Troisième jour de la semaine où l’on ne fait pas grand-chose et où l’on passe plus de temps à se poser des questions qu’à traiter. Les thèmes sont toujours les mêmes, on se demande si la FED a vraiment décidé de ne plus jamais laisser le marché baisser, on s’interroge pour savoir si la nouvelle vague de Coronavirus en Chine est vraiment en truc qui peut nous mettre en difficulté – économiquement parlant – et si le fait que ça ne se calme pas aux USA démontre que l’on ne s’en sortira pas comme ça. En gros, les marchés ne font plus rien et ont suspendu leur vol en attendant je ne sais quoi. Une chose est certaine, c’est que l’on se pose des questions pour savoir ce qu’il faut faire ensuite.

L’Audio du 19 juin 2020

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100 jours

Sachant que les bourses mondiales ne font plus rien en attendant on ne sait trop quoi, on s’occupe et on a trouvé trois sujets pour lancer des discussions autour de la machine à café – pour ceux qui sont retourné au bureau – et sur Zoom pour ceux qui sont encore en télétravail. Le premier sujet « tendance » du moment c’est le fait qu’après l’appel du 18 juin, le 19 juin sera considéré comme les 100 jours officiels du COVID19. Cela fait exactement 100 jours que l’OMS a déclaré que nous étions dans une pandémie et que même si aujourd’hui nous sommes déconfinés et que la plupart n’en ont plus rien à foutre des distanciations sociales, des masques et des dangers du COVID – surtout depuis que c’est devenu hyper-tendance d’aller manifester dans les rues en se crachant des slogans antiracistes ou anti-automobilistes au visage. Contrairement à ce que l’on pense, nous sommes toujours en danger de tous mourir si une seconde vague se produisait à nouveau. Il y a qu’à jeter un œil au taux de remplissage de certains bistrots du coin pour se rendre compte que ce n’est pas encore la libération et que les Américains n’ont pas encore débarqué pour nous sauver. Quoi qu’à voir comment ça repart là-bas, autant qu’ils restent chez eux cette fois..

Donc nous sommes aux 100 jours et ça nous occupe. Il y a plein d’analystes et d’experts en finance de tous bords qui se sont fait de beaux « spreadsheets excel » pour voir ce que l’on a raté ou Ô combien les marchés ont bien rebondi depuis le 10 mars. Il faut dire que la date fixée pour le début de la pandémie biaise un peu le calcul, puisque le marché avait déjà largement anticipé la chose et entamé la baisse avant le 10 mars. Oui, parce qu’il ne faut pas oublier que nous sommes super-forts pour anticiper les choses, nous, les investisseurs. Aujourd’hui c’est donc le jour du bilan. Alors on sait bien que l’on est toujours plus intelligent APRÈS, mais disons que l’on aime quand même bien donner des leçons et faire comme si on avait tout juste depuis le mois de mars et que c’était presque facile. Comme ça n’est pas non plus très intéressant de regarder en arrière, on va juste retenir une chose : le 10 mars, il fallait acheter à peu près n’importe quoi, mais surtout de la tech, même si n’importe quoi aurait amplement suffit à faire le malin sur les terrasses en cette fin juin. Sur les terrasses sans masques et sans distanciation sociale, je précise. En conclusion, aujourd’hui on parle beaucoup des 100 jours, on brasse une chiée d’air autour de ça, mais à la fin, mis à part en parler, ça ne nous apporte pas grand-chose. Disons que ça meuble une chronique quand il n’y rien à dire.

Les 4 sorcières

Autre sujet qui nous occupe en ce vendredi matin et qui nous permet de meubler cette chronique matinale ; la quadruple échéance du mois de juin, plus communément appelée « l’échéance des 4 sorcières » – le quadruple witching selon les Américains. Ceci correspondant à l’échéance quadri-annuelle des options sur titres, des options sur indices, des futures sur indices et des futures sur options. Globalement ce n’est pas censé CHANGER la face du monde, mais comme ça n’arrive que 4 fois par année – en mars, en juin, en septembre et en décembre ET QU’EN PLUS on ne sait plus de quoi parler, on met la quadruple échéance en avant.

D’un point de vue purement sémantique, on a appelé ça les 4 sorcières parce que l’on se réfère au fait que lorsque les sorcières sont de sortie, il se passe toujours quelque chose de magique. Comme quoi des fois on ne sait vraiment pas comment s’occuper, parce qu’en 30 ans de bourse, j’ai rarement vu un truc de magique. Débile, oui, mais magique, nettement moins. Enfin, toujours est-il que comme à ces dates précises, bon nombre de traders doivent « défaire » certaines positions en options et en futures – et si l’on tient compte de l’effet de levier qui va avec, tout peut arriver. Il ne se passe pas TOUJOURS un truc –surtout qu’avec le temps, les traders qui ne sont pas complètement débiles non plus, ont appris que l’on peut aussi démonter ses positions AVANT le jour même de l’échéance et que c’est des fois plus simple. Mais comme il faut bien que l’on s’occupe et que l’on se donne une légitimité dans ce marché, il est de bon ton de dire que ce jour est important et que tout peut arriver. Ou rien. Mais des fois il se passe un truc de magique et la volatilité devient volatile. Autant s’exciter un peu, ça fera passer le vendredi plus vite

La seconde vague

Et puis, la dernière chose qui nous intéresse en ce vendredi 19 juin, lendemain de l’appel du général et jour de la quadruple échéances des gentilles sorcières boursières, c’est le retour du COVID. Pour être franc, ça fait déjà un moment que ça nous chatouille, surtout depuis que les Chinois ont commencé à fermer Pékin petits bouts par petits bouts et que l’on connait leur transparence en terme de communication. Pékin annonce à nouveau 25 cas de plus liés à un marché de la ville. Visiblement, dans le monde d’après, les Chinois n’ont toujours pas compris que manger du pangolin dans une soupe de chauve-souris et en suçant des brochettes de rats, ça n’était pas comptabilisable dans un régime Weight-Watchers et que ça n’était pas non plus recommandable.

Dans la foulée, on notera aussi que plusieurs états américains annoncent leur plus forte hausse de cas de COVID19 et que cette accumulation de nouvelles font que l’on commence à douter un peu du fait que tout cela est derrière nous. Même si nous en Europe, on rigole parce que tout va bien, ce qui se passe en Chine ressemble un peu trop au début d’une seconde vague et ce qui se passe aux States ressemble un peu trop à une première vague pas finie. Du coup, on s’autorise à se demander s’il y aura un second confinement et c’est là que tout le monde s’affronte en deux camps. Il y a ceux qui pense que oui, on va retourner dans nos salons, nos cuisines avec nous rouleaux de PQ, nos sacs de trente kilos de pâtes et Cyril Lignac à la télé et ceux qui pensent que l’on n’y retournera pas, parce que sinon l’économie va s’effondrer et que cette fois on en s’en relèvera pas, déjà qu’on n’est pas vraiment certain que l’on va se relever de la première fois.

Et le doute s’installe

En ce dernier jour de la semaine, le doute s’installe donc. Nous voici dans les starting-blocks d’une journée dans laquelle tout peut arriver, mais aussi dans une journée dans laquelle rien ne peut arriver. En tous les cas, on a de quoi s’occuper pour lancer des théories devant la machine à café du bureau ou devant votre propre Nesprsso.

Quoi qu’il en soit, ce matin l’Asie ne semble pas « monstre » stressée, puisque le Nikkei est en hausse de 0.5%, que Hong Kong ne fait rien et que la Chine grimpe paisiblement de 0.5%, clusters de Covid19 ou pas. L’or est toujours à 1735$ et se cherche toujours des motivations pour aller plus haut, pendant que le pétrole repart de plus belle en direction des 40$. Actuellement le baril vaut 39.17$ et je paierais volontiers pour voir ce qui va se passer lorsque l’on va breaker les 40$ à la hausse.

News du matin

Dans les nouvelles du jour, on parle de Wirecard qui se fait défoncer en bourse, le titre a perdu 62% hier après avoir été incapable d’expliquer où étaient les 1.9 milliards de cash qui ne sont plus dans le bilan. Les mots « fraude » sont écrit un peu partout sur ce qui se passe chez Wirecard et c’est la débandade. On parle aussi de la seconde vague made in Pékin qui, selon les dernières publications, pourrait venir d’Europe. On aborde aussi pas mal les nouvelles responsabilités que la sœur de Kim Jong Un pourrait être amenée à prendre prochainement – selon les rumeurs elle monte en puissance et pourrait avoir le droit, elle aussi, de tirer au lance-roquettes sur les gens qui ne sont pas d’accord avec elle. Ce matin j’ai essayé de me connecter sur son compte instagram et j’attends qu’elle m’accepte. Ceci dit, elle a l’air presque aussi sympa qu’un général de la Waffen SS en 1942.

Pendant ce temps, les Indiens et les Chinois cherchent toujours comment conclure leurs combats dans l’Himalaya, après avoir tenté les bâtons et le fil de fer barbelés, les deux parties sont en train de tester la possibilité de se crever les yeux avec des pics à glace. Et puis il y a l’affaire Bolton.

Si vous avez raté le début, il est absolument passionnant de regarder ce débile mental de Bolton faire sa promo à la télé pour son bouquin. Alors je ne suis absolument pas un fan de Trump, mais disons qu’il est tout de même très facile d’avoir bossé pour lui pendant des mois, d’avoir fait ses basses besognes sans rechigner et venir ensuite vomir dessus parce que tu t’es fait virer. Sans compter qu’il est absolument phénoménal de voir comment les médias donnent le moindre crédit à ce type qui, lorsque l’on observe son passé, son CV et ses convictions, laisse penser que Staline était le meilleur ami des animaux à côté de lui. Bolton est probablement le pire cinglé que les USA aient porté, juste avant Charles Manson. Mais aujourd’hui, tout le monde trouve « cool » lorsque Bolton estime que Trump n’a pas les capacités pour être Président. Alors déjà, on le savait déjà, mais la meilleure chose que Trump ait pu faire pendant son mandat, ce fût tout de même de virer ce cinglé fini et d’essayer de le repousser aussi loin que possible de toute forme de pouvoir. Même si on le laissait diriger un McDo ça serait encore trop… Et en pleine vague d’antiracisme, ça serait tout même intéressant d’observer qui est vraiment Bolton, ça calmerait sûrement certains médias qui lui laissent faire sa promotion à l’heure où les enfants sont encore debout.

Chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres du jour, il n’y absolument rien de vraiment relevant aujourd’hui, il va falloir se contenter de nos 100 jours, 4 sorcières et seconde vague. Il y aura bien Powell qui parlera, mais disons que comme il parle presque tous les jours depuis deux semaines, à moins de commencer à parler de sport, de poésie ou de littérature, on peine à imaginer qu’il puisse se renouveler aussi vite et changer son discours en 36 heures.

Nous sommes vendredi. Ce soir c’est le week-end et il est plus que probable que les marchés ne bougent plus jusqu’à lundi. Pour le moment les futures se traitent en hausse de 0.2% et c’est l’heure du café et des tartines. Que votre journée soit belle, que votre week-end soit long et je vous retrouve lundi. En attendant, inscrivez-vous à notre groupe Facebook qui vient de passer les 4’000 membres, sans en avoir acheté un seul à Djakarta, inscrivez-vous à notre groupe LinkedIn, j’invite toujours à manger celui ou celle qui sera le ou la 2’000ème et n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter, si ce n’est pas déjà fait. Message personnel pour André ; si tu t’inscris plusieurs fois à la Newsletter, tu ne recevras pas des bonus cachés, une seule fois suffit…

À lundi !

Thomas Veillet

Investir.ch

« Comme un homme politique ne croit jamais ce qu’il dit, il est étonné quand il est cru sur parole. »

Charles De Gaulle