Si vous pensiez lire une chronique boursière totalement révolutionnaire qui parlerait d’autre chose que des sujets habituels, je vais vous décevoir car force est de constater que l’on est toujours au milieu de cet immense marécage sans visibilité aucune, sans compter que la politique va prendre le dessus sur le COVID dans les prochaines heures et pour ceux qui, comme moi, privilégient une vision à long terme, les prochaines heures vont être difficiles parce que les sujets d’intérêts et ceux qui ont le pouvoir de faire bouger les bourses mondiales vont être légion, mais interchangeables. Il y a 48 heures on s’est pris une claque magistrale parce que le COVID est de retour …houhouhouhouh… on ne l’avait pas vu venir celui-là. Après s’être frotté contre les bas de pantalons des politiciens américains pour avoir un stimulus, on s’est soudainement rendu compte que 1) le stimulus ne viendrait pas tout de suite à cause de l’argent (te casses pas on a compris) et qu’en plus la hausse des cas de COVID de la deuxième vague explosaient (90'000 nouveaux cas rien qu’hier aux States) et que ça devenait franchement de nouveau très moche et, sans rentrer dans la théorie du complot – les mois à venir allaient être très compliqués. Sans compter que l’économie qui ne parvenait déjà par à redécoller allait en prendre plein la figure dans les semaines à venir. Et puis hier on a stoppé l’hémorragie parce que soudainement il y avait moins de demandes de nouvelles allocations chômage – reste juste à savoir combien de temps ça va durer, car vu ce que l’on nous annonce – on commence déjà à parler de troisième vague – pas sûr qu’une certaine économie s’en sorte déjà après la seconde. Mais Heureusement, du côté GAFA, ça va. Ça vous fera sûrement une belle jambe, mais ça va. Oui, car hier, Apple, Amazon, Google et Facebook ont publié leurs chiffres trimestriels après la clôture. Et croyez-moi sur parole : on n’est pas tous égaux.

L’Audio du 30 octobre 2020

Télécharger le podcast (.mp3)

COVID de côté et on parle d’autre chose

Il faut toujours noter cette capacité admirable à « oublier » ce qui nous inquiétait massivement la veille pour passer à autre chose. On a connu des enfants de 3 ans et demi qui étaient plus attentifs et qui avaient une capacité de concentration bien plus grande que le monde merveilleux de la finance actuellement. Si l’on se fait un mini retour dans le passé ; il y a 48 heures nous étions en mode panique à cause du COVID qui allait tous nous contaminer, faire déborder nos hôpitaux, détruire notre économie, mettre de plus en plus de monde dans la précarité et qu’en plus, on allait tous mourir – un jour en tous les cas – et puis hier les Jobless Claims de la semaine étaient au plus bas depuis 7 mois et les techs avaient beaucoup baissé, alors on s’est dit que l’on pourrait racheter un peu de techs avant leurs publications trimestrielles – et il fallait avoir le courage de le faire – et puis on s’est dit que, peut-être l’économie était finalement en train de repartir – ça c’est sans compter les nouveaux confinements qui arrivent et qui vont tout foutre par terre les maigres reconstructions mises en place depuis la libération de fin mai. Mais bon, vu que notre capacité à anticiper semble à peu près aussi aiguisée que celle d’un Conseiller d’Etat Genevois, on va se dire que l’on doit vivre au jour le jour et que c’est pour ça que le marché est remonté hier. Enfin, remonté, il faut le dire vite parce qu’en Europe on est quand même en train de se rendre compte que l’on roule à 140 à l’heure et que la route se termine bientôt et qu’il y a un gros mur en béton devant nous et que les freins ne fonctionnent plus. Mais soyons rassurés, Manu a confiance en la République et en la France – j’ai pas compris ce qu’a dit Merkel, mais si elle a utilisé Google Translate, ça doit être plus ou moins la même chose.

Mais heureusement, vu que l’on a un énorme déficit d’attention et que l’on est incapable de penser à deux chose à la fois à moins que ce soit : « acheter du PQ et des pâtes », nous sommes passés à autre chose. Autre chose comme les chiffres des 4 géants de la tech qui publiaient hier soir. Ça nous a occupé la journée, une partie de la soirée et probablement que l’on va encore en parler aujourd’hui – ça et la démission de Maudet et les opinions dégoulinantes de certitudes des autres politiciens genevois.

Apple, GOOGLE, Amazon et Facebook

Donc hier soir à 22 heures, ils faisaient la queue pour annoncer les chiffres de leur troisième trimestre de cette année pourrie qu’est 2020 – alors disons que pourrie, c’est pas pour tout le monde – parce qu’en regardant ce qu’Apple, Amazon, Facebook et Google ont sorti hier, on se dit que pour eux, c’est plutôt le contraire. On se demande même si ce n’est pas eux qui ont inventé le virus, parce que dans le genre « année mythique », on pourrait imaginer qu’ils espèrent un second confinement qui durera 8 mois et que, lorsque la troisième vague sera là, ils insisteront auprès des lobbys politiques pour que ça dure jusqu’en 2024. Parce que soyons clair, indépendamment des « déceptions » des analystes ou autres investisseurs qui n’ont jamais géré de boîte de leur vie mais qui ont tous un jugement à poser ; les chiffres étaient monstrueux.

Pour être franc avec vous, je me suis longuement demandé comment je pourrais vous présenter les chiffres de ce 4 monstres sans que ça soit hyper-rébarbatif du genre «Apple a annoncé 73 cents de profits par action alors que le marché attendait 71 cents. Les ventes se sont affichées à …..blablabla.. c’est hyper-chiant et ça ne nous mène nulle-part, surtout qu’à la fin ce qui compte c’est surtout ce que « ressentent » les investisseurs et pas la réalité des faits. DONC… Ce qu’il faudra retenir de ce Q3 2020 c’est que :

Le chiffre d’affaires combiné des quatre grands- qui représentent à peu près 20% du S&P500 en terme de capitalisation – était de 220,28 milliards de dollars, avec une croissance à deux chiffres du chiffre d’affaires dans toutes les sociétés, à l’exception d’Apple, qui n’a pas pu le faire à cause des délais de présentation de son dernier jouet – on en a déjà parlé. 220 milliards de chiffres d’affaire sur 3 mois à 4. Tout est dit votre honneur, je laisse le jury décider.

On en veut plus

Bon, allez, je vous en redonne un peu encore ; les bénéfices ont totalisé 38,08 milliards de dollars, avec une croissance dans toutes les entreprises sauf Apple, toujours pour le mêmes raisons – mais qui devrait rattraper le train lors du prochain trimestre. La performance globale est encore meilleure qu’au trimestre dernier, lorsque les titans de la tech avaient annoncé un bénéfice de près de 29 milliards de dollars, en pleine pandémie du COVID. PARDON ? ça veut dire quoi déjà : pandémie ????

En gros, c’était ENORME. Sauf que. Oui, sauf que comme c’est toujours une question d’interprétation, les performances after close étaient – encore une fois – surtout menées pas la susceptibilité des analystes et croyez-moi, quand un analyste s’est planté dans toutes ses attentes, sur 4 des plus grosses sociétés du monde et LE MÊME soir, ça devient très susceptible et très émotionnel, on dirait moi qui regarde une comédie romantique. Il faut donc retenir que Facebook baissait de près de 3% parce qu’on les a sentis « nerveux » lors de la conf call post résultats – je ne plaisante pas – c’est comme ça que l’on fait de l’investissement – les mecs ils ont trois licences en économie de trois Universités différentes et le seul truc sur quoi ils se basent, c’est : « huuummm tu trouves pas que Zuckerberg il a l’air nerveux ? » – « Oh si putain, il a commencé à se ronger les ongles ! Faut tout vendre !!! ». Amazon baissait de 1.5% parce qu’ils ont prévu trop d’investissements pour lutter contre le COVID – c’est vrai qu’en cette époque, ça aurait été nettement mieux s’ils décidaient qu’ils vireraient le premier qui était testé positif, mais bon. Quand à Apple tout allait bien, jusqu’au moment où ils ont refusé de donner une « guidance ». Et ça, on n’a pas aimé. On peut comprendre qu’ils n’ont pas envie d’être jugé, mais le monde merveilleux de la finance n’aime pas qu’on ne lui dise rien, parce qu’après, ils doivent faire des projections sur rien et comme ils sont déjà à côté de la plaque quand on leur donne du matos, autant vous dire que lorsqu’ils sont à l’aveugle, le prochain trimestre, ça sera Prosper Youpla Boum pour les attentes… ça nous donnera de quoi se marrer en pleine troisième vague et en plein troisième mois de confinement. Et n’oublions pas Google qui semble avoir fait tout juste et qui cartonnait after close. Procès pour avoir pété la gueule à la concurrence ou pas, ça montait de près de 4%.

Pour le reste

Pour le reste, ce matin l’Asie est dans le rouge un peu partout parce que les futures sont en baisse de 0.6% aux States parce que les derniers sondages montrent que Trump remporterait la Floride et que de plus en plus de monde se dit qu’on ne saura pas qui sera Président à la place du Président la semaine prochaine. Pourtant on comptait un peu dessus. Autrement le pétrole continue de se faire défoncer parce que tout le monde va dorénavant rouler en Tesla si Biden est élu, qu’on n’aura plus jamais besoin de pétrole, jamais et comme on sera confiné pour des mois et des mois, on n’est pas près de reprendre l’avion – l’avion, qui rappelons-le, fonctionne avec un dérivé de pétrole quand même. Et puis il y a l’or. Alors lui c’est incompréhensible. En général, c’est une valeur refuge et quand le marché se fait déglinguer comme en ce début de semaine, il remonte au moins un peu. Sauf que là, pouf, même pas. Le métal jaune est en chute libre et se traite à 1874$ – je ne suis pas loin de penser que c’est un vecteur de contamination du COVID, mais qu’on ne le sait pas encore.

En ce qui concerne les news du jour on parle de Moderna et de son vaccin qui a l’air de se rapprocher, de la BCE qui n’a rien fait hier mais qui a dit qu’elle ferait quelque chose en Décembre – du style « des ajustements appropriés à leur politique » – ce qui est déjà un ajustement politique en soit. Et puis ils devraient en profiter pour souhaiter de bonnes fins d’année à tout le monde. Autant dire qu’on est vraiment pressé qu’elle se termine cette année de merde. Autrement on parle du COVID, du COVID et du fait que Macron a doublé les militaires dans la rue pour protéger les églises. Mais il y a aussi Twitter qui se faisait dézinguer de 14% after close parce qu’ils n’ont pas de visibilité pour l’avenir – ça tombe bien, nous non plus. Et puis on parle des élections aux USA et des élections à Genève. Sans oublier que le GOUROU Zuckerberg, leader de la secte Facebook, craint qu’il y ait des manifestations violentes aux USA après les élections – juste quand Trump va refuser de concéder sa défaite… Si Zuckerberg le dit, vu la troupe d’experts qui opère sur son site, c’est que ça doit être vrai.

Chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres du trimestre, il y aura Exxon, ABBVIE et Underarmour – comme c’est vendredi, c’est en général plus calme. En revanche, on va se déchaîner sur les chiffres économiques puisqu’il y aura le GDP en France et en Espagne, le CPI et le GDP en Europe, ainsi que le taux de chômage. Puis aux States, ça sera Michigan Consumer Confidence et Chicago PMI ainsi que Personal Spending. Pas un mot sur les loyers non-payés en octobre pour le moment.

Lorsque j’ai commencé à rédiger cette chronique, les futures américains étaient en baisse de 0.6% – là tout de suite, c’est plutôt 1.6% – on a l’air de se souvenir de l’effet COVID et d’oublier les chiffres du trimestre – notre mémoire de poisson rouge a encore frappé. Il me reste donc à vous souhaiter une belle journée et un très bon week-end – on va tous en avoir besoin de celui-là – si vous voulez vous changer les idées, en « scrollant down » vous pourrez trouver plein d’autres articles de nos partenaires et ma dernière chronique auto sur la dernière Bentley Bentayga – ça peut permettre (un peu) de penser à autre chose.

On se retrouve lundi comme d’habitude ! Prenez soin de vous !

Morningbull Live – On se refait un petit tour de manège ?

Thomas Veillet

Investir.ch

“Age is just a number. It’s totally irrelevant unless, of course, you happen to be a bottle of wine.”

– Joan Collins