiant et satisfait d’eux-mêmes que seuls les gens qui savent, peuvent avoir. C’est vrai quoi, il ne faudra tout de même pas dire que l’on ne nous avait pas prévenu que ça allait baisser – pour certains ça fait d’ailleurs 11 ans qu’ils nous préviennent que ça va baisser et que le soutien des banques centrales, ça ne peut pas fonctionner.

De l’inutilité des banques centrales

C’est d’ailleurs un des thèmes du moment : les banques centrales peuvent elles nous sauver les miches encore une fois ? Eh bien de plus en plus d’experts prennent le micro pour nous le dire : Non, ça ne peut pas, justement parce que cette fois c’est différent et que ce n’est pas en injectant des liquidités et en ramenant les taux au fond du bac – enfin, pour ceux qui peuvent encore le faire – que cela sauvera l’économie. Aujourd’hui l’économie ne s’en sortira pas parce que les chaînes de production sont rompues que le Coronavirus va muter, qu’il va nous transformer en zombies et que, finalement, NetFlix avait raison : Walking Dead est un documentaire d’anticipation.

En gros l’ambiance est pourrie, les intervenants ont les yeux rivés sur les chiffres de la contagion en Europe et aux USA, puis maintenant sur l’Amérique Latine, puisque les premiers cas viennent d’y débarquer. Pour une fois on notera que l’Afrique semble épargnée (pour le moment). Ce qui fout les jetons au marché ce matin c’est surtout ce fameux cas en Californie – on parle d’une personne – qui serait porteuse du virus et qu’on ne sait pas comment elle a fait parce qu’elle n’a vu personne qui était porteur et qu’elle n’a pas voyagé. Inutile que l’on se fait des films de série B à profusion. On se dit que « peut-être le virus se transmet autrement » – personne n’offre vraiment de scénario sur le « autrement » mais on s’en fout parce que dans un film de série B, on n’a pas vraiment besoin de scénario. Ce qui serait drôle c’est que ce truc soit contagieux via Facebook ou pire, Instagram risquant totalement de « disrupter » le business des Kardashians.

Mais laissons ce scénario catastrophique pour le silicone et les implants de côté. Il faut aussi noter qu’hier soir le Docteur Trump a pris la parole pour rassurer le bon peuple américain et lui dire que tout allait bien, puisque selon ses estimations et ses recherches effectuées avec la panoplie du petit chimiste de chez Hasbro et deux ou trois séances de Docteur Maboule, la COVID19 n’était – je cite – « PAS SI CONTAGIEUX QUE ÇA ». Dans la foulée il a nommé Mike Pence comme patron du SWAT de la lutte anti-virus. Mike Pence qui n’est autre que son Vice-Président et qui a l’air aussi éclairé que la progéniture d’un Télétubbies et d’un Bisounours, mais qui est qualifié d’expert de la lutte anti-virus parce qu’il a eu a géré une crise similaire dans l’Indiana, il y a quelques années, lorsqu’il était encore gouverneur. Le marché et l’opinion publique n’a pas vraiment ressenti la bouffée d’espoir attendue. C’est un peu comme si à Genève on nous disait que la solution à tous nos problèmes s’appelait Pierre Maudet. On nous a déjà fait le coup et ça fait un moment que, mis à part se faire payer à bouffer à nos frais, il ne sert à rien.

L’angoisse est à nos portes et le salon de l’auto ouvre les siennes

En gros, et pour faire simple. La panique prend ses quartiers lentement mais sûrement. On est tous en train de devenir experts en épidémiologie et Rome n’a jamais été autant au Nord de l’Italie qu’en ce moment. On guette son voisin pour voir s’il tousse et à la première occasion on se déclare en quarantaine et on envisage de se barricader à la maison, jamais l’être humain moyen ne s’est senti autant concerné par la santé publique – mais surtout par la sienne – les afficionados du réchauffement climatique sont hyper-contents parce qu’apparemment, le climat se réchauffe soudainement vachement moins vite et certains groupuscules comme action-rébellion envisagent de lancer une campagne de soutien au Coronavirus qui se nommera :  « COVID19 est notre ami, adoptez un Coronavirus et sauvez la planète ».

En attendant que les premiers t-shirts soient disponibles surAlibaba et dans les Happy Meals du McDo, le marché se fait défoncer un peu plus chaque jour. Les moyennes mobiles des 50 jours se sont faites exploser il y a déjà 3 séances, le prochain « stop » semble être les moyennes mobiles des 200 jours qui sont autour des 3050 sur le S&P500 – autrement dit : là où l’on devrait ouvrir cette après-midi. Alors est-ce que c’est aujourd’hui que l’on ouvre bas et que l’on remonte ? Difficile à dire vu l’ambiance de fin du monde dans laquelle nous sommes. Trump ne rassure plus, les banques centrales sont impuissantes, l’économie ralenti, on n’a même plus envie de changer de smartphone et ce matin mon Golden Retriever a commencé à tousser. Je crois qu’il ne reste plus qu’à passer 10 jours au Salon de l’Auto pour se suicider en visitant les stands des voitures chinoises.

GIMS

À ce propos, tout le monde flippe avec le salon de l’auto et le fait qu’il y ait des exposants chinois. Mais entre vous et moi ; vous croyez sérieusement que les constructeurs chinois ont envoyé des vendeurs contaminés par le COVID19 et qu’ils ont peint leurs voitures avec une peinture à base de coronavirus avec pour but unique d’infecter un groupe de Saint-Gallois ou de Hauts-Valaisans qui sont venus passer le week-end au bout du lac ?

Sérieusement ?

Et puis en plus, vous aller sérieusement me faire croire que vous allez au salon de l’auto POUR VOIR LES VOITURES CHÌNOISES ??? C’est vite-vu je préfère acheter une Zoé électrique à la place.

Dis papa c’est quoi un Krach ? – C’est pas ça mon fils, pas encore

Ce matin ça continue encore et encore. Comme dirait Francis Cabrel, c’est que le début, d’accord, d’accord. Les marchés asiatiques sont en baisse. D’ailleurs je serais les autorités, je fermerais les bourses mondiales pour des raisons de quarantaine et ça résoudrait pas mal de problèmes. On ferait bien moins de conneries et surtout, surtout on en dirait beaucoup moins. Ça nous donnerait aussi l’occasion de se mettre à la peinture sur soie ou au macramé.

Quoi qu’il en soit, le Japon se fait laminer encore une fois et plonge de 2% – surtout alors qu’il observe les futures américains en baisse de 1.4%. Pendant ce temps Hong Kong recule de 0.7% et la Chine est en hausse de 0.6% – Oui, parce que la Chine n’en a plus rien à foutre. D’abord parce que la banque centrale achète tout ce qui passe, ensuite parce que les vendeurs sont condamnés à 20 ans de prison pour « action anti-gouvernementale dans une période de crise » et pour terminer, parce que l’épidémie semble s’essouffler dans la région depuis qu’elle s’est exporté en Italie, mais ça, tout le monde s’en fout – « parce que tu comprends, il y a un mec qui s’est infecté sur Snapchat en Californie ».

Pour le reste, l’or est à 1651$ et le pétrole se suicide à coup de voiture électrique et se retrouve à 47.50$ – la panique se fait également ici, puisque plus personne ne va JAMAIS plus sortir de chez soi. Peut-être que finalement le problème de la circulation et de la mobilité va se régler d’elle-même à Genève si tout le monde reste chez soi et Dal Busco va dire que c’est encore grâce à lui. Finalement je me demande si je ne préfère pas une bonne épidémie.

Les nouvelles du jour

Je vais faire simple en ce qui concerne les nouvelles du jour ; c’est Coronavirus et puis c’est tout. On ne parle que de ça et je pense même que si Apple annonçait ce matin qu’ils rachètent Microsoft et Amazon pour diversifier leurs opérations, la réponse du marché serait : « oui mais on fait quoi du Coronavirus ??? ».

Donc il y a des banquiers expatriés qui quittent l’Asie et qui reviennent à la maison – pas sûr que le calcul soit le meilleur, puisque l’épidémie semble ralentir en Chine et accélérer en Occident. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître une chose : les Chinois sont balèzes en ce qui concerne les exportations Made in China et c’est peut-être là-dessus que Trump aurait dû les taxer. Et puis la bonne nouvelle, c’est que l’on sait tous que ce qui est Made In China ne dure pas. Néanmoins dans les news de ce matin on ne parle QUE DE ça, même Roubini la ramène dans le FT en disant que l’on sous-estime la puissance du virus… Tu m’étonnes, le mec il est faux depuis 10 ans, il ne va pas rater une occasion de se refaire une virginité, quitte à que ce soit en racontant n’importe quoi et en s’improvisant expert en transmission. Je dois dire que j’admire cette abnégation et cette capacité à raconter n’importe quoi en ayant l’air sûr de soi. À ce stade-là, ce n’est plus de l’égo. Je ne sais pas ce que c’est d’ailleurs.

Chiffres économiques

Il y a encore des chiffres économiques aux USA aujourd’hui, mais on est bien plus intéressé par le pauvre type qui a chopé le virus par la force du Saint Esprit que par le GDP US. Il est vrai que la dernière qui a chopé un truc par le Saint Esprit c’est la mère du chef de gang avec les cheveux longs et gras qui multipliait les pains. On peut donc trouver une explication à tout.

En résumé, la trouille est à son comble, faire une virée à deux dans le Nord de l’Italie semble totalement exclu en ce moment – sans compter qu’il n’est même pas sûr que l’on puisse rentrer à la maison ensuite. Les futures sont parés pour ouvrir très bas – même sur les moyennes mobiles des 200 jours – et si j’osais je dirais que c’est le moment d’acheter – juste là, à 3045 sur le S&P500 – on est trop négatif pour que ça dure encore. Le 27 février sera-t-il le jour du reversal, on peut rêver. De toute façon, là où nous en sommes, il ne nous reste que ça à faire : rêver.

En ce qui me concerne, je vais continuer à aller empiler des sacs de sables devant la maison pour me protéger des zombies quand ils vont attaquer et je vous retrouve demain pour voir si l’on a ENFIN notre première contamination en Romandie, histoire que les Suisses Allemands puissent dire qu’encore une fois, tout est de la faute des Welsches.

À demain en pleine forme…. Enfin, vivants surtout !

Thomas Veillet

Investir.ch

If you’re going through hell or through Coronavirus, keep going.

Winston Churchill