J’adore ce métier. Non, vraiment. J’aurais pu être pilote d’hélicoptère et m’ennuyer à faire tout le temps les mêmes vols dans les mêmes endroits, sauver des vies, m’occuper des agriculteurs en haute-montagne, mais NON. J’ai choisi banque et finance et depuis je ne me suis jamais ennuyé une seconde. Il ne s’est pas passé une année où il ne s’est rien passé. Pas une année plate et sans relief, jamais 12 mois ne se sont écoulés sans qu’une banque fasse une connerie, sans qu’un stratégiste vienne nous sortir des objectifs délirants, sans qu’un fonds fasse faillite, sans qu’une nouvelle technologie vienne révolutionner le monde du thé froid ou du Forex, pas une décennie sans une bulle quelque part et sans qu’un génie de la finance vienne nous dire qu’il a trouvé LE MOYEN de gagner à tous les coups en bourse et que « c’est bon, il a modélisé la finance, plus rien ne peut arriver » - jusqu’à la prochaine claque. Toutes ces années folles me faisaient penser que j’avais exploré toutes les facettes et que plus rien ne pouvait me surprendre. Et puis 2020 est arrivé. Il est vrai qu’il fallait y penser au coup de la pandémie. On avait eu pas mal de fois des sujets similaires les années précédentes ; le SARS, le H5N1, le H5N1 au carré et même Ebola, mais le virus du pangolin made in China qui tue un million de personnes selon les organisateurs et la moitié moins selon la police, on ne nous l’avait encore jamais fait. Et en plus que cette année-là soit l’année des records, même dans les scénarios les plus fous des écoles de bourse pour « Bullishs Only », on n’aurait pas osé. Et pourtant. Mais surtout, surtout, ce qu’il faudra retenir de cette année 2020, c’est notre capacité ultradéveloppée à passer du rire aux larmes et de tourner la veste à la vitesse de la lumière. De tenir des théories ultra-négatives le lundi et de s’arroser de champagne le lendemain à cause d’une nouvelle qui va nous changer la vie, la perception du marché et faire qu’il ne baissera plus JAMAIS. Enfin, jusqu’à la prochaine fois où l’on va tourner la veste.

L’Audio du 29 septembre 2020

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Le retour du stimulus

Je ne vais pas y aller par quatre chemin et vous la jouer « politicien », hier le marché a rebondi un peu partout dans le monde. Surtout en Europe, parce qu’on devait rattraper la hausse qu’on n’avait pas faite vendredi dernier et qu’en plus y avait de la « bonne nouvelle » qui planait un peu partout dans le monde. Globalement, on s’est surtout concentré sur le fait que le STIMULUS serait de retour pas plus tard que la semaine prochaine. Je dois dire que l’on frise l’euphorie. Surtout que l’on nous avait annoncé de source « sûre » que les Républicains et les Démocrates avaient mis le sujet de côté jusqu’à après les élections. C’était quasiment officiel. C’est bien simple, moi j’avais même enlevé les touches S-T-I-M-U-L sur mon clavier parce que je pensais que je n’en aurais plus besoin pendant 36 jours au moins. Mais en fait non. Depuis hier soir, j’ai dû tout remettre. Heureusement d’ailleurs, parce que j’ai essayé de taper une chronique entière en me privant du S, du T, du I, du M du U et du L et ça ressemblait plus à du Klingon et comme je ne parle par le Klingon, forcément, ça faisait bizarre.

Donc oui, Madame Pelosi, du camp des Démocrates et Monsieur le Secrétaire du Trésor Mnuchin, du camp des Républicains se parlent – ils se parlent tellement depuis 3 jours que l’on se demande même s’il n’y a pas plus que le Stimulus dans cette histoire. Mais toujours est-il que Nancy Pelosi a déclaré hier qu’ils seraient même prêts à présenter un plan de 2’400 milliards dès la semaine prochaine. LA SEMAINE PROCHAINE !!! Vous imaginez ? Soudainement tout le monde le monde a ressorti la bonne vieille théorie des soutiens gouvernementaux, de l’abondance de liquidités, des taux à zéro, de l’effort concerté des banques centrales et du fait qu’à la fin c’est les BULLS qui gagnent – théorie que l’on avait oubliée depuis la fin du mois d’août. Dans la foulée on a même un professeur de finance de la Wharton School qui s’appelle Jeremy Siegel – ne pas confondre avec Bugsy Siegel – Jeremy Siegel pense que « peu importe qui gagnera l’élection en novembre, le marché montera en 2021. Et puis, dans la foulée, la plus belle annonce de la journée aura été faite par l’analyste technique de Bank of America, qui pense que « depuis là où nous sommes », juste là et exactement ICI, le marché a un potentiel de rebond de 30% au moins. Bref, si vous pensez que 2020 a été impressionnante, attendez de voir 2021 et si en plus on est COVID free et qu’on a le droit de sortir de chez nous et de se parler avec moins de 35 mètres d’écart et sans masque à la con, autant vous dire que ça va être Woodstock là dehors.

Graphique du S&P500 – Source : Bank of America

La magie peut-elle reprendre ?

Donc voilà, je ne vais pas vous faire un dessin, hier nous avons eu une de ces journées où tout monte et où rien ne peut nous arrêter. Une de ces journées où on a l’impression qu’il y a une main magique qui passe des ordres à l’achat avec des fonds illimités, comme une version moderne de Jésus qui, à la place de multiplier les pains, multiplierait les ordres de bourse à l’achat. On a même eu droit à un merger dans le secteur du «gaz de schiste », Devon et WPX ont mis leurs forces en commun et les deux titres ont explosé à la hausse –comme si soudainement le secteur du « gaz de schiste » nous intéressait à nouveau et faisait partie des portefeuilles ESG/ISR/GREEN et trottinettes électriques. Pour être franc, depuis le début du mois de septembre et le sell-off que nous avons connu, c’est la première fois qu’il y avait quelque chose qui sentait vraiment le rebond et pas l’escroquerie à deux balles. Et tout ça grâce à 8 lettres et à 5 titres qui sont surpondérés dans tous les indices et qui ont explosé à la hausse hier. Oui, parce que dans les meilleures performances de la journée, inutile de vous dire que les GAFAM ont cartonné hier.

Entre le Stimulus, Amazon qui annonce les soldes pour mi-octobre et les rumeurs qui courent sur Apple qui « pourrait » lancer un Mini-iPhone en plus du reste et que, « ceci serait une révolution », tout va bien dans le secteur des plus gros titres du monde. On prendra le temps de revenir sur le sujet du mini-iPhone un de ces jours, parce que si la boîte de Cupertino nous sort un « petit iPhone », la suite ça sera quoi ? Un iPhone sans écran tactile, puis un écran pixellisé, puis un jeu qui s’appellera le « jeu du serpent » qui consistera à « manger des pixels pour rallonger la queue de l’animal sans toucher les bords de l’écran du-dit mini-iPhone et ensuite, ils vont nous sortir un iPhone 6210 avec une antenne extérieure. Mais plus rien ne me surprends, tant que ça consomme, tout va bien.

L’Asie et le reste

Les marchés asiatiques ont ouvert légèrement en hausse ce mardi, profitant d’un nouvel élan après que « les chasseurs de bonnes affaires » aient contribué à la reprise des marchés américains, chasseurs que l’on a dopé à coup de STIMULUS. Depuis l’ouverture, Hong Kong s’est effrité en terrain négatif, tandis que les actions chinoises montaient de 0.4%. On sent bien qu’on est au bord de l’orgasme boursier, mais qu’on hésite quand même. En revanche, le Nikkei est en légère baisse depuis l’ouverture, NTT ayant prévu de ramener sa division téléphones dans le privé, pavant la route pour des baisses de prix dans le secteur – sans compter que les titres sont ex-dividendes aujourd’hui.

Je vais éviter de parler de l’or et du pétrole, vu que les deux ne génèrent absolument aucun intérêt en ce moment et que si je le fais, j’aurais moins de place pour parler des impôts de Trump.

News du jour

Dans les nouvelles du jour, on fait donc bien sûr la part belle à l’enquête du New York Times sur les impôts non-payés du Président. Tout le monde ne parle que de ça et sont choqués de savoir qu’un politicien pouvait être pourri à ce point. C’est pourtant généralement un pléonasme. Mais bon, on ne parle que ça. Et du coup, Biden prend la tête chez les Bookmakers et tout le monde se réjouit de voir comment Trump va se faire démonter durant le débat de ce soir. Pour autant que Biden n’oublie pas ce qu’il voulait dire et qu’il ne tripote pas la première journaliste qui lui passe sous la main. Non, franchement, là je serais Américain, je pense que je voterais plutôt pour mon chien que pour l’un des deux candidats.

Pour le reste, on a l’Azerbaïdjan et l’Arménie qui continuent de se battre pour une bande de terre où personne n’aurait l’idée d’aller s’installer spontanément. En même temps, c’est un grand-classique puisque les Chinois étaient prêts à partir en guerre pour une île habitée par des goélands et recouverte des excréments de ces derniers. Pendant ce temps, Lagarde prévient que la déflation pourrait continuer ces prochains moins en Europe. Visiblement, pour le moment le sort de l’Europe n’intéresse que Lagarde parce que les Présidents des pays européens en question sont bien trop occupés à jouer à Dieu en luttant contre la pandémie. Et puis, UBER a le droit de bosser à Londres pendant 18 mois et le trimestre qui nous attend en terme d’IPO sera le plus gros depuis la bulle internet de l’an 2000 – mais ça ne fait peur à personne, ça ne choque personne, il y a un stimulus qui arrive de toutes façons. Enfin. Normalement.

Côté chiffres

Pour ce qui est des chiffres économiques du jour, nous aurons le CPI en Allemagne et en Espagne, la confiance du consommateur aux USA et ce soir il y aura le débat présidentiel. À ce propos, il y a un type qui s’est amusé à analyser ce qu’ont fait les marchés APRÈS le premier débat présidentiel. Après avoir tout mis sur un fichier EXCEL et être remonté 100 ans en arrière, il est en arrivé à la conclusion que ; « des fois ça monte et des fois ça baisse » – c’est 50/50. Comme d’habitude quoi…Actuellement les futures sont en hausse de 0.35% et l’effet stimulus continue de porter ses fruits.

C’est tout ce qu’il y avait à dire en ce dernier mardi de septembre, il me reste à vous souhaiter une très belle journée et on se retrouve demain – au même endroit et à la même heure.

À demain.

Morningbull Live du 29 septembre :

Thomas Veillet

Investir.ch

“I tried being reasonable, but I didn’t like it.”

― Clint Eastwood