S’il y a un sujet sur lequel on ne peut pas se plaindre, c’est la quantité de choses qu’il y a à dire sur la séance d’hier. Entre nouvelles micros, nouvelles macros, les espoirs et les déceptions sur le COVID, les nouvelles mesures de privation de liberté qui sont en train d’être mises en place pour les semaines qui viennent, les conséquences du débat le plus pourri, le plus catastrophique et le plus merdique depuis que Christophe Colomb a mis les pieds aux USA et le brassage d’air politique qu’il y a autour du STIMULUS qui reste notre seul espoir pour gagner en bourse à coup sûr, on n’a pas eu le temps de s’ennuyer et si je voulais, je pourrais même faire une chronique de 14 pages. Si je voulais, parce que si je le faisais, je vous perdrais – si ça se trouve je vous ai déjà perdu, mais je vous conseille quand même d’aller jusqu’en bout. Qui sait, il y a peut-être une surprise ! En tous les cas, nous avions pourtant bien commencé la journée et on ne la finit pas si mal, mais il y a quand même cet arrière-goût qui reste en bouche pour nous dire que « ça aurait pu être mieux » et tout ça – encore une fois – à cause de la politique. Hier soir je suis tombé sur une phrase qui résume assez bien l’ambiance et qui disait : « l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques ; c’est bien, il ne reste plus qu’à interdire les clowns dans les gouvernements ». Elle n’est pas de moi, mais ça n’a jamais sonné aussi juste. Malheureusement, j’ai peur que les clowns en question s’accrochent aux rideaux et soient là pour durer. D’ailleurs, aux USA, on leur doit la séance d’hier.

L’Audio du 1er octobre 2020

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Le débat est oublié (ou presque) mais pas le stimulus

L’Europe nous a fait une de ces journées de merdouille dont elle a le secret. Incapable de prendre une vraie direction parce qu’ayant passé sa matinée à tirer les conséquences d’un débat présidentiel catastrophique, les marchés du vieux continent ont passé la journée à se demander ce qui allait se passer, est-ce que si Biden devenait Président, ça allait changer quelque chose. Est-ce qu’il se souviendra de son prénom dans 6 mois. Est-ce que le plan de stimulus sera meilleur avec ou sans Trump et est-ce qu’à la fin on aura un vaccin ou est-ce que l’on devra tous émigrer en Suède pour aller chercher l’immunité collective ? En gros, hier les bourses européennes étaient à peu près aussi organisées et claires dans leurs têtes qu’un troupeau de moutons valaisans qui se rend compte qu’un loup s’est introduit dans l’enclos. La seule chose que l’on pourra citer au passage, c’est un nouvel épisode dans l’affaire Véolia-Engie-Suez. Véolia a monté son offre, montrant qu’ils ont bien l’intention de se faire Suez envers et contre tout et que même les cris d’orfraie du management de Suez n’y changeront rien. De toutes façons, on sait tous que tout le monde a son prix et qu’un CEO qui hurle « au viol » et à l’unité nationale pour sauver le bien-être de tout un peuple, peut assez facilement être ramené à la raison avec des espèces sonnantes et trébuchantes et un yacht de 35 mètres en cadeau de départ.

Et puis aux Etats-Unis, on a aura surtout passé la journée à se demander qui aura été le plus pathétique lors du débat de mardi soir. À voir comment ils étaient proches en terme de nullité profonde, on se dit déjà que ça risque d’être la même chose le 6 novembre lors de l’élection – un nombre de votes tellement proches que l’on va devoir recompter la Floride et que personne ne va accepter le résultat avant octobre 2024. Néanmoins, selon les experts en politique – pour autant que ce que l’on a vu mardi soir soit assimilé à de la politique. Parce que pour moi ça ressemble plus à deux porcs qui se sont roulé dans la boue et les excréments de la veille et que l’on essaie de déterminer lequel est le plus propre des deux. Mais peu importe, comme il faut toujours des avis d’experts – avis qui sont ; des fois couronnés de succès, mais plus souvent couronnés d’échecs – hier on nous a dit que Biden avait gagné le débat par une marge confortable – la même marge avec laquelle Hillary Clinton avait gagné le premier débat en 2016. Le prochain débat aura lieu le 15 octobre et pour mettre l’ambiance on parle de le mettre en place avec une nouvelle règle : à chaque fois qu’un candidat dit une connerie, il boit un shot de whisky. Normalement après 12 minutes de débat, ils devraient être complètement bourrés et ça rendra la chose plus marrante que pathétique.

Une fois que le sujet du débat a été épuisé, les intervenants sont revenus sur le sujet du Stimulus. Au début de la journée c’était chouette parce que Pelosi et Mnuchin se sont parlés. Mais comme ils n’ont pas trouvé d’accord – encore une fois – un Sénateur Républicain a déclaré que les deux partis n’étaient toujours pas d’accord et que les différences étaient telles que l’on n’est même pas sûr que l’on parle du même sujet. Le Sénateur en question en a profité pour placer un petit uppercut aux Démocrates en disant que si les Américains souffraient, c’était tout de leur faute et que sans eux, ça serait réglé depuis longtemps – ça s’appellerait une dictature, mais ça serait réglé. Bref, le marché n’a pas trop aimé et s’est un peu dégonflé – mais comme l’espoir subsistait encore on ne s’est pas complètement effondré. En même temps, c’était le dernier jour du mois et vu le mois, ce n’est pas un ou deux pourcent qui allaient changer la tronche d’un septembre pourri. Heureusement, les statisticiens de Wall Street se sont plongés dans les livres d’histoire et on s’est rendu compte qu’après un mois de septembre pourri, 70% du temps, on a un mois d’octobre en hausse. Et les 30% qui restent, on a octobre 1929 et octobre 1987.

L’Asie au bord de la route

En février prochain, ça fera 15 ans que j’écris une chronique boursière tous les matins. Et j’ai dû attendre 15 ans pour pouvoir vous annoncer que du côté de l’Asie, la Chine et Hong-Kong sont fermés pour causes de vacances et que le Japon est fermé parce que le système électronique de trading est tombé en panne. La bonne nouvelle c’est qu’il n’y a aucun signe de « hacking » et que ce n’est pas un coup des Anonymous, c’est juste que l’électronique ne fonctionne pas et que le seul truc que vous pouviez traiter à Tokyo ce matin, c’était des futures ou des options. Et encore, j’imagine qu’avec les marchés actions fermés, les market-makers ont dû être vachement généreux avec des écarts entre bid & ask de 15% juste pour être sûr.

En ce qui concerne l’or et le pétrole, on continue de jouer à un-deux-trois soleil et le premier qui bouge a perdu. Afin de gagner du temps et de nous permettre de passer plus temps sur le sujet des élections américaines qui sont – au demeurant à peu près aussi passionnantes que le championnat de foot en Suisse – on pourrait donc faire un fixing une fois par mois sur l’or et une fois tous les 10 jours sur le pétrole. Ça brasserait moins d’air, je pourrais remplacer cette partie de la chronique par un rapide point sur le cours de la panse de brebis farcie, le prix du quartier de bœuf et le niveau où s’échange le steak vegan et tout le monde sera content. En attendant que ma proposition soit acceptée, l’or vaut plus ou moins 1900$ – plutôt moins – et le pétrole vaut plus ou moins 40$ – plutôt plus.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, une fois que l’on a mis de côté, les articles sur le débat de mardi, sur les remarques de Trump en faveur des suprémacistes blancs, sur les tergiversations liées au stimulus américain hasthag PelosiMnuchin, que vous avez enlevé les pages sportives, les cartoons et les mots croisés, il ne reste plus grand-chose à se mettre sous la dent. Mais on peut quand même retenir que la FED a interdit les rachats d’actions et les hausses de dividendes pour les grosses banques américaines et ce, jusqu’à la fin de l’année. Ceci ayant pour but de préserver du capital au cas où la crise économique et financière dans laquelle nous sommes ne serait pas ENTIEREMENT sous contrôle. On parle aussi de la Chine et de Taïwan. Les manœuvres militaires chinoises dans la région commencent à chauffer les oreilles de Washington. Pour l’instant, ils ont d’autres problèmes à régler, comme trouver des conneries à dire lors du débat du 15 octobre et choisir les couleurs de leurs cravates, mais dès que ça sera réglé, il n’est pas exclu qu’ils envoient Pete Mitchell et les mecs de Top Gun sur place pour faire un concours de qui a la plus grosse.

Autrement on parle aussi beaucoup d’aéronautique. Le patron de la FAA a pris les commandes d’un Boeing 737 max, histoire de voir ce que ça donnait en vol. Et apparemment, ça vole mieux qu’avant. Le patron de l’agence aéronautique américaine a aimé ce qu’il a vu, mais il a également proposé des améliorations à Boeing. C’est sympa, Boeing a des pilotes d’essai fournis par l’état. Et puis, de l’autre côté, il y a aussi la réalité, puisqu’American Airlines et United sont arrivés au bout du package de soutien offert par le gouvernement et que sans rallonge, ils ne peuvent plus fonctionner. Ils vont donc licencier 32’000 personnes – ce qui va sûrement aider les chiffres de l’emploi du mois d’octobre – à moins que le gouvernement américain (ou tout autre gouvernement ou personne bénévole d’ailleurs) fasse « un geste » sous forme d’espèces. Transfert bancaire, paypal ou cash accepté. C’est marrant parce qu’avec l’avènement des vols low-costs, on ne payait pas cher pour voyager souvent et là, le gouvernement est en train de payer très cher le billet en economy avec un café dégueulasse que tu dois payer 14 euros, mais EN PLUS TU PEUX PAS VOYAGER.

On retiendra encore que Facebook ne va plus faire de pub « politique » pour ne pas fausser l’élection américaine. L’Américain moyen a le droit constitutionnel de choisir lui-même personnellement tout seul l’idiot qu’il préfère pour lui flinguer son pays dans les 4 prochaines années. Poutine n’a pas encore communiqué sur ce qu’il compte faire pendant l’élection et pour qui il va donner l’ordre de voter.

Côté chiffres

En ce qui concerne les chiffres économiques, il y aura les retail sales en Suisse, puis plein de PMI, de CPI, d’ISM et toute la clique. Il y aura aussi le chômage en Europe et les Jobless Claims aux USA. À propos d’emploi, il est important de garder en tête que les chiffres de l’emploi ADP qui sont sortis hier étaient très très bons. On attendait 650’000 créations d’emplois et c’est sorti à 750’000. En général, on se fout pas mal des chiffres ADP, mais comme des fois on se souvient que c’est l’antichambre des NON Farm Payrolls du vendredi qui suit… Qui sait, c’est peut-être une bonne surprise en anticipation ce qui nous attends vendredi après-midi.

Ça sera d’ailleurs assez intéressant de voir ce que le marché percevra en cas de « bons chiffres ». Parce que si les chiffres sont trop bons, autant vous dire que le stimulus, on va pouvoir se l’accrocher derrières les oreilles. Donc ça serait mieux d’avoir des chiffres couci-couça, juste pour garder la pression sur les politiques. Pour le moment les futures sont en hausse de 0.65% et je suis certain que quelqu’un, quelque part s’attend à des bonnes news niveau stimulus. En attendant la suite de la saison sur Netflix, je vous souhaite une très belle journée et on se retrouve demain ou alors on se retrouve tout à l’heure sur Morningbull Live pour d’autres infos sur le monde fabuleux de la finance dans lequel on ne se lasse pas de rouler.

Morningbull Live du 1er octobre 2020 :

Soyez forts et prenez soin de vous.

Thomas Veillet

Investir.ch

 

Christophe Colomb fut le premier socialiste :

Il ne savait pas où il allait,

Il ignorait où il se trouvait…

Et il faisait tout ça aux frais du contribuable.

 

Winston Churchill