Selon où vous vous situez sur la planète, la rentrée scolaire, c’est pour bientôt – à 2-3 semaines près. Mais la rentrée scolaire équivaut également à la fin des vacances et la fin de l’été. Pour les marchés financiers, cela veut dire pas mal de choses. Pour commencer, ça veut dire que les volumes devraient gentiment revenir et que les investisseurs vont devoir prendre des décisions pour les 4 mois qui restent en 2020. 2020 aura été une année de merde, on le sait déjà, mais quand on regarde la performance des marchés, on se dit que ce n’est pas si pourri que ça et que ça pourrait même être mieux. Ou pas. Aujourd’hui, cette semaine, ces jours, nous sommes à la croisée des chemins. Il va falloir prendre des décisions à l’aube du mois de septembre. Ce mois de septembre qui précède le mois d’octobre, deux mois qui sont « connus » pour être des mois compliqués au travers des années. CE mois d’octobre qui va aussi précéder le changement ou la continuité à la Maison Blanche. Nous voici donc à un moment de notre année où il va falloir choisir entre prendre les profits d’une année particulière pour réduire les risques avant l’automne tout en prenant le risque de rater le reste de la hausse de 2020, hausse qui est prévue par pas mal d’analystes, Goldman Sachs en tête, pendant que Warren Buffet et d’autres ont sortis des grands panneaux sur lesquels il est écrit : « méfiez-vous, on marche sur la tête ». Alors que les chemins se croisent, il va falloir faire des choix, on a encore un peu de temps pour se décider et probablement que l’on va encore battre des records avant toute chose, mais il ne coûte rien d’entamer une saine réflexion ces prochaines semaines – histoire de ne pas se faire prendre à contre-pied au dernier moment.

L’Audio du 17 août 2020

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Les Bulls et les Bears s’affrontent au coucher du soleil

Le vieux cliché des bulls et des bears n’a jamais été aussi présent dans les marchés. Ce n’est pas la première fois qu’il y a des désaccords sur l’avenir des bourses mondiales mais là, depuis quelques jours on a l’impression que tout le monde a un avis très tranché. On dit toujours que dans la finance, un indice peut monter, baisser et que si aucune de ces situations ne se réalise, il ne fera rien. Mais après le rebond phénoménal des bourses mondiales, on a l’impression que le choix de ne « rien faire » n’est plus une option. Ce matin encore, j’étais plongé dans un long article écrit par un xième analyste que l’on ne connaissait pas hier, qui estimait que le marché n’avait jamais été aussi « hors sujet » qu’aujourd’hui – il compare même les indices américains à «Will le Coyote qui vient de sauter la falaise et qui cours encore en attendant que la gravité finisse par faire son travail ». Vous connaissez tous l’image, il n’y rien à ajouter. Le message est clair : nous sommes allés trop vite, trop haut et à un certain moment, on va se péter la figure. Et pas qu’un peu.

«Jamais auparavant je n’avais vu un marché aussi valorisé face à une incertitude écrasante», a écrit James Montier, économiste comportemental et membre de l’équipe de GMO dans un récent article de recherche intitulé : «Raisons de (ne pas) être joyeux : Certitudes, Absurdités et récits fallacieux. ». Dans sa pensée de fin de mois d’août, l’analyste américain estime que l’on anticipe trop de bonnes choses à venir alors que l’économie a été proprement détruite par le COVID19 et que l’on sous-estime encore l’ampleur de la catastrophe. Pendant que Montier s’angoisse, Warren Buffet semble abonder dans son sens, mais sans trop faire de pub. L’oracle d’Omaha a annoncé avoir acheté de l’or et rien que ça mérite d’être signalé. Warren Buffet qui achète un truc qui ne vend rien et qui ne produit rien et qui ne paie pas de dividende, ce n’est pas courant. Et pour donner bon poids et bonne mesure à son achat d’or, il a annoncé avoir vendu sa position en Goldman Sachs. Goldman Sachs qui était entré dans son portefeuille après la faillite de Lehman en 2008. Goldman Sachs qui est une financière et qui sera une des première à se prendre une claque magistrale en cas de non-rebond de l’économie US. Mais il n’y a pas que des bears dans le marché, il y a encore des bulls qui traînent et pas des moindres, puisque Soros – qui est censé avoir pris sa retraite depuis je-ne-sais-plus-combien-de-temps et qui a annoncé avoir justement bourré son fonds avec des financières qui – selon lui – seront les prochaines à démarrer à la hausse quand l’économie US repartira pour de vrai.

En attendant la réponse, il y a des records qui attendent

On ne sait pas si nous aurons une réponse à nos questions ces prochaines semaines, peut-être que, finalement le marché ne fera rien en attendant d’avoir une réponse claire sur l’économie, mais là tout de suite, l’interrogation du moment sera de savoir si l’on est capable de battre ce record d’altitude sur le S&P500. Record qui est à portée de main et qui semble tellement accessible et tellement loin à la fois. La semaine qui nous attend semble assez calme en termes de chiffres économiques et de chiffres trimestriels, il faudra cependant surveiller trois titres : Wal-Mart, qui nous donnera une idée de la consommation aux USA, Nvidia qui ne cesse de battre des records et qui devra les justifier avec ses résultats trimestriels Et finalement, il y aura Alibaba, juste pour voir si cela fonctionne aussi bien qu’Amazon aux USA.

S’il n’y a pas de mauvaise surprise, le record du S&P500 devrait voler en éclat et ensuite il faudra trouver les raisons pour aller plus haut. Peut-être que le COVID pourrait à nouveau jouer le juge de paix, mais rien n’est moins sûr.

Cela fait un moment que les choses semblent hors de contrôle sur le front du virus. Mais cela fait aussi un moment que les marchés n’en ont plus rien à faire. Pourtant depuis quelques temps les nouveaux cas affluent un peu partout dans le monde et nos gentils gouvernements qui tiennent absolument à nous garder vivants, sont en train de se demander s’il ne faudrait pas encore une fois nous enfermer. On fait abstraction du fait que les hôpitaux sont sous contrôles et que le nombre de décès est plus que raisonnable. Non, le plus important est de nous garder sous contrôle. Et si certains pays décidaient de retourner en confinement ou d’obliger le port du masque dans la rue et en entreprise, on pourrait rapidement en ressentir à nouveau les conséquences économiques et donc, le marché pourrait s’y intéresser à nouveau. On notera aussi que de plus en plus de médias commencent à mettre en doute les stratégies de confinements, de port du masque et se demande si l’on ne pousse pas un peu trop loin le concept de protection de la population. Manquerait plus que l’on perde confiance en nos braves politiciens.

Les sondages sont de sortie

Au début de cette chronique je vous parlais des mois de septembre et d’octobre, mais après il y a aura novembre et l’élection présidentielle aux USA. Pour le moment, Joe Biden caracole en tête et, selon les spécialistes, le fait qu’il n’y ait pas de grands meetings, ni de méga-conventions est tout à son avantage. Cela lui évite de dire des conneries, puisqu’il est passé professionnel dans le secteur. D’ailleurs cette semaine il y aura la convention démocrate, mais en vidéo. La première convention électorale virtuelle de l’histoire. On imagine que Biden ne sera pas en « live » – ou alors en léger différé pour, là encore, éviter de dire n’importe quoi.

Quoi qu’il en soit, lors des derniers sondages, Biden est à 50% d’intentions de vote et Trump à 41%. Le suspense est insoutenable et les Américains doivent choisir entre la peste et le choléra – le tout en pleine épidémie de virus. Il est tout de même effarant que sur 360 millions d’Américains, ils soient incapables de trouver mieux que les deux idiots qui sont mis en avant. Même Schwarzenegger aurait fait mieux, dommage qu’il soit né en Autriche, il aurait pu – une fois de plus –sauver les USA.

Ce matin, à l’autre bout du monde

L’Asie se réveille en ordre dispersé. Le Japon est en baisse de 0.8%, pendant que la Chine s’envole de 2.2% et qu’on Hong Kong suit le mouvement avec une hausse de 1.3%. On dit que l’Asie attend de voir ce qui va se passer aux States cette semaine pour pouvoir prendre une tendance. Actuellement, les futures américains sont en hausse de 0.3 à 0.4%. Là comme ça, on aurait presque l’impression que nous allons avoir un beau lundi.

Pour le moment l’or est à 1950$ et attend de voir quelle direction prennent les marchés et si l’ambiance est positive ou pas, histoire de savoir s’il peut jouer à la valeur refuge. Si tel n’est pas le cas, on va aussi attentivement observer le comportement du dollar qui continue d’hésiter sur la suite de la route à prendre. Actuellement, l’EURO/DOLLAR est à 1.1860 et reste coincé dans son range 1.1725-1.1910. Toute rupture d’un côté ou de l’autre pourrait redonner un peu de volatilité au métal jaune. Pendant ce temps, le pétrole consolide autour des 42.50$ et j’attends toujours une rupture à la hausse des 43$ pour que l’on s’emballe un peu sur le « crude ».

Graphique du WTI – Pétrole – Source : Tradingview.com

Les nouvelles du jour

Pour les nouvelles du jour, on reprend le cas Tik-Tok, puisque Trump laisse 90 jours à ByteDance pour se séparer de Tik-Tok, on devrait donc reparler de Microsoft et de rachat des assets du concurrent déclaré de YouTube. Le (encore) Président Américain a également déclaré qu’il avait encore bien d’autres sociétés chinoises dans son viseur et qu’on n’a pas fini de rire ce côté-là. Toujours pas de nouvelles du côté de iQiYi et de l’enquête de la SEC sur l’amplification de leurs chiffres comptables, mais si cela devait se confirmer, ça va bien aider les investisseurs à choisir des boîtes chinoises. Entre Trump qui veut leur peau et le fait que ça pue la magouille sur certaines, on risque d’avoir des mots peu amènes en direction de cette thématique.

Autrement ce matin on parle aussi tensions politiques. Tensions entre la Grèce et la Turquie pour une sombre histoire d’eaux territoriales et de pétrole, pour changer. Et puis il y a aussi la Russie qui offre son aide militaire à la Biélorussie, histoire de maîtriser les manifestations. Pendant que Poutine offre son aide pour calmer les manifestants, le Roi Macron fait usage de tout son charisme et de ses compétences oratoires pour encourager l’Europe à faire front avec les manifestants CONTRE le gouvernement Biélorusse et l’armée Russe. Ça a l’air d’être une bonne idée. Pour le reste, au Japon on parle d’une fusion entre Nissan et Honda, j’ai un peu peur de ce que ça pourrait donner comme modèles, mais visiblement ça pourrait être financièrement rentable. Et puis, toute dernière nouvelle assez rigolote ; la FDA vient de mettre un paquet de gels hydro alcooliques sur une liste noire. Ces gels pourraient être toxiques s’ils venaient à être absorbé par le corps humain. Comme si, par exemple, on se frottait les mains 235 fois par jour avec. Ce qui revient à dire qu’avec certains gel hydro alcooliques, vous ne mourrez pas du COVID, mais d’autre chose. C’est d’ailleurs un peu le thème du moment : que va-t-on faire pour ne pas mourir une fois que le COVID aura été vaincu ? On pourrait nous confiner pour la grippe ou la gastro. Et puis on pourrait aussi interdire les déplacements en voiture et en deux-roues – oui, il y a des gens qui sont morts dans des accidents de voiture ou de vélo, ou de moto, donc autant y interdire, ça fera tout ça de morts en moins. Et puis il reste plein de trucs à interdire pour que l’on ne meurt pas – je pense d’ailleurs que de ne plus jamais sortir de chez nous serait une bonne solution – sauf qu’il reste encore les accidents ménagers… On est mal. On dirait que l’on va forcément mourir de quelque chose. Un jour.

Mis à part ça, aujourd’hui, il y aura le New York Empire Manufacturing et le Meeting de l’Eurogroup. Pour le moment les futures sont toujours en hausse et nous sommes lundi matin. Je vous souhaite une très belle journée à tous. Mais avant de vous dire au revoir je vous encourage à rejoindre notre groupe, le groupe Investir.ch sur LinkedIn, il y en a aussi un sur Facebook et puis pour ceux qui ne sont pas inscrits sur la liste de notre Newsletter, vous pouvez le faire gratuitement en haut à droite du site et je terminerai en disant que si vous vous ennuyez en cette fin d’été vous avez le droit de cliquer partout sur nos articles pour nous dire que vous lisez et que vous aimez, ça nous évitera d’aller sur Google pour voir si vous êtes bien venu nous lire ce matin. Et puis on saura pourquoi on s’est levé aux aurores pour courir 25 kilomètres et écrire une chronique.

Très belle journée à tous et à demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

« La suprême ironie de la vie c’est que nul n’en sort vivant. »

Robert Anson Heinlein