Avec le retour de Trump à la Maison Blanche, hier nous avions entamé une journée studieuse et résolument tournée vers l’avenir. Les professionnels de la finance avaient même fait l’effort de laisser la polémique de côté et les médias étaient plus ou moins les seuls à se prendre la tête sur le danger des thérapies expérimentales dédiées uniquement aux gens riches et puissants, sur les éventuelles conséquences que le manque de datas et de tests pourraient avoir sur l’état de santé du Président et sur le fait que tout ce que Trump fait depuis 6 jours est un peu trop théâtral. Wall Street n’en avait visiblement rien à faire, la seule chose qui intéressait le monde merveilleux des investisseurs était de savoir que Trump était de retour et que l’on ne risquait pas de le voir dans le coma et sous intubation pour les 8 prochaines semaines, ce qui aurait généré beaucoup trop d’incertitudes et, les incertitudes, on n’aime pas. Alors bien sûr, nous ne sommes pas à l’abri de voir des effets secondaires au traitement expérimental de Donald Trump, mais selon des sources bien informées à la Maison Blanche, il n’a pas encore de troisième bras qui a commencé à pousser dans le dos, il n’essaie pas de grimper aux murs dans un costume moulant rouge et bleu, et jusqu’à maintenant, il ne s’est pas encore transformé en torche humaine. Par contre on lui a rendu son téléphone et c’est peut-être là que le bât blesse. En effet, si au vu de la rapidité de récupération, on a pu penser un bref instant qu’ils avaient cloné le Président et que l’original était toujours cloué au lit dans une chambre discrète du Walter Reed Hospital, quand on a vu le « Tweet » d’hier soir ; il n’y avait plus aucun doute, Trump était vraiment de retour et je dois admettre que pendant un bref instant, j’aurais préféré que ce ne fût pas le cas.

L’Audio du 7 octobre 2020

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Prends ton stimulus dans ta gueule

Alors que l’on était tous pendus aux lèvres de Pelosi et à celles de Mnuchin en espérant la moindre avancée sur le sujet du Stimulus, alors que l’on venait de décortiquer le dernier discours de Powell qui n’avait jamais été autant bourré de références et d’appels du pied en direction des politiques pour dire que sans un stimulus important là tout de suite et pas dans trois semaines, la reprise économique poussive américaine risquait de se transformer en « recovery tout faible et tout souffreteux » et alors que l’on commençait à s’auto-convaincre que les deux camps allaient forcément trouver une solution pour imprimer des billets de 1’000$ dans tous les sens, voici que Trump a tweeté.

En quatre ans on pourra dire qu’il en a fait des « tweets » – des cons, des agressifs, des racistes, des très cons, des inutiles et des complètement stupides, des tweets qui nous ont fait craindre la guerre et des tweets qui sonnaient faux, mais celui d’hier soir à 1h15 de la clôture, restera sûrement dans les annales. En tous les cas pendant 3 jours. Hier soir le Président a déclaré qu’il avait « ORDONNÉ LA FIN DES NÉGOCIATIONS AUTOUR DU STIMULUS, ESTIMANT QUE PELOSI NÉGOCIAIT N’IMPORTE COMMENT ET QUE SI LES DÉMOCRATES N’ÉTAIENT PAS FOUTU DE SE PLIER AUX PROPOSITIONS RÉPUBLICAINES, IL N’Y AVAIT PAS DE RAISON DE CONTINUER. Autant vous dire que le marché a A-D-O-R-É la chose et les traders se sont empressés de virer toutes les actions de leurs books et se sont jetés sur du 10 ans américain – comme quoi il faut quand même être désespéré pour aller acheter du 10 ans américain pour toucher du 0.7%, en espérant hypothétiquement que l’on sera remboursé dans 10 ans après 8 ans de Présidence sous Biden.

Free fall

Inutile de vous faire un dessin sur ce qui s’est passé dans la foulée du tweet. Et quand bien même je devrais vous le faire quand même – le dessin – ça serait un trait vertical qui représente un sell-off immédiat de 2% sur 3 minutes sans prendre de prisonniers sur tous les indices américains. Autant dire que l’Europe qui avait affiché une jolie clôture vers 17h30, va en reprendre pour son grade ce matin – histoire de raccrocher les wagons au train de New York. Mais au-delà de la baisse et des déclarations à la tronçonneuse de Trump au sujet de Pelosi et des Démocrates, ce qui était intéressant, c’était la suite de la déclaration du Président sous Stéroïdes ; il a ensuite déclaré que le stimulus serait mis en place au lendemain de SA VICTOIRE en novembre.

C’est intéressant, parce que même si les sondages ont à peu près autant de valeur qu’une Ferrari fabriquée dans une motte de beurre, vu l’avance de Biden sur Trump, pour envisager une victoire du locataire de la Maison Blanche, il faut aussi compter sur la chute d’un météorite qui tomberait pile-poil sur Biden ou alors qu’il se fasse percuter par un rhinocéros lors d’un safari en Afrique, ce qui, dans les deux cas, semble peu probable.. Alors soit Trump a réellement hérité de Super-Pouvoirs et on va se rendre compte ce que c’est dans les prochains jours, ou c’est les effets secondaires des médicaments qui commencent à faire effet. En tous les cas, on ne peut pas le blâmer, ses stratégies sont uniques et inattendues. On aurait pu croire qu’il avait intérêt à boucler ce dossier avant l’élection, mais non, il a mis le marché en main des Américains : Réélisez-moi et vous aurez des dollars, élisez l’autre et je lui mettrai les bâtons dans les roues pour les trois prochains mois et votre stimulus vous pourrez vous l’accrocher au-dessus de la cheminée. Pour autant qu’il vous reste une cheminée…

L’Asie s’en fout  

Pendant que les USA digèrent la dernière galipette de l’animal de la Maison Blanche, l’Asie préfère faire comme si de rien n’était. Les trois indices traitent de façon disparate ni en hausse, ni en baisse, bien au contraire. Là tout de suite, on a le sentiment que plus rien d’autre n’a d’importance que l’avenir des USA. Nous sommes entrés dans une période qui est totalement « géopolitique » ultra-centrée sur les Etats-Unis et tant qu’on n’y verra pas plus clair au niveau du Stimulus et de l’élection, on a l’impression que l’Asie ne fera plus rien, que l’Europe restera dans son « range » latéral et que les indices américains vont voler à vue.

D’ailleurs, on l’a bien vu depuis quelques jours ; plus personne ne parle d’autre chose que d’élections, de Trump et du Stimulus. On ne parle plus de sociétés, d’IPO, de vaccins, de médicaments, de fusion ou d’OPA. C’est USA ELECTION & STIMULUS ONLY, malheureusement ça va durer encore près de 27 jours. Et suivant, les résultats, ça sera pire, car si Trump perd – et c’est plus que probable  – autant vous dire qu’il va mettre les pieds au mur et il ne faudra pas s’attendre à une transition pleine d’amour, de tendresse et de douceur. Autrement, l’or est à 1883$ et le baril à 39.80$.

News du jour

Si l’on doit parler des nouvelles du jour, on ne pourra pas faire autrement que de parler de l’annonce de Trump. Personne ne semble comprendre, mais les Démocrates se frottent les mains, Biden a déjà déclaré que tout ce qui se passerait de mal pour les Américains entre maintenant et l’élection ne sera QUE LA FAUTE de Trump, la plupart des observateurs ne comprennent pas la réaction qui s’apparente plus à un suicide politique qu’autre chose et peut-être que, finalement, c’est bien un clone qui est à la Maison Blanche et que l’original est dans le coma. Après on colle un masque sur un grand type un peu obèse avec la perruque piquée à un épouvantail au milieu d’un champ de l’Idaho, on le fait sortir d’un hélico badgé « POTUS » et on a un Président tout à fait acceptable. Vu que de toute façon, les compétences et un niveau intellectuel acceptable ne sont pas des prérequis, tout est possible. Quoi qu’il en soit, c’est le sujet central et unique des médias en ce moment.

Pour le reste, GE fait face à la SEC pour des histoires de manipulations comptables, Boeing révise à la baisse les attentes pour l’industrie aéronautique mondiale parce que les compagnies réduisent leurs flottes. Ah bon ? Eh bien comme disait Jean-Pierre Foucault ; c’est une sacrée surprise ! Et puis dans la série « on enfonce les portes ouvertes » – on a le FMI qui a parlé. Alors ce qui est intéressant c’est que depuis que Lagarde est partie à la BCE, on avait l’impression que la boîte était fermée pour travaux, mais depuis hier la nouvelle patronne, Kristalina Georgieva – oui moi aussi j’avais oublié qu’elle existait – la nouvelle patronne a déclaré que « la calamité du COVID n’était pas encore terminée » – tiens, elle est aussi épidémiologiste – mais ça n’est pas tout, elle a aussi encouragé les gouvernements à faire « whatever it takes » pour assurer le recovery économique. Heureusement qu’elle est là, parce que les gouvernements attendaient justement un signe de quelqu’un d’important. On est content de l’avoir elle, mais par contre, réutiliser les phrases de Draghi, c’est peu léger comme première sortie médiatique. Mis à part ça, Apple a annoncé qu’ils allaient faire une présentation dont ils ont le secret le 13 octobre – on ne sait pas ce qu’ils vont annoncer, mais en faisant un pari fou, je dirais… les nouveaux iPhones ?????

On notera encore que Biden refuse le débat du 15 octobre « si Trump est encore malade »-  à 10 mètres l’un de l’autre, derrière un plexiglass… Quel courage et quelle abnégation face au virus. Pour ce qui est des chiffres économiques, nous aurons les inventaires pétroliers, la production industrielle allemande et les Minutes du FOMC Meeting. Il y aura aussi Lagarde qui parlera et qui devrait nous achever dans notre dépression saisonnière. Pour le moment les futures ne font rien et tout le monde a les yeux rivés sur le compte Twitter de Donald Trump.

Morningbull Live du 7 octobre 2020 – l’Attaque du Clone

Il me reste à vous souhaiter une excellente journée – aussi excellente qu’elle puisse être, que votre café vous tienne éveillé jusqu’à la prochaine réaction du Clone de la Maison Blanche.

À DEMAIN !

Thomas Veillet

Investir.ch

« Chuck Norris peut faire du feu en frottant deux glaçons. »