Encore une journée placée sous le signe du Coronavirus et au vu des nouvelles qui nous tombent dessus, ça devrait durer encore. Le problème c’est qu’à force de se planter de 10% chaque jour, on va vite se retrouver à court de munitions. Ce qui serait rigolo ces prochains jours, c’est de voir les autorités américaines interdire les shorts et le trading électronique. Non, je dis ça, parce que je doute de plus en plus que les gens « vendent » simplement leurs positions – la plupart sont « cash » depuis longtemps et sont à la recherche de la meilleure opportunité pour rentrer et mettre leur cash au travail, mais pour le moment, on a comme l’impression que c’est « the Rise of the Machines » et c’est les ordinateurs qui s’amusent entre eux. Je ne peux pas croire une seconde qu’il y ait des gens qui « réfléchissent » en passant des ordres dans tous les sens comme ces derniers jours. Mais bon, entre ce que je crois et la réalité de ce marché débile, il y a un monde.

L’Audio du 17 mars 2020

 

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La FED panique, le marché panique, mais plus

La FED a donc estimé qu’il était bon de mettre toutes les cartes sur la table d’un seul coup et le marché n’a pas aimé du tout. Les experts en Powell estiment donc que cela dénote une peur panique de la part du patron de la FED, ce qui ne pouvait que mener à une déroute totale de Wall Street. Et comme Trump en a profité pour annoncer des mesures de contrôle du virus aux States – des mesures qui ne surprendront personne – mais qui ont quand même fait flipper tout le monde – sans compter qu’il a ajouté que les USA ne se débarrasseront pas du virus avant juillet-août, le marché n’a pas apprécié du tout. Alors je ne sais pas qui vend dans tous les sens et quel est l’objectif réel, mais c’était encore un bain de sang avec une volatilité délirante.

La volatilité terminait sa journée plus haut que ce que nous avions vécu en 2008 et les experts en marchés boursiers et en épidémiologies estiment que la situation est bien pire qu’en 2008 – elle ne l’était pas il y a 4 jours, mais là, elle l’est. Sans compter que bien des analystes talentueux ont germé sur Facebook pour annoncer que des faillites bancaires allaient arriver et que l’on allait se faire dominer très rapidement par des troupeaux de chats destinés à prendre le pouvoir aux humains – moi qui croyais que c’était déjà fait. Bref, la volatilité se trouve à près de 85% – et je ne suis pas loin de penser que l’on va nous la monter à 100%, juste pour voir comment ça fait. Les marchés, quant à eux, ils se sont fait démonter. L’Europe a ouvert au fond du trou, puis les Américains sont arrivés dans l’après-midi, ils ont tenté un rebond et emmené les Européens avec eux, les ont forcés à terminer moins mal, tout ça pour se-vautrer derrière et terminer la pire journée depuis 30 ans… Le Dow Jones perdait près de 13%, le S&P500 était à moins 12% et le Nasdaq terminait entre les deux en terme de performance. Si vous aviez encore le moindre doute, il me manque des termes pour qualifier l’état mental des bourses mondiales.

Recession is coming

Alors oui, les Dieux de la Finance se sont plongés dans leurs indicateurs personnels, on a éventré des agneaux pour lire dans leurs entrailles, on s’est noyé dans des spreadsheets excel, on a joué aux osselets et on a lu dans le marc de café ; c’est confirmé ; la récession arrive. Et sérieusement, ils ont trouvé ça tout seul, sans aucune aide. La plupart des pays industrialisés sont confinés et bouclés pour 5 semaines – sauf la Suisse parce qu’il n’y en n’a point comme nous et le Conseil Fédéral a préféré demandé aux Suisses de rester raisonnables et gentils et de ne pas déranger pendant 5 semaines, mais sans trop « donner des ordres non plus » – là aussi pour ne pas déranger. Donc tout est fermé, les usines sont à l’arrêt, le commerce est l’arrêt – sauf les pâtes et le PQ pour les dégénérés qui se croient en état de guerre et qui pensent que les Nazis vont revenir occuper la France – plus rien ne fonctionne nulle part, plus personne ne bosse – sauf ceux qui peuvent faire du télétravail, enfin pour autant que les lignes de Swisscom fonctionnent – ce qui est loin d’être le cas.

Et en faisant le bilan de cette situation, les EXPERTS ont même réussi à prédire que l’on allait être dans la merde et que la récession arrivait. Ils en ont aussi profité pour dire que cet été, il fera chaud, qu’il faut rester hydraté et que s’il pleut, il faut sortir avec un parapluie parce que l’eau ça mouille. Quoi qu’il en soit après avoir écouté la bonne parole des gens qui savent, on a tous compris que le reste de l’année, même une fois que l’on aura fait du steak tartare avec le Coronavirus, ça ne serait pas facile. Alors on s’est dit que si on perd 12% par jour pendant les 30 jours de confinement ou les 30 jours de guerre comme l’a exprimé le clown de l’Elysée – on devrait avoir largement « pricé » la récession puisque l’on ne devrait pas être loin d’être à zéro sur tous les indices mondiaux. Ensuite y aura plus qu’à recommencer.

Rien de surprenant

Visiblement les annonces d’hier n’ont pas été bien prises, la récession inquiète – ne surprend personne mais inquiète – la panique de la FED et l’impuissance des banques centrales fait paniquer – même si l’on peut se demander comment on aurait réagi si la FED n’avait rien fait – puisque visiblement le marché et les intervenants ne sont globalement jamais contents quoi que la FED fasse ou quoi que les gouvernements puissent annoncer. Sincèrement, je pense qu’un jour ou l’autre il y aura des opportunités d’achat – mais vu l’ambiance de panique totale et d’angoisse absolue et l’enchaînement de mauvaises nouvelles, il est extrêmement difficile de trouver un aspect positif à tout cela. Il faut aussi dire que mis à part le fait qu’il n’y ait plus de foot à la télé, nous n’avons pas eu droit à beaucoup de bonnes nouvelles en ce moment – entre les stocks de PQ qui se vident parce que les gens ont visiblement trouvé des recettes pour les manger avec des pâtes et le fait que l’on va devoir rester enfermé chez soit pendant 5 semaines avec des enfants que l’on n’a pas l’habitude de supporter 24h sur 24, il n’est pas simple de trouver quelque chose de positif. Et ça pèse sur le moral, comme sur les marchés.

La bonne nouvelle c’est que l’essence baisse à la pompe, mais comme on n’a pas le droit de sortir de la maison, ça nous fait une belle jambe. Quoi qu’il en soit ; quand on voit ce qu’on voit, qu’on entend ce qu’on entend et ce qu’on lit sur Facebook, on a bien raison de penser ce qu’on pense.

L’Asie à contrepied et l’or en recyclage

Après la défenestration en règle de Wall Street hier soir, on aurait pu se dire que l’Asie allait faire de même ce matin, mais non. Au contraire l’ensemble des places de bourses à l’Est de l’Italie sont en hausse. Bon, d’accord c’est pas non plus l’euphorie et ces derniers jours on a appris à grand coup de claques dans la gueule qu’un rebond n’était que l’occasion de reculer pour mieux sauter. Néanmoins, il arrive parfois qu’à force d’encaisser des mauvaises nouvelles, ça ne nous fasse plus rien et que c’est souvent au moment même où l’on pense que tout est foutu et qu’on ne s’en remettra jamais et que les BEARS prennent le pouvoir que les premiers signes du soleil après la pluie se pointent. Sans compter qu’après la dégelée d’hier soir – évidemment, les futures US sont en hausse de plus de 3%. Histoire de justifier une volatilité à 85% -sachant qu’à 85% c’est tout de même un pic, un cap, une péninsule.

L’or est à 1500$ et plus personne n’en veut – même lui est devenu une classe d’actifs dont personne ne veut. Le seul maître mot c’est « cash is king » ou « courage fuyons », ça dépend. Inutile de vous dire que le pétrole est dans la même situation et que plus personne n’en veut, surtout qu’on ne va rien consommer pendant 5 semaines – parce que ce n’est pas en faisant la maison le supermarché pour aller faire le stock de pâtes que l’on va vider les stocks de l’Arabie Saoudite.

Nouvelles du jour

La première nouvelle du jour c’est que Trump pense que les marchés remonteront à toute vitesse lorsque le virus sera vaincu, la mauvaise nouvelle c’est que ça pas se faire en trois jours et que l’on n’a pas fini de se faire secouer comme un prunier. Autrement un peu partout dans le monde les entreprises demandent de l’aide aux gouvernements. Les compagnies aériennes sont déjà en train de couiner parce qu’elles ne vont pas s’en sortir et il y a des fonds de « bailout » -terme que l’on avait rangé dans les cartons depuis 2009 – qui naissent dans tous les coins. On ne sait pas trop comment les états vont se financer, parce que lever des capitaux à 0% voir en dessous, il va falloir expliquer longtemps aux investisseurs que c’est un effort de guerre et que c’est de la solidarité et pas du chacun pour soi – à voir comment l’humain (soi-disant) se comporte actuellement dans les supermarchés, on se réjouit de voir.

Quoi qu’il en soit, on ne parle que du Coronavirus, de ses conséquences, de son impact sur nos vies et rien qu’à l’idée de rester un mois et demi au bord de la piscine tous les jours, je lui en veux quand même. Je lui en veux quand même parce qu’au mois de mars, la piscine est froide. On terminera avec le fait que les futures remontent aux States, parce que les intervenants « ont l’espoir de voir arriver des STIMULI économiques »… Euh… donc hier on nous annonce un QE de 700 milliards plus une baisse des taux massive et on se fait défoncer de 13%, mais ce matin on remonte parce qu’on espère un stimulus ??? Quand je vois comment le marché et les médias financiers se comportent – en dehors du fait qu’ils mériteraient de se faire interner, il me semblerait assez sain de fermer les bourses ne serait-ce que 2 semaines. Ça ferait du bien à la tête de tout le monde – surtout la mienne – ça ne serait pas très logique de le faire, parce que sinon pourquoi ne pas le faire quand ça monte – mais dans cet environnement hystérique, à situation exceptionnelles, mesures exceptionnelles.

Et puis s’ils ferment les bourses, je pourrais toujours vous écrire des chroniques culinaires et vous expliquer comment faire une recette avec 28 kilos de pâtes, 16 kilos de farine, un rouleau de PQ et 29 boîtes de thon. Passez une excellente journée quand même, moi je me lance dans l’apprentissage du tricot et ensuite je construis une Bentley Continental GT avec des allumettes.

On se retrouve demain pour un nouveau 10% – reste à savoir dans quel sens.

Thomas Veillet

Investir.ch

“I am easily satisfied with the very best.” – Winston Churchill