Il reste 24 jours avant l’élection présidentielle et hier les bourses sont montées parce que, je cite : « il y a de moins en moins de doutes sur le fait que l’élection puisse être contestée », le marché est donc rassuré. Il ne lui faut pas grand-chose pour être rassuré, en fait. Finalement le seul truc qui angoisserait Wall Street, c’est de se retrouver dans une situation comme à l’époque, lors de la réélection de George « W ». Vous vous souvenez, cette époque où l’on pensait qu’on avait touché le fond et que PIRE que « W », ça n’existait pas ? Ben en fait ça existe, puisqu’en 2020, peu importe qui va gagner, on sait que ça va être une catastrophe. Enfin, peu importe, hier les indices américains ont terminé en hausse et au plus haut depuis des semaines et des semaines sur le seul précepte que Biden a tellement d’avance qu’il ne peut plus être rejoint et que, comme depuis deux semaines on pense qu’une victoire Démocrate, c’est trop cool pour l’économie, tout va bien dans le meilleur des mondes. C’est quand on verra que Biden est moins con que Trump, mais largement plus stupide, que l’on commencera à se poser des questions. Mais pour le moment, tout va bien. Trump va recommencer sa campagne sur le terrain dès ce week-end, mais comme on sait tous à 200% qu’il va perdre l’élection ça n’a plus aucune importance – le pire qui aurait pu se produire, c’est qu’il soit dans le coma sous respirateur, mais maintenant que l’on a compris qu’il était invincible et que s’il avait été dans les Avengers, il aurait battu Thanos à lui tout seul, nous voici rassuré, il peut perdre les élections et l’arrivée au pouvoir des Démocrates salvateurs va donner lieu à un bull market de 8 ans sans interruption. Ça va être tellement facile.

L’Audio du 9 octobre 2020

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L’incertitude devient moins incertaine

Lorsque l’on observe la journée d’hier, on se dit que les centres d’intérêt et les choses qui peuvent faire bouger le marché, sont de plus en plus ténus. Il y a encore 24 heures, nous nous préoccupions encore du stimulus ou de l’état de santé de Trump, en plus de la thématique des élections. Maintenant c’est élection only et comme Biden domine tellement le jeu que ça en devient presque aussi chiant que le championnat de F1 avec Hamilton qui gagne presque toujours à la fin. Cette quasi-certitude de la victoire semble apaiser le marché et les 24 prochains jours pourraient être ennuyeux au possible maintenant que l’on sait qui va gagner et que l’on sait qu’ensuite il va mettre en place un énorme plan de stimulus et qu’il va sauver le monde libre en l’espace de quelques semaines. Juste avant qu’on se rende compte qu’il est toujours aussi idiot qu’il l’était quand il était l’aide de camp d’Obama.

Bref, Wall Street déteste l’incertitude et c’est en la levant que l’on pourra retrouver un semblant de sérénité, C’est ce que l’on essaie de vivre depuis hier. Finalement le pire serait de voir que Trump remonte dans les sondages et que ça n’est pas encore complètement gagné – mais les organismes de sondages et les bookmakers de Las Vegas ont l’air TELLEMENT sûr d’eux que l’on ne va surtout pas douter. Un peu comme quand Jospin devait devenir Président de la République avec une TELLE MARGE que l’on ne se posait même pas la question, jusqu’à ce soir de 2002 ou Le Pen lui est passé devant. Enfin peu importe, depuis quelques jours les centres d’intérêts du marché se réduisent chaque jour un peu plus en attendant l’élection du 3 novembre. Octobre va être long, très long. Heureusement qu’Apple va annoncer l’arrivée de l’iPhone 12 et que Tesla publiera ses chiffres le 21 octobre au milieu de plein d’autres chiffres qui pourraient peut-être nous mettre un peu de piment dans un mois d’octobre qui – pour l’instant – reste moins pire que septembre. Ce qui n’était pas fondamentalement très compliqué.

L’Europe en mode stimulus

En Europe on est moins préoccupé par l’élection de l’idiot de service, mais plus par ce stimulus qui doit ou qui devrait arriver. Lorsque l’on prend le temps de lire la presse du côté de Washington, on se dit que ce n’est quand même pas si évident que cela, mais sur le Vieux-Continent, on continue d’y croire dur comme fer et surtout à un package pour les compagnies aériennes – Pelosi a dit hier soir qu’elle ne voulait pas d’une package spécifique pour les Airlines, mais que cela devait faire partie du « tout ». Mais en Europe on y croit quand même. Hier IAG et Rolls Royce étaient en folie parce que l’on est convaincu que le business aéronautique va redémarrer comme un seul homme sur un coup de stimulus – une fois que l’on aura fini de s’exciter sur Rolls Royce, il faudra aussi penser que les moteurs d’avions, c’est bien, mais qu’il faut aussi des avions pour les fixer dessus et qu’il faut ensuite vendre les avions en question – autant dire que je ne suis pas certain que même un stimulus Démocrate de plus de 2’400 milliards suffise à résoudre l’équation, d’autant plus que le stimulus est Américain, pas Européen. Mais ça, on verra plus tard. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, surtout que dans l’aéronautique, les bœufs, ça ne vole pas très bien.

Quoi qu’il en soit, lorsque l’on observe les marchés européens, on se rend compte qu’en 2 semaines, on a récupéré notre journée de panique du 21 septembre – journée de panique causée par le COVID 19 qui allait tous nous tuer ou s’il ne nous tuait pas, tout au moins nous forcer à rester chez nous. Depuis 2 semaines et des poussières, c’est pas que ça s’est amélioré – au contraire, c’est même plutôt la taule – mais comme les autorités ne comptent par nous enfermer pour les vacances d’octobre et que l’on sait maintenant que le virus attaque dans les restaurants, mais pas dans les transports publics parce qu’il n’aime pas la foule, ça devrait bien se passer et on devrait pouvoir vivre avec. Conclusion ; on s’en tape du virus, ce qui nous intéresse actuellement en Europe, c’est le stimulus destiné aux Américains et pas à nous, parce que comme disait Jean-Jacques Goldman ; on vit nos vies par procuration en regardant le CAC40 monter.

L’Asie heureuse

Ce matin l’Asie est assez sereine et semble d’accord avec l’optimisme béat de Wall Street. Le Nikkei ne fait pas grand-chose et il oscille entre positif et négatif. En revanche les Chinois font leur grand retour après des jours et des jours de congé, Shanghai est en hausse de 1.9% et Hong Kong est également en hausse mais de façon homéopathique et par principe.

L’or se traite allégrement en hausse et se balade autour des 1916$ tentant une xième sortie par le haut – mais on le connait ; ça prend du temps. Par contre le pétrole s’envole nettement au-dessus des 40$ pour s’établir à 41$ après que l’on ait entendu de la part de certains pays producteurs, que lorsque la pandémie sera finie et que l’on pourra remanger du pangolin au McDonald’s, le pétrole va remonter en flèche et retrouver une valeur bien plus élevée. Tout cela reste du conditionnel avec des SI partout, mais il n’en fallait pas plus pour confirmer le « double bottom » de ces dernières semaines, casser la moyenne mobile des 200 jours, puis des 50 jours et arriver à un point où l’on se demande si nous n’avons pas un « double top » ou la porte ouverte en direction des 44$.

Graphique du WTI – Source : Tradingview.com

News du jour

Pour les nouvelles du jour, Trump refuse de faire un second débat en virtuel et Biden va devoir se les sortir s’il ne veut pas passer pour un trouillard. Trump s’en fout, il est immunisé. Autrement l’ami COVID du petit-déjeuner fait encore parler de lui, puisque l’Allemagne panique en constatant une hausse des cas de contamination – un peu comme la Suisse qui a deux fois plus de cas de contaminations qu’il y a trois mois mais que depuis on a doublé les tests – mais personne ne semble vouloir faire le rapprochement. Ah oui, il y a toujours très peu de morts – mais c’est pas important parce qu’un seul mort du COVID c’est encore trop. Oui, mourir c’est très mal vu socialement parlant actuellement, alors faut faire gaffe. Si vous mourrez, Facebook pourrait même vous exclure du réseau. Au niveau du COVID, la justice et le gouvernement espagnol ne sont même plus d’accord entre eux sur les mesures à prendre et on est en train de s’embourber dans un merdier sans nom.

Autrement Jim Cramer pense qu’il est temps d’acheter Boeing, Morgan Stanley rachète l’asset-manager Eaton Vance pour 7 milliards – encore un « move » qui pourrait en précipiter d’autres. Il est intéressant de voir qu’il y a quelques années les banques ont laissé partir leurs employés pour aller créer des « boutiques indépendantes » et qu’aujourd’hui ; ils les rachètent. J’espère pour eux que les gars qui sont partis ont touché assez pour ne jamais revenir, mais autrement c’est assez symptomatique, on cherche par tous les moyens, des moyens de faire du fric, vu que le reste du business a des marges qui fondent comme neige au soleil – sans compter que les taux à zéro n’aident pas.

Chiffres économiques

Ce vendredi il n’y aura pas de chiffres économiques relevant – sauf en Angleterre, mais en général ce qui se passe en Angleterre n’intéresse personne, sauf les Anglais. Pour le moment les futures sont en hausse de 0.48% et tout à l’air un peu trop facile depuis 48 heures, comme disait l’autre ; c’est trop calme. Je préfère quand c’est un peu trop plus moins calme.

Quoi qu’il en soit, nous sommes vendredi, alors bonne fin de semaine, bon week-end et on se revoir lundi ou tout à l’heure en vidéo. Et puis si vous voulez rêver de week-end et d’aventure, scrollez-down et vous pourrez lire mon dernier test automobile avec le VW California… sans oublier de passer sur les autres articles.

Morningbull Live du 9 octobre

Thomas Veillet

Investir.ch

“By the time a man realizes that his father was right, he has a son who thinks he’s wrong.”

– Charles Wadsworth