Les bourses mondiales ont vécu une journée de « prise de profits ». Quasiment une première dans le « V shape reocvery » dans lequel nous vivons. Apparemment, selon les « experts » en finance, hier les investisseurs n’étaient plus trop motivés à acheter parce qu’aujourd’hui y a la FED qui parlera et que ça pourrait éventuellement peut-être déstabiliser le monde parfait des Bisounours dans lequel nous vivons. Bon, pendant ce temps Amazon et Apple sont toutes deux montées aux plus haut de tous les temps et du coup, le nouvel indice le plus important du monde – le Nasdaq – a affiché 10'000 au compteur. C’est la première fois de l’histoire qu’il va si haut. Il n’a pas terminé là-haut, mais pas très loin. Une clôture au-dessus des 10'000 ne devrait être que partie remise, puisque comme tout le monde le sait ; « tout va bien dans le meilleur des mondes et ça rigole un peu partout ».

L’Audio du 10 juin 2020

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En Europe, la Worldbank jette un seau d’eau froide sur les traders

Pendant que le Nasdaq dansait tout nu sur la table en s’arrosant de champagne pour fêter le fait que, non seulement on avait vu les 10’000, mais qu’en plus la performance annuelle sur 2020 s’affichait déjà à plus 10%, c’était un peu moins drôle en Europe. Oui, parce qu’hier la Worldbank a parlé. Et ils n’étaient pas trop positifs. Alors la Wolrdbank c’est un peu un truc on ne sait pas trop à quoi ça sert. C’est une banque, mais vous ne pouvez pas ouvrir un compte chez eux et vous ne trouverez pas un distributeur de billet ou une carte de crédit avec leur logo dessus. D’ailleurs on ne connait même pas leur logo, ils n’ont pas de « traders » qui bossent pour eux, ne font pas de produits structurés et ne prennent pas de frais prohibitifs à leurs clients – parce qu’ils n’en ont pas (de clients) et qu’ils ne se sont pas vautrés dans la crise des subprimes et leurs managers ne touchent pas 18 millions de bonus par année.

Ils ont été créé après les accords de Bretton Woods en 1944 et depuis ils sont censés prêter de l’argent aux pays qui n’en ont pas ou qui sont endettés – en gros, tous les pays du monde – mais si vous n’êtes pas un pays ils ne vous prêteront pas d’argent. Reste donc à acheter une île s’auto-nommer président à vie pour ensuite aller demander du pognon à la Worlbank à Washington – oui, parce que ça s’appelle la banque mondiale, mais c’est un peu les Américains qui la dirigent quand même.

Des fois la Worldbank, elle parle. On ne l’écoute pas toujours, mais elle parle

Tout ça pour dire qu’en plus de faire des crédits aux pays pauvre, la Worldbank a aussi une équipe d’économistes qui n’avaient pas d’assez bonne notes à l’école pour aller chez Goldman Sachs, qui viennent de temps en temps avec des publications économiques pour tenter d’intéresser le monde merveilleux de la fiance avant de sombrer dans l’oubli pour quelques mois. Hier les types de la Worldbank ont annoncé que la planète économique allait super-mal, que l’on allait à peu près aussi bien que quand Hitler était au top de sa forme et que l’on n’avait pas vu une pire crise économique depuis 1870 et que l’économie mondiale allait se contracter de 5.2%. Alors visiblement l’info n’est pas arrivée sur les places de bourses américaines, puisqu’ils étaient un peu trop occupés à se frotter le dos avec du champagne en s’échangeant des casquettes et des t-shirts « Nasdaq 10’000 » – mais par contre en Europe, ça a un peu fait l’effet de la douche glacée et précipité la baisse de l’ensemble des bourses du vieux-continent. Oh, ce n’était pas non plus la bérézina. On a à peine rendu un petit bout de l’euphorie de la semaine dernière.

Pourtant on avait bien commencé à la journée avec un PIB européen moins pire qu’attendu – ce qui généralement est censé jouer le rôle de détonateur pour propulser les marchés en hausse selon le vieux proverbe du sage Danny Boon qui recommande de répéter en boucle « je vais bien tout va bien » et de s’en convaincre. Mais là, entre le PIB qui toussote, les chiffres de la production industrielle en Allemagne qui sont, Ô surprise, tous pourris et en rajoutant les commentaires de la Worldbank, on a vécu une salle journée gueule de bois en Europe. Mais heureusement, à la fin y a quand même le Nasdaq qui gagne.

Nasdaq 10000 et puis c’est tout

Pour résumer, nous avons donc eu l’Europe qui était toute morose à cause de la crise économique induite par le Coronavirus que nous a rappelé la Worldbank. Oui, parce qu’aussi fou que ça puisse paraître, récemment nous avons passé la barre des 400’000 morts à cause du COVID19 (il paraît), mais comme tout le monde s’en tamponne depuis que TF1 ne mettent plus le bilan au 20 heures et que la plupart des chaînes de télé du monde sont passées à autre chose – comme la lutte contre le racisme, par exemple – au hasard – on se fout totalement du bilan du Coronavirus, d’ailleurs on pensait même qu’il n’existait plus – surtout à voir les manifestations de ces derniers jours et au vu du respect de la distanciation sociale et du respect de l’interdiction de se réunir par groupes de plus de 300 personnes. Mais il paraît pourtant que rien n’est réglé et que et que ça court toujours mais dans des pays qui nous intéressent beaucoup moins. Néanmoins les Européens n’ont pas aimé la piqûre de rappel et les bourses ont terminé en baisse de 1.5% grosso modo – sans compter que certains médias rappelaient que les négociations sur le BREXIT n’avançaient pas entre les Anglais et les Européens. AH BON ??? Parce qu’il y a encore des négociations ? Moi qui croyais que tout était réglé et que l’on était dans LE MONDE D’APRÈS et que l’ardoise était remise à zéro. Ben en fait non. L’ambiance était donc toute pourrie en Europe, mais il est vrai qu’en Europe on n’a pas Apple et Amazon dans le CAC40 ou dans le DAX. Oui parce qu’Apple et Amazon sont de puissants antidépresseurs boursier et permettent de battre des records un peu partout et sur tout.

Donc aux Etats-Unis on a trouvé super qu’Apple monte parce qu’ils vont mettre leurs propres puces dans leurs propres Mac et ceci est une révolution et Amazon montait parce qu’Amazon, c’est trop bien. Tout comme Netflix parce que c’est génial et tout comme Facebook, parce que sans Facebook nous ne sommes plus que des êtres humains sans opinion et sans amis. Alors quand vous avez Apple, Amazon, Facebook, Netflix, Microsoft et Google qui montent, tout monte et le Nasdaq touche les 10’000. Alors même si le S&P500 reculait, tout comme le Dow Jones en attendant la FED, du côté de la tech on s’en foutait pas mal parce que l’on se rend compte que la tech est le remède à tous les maux et que la tech, c’est presque aussi chouette qu’en l’an 2000 et que si la tech c’est chouette ; la tech c’est chic.

Bref, le Nasdaq a touché les 10’000. Dire que lorsque le Dow Jones a touché les 10’000 pour la première fois en 1999, on était au bord de l’orgasme boursier et que le Nasdaq valait 2500 et Apple était au bord de la faillite. Ça fait relativiser.

Et ce matin en Asie

Ce matin alors que le soleil est en train de se lever – enfin, il paraît qu’il se lève parce que vu le temps pourri que l’on a en ce mois de juin merdique il est difficile de le voir se lever. Les marchés asiatiques ne font strictement rien. Le Nikkei est ouvert mais ne bouge pas, il n’est ni en baisse, ni en hausse, mais juste parfaitement immobile, s’il jouait à 1-2-3 soleil, il gagnerait. Le Hang Seng monte de 0.10% et la Chine prend les profits comme tout le monde en attendant la FED ce soir. Les Chinois baissent de 0.5% – c’est donc presque aussi intéressant que la météo actuelle.

Fidèle à son principe de la boule de flipper, l’or qui a touché son support l’autre jour autour des 1693$ est en train de remonter en direction des 1780$ – zone où l’on va tous s’exciter comme des traders sur le Nasdaq en parlant de break out, de cassure et d’objectif autour des 3’000, 5’000, 10’000, c’est selon combien on a envie de faire parler de soi et flatter nos égos surdimensionnés. Pour l’instant nous sommes à 1722$ et on a encore le temps de voir venir. En ce qui concerne le pétrole ; on a visiblement un peu peur de la résistance psychologique des 40$ et il nous faut un peu de temps pour s’y accoutumer. Là tout de suite, le baril est à 38.50$. Ce qui n’est pas si mal quand on pense qu’il était à moins 38.50$, il y a moins de 2 mois.

Nouvelles du jour

Pour ce qui est des news du jour, on reparle du BREXIT et des négociations avec Bruxelles – je suis sidéré que ça intéresse encore quelqu’un, mais c’est en tête de gondole sur le FT. Il y aussi des mini-guides sur « ce qu’il faut attendre de la FED ces soir » et Ô combien ça serait moche si Powell disait que le marché était en plein déni de la réalité – surtout que les mecs du Nasdaq seront encore bourrés de la fête de la veille. Dans le FT on mentionne aussi les obsèques de George Floyd et du fait qu’il est en train d’être érigé à peu près au même niveau que Martin Luther King pour « tout ce qu’il a fait pour l’égalité », on vit une époque vraiment formidable.

Fauci, le responsable de la santé aux USA, estime que le COVID c’est pas fini – contrairement à Capri – et que tant qu’il n’y a pas le vaccin avec la puce de Bill Gates, ça ne sera pas gagné. Mais le marché s’en tape magistralement parce que le COVID ça vient d’un autre monde – celui d’avant et aujourd’hui tout a changé dans le monde d’après. Les bourses ne peuvent plus baisser nous sommes passé du « put » des banques centrales au CALL des banques centrales. Avant les banques centrales vous empêchaient de perdre de l’argent – en 2020, elles sont là pour vous en faire gagner une montagne. Et pendant ce temps, les prix à la production en Chine s’effondrent, mais c’est pas grave le Nasdaq est au plus haut de tous les temps et Trump, dans un effort pour resserrer les liens avec la Chine, veut délister la totalité des titres chinois aux USA. Mais on s’en fout parce que le Nasdaq est au plus haut de tous les temps.

Côté chiffres économiques, nous aurons le meeting de l’OPEP, le CPI aux USA et les prévisions économiques de la FED par Jerome Powell himself. Pour le moment les futures sont en hausse de 0.5%, le S&P500 rattrape ce qu’il avait perdu hier et le Nasdaq devrait ouvrir au-dessus des 10’000. Vous je ne sais pas, mais moi j’ai énormément de plaisir à me réveiller dans un monde parfait ou tout n’est que joie, amour et santé et records historiques sur les places boursières après 400’000 morts du COVID…

Ceci étant dit, je m’en vais vous souhaiter une belle fin de semaine – oui, je suis hors-jeu pour 4 jours et je vous retrouve lundi matin pour fêter les records historiques du S&P500, du Dow Jones, du SMI et du DAX.

Bonne fin de semaine à tous.

Thomas Veillet

Investir.ch

“I tried being reasonable, but I didn’t like it.”

 

― Clint Eastwood