C’est la troisième semaine de suite que les marchés terminent en baisse. Enfin, surtout les marchés dits « technologiques » et surtout les 5 titres qui nous obsèdent depuis des mois, des mois et des mois. Il est clair que vu le poids que représente les stars de la technos et les grands vainqueurs du COVID19 dans les indices, il est difficile de ne pas parler d’eux et de ne pas être préoccupé lorsqu’ils sont pratiquement tous en train d’indiquer un changement de tendance. Inutile de vous dire que si, durant les trois prochaines semaines, le monde merveilleux de l’investissement décide de réduire son exposition aux valeurs magiques comme Apple, Amazon, Facebook, Microsoft et Google, nous risquons de vivre des heures difficiles. Bon, pas aussi difficiles que celles que va vivre Jeff Bezos qui va voir quelques dizaines de milliards s’évaporer de son compte bancaire, mais pas facile quand même. Rappelons que le troupeau des 5 stars représentent tout de même pas loin de 25% du S&P500. Vendredi les indices américains sont donc passés tout près de la correctionnelle, on ne sait pas trop par quel miracle une vague d’acheteurs a limité la casse en fin de séance, mais on va dire que la clôture aurait pu être bien pire. Même si celle-là est loin d’être fantastique non plus, on va dire qu’elle aura été moins pire, mais que ce matin une montagne de questions nous assaille et le doute est plus que présent : « sommes-nous vraiment dans un mois de septembre pourri ? » ou « allons- nous trouver la force de remonter ? » - pour être honnête ; on n’en sait rien, comme d’habitude, une chose est pourtant certaine ; sans un stimulus de bonne facture, il n’y a rien de moins sûr.

L’Audio du 21 septembre 2020

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Une tendance cassée

Lorsque l’on observe les indices américains en ce lundi matin ; les dommages sont conséquents, on ne va pas se mentir ; après une correction massive il y a trois semaines, nous n’avons jamais réussi à remonter le courant et aujourd’hui, il est difficile ne pas reconnaître que la tendance a pris une sale tournure et qu’il va nous falloir un peu plus que 3-4 IPO’s qui se courent après ou des théories d’investissements basiques comme « Amazon c’est cool ; ils vendent des livres », pour remonter la pente. Je peux me tromper et j’espère que je me trompe, mais les semaines à venir pourraient être aussi compliquées que celles que l’on vient de vivre. Nous sommes le 21 septembre, l’été est officiellement derrière nous et il va falloir se rendre à l’évidence, cette année 2020 n’est définitivement pas une année comme les autres.

Au début de l’année on nous avait dit que les années électorales, le marché ne baissait pas et puis il y a eu le COVID. Et puis on est remonté et puis on nous a dit que même si le mois de septembre était pourri – historiquement parlant – les années électorales, il n’était pas si pourri que ça. Sauf cette année, visiblement. Nous voici donc à l’aube d’une nouvelle semaine avec une seule question en tête : « Should I stay or should I go ? » – et si je dois être très franc avec vous ; là tout de suite ça donne surtout envie de réduire la voilure, de rentrer du bois pour l’hiver, de s’asseoir devant la cheminée et d’attendre que ça passe. Ce matin, je suis tombé sur l’interview d’un vieux trader américain qui se spécialise dans les comportements saisonniers des marchés et qui disait que, selon ses analyses et son back-testing du passé ; en vendant le S&P500 alors qu’il reste 7 jours de trading sur le mois de septembre, c’est 100% de réussite si l’on attend jusqu’au 10 octobre, aujourd’hui 21 septembre, il reste 8 jours de trading avant la fin du mois et quand je vois la tronche de dépressif des indices américains, j’ai la sale impression que ce Monsieur pourrait avoir raison encore une fois cette année. Reste à faire confiance aux statistiques.

Graphique du Nasdaq 100 – Source : Tradingview.com

À moins que Tesla vienne sauver le monde

Lorsque l’on se lance dans la littérature financière en ce lundi matin, la première chose qui frappe ; c’est ce doute omniprésent dans les paroles et les écrits des experts financiers. Aujourd’hui, tout le monde semble d’accord pour dire que LA solution pour faire remonter les marchés réside dans la mise en place d’un nouveau plan de stimulus – non, parce que soyons clairs – l’économie ne va pas se redresser comme par magie et même, si pendant un moment on y a cru, il semble clair aujourd’hui que l’emploi ne va pas se redresser en trois semaines et au vu des chiffres du COVID et des angoisses que nous font partager nos brillants politiciens, nous ne sommes pas prêts de retrouver une vie normale – et si l’on ne retrouve pas une vie normale, autant vous dire que l’on ne va pas créer des montagnes de jobs en laissant les gens enfermés chez eux. Nous avons donc BESOIN d’un plan de stimulus et que quelqu’un file des antidépresseurs à Powell pour que le patron de la FED fasse des discours un peu plus enthousiastes que celui qu’il a fait lors du dernier FOMC Meeting.

Le problème c’est que si l’on compte sur un stimulus actuellement et que l’on aimerait bien le voir arriver dans la semaine qui vient, on peut tout aussi bien aller s’asseoir au bord du lac Léman et attendre de voir apparaître le Monstre du Loch Ness en se basant simplement sur le fait qu’il a immigré en Suisse pour améliorer son statut fiscal. Non, aujourd’hui les Républicains et les Démocrates ont à peu près autant envie de se mettre d’accord que Pierre Maudet a envie de quitter ses fonctions. Autant vous dire que l’on va devoir trouver d’autres moyens de se motiver à acheter, plutôt que de compter là-dessus. Un nouveau stimulus américain dans les 10 jours s’apparenterait plus à un miracle qu’à autre chose. À moins que Tesla vienne sauver le monde en présentant ses nouvelles batteries demain, batteries qui feront passer le lapin Duracell pour un dépressif. On ne sait jamais. Il ne faut jamais oublier que l’investisseur à une capacité phénoménale à changer d’avis plus vite que la lumière – même si là tout de suite, tout à l’air bien compliqué.

L’Asie et le reste

Pour l’instant c’est du côté de l’Asie que tous les regards se tournent. Pour le moment les indices ne font pas grand-chose et tout le monde est en train d’aiguiser ses arguments pour expliquer les choix à venir. Une chose est certaine, nous allons parler d’élections, de stimulus et de la résurgence du COVID partout en Europe – houououououoou – pour le moment le Japon est légèrement en hausse, pendant que le reste est légèrement en baisse, tout comme les futures américains. On parler énormément de Tik-Tok, comme si ce truc allait changer nos vies et comme si les 7 vaccins en cours de développement ne pourraient pas voir le jour tant que l’on ne connaîtra pas la destinée de cette daube aux Etats-Unis. En tous les cas le feuilleton continue, mais Trump semble avoir enfin trouvé un accord avec lui-même à ce sujet.

Côté Or et pétrole rien n’a changé depuis vendredi ; le baril est au-dessus des 41$ et l’or est à 1959$. Il est très intéressant de voir et d’entendre – un peu partout – une espèce de conviction absolue comme quoi l’or va monter. Mais alors que l’ensemble de la communauté des investisseurs qui savent s’auto-persuadent que ça va monter, ce truc est presque aussi dynamique qu’un spaghetti qui aurait cuit une demi-heure de trop. Enfin, peu importe, l’important c’est que l’on soit convaincu qu’un jour l’or ira plus haut. Normalement. Enfin, peut-être. C’est même pas sûr. Pendant ce temps, l’UBS a augmenté son objectif sur l’or à 2100$ et s’estiment TRES bullishs sur l’or pour le mois à venir. De 1950 à 2100 c’est « très bullish » – perso je pense que dans ce cas, vaut mieux être analyste sur Tesla, c’est quand même plus marrant.

News du jour

Dans les nouvelles du jour, il semblerait que Trump ait trouvé un accord sur Tik-Tok avec lui-même personnellement tout seul. Autrement selon les derniers sondages, Biden va mettre la pâtée à Trump au mois de novembre – et je dois dire que plus je regarde ces élections, plus je me dis que si j’étais Américain, j’envisagerai d’immigrer au Canada. Autrement, il y a une nouvelle enquête journalistique qui vient de sortir et qui prouve que les banques ont mis au point des milliers de combines pour blanchir de l’argent sale au travers de systèmes très compliqués et que la Deutsche Bank et JP Morgan sont bien en place sur le podium. Il faut donc être bien conscient que ces histoires datent de bien longtemps et que la plupart des cas cités semblent déjà être connus des autorités. Il n’y a donc pas grand-chose de neuf dans tout cela. Ce qui ne cesse de me surprendre c’est qu’il y a encore des gens qui sont étonnés.

Tout cela mis à part, on attend le « battery day » de Tesla comme si c’était le Messie, on attend aussi de voir ce que Powell va nous dire ce soir. Même si récemment le boss de la FED avait l’air d’avoir perdu un peu de sa motivation, il a toujours la capacité de nous sortir une phrase qui pourrait changer la face du monde. Je ne sais pas, une phrase du style « Whatever it takes ». Pour le moment, les futures sont en baisse et la semaine promet d’être intéressante, parce que nous sommes dans une zone de pivot – sauf que je ne vois pas trop ce que pourraient être les catalystes pour renverser la tendance. Pas sûr que Powell et Musk peuvent sauver le monde à eux deux.

Il me reste à vous souhaiter un très bon début de semaine et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures et voir si les indices peuvent faire mentir les statistiques.

À demain.

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Thomas Veillet

Investir.ch

« Le doute est l’apanage des gens intelligents, les cons n’ont que des certitudes. »

Alain Leblay