Il y a un peu plus de 36 heures, nous cherchions les arguments pour qualifier la force relative du marché et nous nous tapions dans le dos de contentement en observant le Nasdaq et sa clique de titres de plus de mille milliards de capitalisation boursière battre des records. Et puis, soudainement hier on a tourné la veste parce que le COVID est définitivement de retour. La seconde vague que l’on craignait tant, semble se confirmer. Les cas de COVID explosent à nouveau aux USA, certains états ont même mis en place des quarantaines, les Allemands renferment 600'000 personnes suite à la découverte de 1'500 nouvelles contaminations et l’Europe pense à interdire les Américains sur le continent ces prochains temps. Bref, le joli confort dans lequel nous étions en train de nous installer est en train de partir en vrille à toute vitesse. Mais que fait la FED et que font les gouvernements ? Il est temps d’intervenir à nouveau. Oui, les marchés sont en baisse de 3% et c’est pas ce qui était prévu sur le prospectus, n’avait-on pas dit : plus jamais le droit de baisser ? C’est énervant si plus personne ne respecte les règles.

L’Audio du 25 juin 2020

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Mais qui a laissé la porte ouverte ?

Depuis le fameux mercredi où l’on s’est fait défoncer il y a deux semaines, les marchés n’avaient plus baissé autant. Mais hier, lorsque l’on cherchait la « bonne nouvelle », c’est devenu soudainement très compliqué. Et puis il faut tout de même savoir que l’investisseur est un animal très farouche, capable de faire le malin toute la journée si ça monte et de l’afficher avec une confiance inébranlable. Mais dès que le vent tourne, la belle confiance affichée s’envole en quelques instants, il n’y a plus de posture chevaleresque et confiante et c’est le sauve-qui-peut général, on est même prêt à marcher sur les femmes et les enfants qui attendent les canots de sauvetage, parce qu’il n’y pas plus précieux que la performance de son portefeuille.

Hier, malgré cet optimisme exacerbé dont on fait preuve depuis des semaines, on avait de la peine à trouver des bonnes nouvelles, par contre les mauvaises étaient foison, il suffisait de se baisser pour en ramasser. Mais en premier lieu et un peu partout dans le monde, il y avait la résurgence du COVID qui semble gagner du terrain et qui fait flipper tout le monde. J’avoue qu’hier soir je n’ai pas eu le temps de contrôler mon « benchmark » – je rappelle que le meilleur moyen de savoir si la crise du COVID est forte, un peu forte ou moyennement forte, il suffit de regarder le 20 heures de TF1 ou de n’importe quelle autre chaîne dans le monde.

Si l’on parle du bilan du Coronavirus dans les 5 premières minutes, c’est la merde. Si l’on aborde le sujet dans les 10 premières minutes ; l’angoisse est palpable. Si le sujet vient à la bouche du présentateur après 15 minutes, on peut dire que l’on est presque en mode déconfinement. Et si l’on commence par parler des émeutes de protestations dans le monde au sujet de l’antiracisme, du vélo, des pistes cyclables, du vélo et des pistes cyclables, de la promotion du veganisme ou de contre les végétariens qui mangent quand même des œufs ou de pour les supporters qui veulent le retour des matches de foot, c’est que le COVID c’est has been et qu’on est les plus forts.

PAF… mais que fait la FED ?

Donc hier je n’ai pas pu vérifier mon benchmark parce que je vérifiais ma température, mais disons que les marchés ont très mal pris le retour confirmé du COVID, mais pas que. En Europe, au-delà du fait que ça repart de plus belle en Allemagne et qu’en France on fait encore les malins mais que ça ne devrait pas durer, on a aussi dû apprendre à gérer le fait que l’Europe veut fermer ses frontières aux Américains – ce qui va sûrement aider la reprise économique – mais aussi le fait que les mêmes Américains menacent de taxer 3.1 milliards d’exportations européennes en direction des States. Chose qui va aussi bien aider la reprise en Europe.

Après, il faut relativiser, les Américains veulent taxer sur 3 milliards – quand on voit les milliards injectés dans l’économie, on se demande si 3 milliards ça n’est pas juste le pourboire, plutôt que la facture totale. Mais peu importe, c’est l’intention qui compte. Les marchés européens se sont donc effondrés lamentablement, à cause du COVID, des taxes et de la reprise qui se prend des bâtons dans les roues. Le DAX perdait 3.4%, la France disait bye-bye à la barre mythique des 5’000 franchie il y a à peine 36 heures en suant sang et eau et le CAC40 plongeait de 3%, tout le reste de la belle union faisait pareil.

Made in USA

Dans la foulée de l’Europe qui se faisait démonter, les USA firent pareil, entraîné à la casse pour les mêmes raisons. Le COVID est une source d’angoisse et les statisticiens experts en virologie qui étaient devenus un bref instant des experts de la lutte contre le racisme, viennent de se rendre compte qu’une partie des nouveaux cas de contamination proviennent des manifestations d’il y a quelques semaines, de là à penser que ce virus a un biais politique, il n’y a qu’un pas.

Et puis, en plus des taxes, du COVID, d’une éventuelle Trade War avec l’Europe et des chiffres des demandes de nouvelles indemnités chômage qui refusent obstinément de baisser, il y avait le FMI qui était de sortie. On ne va pas s’éterniser sur le sujet, parce que ça fait 4 jours que l’on nous dit que le FMI devrait annoncer en milieu de semaine que la situation économique était bien pire que celle que l’on pensait. Et bien vous savez quoi ? Le FMI est venu en milieu de semaine pour nous annoncer que la situation économique est bien pire que ce qu’on pensait. Même si ça n’est pas une surprise pour toute personne qui a lu un journal financier, ce n’était pas le genre de nouvelle que l’on avait envie de lire alors qu’en même temps on se demandait si retourner en confinement n’était pas FINALEMENT une bonne idée.

Crise économique et reconfinement

En ce qui concerne les annonces du FMI, je ne vais pas perdre de temps à creuser le sujet, c’est plus ou moins les mêmes que celles de la World Bank il y a une semaine. En français on dirait que c’est du plagiat, mais en économie on appelle ça du recyclage. Mais pour faire simple au cas où vous n’auriez pas compris ; la situation économique est merdique et dans 3 mois ça sera pire. Et je vous laisse imaginer comment ça sera si on retourne passer nos vacances entre le salon, la cuisine et la salle de bain.

En conclusion, tous les marchés se sont plantés dans leur grande majorité hier. Entre COVID le retour, Trade War le retour et ralentissement économique : les prolongations, les sorties du cinéma économique de cette fin de mois de juin étaient moyennement enthousiasmantes. Mais HEUREUSEMENT, il y a toujours l’espoir et tout le monde se demande À QUEL MOMENT LA FED va intervenir ? Non, parce que récemment on a vu que le seuil de tolérance pour une intervention de la FED, c’était autour des moins 5, moins 6%, ça nous laisse encore une ou deux journées bien pourries et une intervention dans la journée de vendredi. Il serait temps que les gouvernements votent des lois pour interdire aux marchés de baisser de plus 5% sur une période d’une semaine, on y verrait plus clair et ça serait un bon moyen de gagner de l’argent facilement.

L’Asie, le pétrole et l’or, tous dans le même bateau

Ce matin c’est partout pareil, le Japon recule de 1%, le Hang Seng recule de 0.5%, l’or rebaisse après avoir touché son plus haut depuis 8 ans et même le baril se repète la figure parce que tout va mal – le crude est à 37.80$ et l’or à 1773$. Le seul marché qui ne baisse pas ce matin, c’est la Chine, mais c’est surtout parce que les Chinois sont fermés à cause du « Dragon Boat Festival » et c’est bien plus facile de ne pas baisser parce que ce n’est pas ouvert. Ils n’ont aucun mérite.

Dans les nouvelles du jour, le FT revient sur le fait que les USA sont en train de se mettre debout sur les freins pour le déconfinement et le maître mot de la presse pour ce jeudi, c’est le retour du Coronavirus. On ne parle (presque) que de ça et la tension est à son comble. On parle aussi de la nomination de Biden comme candidat officiel à la Maison Blanche et le plus dur dans cette nomination, c’est de ne pas rire. Et puis on retiendra que DisneyLand repousse encore la réouverture de ses parcs d’attractions pour cause de COVID, pourtant les gens qui sont à l’intérieur de Mickey et Minnie doivent être largement protégés.

Il y a aussi Bank of America qui pense que Wirecard pourrait aller à 1euros. Alors sur ce coup-là, je me demande quand même à quoi ça sert de sortir ce genre de déclarations. Le titre vient de se faire défoncer de 100 euros à 12 euros et là, y a un mec qui a fait ses calculs et qui estime que le titre peut encore baisser de 11 euros, mais qu’ensuite quoi ? Le titre va stabiliser et entamer sa remontée, remonter à 100$ ??? Pourquoi ne pas imaginer que le titre puisse aller à 0.87 centimes d’euros ? Non, sérieusement je ne vois pas du tout l’intérêt de fixer des « price target » pour des trucs pareils, mis à part se faire mousser…

Autrement on parle du COVID un peu partout, des tensions entre les US et la Chine, du retour du COVID, des tensions entre la Chine et l’Inde, du retour du COVID et du fait que les futures sont en baisse de 0.6% et ça risque de chauffer encore aujourd’hui – à moins que Powell soit de sortie. En ce qui concerne les chiffres économiques, il y aura le climat de consommation en Allemagne, le chômage en France, le GDP aux USA et les Minutes du dernier meeting de la BCE.

Pour le reste, l’ambiance est pourrie par le Coronavirus qui fait son retour en gloire, reste à voir combien de temps ça va durer, la dernière fois ce fût bref, mais comme notre carte mémoire d’investisseur ne stocke plus après 12 jours, on a déjà oublié. Passez une belle journée et on se retrouve demain pour conclure la semaine et presque le mois.

À demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“When a man says money can do anything, that settles it: he hasn’t got any.” George Bernard Shaw