Vu ce que l’on a déjà vécu en 2020, il semblerait plausible que nous soyons blindés pour à peu près n’importe quoi, pourtant il reste un wagon d’obstacles à franchir dans ce parcours du combattant qui n’en finit pas. Nous voici à l’aube d’une semaine durant laquelle les investisseurs auront les yeux rivés sur le débat de deux clowns qui vont s’écharper afin de tenter d’expliquer au pauvre peuple américain combien l’autre est complètement débile ou sénile et pourquoi il faut voter pour lui avec des arguments qui frisent la science-fiction. Ensuite, on va se concentrer sur le reste de la semaine en prenant les paris sur les chiffres de l’emploi américain qui pourraient éventuellement nous donner des indices sur la capacité de récupération de l’économie, bien que l’on ait déjà des forts doutes sur cette dernière. En résumé, on vient de terminer une vague de 4 semaines qui nous laisse en plein doute. Le Dow Jones et le S&P500 viennent d’enquiller 4 semaines de baisses consécutives, pendant que le Nasdaq a ENFIN réussi à inverser sa tendance vendredi soir pour laisser son compteur bloqué à trois « seulement ». L’avenir des bourses mondiales se placera-t-il encore une fois dans les mains des 5 géants de la tech ? Cela semble encore une fois plus qu’évident. Big is beautiful.

L’Audio du 28 septembre 2020

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Le pire mois de l’histoire

Autre sujet qui pourrait monopoliser l’attention des chroniqueurs boursiers : « le fait que les GAFAM sont en train de vivre le pire mois de leur histoire » et qu’en plus c’est le mois de septembre et que dans trois jours nous serons en octobre. Octobre, un mois qui n’est pas non plus historiquement dans le camp de mois tranquilles, puisque récipiendaire du krach de 1987 et de 1929. Même si la semaine dernière les 5 grosses Bertha du marché US ont terminé la semaine en fanfare, sauvant du même coup la performance du Nasdaq, il semble plus qu’évident que ce mois de septembre 2020 sera le pire de leur histoire, puisqu’à eux 5, ils ont effacé près de 800 milliards de capitalisation boursière. Sans compter que le « second pire mois de l’histoire » n’est même pas proche, puisque lors de la débandade d’octobre 2018 – tiens, encore un mois d’octobre – le club des cinq n’avait perdu « que » 425 milliards de capitalisation boursière.

Pour être complètement « fair » dans cette chronique du lundi matin, il faut aussi reconnaître qu’entre le 23 mars et le début du mois de septembre rien qu’Apple a cumulé 925 milliards de capitalisation boursière – et que sur 4 semaines, elle n’en aura reperdu seulement 325. On peut dire que ce n’est pas encore la fin du monde. En revanche, il faut commencer à se poser des questions sur le fait que ces « monstres » de capitalisation boursière vont commencer à nous poser des sacrés problèmes dans les mois et les années à venir. Leur poids dans les indices devient tellement énorme que le déséquilibre que cela provoque pourrait, à terme, entrainer des mouvement violent incontrôlables, tant en termes de volumes, qu’en termes de volatilité. La semaine dernière nous avons ENCORE une fois pu constater des volumes vendeurs astronomiques dans les fonds, et ces « outflows » auront également des conséquences de plus un plus importantes sur les GAFAM, puisque mathématiquement, ils représentent 25% du S&P500. En conclusion, le fait que nous ayons effacé 800 milliards de capitalisation boursière en un mois n’est pas si monstrueux, puisque ces capitalisations ont explosé ces derniers mois, mais la concentration de ces valeurs dans les indices va inévitablement nous créer des problèmes de plus en plus régulièrement à l’avenir, il va falloir apprendre à vivre avec, tout en restant bien conscient du problème.

L’Europe face aux peurs du COVID

Pendant que les Ricains se demandent qui sera Calife à la place du Calife, les Européens se demandent s’ils parviendront à faire face à cette SECONDE vague de COVID qui terrorise toute la classe politique du vieux continent. Classe politique qui rivalise de talent et d’idées pour trouver la mesure la plus stupide à mettre en place pour tenter de tuer encore un peu plus l’économie. La semaine dernières les indices européens se sont fait laminer à cause du COVID et se retrouvent également au plus mal de ces 4 dernières semaines – eux qui avaient « tenu le coup » pendant que la tech se faisait défoncer – ont fini par lâcher et s’effondrer en milieu de semaine. Sans compter que les quelques rebond timides mis en place aux States ont tous eu lieu APRÈS la clôture du CAC ou du DAX, ce qui fait qu’ils ont perdu l’occasion de récupérer un peu de terrain.

Graphique de l’Euro/Dollar – Source : Tradingview.com

Nous voici donc aussi au début d’une semaine à hauts risques en Europe, puisque nous sommes un peu partout sur des supports qui sont censés tenir. Au risque de nous renvoyer à nos chères études et de vivre un mois qui pourrait être bien plus pourri que celui que nous venons de boucler. Manquerait plus un ou deux confinement « surprise » pour que l’on se fasse encore laminer un peu plus. Dans un monde normal, on se dirait que le reversal enclenché sur l’Euro/Dollar la semaine dernière pourrait éventuellement aider l’Europe et ses exportatrices, mais voilà ; nous ne sommes pas dans un monde normal.

L’Asie et le reste

L’Asie est légèrement positive. Le Nikkei et le Hang Seng progressent gentiment mais sans euphorie. La Chine avait commencé la journée en hausse suite à de « bons chiffres économiques », mais depuis la publication de ces derniers et l’ouverture en hausse à Shanghai, les indices n’ont fait que baisser pour se retrouver actuellement légèrement en baisse. On notera au passage que l’indice CSI300 se retrouve à nouveau tout proche des supports et du bas de son canal latéral dans lequel il se trouve depuis des mois. Opportunité d’achat ou risque accru ? Les jours qui viennent devraient nous donner la réponse.

Pour ce qui est de l’or, il est plus que probable qu’il ait attrapé le COVID, car depuis quelques semaines, le ressors semble cassé. Il n’est pas simple de trouver un niveau d’entrée dans ce truc qui ne semble plus vouloir monter, mais entre là et 1810$, il semble que ceux qui prônent l’effondrement de tout un système devrait commencer à se poser des questions et remotiver les troupes à l’achat. Pour le moment le métal jaune est à 1860$ et on s’ennuie ferme pour rester poli. Le pétrole est à 40$ – ce qui semble être devenu son prix de référence, puisqu’il ne veut pas bouger de là où il se trouve à plus ou moins 5%.

News du jour

Au sujet des nouvelles du jour, on parle beaucoup de Trump. Trump et les impôts qu’il n’a pas payés. Trump qui demande un test anti-dopage pour Biden avant le débat de mardi. Trump qui se fait planter par un juge pour le « ban » de TikTok. Et Trump qui veut faire péter l’Obama Care avec sa nouvelle juge à la cour suprême. Autrement on parle aussi de la Chine qui renforce toujours un peu plus son armée et qui semble chaude comme une baraque à frites pour aller reprendre Taïwan, sans compter les éternelles tensions entre les Turcs et les Grecs, auxquelles on va ajouter l’Azerbaïdjan qui se chauffe avec l’Arménie. Bon, nous en Suisse on s’en fout, on a des nouveaux avions de chasse qui vont arriver et tant que l’on ne tente pas de nous attaquer en dehors des heures de bureau, on devrait être « safe ».

Pour l’instant nous allons commencer la semaine légèrement en hausse, si l’on en croit les futures américains. Les Européens pourraient rattraper un peu du terrain perdu vendredi, mais pour l’instant, nous marchons sur des œufs et la tension qui règne dans les marchés est presque palpable. Côté chiffres économiques, il n’y aura rien ce lundi. Ou en tous les cas, rien de significatif. Il faudra attendre le milieu de la semaine pour que l’on puisse interpréter les conséquences du débat de mardi et que l’on commence à parler des Non-Farm Payrolls.

Puisque tout est calme – peut-être un peu trop – on va profiter de cette pause dans le continuum espace-temps pour faire une annonce : « Ce matin, nous avons le plaisir de vous annoncer le retour des classements de fonds sur notre site, en partenariat avec la société Quantalys. Cela faisait un moment que nous avions suspendu la chose, mais après des mois de travail, vous pourrez à nouveau vous plongez dans la compétition des performances des fonds. Vous trouverez toutes les explications de Fabio Lopes en scrollant un peu plus bas sous cette chronique.

En attendant, il me reste à vous souhaiter un excellent début de semaine, un très bon lundi et on se retrouve demain pour parler de TikTok, comme tous les jours et du débat présidentiel, comme tous les quatre ans.

Morningbull Live du jour :

À demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Si j’ai l’occasion, j’aimerais mieux mourir de mon vivant !”

 

Coluche