Alors que les marchés ne savent visiblement plus quoi faire ou plus quoi penser de la situation actuelle, on peut se poser des questions sur ce qui se passe « VRAIMENT ». Après un rebond technique assez spectaculaire mercredi, les bourses se sont à nouveau plantées et encore une fois, c’est à cause des « gros noms de la tech », pas besoin de vous faire un dessin, les touches de mon clavier sont usées à force d’utiliser les mêmes lettres encore et encore. Donc, oui la tech s’est encore une fois dégonflée en fin de séance et il serait peut-être temps de se poser des questions sur l’état du marché – via les dérivés. Non, parce que je veux bien accepter le fait que les vendeurs sont de retour parce que le Congrès, le Sénat et Trump ne sont pas foutus de se mettre d’accord pour un nouveau plan de stimulus et que l’Américain moyen à l’air d’être dans une situation plus que compliquée, mais je trouve que l’on oublie un peu rapidement l’histoire de Softbank et du fait qu’ils auraient des milliards en position via des options et que l’on fait un peu trop vite abstraction des conséquences que cela pourrait avoir au cas où cela tournerait vinaigre. Je voudrais juste que l’on prenne le temps de se rappeler ce qui s’est passé avec le fonds LTCM en 1998 et que, déjà à l’époque, on avait failli mettre la clé sous la porte. Déjà à l’époque, il y a des banques qui ne faisaient pas les malins et la lame de la guillotine n’était pas passée loin.

L’Audio du 11 septembre 2020

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Le double effet « kiss-cool »

Non, parce qu’entre vous et moi, je ne suis personne, je n’ai pas fait d’études et j’ai globalement passé ma vie à observer les marchés et à constater les dégâts, mais je me dis simplement que si les mecs de Softbank, ils ont réussi à faire monter le marché à eux tout seuls en achetant des options, des options et des options et que cela a eu des conséquences sur la hausse de certains titres les amenant à des niveaux d’évaluation que l’on n’avait plus vu depuis l’an 2000, que se passerait-il si demain, pour une raison que j’ignore, le fonds en question se retrouvait obligé de liquider tout ou partie de ses postions, de façon rapide et massive ? Autant vous dire que si on s’est fait balader à la hausse, je ne vous dis même pas comment ça va être dans l’autre sens. Il ne faut surtout pas oublier que dans ce genre de grande claque historique à la vente, il y a aussi le problème de la liquidité. C’est d’ailleurs ce qui avait causé la perte du LTCM – en théorie que vous ayez 100 calls en position ou 1 million de calls, ça ne change rien ce ne sont que des chiffres – mais en pratique, ces options sont adossées aux actions d’une société et les conséquences ne sont pas les mêmes quand on doit vendre ou acheter 10’000 actions pour contrebalancer une vente de calls ou quand on doit en en vendre 100 millions. La liquidité, toujours la liquidité.

Alors peut-être que l’on a tendance à prendre ce « problème de la baleine » un peu trop à la légère et que le double effet « kiss cool » pourrait nous faire tout bizarre. Pour le moment on va dire que tout ne se passe pas trop mal et que les traders ont compris que pour faire bouger le marché, il faut tirer sur les mêmes, encore et encore, sur les mêmes titres qui avaient déjà fait monter le marché avant. Mais si tout à coup, on devait se retrouver dans une crise majeure – et je ne parle même pas de COVID, mais juste une récession massive avec 40 millions d’Américains qui n’ont plus de job, pas de chômage, incapables de payer les loyers ou les leasings des voitures, incapables de se nourrir correctement, que se passera-t-il si certaines « doivent » réduire la voilure de leurs positions et que la liquidité n’est plus là ? Posez la question à John Meriwether et Myron Scholes – les fondateurs du LTCM – ils auront peut-être deux-trois anecdotes à raconter

Retour à la case départ

Tout ça pour dire que l’on ne se méfie peut-être pas assez. Mais on va dire que les instances supérieures savent ce qu’elles font et que ça va très bien se passer. Quoi qu’il en soit, le marché a baissé hier. Le Nasdaq est revenu plus ou moins là où il était AVANT le rebond et le reste a suivi. Forcément, de toutes façons quand on a les 4 ou 5 « usual suspects » qui perdent 3-4% autant dire que le résultat est toujours le même et nous sommes de retour à la case départ, de retour en « zone de correction ». S’il fallait trouver une raison pour expliquer pourquoi on a tout vendu à New York en fin de séance, on va donner du crédit et de la réflexion aux intervenants en disant que les ventes ont été déclenchées parce que « certains » imaginent assez mal que les politiciens puissent trouver une solution pour stimuler l’économie et soutenir les Américains aussi rapidement que Biden est capable de dire une connerie. Sans compter que les chiffres des Jobless Claims n’étaient pas bons hier. Ils étaient surtout pires que ce que les analystes attendaient. Mais ce qui est important à retenir, c’est qu’hier, soudainement, les chiffres des Jobless Claims nous intéressaient. Non, parce que la semaine dernière, ça n’était pas forcément différent, mais comme on était trop excité à battre des records d’altitude qu’on s’en foutait comme de notre première cravate.

Sauf que là, c’est pas pareil. Il faut faire « genre » on sait ce que l’on fait et on est très basé sur les fondamentaux économiques que l’on passe des heures à analyser le soir quand on rentre à la maison. Bref, les marchés ont été victimes d’un nouveau sell-off, qui n’a rien à voir avec le problème des dérivés, parce que c’est bien plus rassurant, mais c’est clairement à cause de la politique. Mais bon, on s’en fout, les futures sont en hausse de 0.6% déjà ce matin, ce qui veut dire que l’on rebondit déjà, parce que tout le monde a vu que l’on est plus ou moins revenu sur les niveaux d’avant et que c’est « juste un re-teste » avant de repartir au galop en direction des plus haut. Vous voulez que je vous dise ? Plus ça va, plus la bourse me semble d’une simplicité, c’est inouï. Vivement que les systèmes électroniques prennent le dessus et que l’intelligence artificielle gère elle-même tout ce cirque, comme ça moi je pourrais écrire des chroniques sur les voitures électriques.

L’Asie

Ce matin l’Asie va dans tous les sens et c’est chacun pour soi. Plus personne ne semble capable de prendre une décision qui va au-delà de la clôture de la séance. Un peu comme quand nous sommes perdus parce que l’on ne comprend plus ce qui se passe. Le Japon est en hausse, tout comme Hong Kong, mais timidement et la Chine est en baisse, timidement aussi.

L’or est à 1947$ et le pétrole à 37.16$ – l’engouement semble proche de zéro pour ce qui est du métal jaune comme pour l’or noir.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on parle de la démission du CEO de Rio Tinto qui quitte son poste après la destruction de sites aborigènes en Australie. Il y a aussi la société Hindenburgh qui attaque violemment Nikola, le fabricant de pick-up électriques qui vient de signer avec GM. Le titre s’est pris 10% dans les dents et la société Hindenburgh qui est spécialisées dans les shorts estime que Nikola est une fraude et que le CEO a menti sur les chiffres à plusieurs reprises. Il faut noter qu’Hindenburgh était short massivement sur Nikola juste au moment de la hausse de 50% suite au deal avec GM. Mauvais perdant ou visionnaire ? L’avenir nous le dira.

On parle également beaucoup du COVID, d’abord parce que le vaccin fait débat dans l’élection présidentielle. Alors que Trump pousse pour une validation rapide du vaccin, son opposant est bien plus prudent. En même temps, il semble clair que si un vaccin qui fonctionne est distribué avant les élections, Biden est foutu. Mis à part le vaccin, on retiendra que les nouveaux cas de COVID explosent partout dans le monde – 14’000 nouveaux cas en Californie en 24 heures et 10’000 en France. On est au bord de la panique et tout le monde court dans tous les sens pour trouver des solutions – en Espagne on boucle des quartiers entiers avec des méthodes qui rappellent fortement les plus belles années de la guerre 39-45 – En France on étudie ce que l’on va faire et le tout sera annoncé aujourd’hui, je serai Marseillais, je commencerai à stocker des pâtes et du PQ. Et puis en Suède, tout le monde s’en fout, pendant qu’en Suisse on redonne 16 mois de pouvoir sur COVID en plus au Conseil Fédéral. En revanche, il est hyper-intéressant de voir que le nombre de cas explosent, mais que personne ne nous dit combien de tests sont fait par jour en comparaison d’il y a 2 mois… En tous les cas on sent bien que l’on n’est plus très loin du jour où un « gouvernement démocratique » va créer des camps dans lesquels ils enfermeront les gens qui sont « positifs », on sent bien que la liberté gagne du terrain tous les jours un peu plus.

Autrement on notera qu’ils ont sorti Greenspan du formol pour faire une interview sur CNBC. L’ex-patron de la FED qui a aujourd’hui 94 ans est très inquiet de l’explosion des déficits et de l’inflation à venir. Un peu comme quand il était patron de la FED d’ailleurs. Les déficits explosent toujours et l’inflation aussi. Toujours à propos des banques centrales, hier Madame Lagarde a parlé, elle va surveiller l’Euro/Dollar – ce qui nous fait une belle jambe – et elle laisse les taux inchangés. Ce qui est une « monstre » surprise. Par contre la BCE bosse sur une monnaie électronique – en tous cas ils y réfléchissent, surtout parce que les échanges de cash diminuent…

Les chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres du jour, nous aurons le GDP en Angleterre, ainsi que le Trade Balance. Nous aurons aussi un paquet de CPI un peu partout et pour le moment les futures sont en hausse et l’Euro/Dollar va dans tous les sens. Nous sommes vendredi 11 septembre et il me reste à vous souhaiter un très bon week-end et à lundi !

Thomas Veillet

Investir.ch

“We are obviously all hurt by inflation. Everybody is hurt by inflation. If you really wanted to examine who percentage-wise is hurt the most in their incomes, it is the Wall Street brokers. I mean their incomes have gone down the most.”

 

Alan Greenspan – 1974