Je rêve d’une économie qui se base sur la performance des sociétés et pas sur l’interprétation des chiffres qui est faite en fonction de l’avis des analystes qui n’ont jamais géré une boîte de leur vie et qui font leurs prédictions avec des fichiers excel et en lisant dans le marc de café. Je rêve d’un monde où on ne ferait pas de l’investissement en se basant sur la géopolitique mondiale, sachant que la plupart des politiciens actuels sont des mégalomanes qui ne pensent qu’à leur réélection et à ne pas perdre le pouvoir. Je rêve d’un Wall Street qui ne se ferait pas mener par le bout du nez par les egos surdimensionnés de gens comme Pelosi, Trump, McConnell, Biden ou Mnuchin. Aujourd’hui les traders et autres investisseurs ne savent plus, ne peuvent plus investir sans analyser le comportement, les mots et les tweets de cette équipe de bras cassés qui ne pensent qu’à eux-mêmes et en aucun cas au peuple américain ou aux conséquences économiques que leurs conneries et autres tergiversations peuvent avoir. Je rêve d’un monde merveilleux de la finance où l’on pourrait juste, construire, investir, réfléchir, planifier et un monde dans lequel on arrêterait de brasser de l’air dans tous les sens pour rien, en spéculant sur pas grand-chose. Malheureusement mon, ou mes rêves semblent bien loin, puisque les bourses mondiales, et tout particulièrement la bourse américaine, sont connectées en permanence sur le fil twitter des clowns qui nous dirigent et prennent leurs décisions d’investissements en fonction des « hashtags » que l’on trouve dans chacun des communiqués de Pelosi, Trump et consort – tout en faisant des prévisions sur la date de « sortie » de ce foutu stimulus qui a l’air presque aussi compliquée à trouver que la date de sortie du prochain James Bond.
L’Audio du 22 octobre 2020
On prend les mêmes et on recommence
La journée d’hier aura donc été à nouveau placée sous le signe du stimulus aux USA et du COVID en Europe. Les Américains ont un gros avantage, c’est qu’avec le Stimulus qui prend tellement de place dans les médias, plus personne ne se préoccupe du nombre de personnes infectées et du nombre de personnes hospitalisées aux soins intensifs ou pas – alors que nous, en Europe, comme on ne peut rien faire d’autre que d’attendre que les bras cassés du Sénat se mettent d’accord, nous sommes passés experts en panique et en nouvelles anxiogènes sur le COVID. Tous les gouvernements européens, Suisse y comprise, n’ont plus rien d’autre à faire que de faire des conférences de presse toutes les 5 minutes pour nous expliquer comment les mois qui viennent vont être pourris, combien on va prendre cher parce que l’on va devoir être confiné et que si ça se produit, c’est évidemment tout de notre faute parce que l’on n’a pas fait attention alors que les gentils politiciens avaient tout fait ce qu’il fallait pour que ça se passe bien et que maintenant on a tout foutu en l’air et que ça sera pire qu’en mars cette fois, mais que l’on ne peut s’en prendre qu’à nous même.
Ce genre de conférence de presse a forcément des conséquences sur les bourses européennes – encore une fois, les States s’en foutent, ils ont d’autres chats à fouetter et comme ils ne savent même pas où est l’Europe, c’est gérable pour eux – par contre chez nous, c’est violent et c’est méchant. La séance d’hier aura à nouveau été une de ces séances de SEMI-panique alors que tout le monde prend conscience que ce second confinement qui arrive et qui est totalement de notre faute – va cette fois détruire des pans entier d’une économie qui est déjà passablement asthmatique. Par contre, je me posais une bête question. Je sais que ce n’est pas mon travail, ni mes affaires, mais lorsque l’on entend (en France par exemple) que les décès sont maitrisés mais que les privations de libertés ont principalement pour but d’éviter « l’engorgement des hôpitaux », comment on explique le fait qu’entre 2000 et 2020 on a supprimé 100’000 lits dans les hôpitaux français alors que la population augmentait de 8 millions de personnes ? Est-ce par hasard le psychopathe qui dirige la France n’aurait pas – lui et ses prédécesseurs une part de responsabilité sur la situation actuelle ? Sans parler du mépris ouvertement affiché vis-à-vis du personnel médical.
Mais bon, là n’est pas le sujet, l’important c’est de voir que ces communications au bord de la panique et au maximum de l’anxiogène, a encore une fois des conséquences sur les bourses européennes qui sont au bord du craquage de nerfs – de nouveau. Mais que l’on se rassure, les instances politiques ont un plan : d’ici une semaine, on aura rendez-vous à 20h sur nos balcons pour applaudir le personnel médical. Bref, hier le Dax a perdu 1.4%, le CAC40 reculait de 1.5%, Milan plongeait de 2% – une fois encore à cause du COVID et de ce que l’on va se prendre dans la figure comme conséquences économiques et aussi un peu sur le fait que l’on peut s’asseoir gaiement sur nos libertés aussi.
Stimulus Story, le scénario tourne en eau de boudin
Lorsque vous regardez la douzième saison d’une série télé, en général on a l’impression que les scénaristes ne savent plus quoi inventer. Le signe que tout est en train de partir en vrille, c’est quand on commence à vous faire des épisodes où le personnage principal prend un coup sur la tête et se retrouve projeté dans le passé et que la plupart de l’épisode se passe il y a 200 ans avec les mêmes personnages que dans le présent. C’est en général un signe évident que les mecs ils ne savent plus quoi raconter. Eh bien dans l’affaire du Stimulus 2.0, c’est pareil, on ne sait plus quoi raconter non plus. Toute l’équipe impliquée brasse de l’air et plus personne ne sait à quel Saint se vouer. Encore une fois ; Pelosi et Mnuchin n’ont pas réussi à trouver un accord sur le deadline de mardi soir, mais maintenant on a « bon espoir de trouver un deal d’ici la fin de la semaine » – pour autant que l’on obtienne la collaboration de la vache Milka et que les marmottes soient d’accord de mettre le chocolat dans le papier d’aluminium. En gros, rien ne bouge et MÊME si par le plus grand des hasards, après avoir trouvé une lampe à huile, le génie qui en sortira sera capable de pousser Mnuchin et Pelosi à trouver un deal, il faudra encore utiliser le second vœu pour pousser le Sénat à accepter le deal en question.
Pour faire simple ; ils n’ont pas fini de nous balader et ça risque de durer encore un moment. Surtout que ce soir il y aura le débat des futurs clowns de la Maison Blanche et que pendant quelques heures on n’aura plus le temps de parler Stimulus, mais on devra décortiquer les casseroles que les deux candidats vont se jeter à la figure, sans compter que Trump regagne toujours un peu de terrain – surtout depuis que les ordinateurs du fils de Biden ont été saisis par le FBI et ce qu’il y a dedans semble faire passer Jeffrey Epstein pour un enfant de cœur. Toujours est-il que cette « no-vision » à propos du stimulus commence à fatiguer tout le monde à Wall Street et ça commence à se ressentir méchamment sur les indices. Sans compter que la longue litanie des chiffres trimestriels continue de se dérouler et que ce n’est pas avec des 6-7% de baisse sur Netflix que ça va aider. Heureusement les 30% de hausse sur SNAP ont un peu remis de baume sur le cœur des traders, sans compter que, dorénavant, tout le monde a un objectif 50% plus haut pour SNAP. On parle même du fait qu’ils pourraient se lancer dans la voiture électrique, le vaccin anti-covid, mais directement en phase 3 et qu’ils vont lancer une cryptocurrency.
En Asie, on sombre
Ce matin en Asie on sombre avec le stimulus. Comme Anne, ma sœur Anne, elle ne voit rien venir, la totalité des indices de la région sont dans le rouge, sans compter que les futures sont également dans le rouge à New York et pas qu’un peu. La journée semble déjà bien engagée, manquerait plus que Biden soit testé positif au COVID et que toutes les prévisions de campagnes soient remises en cause.
Vu que nous sommes au bord de la crise de nerfs, au bord du confinement et que l’on va probablement retomber dans le concept du « on va tous mourir » assez rapidement, l’or remonte comme un bouchon de liège et hier il a frisé les 1930$ en cassant à la hausse la moyenne mobile des 50 jours – il se redégonfle un peu ce matin, s’échangeant à 1913$, mais quelque chose est en train de se passer sur le métal jaune. Côté pétrole, entre les inventaires qui étaient trop élevés hier et le fait que « comme on va tous être confiné jusqu’à Noël », le baril s’est fait allumer et ce matin, les restes encore fumant de l’or noir se traitent à 39.77$ – lui qui était à « ça » de casser à la hausse. C’est déprimant.
News du jour
Dans les nouvelles du jour, on notera le brassage d’air qui reste permanent autour du Stimulus, on ne va pas revenir dessus. Pendant ce temps, Obama revient dans la campagne pour soutenir son ex-faire valoir et démolir Trump en expliquant que tout ce qui arrive sur le COVID c’est de sa faute. Super-smart et très original. Autrement on parle pas mal de chiffres de Tesla qui étaient meilleurs que les attentes et qui étaient dans le vert pour le 5ème trimestre consécutif. Par contre, il y en a qui soulèvent quand même le fait que sans les subsides de l’état parce que Tesla ne « pollue pas », la société ne serait pas dans le vert depuis 5 trimestres. Mais on préfère quand même regarder le fait que – comme Musk l’a mentionné hier, Tesla est une chaîne de Start-ups et c’est pour ça que c’est si cool comme société. Le titre prenait 3-4% hier soir after close.
On noter aussi que Ant a obtenu l’approbation finale des autorités pour son IPO, 50% sera listé à Shanghai et le reste à Hong-Kong, on va donc pouvoir commencer à parler de cette IPO monstrueuse qui nous attend tout prochainement. Et puis le FMI pense que l’Asie va morfler en 2021 et plus que cet qu’ils avaient pensé auparavant. C’est toujours chouette d’écouter les avis du FMI, parce qu’en dehors de faire les « headlines » du FT et de CNBC, tout le monde s’en tamponne comme de l’an quarante. Et pour terminer, au chapitre vaccin, un patient qui était enrôlé dans l’étude de phase 3 du potentiel vaccin d’Astra Zeneca est décédé hier au Brésil. On ne sait pas de quoi ni quand ni comment, mais évidemment, il y a une nouvelle période de stress qui va peser sur la société britannique. Sans compter que ça va sûrement nous aider à avoir super-envie de se faire vacciner.
Chiffres économiques
Côté chiffres économiques, nous aurons les Jobless Claims afin de voir, comme d’habitude que sans stimulus, ça ne va pas repartir aussi facilement et ça donnera l’occasion à Trump de dire au débat de ce soir que c’est tout de la faute des Démocrates si le Stimulus n’avance pas et que ça lui permettra peut-être de récupérer un demi-point dans les sondages – ce qui va rendre les nuits de Biden un peu plus compliquées.
Pour le moment les futures sont en baisse de 0.7% et on attend un wagon de chiffres en France, puisque la moitié du CAC sera de sortie, il y aura L’Oréal, Hermès, Kering, Michelin, Dassault, PernodRicard, STM, Thales, Atos et Accor. Aux States, ça sera le tour de Coca-Cola, Intel, AT&T, American Airlines et Southwest.
Voilà, je crois que c’est tout ce qu’il y avait à dire ce matin. Le niveau de panique augmente gentiment et je vous recommande de ne pas oublier d’espionner vos voisins et de les dénoncer à la police au cas où ils inviteraient des amis à la maison et si vous voyez qu’ils ne portent pas le masque dans leur salon. Passez une belle journée et n’oubliez pas que la délation est une bien belle activité mise au point au cours des siècles par plein de gens qui ont littéralement fait l’histoire.
Passez une très belle journée et profitez de sortir pendant qu’on peut encore.
Morningbull Live du 22 octobre 2020
Thomas Veillet
Investir.ch
“I’ve always wanted to go to Switzerland to see what the army does with those wee red knives.”
– Billy Connolly