Ce matin il n’est pas simple de savoir si c’est plus important de revenir sur la journée pourrie de vendredi, ou si c’est mieux d’attaquer directement avec la semaine raccourcie qui nous attend et qui pourrait être riche en évènements en tous genres. Des évènements économiques, tout comme sanitaires. Oui, parce que de nos jours lorsque l’on parle de « sanitaire », c’est que l’on va commencer à ramener notre bon vieil ami le COVIDCORONAVIRUS 2.0 le tapis. C’est d’ailleurs le seul sujet qui lie très étroitement la séance de vendredi et celle qui va commencer dans un moment.

L’Audio du 29 juin 2020

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Une semaine qui finit mal et qui commence dans le doute

Commençons donc dans l’ordre et dans la simplicité. La fin de semaine dernière aura été bien pourrie et tout à fait à l’image de ce genre de séance que l’on déteste ; ça a mal commencé et ça a fini encore pire. Evidemment, la raison principale c’est que le nombre de cas de COVID19 explose aux USA et que tout semble à nouveau hors de contrôle. Les Européens ne veulent pas voir les Américains en Europe cet été et ça tombe bien, parce que les Américains ne veulent pas voir les Européens chez eux non-plus. En même temps, qui aurait vraiment envie de se taper 8 heures de vol avec un masque, pour se retrouver aux States, en pleine canicule avec la moitié des bars qui sont fermés ou en train de fermer.

Alors oui, c’est pas mal d’argent qui ne va pas rentrer d’un côté ou de l’autre, mais quelques milliards par-ci par-là, les gouvernements d’un côté et de l’autre de l’Atlantique vont bien trouver un moyen de mettre la main au porte-monnaie pour compenser la chose. Mais au-delà de cet état de fait, aux USA la contamination semble hors de contrôle et certains états ralentissent ou stoppent la procédure de réouverture, la Californie vient d’interdire aux bars d’ouvrir leurs portes à nouveau et ça à l’air de ne pas vouloir s’arrêter-là, puisque les gens semblent avoir déjà oublié le fait qu’il fallait prendre des précautions et que rien n’était gagné et que ni Moderna, ni Novavax et ni Gilead n’avaient encore trouvé de solution.

Le stress électoral

Et puis, alors que les tensions reviennent du côté du Coronavirus, il y a d’autres problèmes qui commencent à montrer le bout de leur nez. À commencer les sondages sur les élections de novembre. Trump est en chute libre – sans compter qu’en plus il semble mettre un point d’honneur à aligner les conneries, ce week-end il nous a encore publié une vidéo où l’on voyait un type qui hurlait « White Power » – chose très tendance s’il en est – mais au-delà de la propension de Trump à chercher à battre le record du Président le plus stupide de l’histoire (titre détenu jusqu’à aujourd’hui par W Bush), les marchés se sont montrés bien plus préoccupés par le fait que si Trump se vautre, c’est Biden qui va devenir Président. Et Biden Président, ça fout les jetons à Wall Street.

Autant il y a 4 ans on était terrorisé par l’arrivé hypothétique de Trump au pouvoir – rappelez-vous : « l’élection de Trump, c’est 15% de baisse GARANTIE – on s’est trompé, d’accord, mais on est sûr, Biden, c’est pas bon. Il faut dire que l’ancien porteur d’eau d’Obama n’a rien trouvé de mieux à dire que « s’il est élu, il va augmenter les taxes des entreprises à 28% » – en gros, défaire ce que Trump a fait, ce qui aurait pour conséquences d’amputer massivement les bénéfices des entreprises du S&P500 – et de toutes les autres qui ne sont pas dans le S&P500 d’ailleurs. Tout à fait le genre de chose qui motive à fond au sortir d’une récession. C’était la seconde angoisse du moment et force est de constater qu’au vu de l’état des sondages, à moins que Trump prenne le pasteur Kanye West comme Vice-Président, on voit assez mal comment il va s’en sortir cette fois. Bon, la bonne nouvelle, c’est qu’avec Biden, les chroniqueurs comme moi auront l’embarras du choix pour se moquer, étant donné que Biden est passé expert en idioties, stupidités et impairs en tous genres. Sans compter qu’avec le nombre de casseroles qu’il se traîne et le nombre de casseroles qu’ont les casseroles de Biden, il y a bien des chances que cela nous garde occupés intensément pendant 4 ans.

Le bain de sang chez les stars du Nasdaq

Si l’on veut être complet sur la fin de semaine dernière, il ne faudra pas non plus oublier que les stars du Nasdaq – les GAFA ou les FAANMG’s – se sont tous fait démonter vendredi soir. La palme d’or revenant à Facebook qui se faisait laminer par la planète entière parce que sa manière de ne PAS censurer ses publicités qui pourraient éventuellement amener à une signification « raciste », a forcé pas mal de grandes entreprises à renoncer à faire de la pub sur Facebook. Comme Coca-Cola était le dernier en date à les lâcher, après Starbucks et Unilever entre autres ; le titre a plongé de 9%, amputant la fortune de Mark Zuckerberg de près de 7 milliards pour la journée de vendredi seulement.

Mais au-delà de la plongée en apnée de Facebook – plongée qui devrait d’ailleurs être limitée aujourd’hui, puisque « Zuck » a tourné la veste dès vendredi soir (à 7 milliards la journée, on peut comprendre) – le reste du secteur des plus grosses boîtes du monde s’est fait massacrer dans les grandes largeurs. Il est vrai que vu que c’t’équipe représente 20% du S&P500 à elle seule, lorsque l’on a peur, autant se contenter de ne traiter que ça plutôt que le reste qui n’est qu’une goutte d’eau dans l’Océan des capitalisations boursières.

Et maintenant, que va-t-on faire ?

Mais assez parlé du passé, que va-t-on faire cette semaine ? Est-ce que l’on va prendre les mêmes et recommencer où est-ce que l’on va se trouver un tout nouvel os à ronger ?

En tous les cas, en ce qui concerne le COVID, on a l’air d’avoir intégré la chose, puisque mis à part les marchés asiatiques qui sont dans le rouge ce matin pour décompenser ce qui s’est passé New York vendredi, on a l’impression que les futures américains sont un peu moins en soucis pour le moment. Pas que ça soit amélioré durant le week-end –bien au contraire, on dirait même que c’est pire – mais cela semble « dans les prix » (POUR LE MOMENT). Et puis il faut dire que dès demain il y a Mnuchin et Powell qui vont parler. Les deux compères qui vont devoir témoigner devant le « Comité des services financiers de la Chambre des représentants des États-Unis ».

Sachant que Powell a le pouvoir de nous dire qu’il fera « Whatever it takes » pour relancer l’économie, sauver la bourse, faire remonter Facebook et retrouver les 1.9 milliards qui ont disparu de chez Wirecad et que Mnuchin peut annoncer un plan de relance économique qui permettrait à chaque américain de s’acheter une Ford Mustang Shelby, autant dire que dès demain, le marché peut se retrouver malade du COVID19 mais avec tellement d’anabolisants dans le sang qu’il ne sentira plus rien. En gros, à l’approche d’un discours du Docteur Powell et du Docteur Mnuchin, personne ne semble vouloir aller short contre eux à ce stade.

Nouvelles du jour

Du côté du pétrole, le baril est à 37.70$ et semble un peu à la ramasse. Entre la peur COVID et le repli de vendredi, l’or noir semble ne plus avoir envie d’y aller. La résistance des 40$ est trop dure à franchir pour le moment. Mais qui sait, demain tout peut changer. Pour ce qui est de l’or, il est en embuscade. Très tôt ce matin il a « tapé » les 1790$ et se profile comme étant capable d’aller casser les 1800$. Ce qui constituerait un exploit sans précédent – en tout cas, sans précédent depuis 8 ans.

Autrement, lorsque l’on lit la presse du matin, on sent tout de même un certain doute par rapport à ce qui se passe. La liste des écueils qui nous attendent avant de pouvoir casser les plus hauts de tous les temps et avant qu’Apple et Amazon soient toutes les deux à deux milliards de Market Cap, semblent de plus en plus nombreux. Un éditorialiste américain a même dressé une liste – les gros dangers pour le marché résident dans les 7 point suivants :

  • Le retour du COVID – celui-là ; difficile ne de pas y penser
  • Le fait que Biden grimpe dans les sondages et du fait qu’il pourrait être la pire maladie économique qui nous tombe dessus ces prochaines années, faisant passer la grande dépression pour une année sabbatique.
  • Les chiffres de l’emploi qui vont sortir ce jeudi – oui, ce mois c’est jeudi et pas vendredi. Pas vendredi parce que vendredi sera fermé pour cause de fête nationale américaine, même si le 4 juillet c’est samedi, les USA seront fermés vendredi pour compenser le jour férié qu’on a tenté de leur « voler ». Les EXPERTS en économie attendent 3 millions de nouveaux jobs créés et ça serait bien que ça ne soit pas 1 million à côté, surtout si c’est « seulement 2 millions d’emplois créés.
  • Le risque que le nouveau chèque de stimulus made in USA soit insuffisant ou trop tard – ça, il se pourrait que Mnuchin nous donne des indices demain.
  • Les « rebalancements » mensuels des fonds de pension « qui pourraient » (éventuellement peut-être) réduire leurs positions en actions (bien que certaines pensent que les fonds ne sont pas assez stupides pour attendre le dernier jour du mois pour le faire – un peu comme personne n’était assez stupide pour roller ses contrats pétrole le dernier jour du mois en avril).
  • Les points techniques utilisés par certains qui pourrait déclencher des mouvements erratiques sur les marchés – par exemple la cassure de la tendance sur le 10 ans américain – on peut imaginer que cela précipite certaines choses, ça nous occupe et puis ça fait des trucs à raconter.
  • Pour terminer, le septième point c’est le fait que les volumes vont être très faibles cette semaine et que dans ce genre de situation, tout peut arriver. On s’excite comme on peut.

Autrement, dans le reste des nouvelles du jour, on retiendra que les Allemands vont « repenser » leur système comptable et d’audit après l’effondrement de Wirecard – on pourrait déjà se demander comment les auditeurs d’Ernst&Young n’ont pas « trouvé louche » d’avoir 1.9 milliard planqué dans un trust aux Philippines… Bon, j’avoue, c’est vrai que planquer de l’argent aux Philippines c’est le premier truc qui vient à l’esprit et que ce n’est PAS LOUCHE DU TOUT… Mais bon, on n’est pas auditeur, on ne peut pas comprendre, je m’incline et je ne dis plus rien. Mis à part ça, le FT pense que l’Europe a un long chemin boueux et caillouteux avant le recovery total. On n’aurait pas dit mieux. On aurait bien aimé une autoroute lisse et toute neuve, mais force est de constater que ça va pas être simple. Et puis en bref, Boeing va recommencer les tests du 737 MAX – restera ensuite plus qu’à trouver des acheteurs – les Russes disent que ce n’est pas eux les responsables du nuage radioactif au-dessus de la Scandinavie. Tout comme les Russes, Macron dit que ce n’est pas de sa faute s’il s’est fait démonter aux élections municipales et qu’il se réjouit de se relancer. On espère qu’il arrive à se relancer assez loin pour qu’on n’entende plus jamais parler de lui. Et pour terminer, Chesapeake Energy est passée en Chapter 11, l’inventeur du « fracking », méthode de forage formidablement écologique s’il en est, est donc en faillite.

Chiffres économiques

Pour ce qui des chiffres économiques, il n’y aura rien de très relevant en ce lundi et tout le monde va attendre demain pour le PMI Chinois, mais aussi le témoignage de Mnuchin et Powell, puis mercredi pour les Minutes du FOMC Meeting de juin et jeudi pour les NON-FARM Payrolls. Pour le reste, on va se poser des questions toute la journée et au vu de ce qui précède dans cette chronique, au-delà du fait que l’on a franchi le cap des 500’000 morts du COVID, on en a encore pas mal à se poser – quant à y répondre, c’est autre chose.

Moi je vous retrouve demain pour la suite des épisodes de la saison 2020. Passez une excellente journée et bonnes vacances pour ceux qui sont partis – même si vous ne me lisez sûrement pas de là où vous êtes. Et puis, pour ceux qui restent n’hésitez pas à « liker » nos articles et ceux de nos sponsors, ça fait toujours plaisir de savoir que vous êtes là quand on est seul abandonné derrière nos écrans et que l’on imagine que PERSONNE ne nous lit et que PERSONNE ne nous aime.

Bonne journée et à demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Both optimists and pessimists contribute to society. The optimist invents the aeroplane, the pessimist the parachute.”

 

― George Bernard Shaw