Powell qui se répète, le calme au milieu de la tempête, un temps de réflexion bienvenu dans ce monde de brutes. La journée d’hier aura été relativement calme par rapport à la fureur et le bruit de ces dernières semaines. On a presque eu l’impression que les gens se sont posés sur une chaise et ont pris le temps de réfléchir sans tourner comme des hélices en évoquant tous les scénarios possibles et imaginables. Du coup, les marchés n’ont rien fait. C’est ce genre de journée qui laisse présager quelque chose de bien plus actif pour les deux jours qui restent dans cette fin de semaine. Je ne sais pas pourquoi je dis ça, mais en général quand c’est trop calme, on se prend le retour de manivelle dans les 24 heures qui suivent. Peu importe la direction de la manivelle. Là tout de suite, en regardant la journée qui nous attend, on peut presque se dire que l’on va jouer à se faire peur avec le thème glaçant du retour du COVID – en tous cas aux States et en Chine.

L’Audio du 18 juin 2020

Télécharger le podcast (.mp3)

Sans Powell on serait resté fermé

Hier on a donc réchauffé le témoignage du patron de la FED. Cette fois il était devant le Congrès, carrément, et là aussi il a répété qu’il était prudent concernant le « recovery » de l’économie – chose que l’on a déjà entendu – mais en plus il a insisté sur le chapitre de l’emploi. Jerome Powell a estimé qu’il fallait trouver un moyen de prolonger la durée du chômage pour soutenir les gens et les familles en difficulté et que pour la FED il était vraiment important que les gens puissent retrouver du travail et qu’ils se concentraient sur le retour du plein emploi.

Bon, en même temps ça aurait été quand même étonnant qu’il dise qu’il se fout pas mal que les gens bossent et que tant que lui il a une voiture de fonction, ça va. En tous les cas, son témoignage 2.0 n’a pas généré de grosse surprise qui laisserait à penser qu’il nous cache des choses. On a donc bien compris que la FED se concentre sur le retour de l’emploi et qu’ils vont continuer à faire tout ce qu’il faut pour soutenir l’économie et les marchés. Surtout les marchés d’ailleurs, puisque c’est le grand thème du moment : les investisseurs sont de plus en plus nombreux à penser qu’ils ne nous laisseront plus jamais baisser.

Du stimulus, encore du stimulus

Pendant que Powell causait, les marchés US ne faisaient pas grand-chose et terminaient même à peu près là où ils avaient commencé la journée. En Europe on était un peu plus « bullish » parce qu’il semblerait que les investisseurs s’attendent à ENCORE plus de stimulus de la part des gouvernements européens, visiblement le plan de sauvetage de la BCE qui date d’à peine 3 semaines a déjà passé la date de péremption et il nous faut quelque chose de tout neuf pour nous stimuler.

Au niveau sectoriel les pétrolières étaient à nouveau sous pression, tout comme le prix du baril. Aux USA les gros noms du pétrole étaient sous pression, sans qu’il n’y ait de grosses raisons, mais on va dire que la conjonction d’un éventuel retour du COVID et du fait que l’on imagine dans nos cauchemars les plus délirants, que l’on pourrait retourner en confinement en septembre et le fait que l’on soit beaucoup monté ces temps, pourrait suffire à expliquer la baisse d’hier. Par contre les investisseurs sont toujours aussi fous d’Amazon, de Netflix et de toute la clique qui continue d’être ZE PLACE to be. On notera que Citigroup a relevé ses objectifs pour Apple à 400$. L’analyste qui s’appelle SUVA – ça ne s’invente pas – estime que la société va bénéficier d’un upgrade sur les téléphones avec l’arrivée de la 5G dans la seconde partie de l’année et que leur système Apple Pay sans contact va être encore boosté par la crise du Coronatruc. Il ne reste plus que 14% à se faire, puisqu’Apple est déjà à 351$, en hausse de 64% depuis le mois de mars. Dire que si EN PLUS ils faisaient des voitures électriques, le titre serait déjà à 1000$. Et je ne vous dis même pas s’ils faisaient dans la recherche de vaccin anti-covid.

Le retour du virus

Et puis, ne nous le cachons pas, un des sujets de la journée qui nous plonge dans le doute, c’est les chiffres du Coronavirus. Le récent « pic » de contamination qui a été observé à Pékin et qui était censé être contenu ne semble pas si contenu que cela, puisque la Chine a stoppé les vols depuis et à destination de Pékin, en plus d’avoir fermé les écoles et confiné de plus en plus de monde. On connaît le sens du marketing et de la communication du gouvernement chinois et cela peut clairement laisser la porte ouverte à toutes les fenêtres.

Pendant que la Chine nous plonge dans le doute et que l’angoisse monte d’un cran, en France on allège les distanciations sociales, Macron s’auto-congratule – forcément sinon personne ne va le faire – et on force les élèves à retourner à l’école pour 2 semaines – à ce propos si quelqu’un peut m’expliquer l’utilité de rouvrir les écoles à 100% à 15 jours de la fin de l’année scolaire, je suis preneur. Parce sincèrement, je ne crois pas avoir observé une plus grosse connerie récemment. Mais visiblement la bêtise et la stupidité est la marque de fabrique de Macron et de son équipe de clowns. Dire que l’on a pu penser que François Hollande était un gros naze, alors qu’à côté de la Macronie, il touchait au génie et à la canonisation.

Alors que la Chine se reconfine, que la France se déconfine, les USA se contaminent. Les chiffres de la contamination continuent d’augmenter, surtout dans Etats du Sud, tout en ajoutant qu’il est quasiment certain que les émeutes de ces dernières semaines n’y sont strictement pour rien, puisque l’on sait tous que quelqu’un qui manifeste ne peut en AUCUN cas – et c’est prouvé scientifiquement – transmettre le virus. Toujours est-il que l’on se demande s’il y a plus de contaminations parce que l’on teste plus ou parce que rien n’est réglé et que l’on a tout fait un peu trop vite et n’importe comment aux USA. Et puis des voix s’élèvent pour dire que Trump a lâché l’affaire sur COVID et qu’il a accepté les morts qui vont arriver. Quoi qu’il en soit, on commence à stresser en observant à nouveau les chiffres de contamination. Il faut noter que cela faisait plusieurs semaines que l’on n’en parlait plus – le moyen de mesurer le stress lié au COVID est toujours de regarder le 20 heures de TF1. Si on ne parle pas du COVID dans le premier tiers du journal, c’est que tout le monde s’en fout. Dans les 10 premières minutes ; on commence à mettre un masque, dans les 5 premières minutes, on court à la fenêtre pour applaudir et en ouverture du journal, on s’enferme dans les WC pour manger son huitième plat de pâtes de la semaine entouré de quatorze paquets de 12 rouleaux de PQ.

Ceci dit, de plus en plus de monde pense que cette fois les gouvernements ne nous reconfineront pas, parce que l’économie ne s’en remettra pas. Il va donc falloir serrer les fesses et espérer que ça ne soit que des « aftershocks » et que l’été va calmer les ardeurs du virus et que l’on pourra passer à autre chose. Mais c’est pas sûr non plus.

La couleur : rouge

Pour toutes les raisons que je viens de citer, les indices asiatiques sont légèrement dans le rouge – sauf la Chine – mais la Chine c’est pas l’Asie, c’est la Chine et les futures américains pointent sur une baisse de 200 points sur l’ouverture du Dow Jones. Alors présenté comme ça, ça peut faire peur, mais 200 points de baisse sur le Dow Jones ça fait 0.6% – plus ou moins – mais si je vous dis « le Dow Jones va ouvrir en baisse de 0.6% », vous vous en foutez complètement et vous retournez à votre café et votre croissant aux céréales bio. Par contre, si je vous dis : « le DOW va ouvrir en baisse de 200 points », immédiatement on capte votre attention et votre rythme cardiaque augmente de 7 battements à la minutes et vous vous demandez combien vous aller perdre sur votre portefeuille aujourd’hui et qu’est-ce que vous pouvez vendre pour prendre des profits. C’est facile les médias.

Pour ce qui est du pétrole et de l’or, l’or noir est has been momentanément et se traite à 37.50$ et l’or est en embuscade pour tenter une sortie par le haut, actuellement le métal jaune est 1735$.

News du matin

Dans les nouvelles du jour, ce qui fait la une du FT, c’est le retour de « Super-Connard ». En effet, John Bolton est en campagne pour la sortie de son bouquin – bonne nouvelle : il sait écrire – et ces prochains jours il faut s’attendre à quelques révélations croustillantes de la part de l’ex-conseiller à la sécurité nationale de Trump. Les médias vont donc se faire plaisir et l’étalage du linge sale de Bolton peut être sans limites. Ça ne devrait pas changer la face du monde, mais au moins ça le fera mousser et il aura l’impression d’être important à nouveau. Autrement, on continue d’analyser le témoignage de Powell, histoire de voir si l’on n’aurait pas raté un truc entre les lignes et on peut aussi obtenir plus de détails sur les combats qui ont opposé l’armée chinoise à l’armée indienne.

Selon les journaux, les soldats se sont battus « à coups de bâtons enroulés avec du fil de fer barbelé ». Deux armées qui possèdent l’arme nucléaire montent au front et ils se finissent à coups de bâtons. Je me demande si l’on doit être horrifié ou rassuré, parce que l’on est quand même loin d’une approche militaire ultra-technologique. Si ça se trouve, ils ne savent même plus où ils ont rangé leurs bombes, puisqu’ils n’arrivent pas à trouveur leurs armes à feu.

Autrement on notera que le Crédit Suisse est bullish sur l’Asie et qu’ils pensent que Hong Kong n’a plus été aussi « bon marché » depuis plusieurs décennies. Puis la société Nikola qui va vendre des pick-up électriques mais qui n’a encore rien vendu et qui vaut déjà 2 milliards de capitalisation boursière, a reçu sa première recommandation d’un analyste et c’est un BUY ! L’objectif est à 79$, soit 25% plus haut qu’hier et pour terminer, dans le Barron’s on nous explique pourquoi Amazon devrait valoir 5’000$.

Chiffres du jour

Nous sommes jeudi, c’est le jour des Jobless Claims que, bien évidemment, tout le monde va regarder et en tirer des conclusions. Les attentes sont de 1.3 millions de demandes supplémentaires. Mais il y aura aussi le Philadelphia Fed Manufacturing Index et il y aura surtout la BNS et sa décision sur les taux en Suisse, annonce qui devrait probablement monopoliser l’attention de 14 personnes en Suisse Centrale.

Donc ce matin les futures sont en baisse de 0.8% sur le S&P500 et le DOW JONES DEVRAIT OUVRIR EN BAISSE de 200 points –houooouoou—et moi je vous souhaite une belle journée et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures et pour voir si les Chinois et les Indiens ne sont pas en train de se finir à coup ronces trempées dans du verre pilé ou avec du goudron et des plumes. Mais aussi pour voir si le masque sera l’objet tendance de l’été ou si on pourra bientôt se taper la bise dans tous les coins et trouver ça cool.

En deux mots : à demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

« Dieu a dit, il y aura des hommes blancs, des hommes noirs, il y aura des hommes grands, des hommes petits. Il y aura des hommes beaux, des hommes moches et tous seront égaux, mais pour ceux qui seront noirs, petits et moches, ça sera très dur ».

Coluche.

 

Et pour ceux que ça intéresse, ce soir il y aura ça :

 

Demain soir, si vous voulez entendre parler Crypto & Blockchain, le tout sans risquer la contamination, rejoignez-nous pour la conclusion de la Trading Week de Swissquote avec Myret Zaki Cyrus Fazel et moi qui vais essayer de démêler la pelote de laine et d’y voir plus clair Thomas Veillet #Economics #Swissquote #TradingWeek #TableRonde #Crypto #Blockchain – pour vous inscrire, si ce n’est pas déjà fait : swissquote.com/sqtw