La règle des 3P est appliquée au management et ne correspond pas à ce propos. Dans ce cas précis, il s’agit des 3P qui régissent actuellement le monde de la finance et celui du quotidien des individus. La finance ne reflète pas du tout ce qui se passe dans le monde réel. Elle se trouve dans un paradis paradoxal alors que ce dernier se bat au purgatoire.

Paradis

Alors que l’enfer se trouvait à notre porte en mars dernier, les paradis artificiels ont pris le dessus. Les marchés boursiers ont fortement rebondi, actions comme obligations. Même quelques matières premières, dont l’or ont suivi le mouvement. Pourquoi? Grâce à une dose massive d’injection de liquidités de la part des banquiers centraux.

A cause d’un fléau, l’économie mondiale s’est pratiquement figée et le moral des troupes s’est retrouvé au plus bas. C’était sans compter avec la volonté politique d’avancer coûte que coûte. C’est à ce moment que les banquiers centraux ont mis en action la fameuse planche à billets. Les investisseurs ont compris que l’économie, telle qu’ils la connaissent, ne peut pas mourir facilement. Avec la même ténacité qu’ont eu les médecins pour soigner leurs patients, les banques centrales ont annoncé des plans pharaoniques de rachat de titres, de soutien à des secteurs en perdition comme l’aviation ou l’industrie.

Même les plus farouches défenseurs d’une économie libérale ont accepté des recevoir l’aide de l’Etat. Et c’est ainsi que les portes du paradis se sont ouvertes pour les actionnaires et pour les 1% (les plus riches donc).  Tout est bon pour rentrer dans le paradis qui semblait perdu à jamais.

Grâce à cette manne divine, les marchés boursiers, comme Lazare, ont repris leur souffle et ont trouvé une deuxième vie. Ils semblent encore mieux se porter qu’avant la crise. Alors…tout va bien.

Paradoxe

Alors que tout semble aller pour le mieux dans la finance, un autre monde souffre. Un graphique montre le paradoxe de cette situation. Le marché de l’emploi aux Etats-Unis, comme dans le reste du monde, se trouve en enfer alors même que les marchés financiers flirtent avec les plus hauts historiques (du moins pour certains).

 

Source: zerohedge

 

Parmi d’autres situations paradoxalles, nous trouvons la Chine. Considéré comme le pays de tous les maux, la Chine se retrouve dans le collimateur de tous les gouvernements. Les principaux griefs sont: les chinois ne maîtrisent pas leurs laboratoires, contaminent le monde avec leurs virus et s’adonnent à l’espionnage industriel.

Face a tant de peines,  le premier réflexe serait de bannir toute relation commerciale avec ce pays (comme voudrait nous faire croire Trump). Il s’ensuivrait une vente massive des actions et des obligations chinoises. Mais voilà, la réalité du monde financier est toute autre: une hausse majeure des indices boursiers (grâce aussi à l’ordre de marche du gouvernement chinois d’acheter les valeurs nationales) et l’achat de masques et autre matériel médical.

 

Source: Boursorama

La liste des paradoxes est trop vaste pour la traiter mais mentionnons le télétravail, l’environnement, le nationalisme, l’Europe qui se déchire pour le plus grand bonheur des américains et des anglais.

Purgatoire

Une image illustre la notion de purgatoire. Le propos décrit par Michael Wilson, stratégiste actions en chef de Morgan Stanley, est simple: le levier opérationnel des entreprises est puissant grâce à l’afflux de liquidité des banquiers centraux et aussi grâce à la réduction des coûts salariaux.

 

Pour faire face à la crise, les entreprises ont massivement mis des employés au chômage, tout en promettant de les réembaucher, et ont touché les subventions étatiques. La critique est facile: certes les entreprises pourront survivre pour la plupart, mais qu’en est-il des individus. N’assistons-nous pas à une paupérisation de la classe moyenne?

Pour l’instant l’enfer c’est pour ceux qui ont été licenciés et qui ne retrouveront pas de travail. (Pour les plus démunis, l’enfer c’est tous les jours). Mais pour les autres, rien n’est acquis. Ils se retrouvent dans un purgatoire, ne sachant pas s’ils retrouveront le ciel bleu du paradis ou s’ils sombreront dans les ténèbres de l’enfer.

Est-ce une situation nouvelle?

L’histoire nous montre que l’enfer est la conséquence de guerres ou de maladies. Dans ce cas précis, il s’agit d’une pandémie qui a montré les faiblesses d’un système économique. Mais comme tout système vivant, il a trouvé un nouvel équilibre, pour l’instant. Il est difficile de renoncer à être un investisseur, sachant que le rebond récent des marchés a montré la force des acteurs de ce système. Mais il est tout autant difficile de croire que tout peut monter indéfiniment.

 

Source: MarketWatch

 

Cependant, les graphiques à long terme des marchés boursiers (le MSCI World Index, ci-dessus) montrent qu’un investisseur avisé et patient est finalement récompensé. Certes, il est difficile de rester serein lorsque les mauvaises nouvelles se pressent au portillon. Rappelons-nous la crise de 2008 (qui n’est pas vraiment comparable à celle de 2020) et l’état d’esprit qui régnait à l’époque. Le système financier menaçait de s’écrouler, les banques de faire faillite. Les bourses avaient aussi plongé mais finalement, après quelques mois, elles avaient retrouver toute leur vigueur.

Le purgatoire c’est maintenant mais espérons que quelques bonnes nouvelles économiques rendront le séjour plus agréable.