Malgré la progression du coronavirus, la sortie du Royaume-Uni de l’Europe et la panne de croissance européenne, les marchés financiers ont bien résisté. Alors faut-il investir encore?

Etat des lieux

La presse a longuement fait état des industries touchées par l’évolution du coronavirus. Comme ce fût le cas en 2003, le transport aérien, l’industrie du tourisme et le luxe ont été particulièrement affectés. A cela s’ajoute l’industrie pétrolière qui souffre de la baisse de prix de la matière première.

Ces baisses de cours s’expliquent d’autant plus qu’à la différence de 2003, la Chine est devenue un moteur essentiel de la croissance mondiale. La Chine tousse et le monde entier s’inquiète. Cependant, les analystes de tout bord saluent le gouvernement chinois pour les mesures qui ont été prises. Donc les investisseurs restent globalement sereins.

Le Brexit, au contraire, n’a pas été une surprise et le dernier épisode de cette série télévisée n’aura pas bouleversé les marchés financiers. Tout au plus, certains pubs anglais ont rempli leur caisse mais ceci n’aura que peu d’effet sur les ventes des brasseurs internationaux cotés en bourse.

Les derniers résultats publiés par l’eurostat montrent que le PIB pour le quatrième trimestre de 2019 était en hausse de 0,1% dans la zone euro comme dans l’Union européenne. Le taux d’inflation pour janvier 2020 est sorti comme prévu à 1,4%. Les chiffres du PIB pour l’Union européenne comprenaient pour la dernière fois ceux du Royaume-Uni. Ces chiffres ne reflètent qu’une situation passée mais il est plus que probable que des organismes comme le Fonds monétaire international ou l’OCDE réviserons toutes leurs projections à la baisse.

Source: Eurostat

Marchés financiers européens

Que pensaient les experts des marchés européens avant que le coronavirus n’entre véritablement en action? Les points de vue d’Alken, de la Financière de l’Echiquier et d’Eleva sont concordants: apaisement sur le front de la guerre commerciale entre la Chine et les USA donc perspectives économiques encourageantes pour les entreprises européennes, en particulier les PME. Rebond du cycle économique de la zone euro pour 2020 encouragée par l’afflux de liquidités injectées par la BCE. Par contre, les intentions d’investissements des entreprises européennes sont presque au plus bas depuis la crise de 2008-2009.

Après une année 2019 qui a été le témoin des ventes de fonds investis en actions, 2020 se profile comme une année de rachat d’actions de sociétés européennes de petites et moyennes capitalisations.

Sources : Exane, Reuters, MSCI, La Financière de l’Echiquier, 31.12.2019

En résumé, les gestionnaires européens voient, à nouveau, des points favorables à leurs marchés actions. Par contre, les «gros» asset managers favorisent les marchés américain et chinois.

Achat ou pas?

Que penser alors que nous entrons dans le deuxième mois de l’année? Comme ce fût le cas en 2003, les marchés asiatiques ont plus souffert, et souffriront plus, que les bourses américaines et européennes. Tous les arguments de début janvier militant en faveur des marchés restent encore valables, à l’exception de ceux concernant la croissance économique. Les obligations européennes ont été largement plébiscitées durant le mois de janvier ce qui donne encore plus de valeur aux actions de sociétés versant des dividendes. A cela s’ajoute une baisse de cours qui rend ces actions légèrement moins chères qu’elles ne l’étaient durant les premiers jours de l’année. Et, finalement, la baisse d’activité économique due au coronavirus sera en partie compensée par une politique très accommodante de la part des banquiers centraux.

Si nous regardons les graphiques suivants, nous constatons que les sociétés de petites et moyennes capitalisations ont délivré une meilleure performance que leurs grandes sœurs en 2003, 2009 et 2013 (lors des précédentes épidémies). Si l’histoire devait se répéter, un investissement dans ce type d’actifs semble très intéressant, surtout que les prochains jours devraient apporter leur lot de faiblesse de cours et offrir des opportunités d’achat.

Nous avons eu l’occasion d’assister aux présentations de deux gérantes de small-mid cap européennes

Stéphanie Bobtcheff, gérante du fonds Echiquier Agenor Mid Cap Europe, a mis en avant la bonne santé financière des sociétés composant le fonds et le niveau relativement élevé des liquidités. Celles-ci agissent comme un coussin en cas de fortes baisses ou si l’univers d’investissement n’offre pas de nouvelles opportunités d’achat.

Chez Eleva Leaders Small & Mid Cap Europe, Diane Bruno (co-gérante du fonds) cible aussi des sociétés de croissance mais permet à certaines d’entre-elles de rester dans le fonds même si leur taille les disqualifierait de l’univers d’investissement. Ainsi, le fonds permet une position d’un peu plus de 10% dans des sociétés de grande capitalisation.

Les performances des deux gérantes sont excellentes tout en ayant deux angles d’analyse relativement différents.

Donc un investissement dans sociétés ayant des dividendes de qualité ou dans des fonds investissant dans ce genre de sociétés reste d’actualité. Mais il ne faut surtout pas oublier les fonds de petites et moyennes capitalisations européennes pour compléter un portefeuille. Il s’agit d’un pari sur la capacité de trouver rapidement des moyens (vaccins ou autres médicaments) pour lutter contre le coronavirus et sur un retour à la normale dans le monde économique.