En septembre 1987, j’ai mis les pieds dans une banque pour la première fois de ma vie. Le lundi 19 octobre 1987, Wall Street s’effondrait et il m’aura donc fallu techniquement 49 jours dans le monde merveilleux de la finance pour vivre mon premier krach boursier. Le 21 octobre de la même année, les clients affluaient au guichet de la banque dans laquelle je travaillais en tapant contre les vitres et en réclamant leur argent – oui, parce qu’entre deux, il avait fallu au moins 48 heures pour que les journaux locaux fassent suivre l’information puisqu’en ce temps-là, internet n’existait pas et le smartphone, encore moins. Toujours est-il que l’expérience fût enrichissante, même si en ce temps-là, mes préoccupations étaient tout autres, j’ai compris assez rapidement que la bourse, ça pouvait être Rock’n Roll par moment. Aujourd’hui, 33 ans plus tard nous sommes bien loin de ce scénario de Krach, même si 2020 restera une année particulière, boursièrement parlant, on n’a pas du tout l’air de se diriger vers un krach pour fêter les 33 ans du krach. Non, je le dis parce que souvent lors de ces dates anniversaires, les « permabears » aime bien s’imaginer que l’on va répéter les mêmes choses, les mêmes krachs, aux mêmes dates juste pour faire « genre ». Mais je vous rassure, en dehors du fait que les futures sont en hausse des 0.5% à quelques heures de l’ouverture, les intervenants sont bien trop occupés à peser les pros et cons de l’hypothétique arrivée d’un stimulus tout aussi hypothétique d’ailleurs. Les intervenants ont les yeux bien trop fixés sur Washington pour qu’il se passe autre chose qui soit digne d’intérêt pour les investisseurs.

l’Audio du 19 octobre 2020

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Le stimulus et les publications du trimestre

Il est donc plus que probable que le 19 octobre 2020, n’aura rien à voir avec son cousin éloigné d’il y a 33 ans – les préoccupations sont tout autres, même si la performance qui avait précédé le krach de 1987 se rapproche assez facilement de ce que nous avons vécu ces dernières années. Mais quoi qu’il en soit, nous les traders modernes qui traitent avec Robinhood et se font pomper leur argent par des hackers, sommes en mode « stimulus gouvernemental américain ». Si la semaine dernière aura principalement été centrée sur le retour du COVID et les nouvelles mesures restrictives et coercitives qui sont censées endiguer la seconde vague et flinguer définitivement certains pans de l’économie, la semaine qui nous attend sera probablement encore un peu plus centrée sur l’éventuelle arrivée d’un stimulus en provenance de Washington. En plus, la bonne nouvelle du matin, c’est que Nancy Pelosi a laissé entendre qu’il n’y avait plus d’alternative ; c’est soit on trouve un accord entre Démocrates et Républicains dans les 48 heures – en se pliant si possibles aux propositions des Démocrates, puisqu’apparemment c’est de toutes façons eux qui vont prendre le pouvoir version raz-de-marée dans 15 jours et qu’ensuite, ils feront ce qu’ils veulent avec leur clown président le plus pathétique depuis la signature de la constitution américaine.

Nous voici donc dans les cordes avec un espoir ténu de voir quelque chose se produire dans les 48 heures ou être botté en touche jusqu’aux élections. Le point positif de la situation, c’est qu’au moins on n’aura plus d’incertitude – puisque le marché déteste les incertitudes, il devrait être content. J’ajouterais qu’il ne faut pas trop se bercer d’illusions puisqu’en toute fin de semaine dernière, il y a un nouveau personnage qui est venu se mêler de la discussion du stimulus et ça n’a pas forcément été très ludique – en effet le sénateur Mitch McConnell qui a l’air à peu près aussi intelligent que l’extra-terrestre de la soupe au choux, a laissé entendre que sa majorité à lui – comprenez la majorité républicaine n’accepterait pas n’importe quoi. N’importe quoi étant bien évidemment ; pas ce que les Démocrates proposent. Pendant ce temps-là, l’autre génie républicain – Donald Trump a laissé entendre qu’il était prêt à signer un « superbe stimulus » que ça dépendait surtout des Démocrates. En gros, on est dans une cour d’école enfantine et les stars de la politique américaine tentent tous de tirer la couverture à eux dans l’espoir de se faire reluire. De l’autre côté, l’Américain moyen est dans une merde noire et il ne faudra tout de même pas oublier que sans l’Américain qui consomme l’Amérique qui cartonne, ça risque de ne plus être pour tout de suite.

L’Asie

Ce matin l’Asie est en hausse, un peu partout, sauf en Chine, parce que le GDP local a été publié en-dessous des attentes des économistes et que si c’est pas comme les économistes ils disent, c’est pas bien. Mais pour le reste et si l’on ne tient pas compte des chiffres économiques chinois, on retiendra qu’il y a comme un vent d’optimisme qui souffle sur les marchés ce matin. Les plus optimistes tablent sur l’arrivée du stimulus – et ils doivent être vachement optimistes – sans compter qu’en plus on trouve très chouette qu’un vaccin anti-covid devrait arriver d’ici la fin de l’année. Il faut dire que la FDA se réunira le 22 octobre pour faire un point de situation et que les Chinois – encore eux – devraient mettre à disposition de tout un chacun – un vaccin expérimental qui devrait permettre de sauver le monde, mais surtout de faire une phase 3 à grande échelle. En espérant que les premiers testés ne vont pas se transformer en zombie ou en loup-garou. Ce qui aurait au moins le mérite de mettre de l’ambiance dans nos rues pendant le couvre-feu.

Autrement on notera qu’en plus d’être lundi, l’or est à 1904$ et le baril s’échange à 41$. Pour être franc, j’aimerais bien qu’il se passe quelque chose sur le sujet de l’or ou du baril, ça mettrait un peu d’ambiance. Je ne sais pas moi, une bonne attaque de drones sur une raffinerie, ça nous occuperait au moins pendant une demi-séance et ça serait toujours ça de gagné. Mais en fait, il ne se passe rien. Nous sommes dans l’ennui le plus total et j’en suis presque à rêver d’être après les élections et que Biden et Trump se retrouvent ex-aequo avec une élection aux résultats contesté, ça mettrait un peu d’ambiance.

News du jour

Côté news du jour, on parle donc du GDP chinois qui est sorti à 4.9% contre 5.2% attendu et on parle moins de la production industrielle qui elle, était nettement en dessus des attentes. Et puis le FT s’inquiète de la résurgence du COVID et pense même que l’impact sur l’économie pourrait être catastrophique en allant même suggérer l’arrivée possible d’un « double-dip » économique qui fait peur à tout le monde. Je précise que le Double Dip n’est pas un cocktail, mais une situation économique où l’on se re-pète la gueule alors que l’on vient à peine de finir la cicatrisation de notre nez cassé suite à la première cassée de figure économique.

On notera aussi que Ant a reçu l’approbation des autorités chinoises pour son IPO de champion du monde qui aura lieu à Hong Kong. Pendant ce temps, Alibaba achète une participation de 3.6 milliards dans l’hypermarket Sun Art. Et puis le Barrons nous explique pourquoi on ne pourra pas éviter l’entrée de Tesla dans le S&P500 – Tesla qui publiera d’ailleurs ses chiffres trimestriels ce mercredi au lendemain de ceux de Netflix. Ces deux sociétés n’ont pas intérêt à se rater au vu de leurs performances annuelles – le moindre dérapage – surtout pour Tesla – ne sera pas pardonné. Cette semaine nous aurons encore Coca-Cola jeudi et ce, en même temps qu’Intel, alors que Texas Instruments publiera en début de semaine, tout cela donnera une bonne idée du marché des semi-conducteurs entre autre. Secteur qui est toujours un bon signal de tendance globale.

Chiffres du jour

En ce qui concerne les chiffres du jour, c’est un tout petit lundi avec le Budget Fédéral américain dont tout le monde se fout tellement on a d’autres chats à fouetter, par contre il y aura Lagarde qui parlera. Je ne suis pas certain que ça intéresse quelqu’un, la dernière fois qu’elle a parlé c’est passé tellement inaperçu que je ne suis pas convaincu que ça soit L’EVENEMENT de la semaine. Ou alors il faudrait qu’elle dérape et qu’elle dise un truc qui fasse bien peur et qui surprenne un peu – sachant que répéter encore une fois qu’elle ne peut plus rien faire et c’est aux gouvernements de bosser, ça ne surprend plus personne.

Nous voici donc à l’aube d’une nouvelle semaine, une semaine qui devrait être encore une fois placée sous le signe du stimulus et, dans une moindre mesure ; du couvre-feu. Pour ceux qui ne sont pas en quarantaine ; passez de bonnes vacances et à demain.

Morningbull Live du 19 octobre 2020

Thomas Veillet

Investir.ch

“If you think nobody cares if you’re alive, try missing a couple of car payments.”

– Earl Wilson